Lost Sphear : le pari risqué du rétro-RPG
Sorti au Japon le 12 octobre 2017 et le 23 janvier 2018 en Europe, le jeux Lost Sphear est le deuxième jeu à sortir des studios Tokyo RPG Factory, créateur de I am Setsuna Prévu sur PS4, Switch et PC sur Steam et édité par Square Enix, le jeu fait le pari du retour vers une époque phare du J-RPG, à savoir les années 90.
Journal du Japon s’est équipé et a embarqué pour ce voyage dans le temps pour vous livrer ses impressions sur un pari risqué : rendre au retro ses lettres d’or…
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Un scénario connu de tous
Un jeune homme victime d’un phénomène inconnu se retrouve confronté à une force qui met la réalité en péril. Réveillez le pouvoir des souvenirs et récupérez ce qui a été perdu ! Faites appel à différents souvenirs et transformez la réalité qui vous entoure au cours de cette aventure pour sauver le monde.
Vous l’aurez compris, vous incarnerez donc Kanata. Chargé de protéger sa ville, Elthegard, il a, semble t-il par hasard, été choisi pour hériter d’un don mystique : celui de collecter les souvenirs et de rendre forme à ce qui a été perdu. Vous devrez donc, en compagnie des amis de Kanata et d’un étrange voyageur, partir à la recherche des souvenirs qui permettront de sauver le monde.
Le scénario est donc ce qu’il y a de plus classique pour un RPG : un héros, désigné par le destin, doit sauver le monde accompagné de ses fidèles acolytes. Alors qu’I am Setsuna semblait innover légèrement en mettant en scène des traditions ancestrales avec le choix d’un sacrifice humain dans le but de calmer les monstres, Lost Sphear semble se contenter d’une recette qui a déjà fait ses preuves mais qui n’a rien d’extraordinaire.
En effet, lorsqu’on se penche sur les scénarios des J-RPG classique, les personnages ont souvent la même typologie : un héros au grand coeur, un ami maladroit et tête en l’air, une amie colérique et caractérielle et le traditionnel personnage ténébreux dont on ignore presque tout. C’est aussi le cas pour Lost Sphear, qui suit à la trace ces codes, qui vont d’ailleurs au delà du J-RPG et sont largement repris de l’univers littéraire de la high fantasy, où un groupe de héros doit lutter contre un redoutable adversaire. Et c’est justement parce qu’il a été exploit” dans de très nombreux jeux- et au delà- que n’importe quel joueur avec un peu d’expérience dans le domaine aura du mal à ne pas sentir rapidement la lassitude s’installer.
Un graphisme old school
À l’image de son grand frère I am Setsuna, Lost Sphear reprend les codes de Chrono Trigger, l’un des classiques du genre, en mettant en scène des personnages inspirés des chibi, c’est-à-dire représentés par un corps minuscule surmonté d’une tête disproportionnée, et qui évoluent sur une carte observée en vue plongeante.
Là où Setsuna avait réussit à nous replonger dans nos souvenirs d’enfance en se démarquant des jeux actuels via les anciens codes graphiques de Chrono Trigger, Lost Sphear n’apporte rien de nouveau et semble être un simple copier / coller esthétique de ses prédécesseurs, ce qui a pour effet de vieillir le jeu alors que celui-ci sort tout juste des studios.
La question est donc de savoir si la carte de la nostalgie peut à nouveau faire mouche. Cet usage du graphisme 2D nous renvoie instantanément aux années 90 où les jeux les plus évolués étaient justement ceux présentant ce genre d’esthétisme. Si les aficionados pourront apprécier cet aspect retro qui leur rappellera leurs débuts dans l’univers des jeux vidéo, la sortie de deux jeux extrêmement similaires à un si court intervalle (18 mois) peut s’avérer précoce et faire ressentir aux joueurs une redondance malvenue.
