Miyamoto Musashi, le samouraï philosophe
Journal du Japon vous invite à découvrir ou redécouvrir le grand samouraï Miyamoto Musashi, célèbre pour ses combats à deux sabres et pour avoir écrit le Traité des Cinq Roues. Découvrez cette œuvre emblématique et sa vie mise en roman par David Kirk dans L’honneur du samouraï.
Miyamoto Musashi (1584-1645) est un samouraï très connu, probablement parce qu’il a enchaîné les combats héroïques dès son plus jeune âge.
Il n’a que sept ans lorsque son père meurt. Il est alors élevé par son oncle moine qui sera une grande source d’inspiration pour lui. Dès l’âge de treize ans, il combat et tue lors d’un duel, et à dix-sept ans, il participe à la célèbre bataille de Sekigahara. Il fait partie du camp des perdants, est très grièvement blessé, mais refuse de faire seppuku. Doté d’une force extraordinaire, il enchaîne alors les combats victorieux : nombreux duels lors desquels il affronte ses adversaires avec un simple sabre en bois, mais aussi combats contre plusieurs dizaines d’élèves d’une même école d’escrime (Yoshioka). Il développe de combat en combat sa propre technique aux deux sabres. Après un dernier duel mémorable contre l’un des plus grands escrimeurs du Japon sur l’île de Funa, il se met au service d’une famille. Il commande un temps un corps d’armée, puis se retire et se consacre aux arts dans lesquels il excelle également.
C’est à la fin de sa vie qu’il écrit le célèbre Traité des Cinq Roues.
Le Traité des Cinq Roues : les leçons d’un guerrier philosophe
C’est à l’âge de cinquante-neuf ans que Miyamoto Musashi s’installe dans la grotte Reigandô (grotte du Roc-Esprit) pour y écrire son Traité des Cinq Roues (Gorin no shô). Véritable traité sur la façon de combattre, ce livre va bien au-delà de l’art du sabre : en plus d’enseigner des principes de vie, il montre une certaine image de l’homme au sein de l’univers.
Les Cinq Roues figurent les cinq éléments représentant la nature entière : Terre, Eau, Feu, Vent et Vide, qui sont aussi les titres des cinq chapitres de ce célèbre ouvrage. L’ensemble permet à Musashi d’expliquer sa philosophie de combat, et plus généralement la philosophie de vie du samouraï.
Dans le chapitre Terre, il expose la Voie de la tactique. Les samouraïs se doivent d’être familiers avec les deux voies : celle des lettres et celle des arts militaires, mais également d’être supérieurs en tout à leurs adversaires. Il rappelle qu’il y a quatre façons de vivre : paysans, artisans, commerçants et samouraïs. Si chacun possède ses propres outils, la tactique d’un samouraï peut s’apparenter à l’habileté du charpentier.
L’école des deux sabres que revendique Musashi consiste à manœuvrer d’une seule main le grand sabre (ce qui est très utile lors de combats à cheval, quand on court, ou dans les marécages par exemple). Un sabre par main (un long et un court), et surtout une volonté de vaincre par n’importe quelle arme. Il explique que les qualités des armes sont différentes en fonction des circonstances : lance, hallebarde, arc, fusil, et toujours évidemment un solide cheval.
Il liste les principes pour pratiquer la Voie :
1) éviter toute pensée perverse
2) se forger dans la Voie en pratiquant soi-même (et non par le jeu des idées)
3) embrasser tous les arts (et non se borner à un seul)
4) connaître la Voie de chaque métier (et non se borner à celui que l’on exerce soi-même)
5) savoir distinguer les avantages et les inconvénients de chaque chose
6) en toutes choses s’habituer au jugement intuitif
7) connaître d’instinct ce que l’on ne voit pas
8) prêter attention aux moindres détails
9) ne rien faire d’inutile.
Le chapitre Eau parle de tactique. Tout d’abord, l’esprit ne doit pas être étroit, mais il ne doit pas non plus déborder. Il faut le rendre indécelable par les autres. Il est ensuite question de la position du corps, des yeux, des pieds, des façons de manier le sabre, de porter les coups.
Le chapitre Feu traite des combats. Il met en avant l’importance de la topographie du lieu de combat. Il insiste sur l’initiative qu’il faut toujours prendre, afin de réduire les germes d’intention dans le cerveau de l’adversaire, d’empêcher toute seconde attaque. Les conseils valent pour les duels, mais également pour les combats de masse. « Surprendre » et « déstabiliser » sont les maîtres mots.
« Si votre adversaire et vous-même êtes proches l’un de l’autre et que votre résistance mutuelle est très forte, que vous trouvez que rien ne marche bien, enchevêtrez-vous avec votre adversaire et pendant cet enchevêtrement sachez saisir une occasion avantageuse et enlevez la victoire. »
Le Vent permet d’aborder la connaissance pratique des autres écoles et leurs points faibles. Ainsi pratiquer uniquement le sabre de grande dimension n’est pas toujours possible (dans les espaces réduits), manier le sabre avec force est un non-sens, ne combattre qu’au sabre court donne des combats embrouillés. La rapidité n’est pas non plus la bonne façon de faire, le sabre ne tranche pas s’il va vite. L’auteur ne nomme pas et ne juge pas les écoles, il conseille.
