[Interview] Third Editions, raconte-moi un jeu vidéo
Le marché du jeu vidéo ne se limite pas à des lignes de codes gravées sur disque et des DLC hors de prix, il y a aussi tous les produits annexes qui naissent des jeux. Si l’on pense évidemment aux goodies tels que les figurines, cosplay et autres accessoires, il existe des produits bien plus culturels : les livres.
Mais les trentenaires de la génération Y qui sont empreints de la nostalgie des jeux de leur enfance/adolescence, cherchent par ailleurs un contenu qualitatif. Les livres de Third Editions répondent donc à ce besoin obsessionnel de connaitre les moindres recoins de sa licence favorite, en publiant des livres d’analyses sur les plus appréciées des saga du jeu vidéo tel que Final Fantasy, Metal Gear Solid ou encore Zelda.
Présent depuis trois ans sur le marché du jeu vidéo sous leur propre étendard, Third Editions a connu un véritable succès autant public que critique. Avant d’arrivé à ce résultat, qui rendrait envieux plus d’un entrepreneur, les deux fondateurs Nicolas Courcier et Mehdi El Kanafi ont parcouru du chemin sur le sentier du jeu vidéo, en témoigne leur biographie :
« Passionnés depuis l’enfance par la presse papier, ces deux amis n’ont pas tardé à lancer Console Syndrome, magazine amateur disponible en région toulousaine. En 2010, ils décident de créer la maison d’édition du même nom. Un an plus tard, la petite entreprise est rachetée par les éditions Pix’n Love. Au cours des quatre années suivantes paraîtront plus de vingt livres que Mehdi et Nicolas auront édités et souvent co-rédigés eux-mêmes : Zelda. Chronique d’une saga légendaire, Metal Gear Solid, une œuvre culte de Hideo Kojima et La Légende Final Fantasy VII. Depuis 2015, ils poursuivent leur démarche éditoriale au sein de Third Éditions.«
Il n’en fallait pas plus à Journal du Japon pour aller poser quelques questions à ces deux éditeurs sur leur activité et les ouvrages qu’ils publient.
3rd éditions, 2 associés, 1 passion.
Journal du Japon : Bonjour, et merci de bien vouloir répondre à nos questions.
Third Edition : Avec grand plaisir !
Qui compose l’équipe de Third Editions ?
Mehdi El Kanafi: Nous sommes 4 en interne. Nicolas Courcier et moi-même, Mehdi El Kanafi, sommes les fondateurs et directeurs éditoriaux de Third. Damien Mecheri et Clovis Salvat tiennent le poste d’assistant d’édition. Mais c’est sans compter sur tous nos auteurs, graphistes, illustrateurs, correcteurs, traducteurs, documentalistes avec qui nous travaillons au quotidien et qui forment aussi l’équipe de Third.
Vous avez précédemment travaillé avec Pix’n Love Edition, qui publie des ouvrages du même genre. Qu’est-ce qui vous différencie de cet éditeur ?
Pix’n Love publie essentiellement des livres sur le retro-gaming, des Bibles qui répertorient tous les jeux d’une console. De notre côté, nous traitons plus des œuvres, des grandes sagas qui ont fait et qui font l’histoire du jeu vidéo. Chez Third, nous sommes plus sur l’analyse. Chaque livre est consacré à un jeu ou une série et se voit décrypter à travers le prisme de notre ligne éditoriale : Création – Univers – Décryptage.
Comment devenir auteur chez Third Editions ?
Il faut bien connaître le monde du jeu vidéo et tout aussi bien écrire.
On parle de 300 000 livres vendus depuis votre lancement, comment se répartissent les ventes parmi vos collections ? Y a-t-il un livre ou une saga qui se démarque des autres ?
Notre collection sur les RPG est celle qui fonctionne le mieux. Depuis nos débuts, nous avons choisi de faire de ce genre l’une de nos spécialités. Très récemment, le livre sur Yoko TARO a connu un plébiscite étonnant. C’est un livre que nous avons lancé il y plus d’un an et demi. NieR Automata n’était pas sortie. La hype n’était pas encore présente. Aujourd’hui, avec cet ouvrage, nous avons fait le meilleur lancement de notre histoire et nous en sommes très fiers.
À travers votre programme Premium, la mise en place d’un Discord et l’organisation de dédicaces, on comprend que la fidélisation de vos lecteurs est importante. Est-ce que chacun de vos lecteurs achète plusieurs de vos livres (comme un fan suivant une série) ou est-ce plutôt des coups de cœur ponctuels pour un livre sur un jeu précis?
La grande majorité de nos lecteurs achètent plusieurs livres. Ils nous sont très fidèles et nous en sommes vraiment fiers. De plus, la plupart le font directement sur notre site. C’est presque un acte militant, car ils préfèrent payer des frais de port et nous soutenir, que d’acheter leur ouvrage sur Amazon. C’est pour cela que nous essayons au mieux de prendre soin d’eux.