Un gameplay plus abouti
Alors que pour I Am Setsuna on pouvait réellement ressentir l’utilisation d’un tour à tour classique dans le gameplay des combats, Lost Sphear demande une certaine stratégie. Le développement du Momentum, déjà utilisé dans le premier jeu du studio, a été mis en avant dans cet opus. Vous avez la possibilité de remplir une jauge qui vous donnera accès à une attaque surpuissante. Une opportunité symbolisée par l’apparition d’une bulle bleue au dessus de la tête de vos personnages.
Sur ce point, heureusement, Tokyo RPG Factory ne s’est pas contenté de remettre en place un simple tour par tour. En plus des actions classiques, vous pouvez déplacer vos personnages afin de choisir le meilleur angle d’attaque, permettant même à certains guerriers d’attaquer plusieurs adversaires simultanément.
De ce fait, au-delà d’un simple affrontement où vous devrez attendre votre tour, vous devrez donc réfléchir à qui devra faire quoi et placer vos personnages de façon à toujours avoir l’avantage sur les adversaires. Ainsi, par exemple, certains monstres spécialisés dans le corps à corps auront tendance à vouloir rapprocher vos personnages d’eux, tandis que vous, vous pourrez alors placer les personnages comme le magicien ou l’archer suffisamment loin pour être hors de portée du monstre, leur offrant ainsi un avantage non négligeable.
Ceci pousse le joueur a non seulement connaître les forces et faiblesses des personnages et des classes, comme usuellement dans ce genre de jeux, mais également à user d’un esprit tactique afin de réussir chaque affrontement le plus aisément possible.
Enfin, grâce à cette possibilité de placement des personnages, les attaques par derrière sont également possibles sans forcément devoir faire appel à un skill dédié, ce qui est plutôt appréciable.
Une durée de vie un peu faible
Tandis qu’un RPG peut facilement dépasser les 50 ou les 60h, Lost Sphear n’a une durée de vie que d’environ une vingtaine d’heures. En effet, vous n’aurez pas réellement la possibilité de vous défaire du fil de la quête principale et devrez avancer quoi qu’il arrive. Evidemment vous pourrez faire durer le plaisir en revenant sur vos pas pour tuer certains monstres et monter votre niveau, mais ce sera hélas tout.
L’ajout de quêtes annexes aurait sûrement augmenté la durée de vie du jeu, mais ce n’était pas vraiment le but du studio en réalisant Lost Sphear, qui était de réellement remettre au goût du jour les premiers J-RPG. Le prix, quant à lui, oscille entre 39.99€ et 49.99€, et s’avère un peu élevé pour une durée aussi faible… et peut donc devenir un frein à l’acquisition du soft.
Un rendez-vous manqué ?
Après l’enthousiasme qu’avait suscité I am Setsuna dans nos bureaux, Lost Sphear déçoit : le studio Tokyo RPG Factory s’est contenté de faire ce qu’il savait faire sans sortir de sa zone de confort, malgré un potentiel intéressant dans le gameplay.
De nombreuses possibilités auraient permis au jeu d’offrir une expérience plus intéressante comme rallonger la durée de vie du jeu, utiliser un scénario innovant ou des personnages plus originaux. Le système de combat assez intéressant et des musiques très agréables ne permettent pas à Lost Sphear de sortir le joueur de son impression de déjà vu et d’éviter, au mieux, l’absence d’exaltation et, au pire, l’ennui.
Vouloir raviver les bons vieux souvenirs est un objectif ambitieux. Cependant dans un marché de jeu vidéo où le révolutionnaire et le grandiose sont plus que convoités, la nouvelle tentative rétro de Tokyo RPG Factory tombe un peu à plat et fait de Lost Sphear un simple moment de détente, un nouveau jeu dans la longue liste des “sympa, mais sans plus”.
1 réponse
[…] que la plupart des J-RPG peuvent être axés sur un jeu au tour par tour (comme par exemple Lost Sphear de Square Enix), YS VIII : Lacrimosa of Dana nous propose un système de combat […]