« Dans la tactique de notre école, il faut garder le corps et l’esprit tout droit, mais faire biaiser et dévier l’adversaire. Puis il est important d’enlever la victoire en découvrant le moment où l’esprit de l’adversaire biaise et dévie. »
« Atteindre à la vertu par l’esprit c’est là l’essence de la tactique ».
L’ouvrage se conclut sur le Vide.
« Dans le « Vide » il y a le bien et non le mal. L’intelligence est « être ». Les principes (avantages) sont « être ». Les voies sont « être ». Mais l’esprit est « Vide ». »
Cet ouvrage est précieux pour qui pratique les arts martiaux. Il est aussi un texte lumineux dont la sagesse va bien au-delà de la seule pratique de ces arts et qui peut accompagner notre réflexion au quotidien.
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
L’honneur du samouraï : un roman palpitant !
Si vous aimez les combats légendaires, les samouraïs impressionnants, les shoguns et leurs luttes pour le pouvoir, si le Japon du Moyen-Âge, ses campagnes, la ville de Kyoto et ses échoppes vous captivent, ce livre est fait pour vous !
David Kirk a une plume aussi tranchante que le sabre de Miyamoto Musashi, dont il livre au lecteur la vie en version romancée épique et passionnante. Un livre qu’il est difficile de lâcher tant les scènes sont d’un réalisme à couper le souffle et la tension palpable du début à la fin !
Après l’enfance et la jeunesse de Musashi que David Kirk avait traité dans Le Samourai, c’est juste après la bataille de Sekigahara que le lecteur découvre le jeune Miyamoto Musashi. Il est gravement blessé mais refuse de se suicider, comme l’impose le code d’honneur des samouraïs après une défaite. Il veut vivre, mais il sait que pour cela il devra combattre ceux qui veulent sa tête. Pour ne pas se faire tuer, il se cache souvent, seul ou avec un compagnon d’armes, et même avec une petite fille et une femme aveugle venue de l’archipel des Ryukyu. Souvent affamé, il doit pourtant affronter ceux qui viennent pour le tuer. Cela donne des scènes mémorables : combat dans un moulin sombre, un temple, une montagne, traque dans des rizières, des bambouseraies ou des forêts de pins. Des descriptions cinématographiques, des chorégraphies de combat d’une précision impressionnante.
« Ce fut à ce moment-là qu’il apparut.
C’était bien lui, mais la foule s’était attendue à autre chose. Étranger de toute évidence, et si grand que la plupart des gens n’avaient jamais vu son pareil. Les cicatrices disputaient à la barbe la peau de son visage, tandis que ses cheveux hirsutes, longs jusqu’aux épaules et attachés en queue de cheval, formaient une saillie à l’arrière du crâne, entortillés dans un cordon de cuir. Un contrepied à la dignité du chignon haut, aussi abject que délibéré. Il se présentait sans vergogne dans les hardes d’un miséreux, et son vêtement, dont les manches semblaient avoir été arrachées à la va-vite, laissait pendiller des effilochures sur les muscles secs et tendus de ses bras dénudés. »
Parallèlement au cheminement de Miyamoto Musashi, c’est la vie de la ville de Kyoto qui se dévoile, avec ses intrigues, ses complots, ses petits et grands habitants : les membres de la puissante école d’escrime Yoshioka qui veulent la mort de ce « samouraï sans maître », le capitaine représentant les Tokugawa dans une ville qui ne lui est pas favorable, les paysans, les marchands, les samouraïs qui viennent se plaindre, les incendies. Un quotidien superbement dépeint par David Kirk !
C’est un livre comme un rouleau ancien que l’on déroule pour découvrir le parcours hors du commun de ce samouraï attachant, loyal, juste, excellent combattant, vif, puissant.
« J’ai appris une chose : la véritable force réside dans l’indépendance, et non dans le pouvoir d’ordonner aux autres d’agir à votre place. Un nourrisson se contente de geindre pour que sa mère accède à tous ses caprices – les seigneurs ne font pas autre chose, en vérité, et vous ne devez pas armer leur impuissance par votre acceptation. »
Une fresque fourmillant de détails sur le Japon de Kyoto, des champs et des montagnes, un roman épique dans lequel les scènes de combat se succèdent à un rythme soutenu et sont décrites avec une minutie rarement lue ! Plongez dans ce livre pour découvrir un samouraï hors du commun !
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Deux livres très différents pour essayer d’approcher ce personnage de légende qu’est Miyamoto Musashi. Et pour ceux qui sont tentés pas le roman de David Kirk, resté connecté à Journal du Japon la semaine prochaine, une surprise vous attend !
4 réponses
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[…] et qui résonne encore des pas des nombreux maîtres qui l’ont foulé (comme le célèbre Miyamoto Musashi). Une autre photographie présente un immense rocher fendu, dont la légende raconte le combat du […]
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