Vos livres arborent une finition poussée (couverture cartonnée, vernis sélectif, jaquette exclusive), pensez-vous que vos lecteurs soient avant tout touchés par l’acquisition d’un beau livre, avant même de parler de contenu ? Un livre hommage serait-il envisageable sans cet aspect prestige ?
Je pense que les deux cas de figure existent. Nous ne pouvons nier que nos ouvrages attirent l’œil et la curiosité de par leur finition. Mais nous avons su intéresser notre lectorat grâce au fond. Aujourd’hui, c’est le sujet de nos livres qui enthousiasme les foules, tout autant que les couvertures.
Nous entendons souvent les éditeurs de manga parler de leurs difficultés à obtenir les autorisations des ayants droit japonais lorsqu’il y a des visuels à faire valider. Vos ouvrages étant essentiellement textuels vous n’avez pas ce problème, mais est-il nécessaire d’avoir l’autorisation des ayants droit pour écrire un livre qui traite d’une licence ?
Nous n’avons pas ce problème, car nos ouvrages, comme tu le soulignes, ne sont pas illustrés. Ce qui était une contrainte est devenu avec le temps une marque de fabrique. Il y a huit ans, nous avons parié sur le fait qu’il est tout à fait possible de réaliser un livre sur une grande saga sans aucune image. Les séries que nous traitons convoquent un imaginaire extrêmement connu, tout le monde peut se représenter Link ou la princesse Zelda. Nous sommes partis de ce postulat et avons tenté le coup. Ce fût une réussite et aujourd’hui, nous avons vendu plus de 40 000 exemplaires de ce Zelda, et cela dans 5 langues : anglais, russe, italien, espagnol et français.Se prémunir du droit à l’image des éditeurs est aussi une force, car nous sommes libres de nos propos. Un livre sous licence est contrôlé visuellement, pour sa maquette, mais aussi dans son texte. Nous ne sommes pas exposés à la censure des éditeurs, car ils n’ont aucun droit de regard sur notre travail.
Avec une quarantaine d’ouvrages parus depuis 2015, vous maintenez un rythme effréné de publication. Vous n’avez pas peur de ne plus rien avoir à sortir après avoir traité les plus grandes licences du JV ? Les thèmes de la culture Geek/Otaku (à travers votre collection Force) vont-ils prendre le pas sur le JV avec le temps ?
Pas du tout, car tant que l’industrie va bien, nous aurons toujours de nouvelles sagas à analyser. Et les sujets transversaux ne manquent pas. Non, les livres de notre label Force, sur la pop-culture, ne vont pas prendre le pas sur les ouvrages sur le jeu vidéo. Néanmoins, nous allons accélérer les publications de ce label, car la demande est forte. D’ailleurs, pour info, notre prochain livre pop-culture traitera de Cowboy Bebop !
Vous venez de lancer une seconde campagne de financement participatif sur Kickstarter pour faire traduire vos livres en anglais. Quelle part des ventes représentent vos livres pour l’international ? N’y a-t-il pas une concurrence avec des éditeurs anglais sur ce domaine ?
Notre ambition cette année est de sortir un livre par mois en français et en anglais. Le départ de notre activité à l’étranger est très encourageant. Nous avons un distributeur au Royaume-Uni et aux États-Unis. C’est cette partie librairie la plus compliquée, car en France, après 10 ans d’ancienneté pour la littérature JV, ce n’est pas simple d’être bien placé. Alors, essuyer les plâtres aux US, je ne te raconte pas.
Merci pour vos réponses et bonne chance pour la suite de votre campagne et de vos projets !
Vous pouvez suivre l’actualité de Third Editions sur leurs comptes Facebook, Twitter et Instagram, connaître leur collection sur leur site internet, et participer à des débats enflammés entre passionnés sur leur récent Discord.
Toutes les images sont © Third Editions
7 réponses
[…] très bel ouvrage dédié à cette saga vidéoludique et ce grand nom du RPG Japonais, publié chez Third Edition. Un des abonnés sera tiré au sort pour remporter un […]
[…] pleine croissance de l’édition vidéoludique, ces livres consacrés aux jeux vidéo. Après Third Editions il y a quelques semaines, Journal du Japon est allé à la rencontre de ce label voisin des éditions Ki-oon et Lumen qui […]
[…] nous l’expliquions dans notre interview de l’éditeur : Third Editions est présent depuis quelques années sur le marché du jeu vidéo. Les deux […]
[…] plus de ce domaine la maison d’édition Third Editions (que nous avions rencontré, ici) publie régulièrement des livres sur des licences de JRPG. Publiés sous différents formats […]
[…] ses débuts en 2015, Third éditions propose une collection d’ouvrages dédiés à la pop-culture, et à la pop-culture japonaise […]
[…] ou Saint Seiya, nous avions pu interviewer les deux fondateurs de Third Editions pour qu’« ils nous racontent un jeu vidéo » et nous en disent plus sur leur passion et les coulisses de l’écriture de leurs beaux livres […]
[…] de vous présenter Third Editions si vous nous suivez depuis quelques temps, d’autant plus que nous chroniquions il y a peu : […]