Junichi HAYAMA : le coup de crayon musclé de l’animation japonaise
Junichi HAYAMA ? Vous l’avez forcément déjà croisé quelque part… probablement pas en personne, puisque l’homme passe son temps à travailler sur des animes, encore et encore depuis plusieurs décennies : Hokuto no Ken, Jojo’s Bizarre Adventure, Gundam, Cobra, Drifters, Paranoïa Agent, etc. La liste est longue. L’homme a été animateur clé sur plus de 60 animes, directeur de l’animation sur une vingtaine d’autres mais aussi intervalliste, chara-designer, directeur d’épisode, scénariste…
Rencontre à Paris Manga, 25e édition, avec un cinquantenaire passionné mais méconnu de l’animation japonaise.
Junichi HAYAMA : de Ken à Jojo…
Né en décembre 1965, dans la région de Nagano, Junichi HAYAMA est arrivé dans le monde de l’animation par le dessin mais aurait très bien pu être mangaka. C’est d’ailleurs cette première carrière qu’il va tenter d’emprunter, comme il nous l’explique lui-même : « depuis tout petit, je suis passionné de dessin animé, de manga. C’est quelque chose dans lequel j’ai toujours baigné. J’aime aussi beaucoup dessiner. C’est quelque chose de très naturel pour moi. Quand j’étais au lycée, il m’arrivait régulièrement d’envoyer mes dessins, mes planches à des éditeurs afin d’être publié. Donc j’ai eu des expériences assez tôt mais j’étais assez déçu de mon travail sur les mangas, alors j’ai décidé de me consacrer à l’animation. C’est d’ailleurs par l’entreprise où un ami travaillait dans le milieu que cela s’est concrétisé. »
La carrière de HAYAMA débute dans les années 80 avec des postes d’intervallistes et d’animateur clé : Transformers, G.I. Joe puis le fameux Hokuto no Ken, première série qui va marquer sa carrière. Intervalliste et animateur clé sur de nombreux épisodes il y rencontre surtout son mentor, le célèbre Masami SUDA, chara-designer et directeur de l’animation sur la série. La série lui permet de gravir les échelons car il passe d’intervalliste dans la première saison à directeur de l’animation pour 7 épisodee dans la seconde en 1987-1988.
Il continue de travailler sur différentes séries durant les années 90, dont son premier contact avec la saga Jojo en 1993 (Jojo no kimyô na bôken – chara designer & animateur clé) mais aussi sur les OAV de Kenshin – Le chapitre de la mémoire (animateur clé).
On le retrouve donc dans des titres essentiellement tournés vers l’action : Street Fighter Zéro en 1999, Fullmetal Alchemist et Inuyasha en 2003, et c’est à la fin des années 2000 qu’il revient au devant de la scène avec le long métrage de 2007 de Hokuto no Ken en tant qu’animateur clé, le film de Jojo’s Bizarre Adventure – Phantom Blood où il est réalisateur et chara-designer et enfin en 2008 à la direction de l’animation et au character-design sur l’OAV La Légende de Toki.
Il semble s’être fait un nom puisque son planning des années qui vont suivre s’étoffent nettement avec des titres de premier plan. La même année que La légende de Toki on peut ajouter Casshern Sins et A certain Magical Index, Afro Samurai : Resurection en 2009, FMA Brotherhood, le 13e film de Pokémon et Star Driver en 2010 et ainsi de suite avec des animes plus récents comme Mobile Suit Gundam: Tekketsu no Orphans en 2015 ou Drifters et 91 Days en 2016.
L’animateur hikikomori
Avec plus de 30 ans d’ancienneté dans le métier on pourrait lui croire les portes ouvertes… mais non ! Quand on lui demande comment il choisit ses projets, HAYAMA remets les pendules à l’heure : « Vous vous trompez ! Je ne peux pas choisir mon travail. Je dois malheureusement toujours postuler ! (Rires)»
Nous commençons alors à échanger avec lui sur la transmission de son savoir faire et nous découvrons alors toute la difficulté de son métier…
Journal du Japon : Un autre grand nom de l’animation, à savoir Katshiro OTOMO, indiquait lors d’une interview un plaisir non feint de travailler avec la jeune génération et de transmettre son savoir. Avec qui dans la jeune génération auriez-vous envie de travailler et pourquoi ? Qu’aimeriez-vous lui/leur transmettre ?
Junichi HAYAMA : Malheureusement je vis en reclus ! Je passe tout mon temps chez moi à travailler donc je n’ai pas le temps de découvrir le travail de la jeune génération, de regarder des anime récents. Pour être très honnête, j’ai plus de 50 ans et n’ai pas forcément l’occasion d’échanger avec la jeune génération. J’ai vraiment l’impression de vivre à l’extérieur du monde.
Vu le monde ici, c’est très différent de votre quotidien d’hikikomori de l’animation! (NDLR: bien qu’avec ses épaules de rugbyman, son cuir de biker et ses lunettes de soleil, le sympathique M Hayama ressemble plus à une rock star !)
Ah ah ah ! C’est exactement ça: un hikikomori de l’animation (rires) ! Vous m’avez cerné !
C’est vrai que pour le coup, je pense avoir cultivé mon approche du travail et expérimenté suffisamment pour posséder un certain socle technique. Je pense donc aujourd’hui avoir une bonne connaissance des us et coutumes et des aspects du métier. Si je pouvais transmettre cela aux jeunes générations j’en serai très heureux. Pour l’instant seulement, je n’ai pas encore cet espace d’expression mais j’aimerais beaucoup effectivement avoir un lieu dans lequel je puisse enseigner.
On souhaite donc à monsieur HAYAMA de trouver le temps de souffler un peu et de transmettre son expérience à la nouvelle génération. Qui sait, peut-être qu’avec Golden Kamui, où il s’occupe de l’animation et du chara-design, l’occasion se présentera !
Pour en savoir plus sur sa carrière vous pouvez jeter un œil à son animographie sur le site de nos confères d’Anime News Network ou sinon, vous pouvez suivre le monsieur directement via son compte Twitter ! Si vous aimez les dessins qu’il y fait régulièrement, nous vous conseillons d’ailleurs de vous procurer l’un de ses 4 magnifiques artbooks qui en compilent plusieurs.
Et pour finir, grâce à l’équipe d’AMBC, la conférence de Junichi HAYAMA à Paris Manga 25 est désormais disponible :
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Propos recueillis le samedi 3 février 2018 par Jonathan Deladerrière pour Journal du Japon lors du salon Paris Manga – Porte de Versailles à Paris. Un grand merci à Abyssium, Emmanuel Bochew son agent, Claire Regnaut, monsieur Hayama, son traducteur Ryoma Takeuchi et toute l’équipe de Paris Manga pour leur accueil et leur disponibilité.