Puella Magi Madoka Magica : le sens du sacrifice
Madoka, 14 ans, qui vit heureuse en compagnie de ses amies et de sa famille, se voit approchée par une mystérieuse créature nommée Kyubey, à l’apparence des plus mignonnes. Cette dernière, convaincue du très fort potentiel de la jeune fille, lui propose expressément de réaliser un vœu qui lui permettrait également d’obtenir des pouvoirs magiques afin de combattre des sorcières. Qu’est-ce qui pourrait venir assombrir ce tableau et offrir un véritable contre-pied à tous les clichés éculés liés aux magical girls ? À peu près tout le reste !
À l’occasion de l’anniversaire de la sortie du format manga il y a 7 ans, Journal du Japon revient sur un anime choc, qui s’est aventuré là où personne ne l’attendait.
Le contre-pied parfait
Puella Magi Madoka Magica est une série qui a sans nul doute souffert (et souffre encore) de beaucoup de préjugés. Il faut dire qu’à priori, pas grand chose ne laisse à penser que l’anime aborde des thématiques très adultes telles que la désillusion, le désespoir, ou le sacrifice (cette dernière notion étant même au cœur de l’œuvre) : une affiche colorée avec au premier plan une Madoka à l’air enthousiaste, un trailer qui semble complètement hors de propos et d’une niaiserie confondante lorsque l’on sait de quoi il retourne vraiment, et ce thème des magical girls combattant des êtres maléfiques pouvant laisser supposer un manichéisme de bas-étage… Rien de bien nouveau à l’horizon, le tout semble bien trop poli, et on peut donc très facilement décider de passer son tour.
Ce serait pourtant une énorme erreur tant Madoka Magica révèle sa vraie nature, et de véritables qualités, tandis que l’on découvre ses révélations dérangeantes, ses personnages ambigus (un en particulier, la fameuse créature nommée Kyubey dans le rôle de l’incubateur chargé d’engager les futures magical girls), et son scénario souvent inattendu. Conçu par le studio Shaft et diffusé pour la première fois en début d’année 2011, il s’agit sans doute du contre-pied le plus radical qui pouvait être donné au genre des magical girls.
La magie comme source de souffrance
Car dans Madoka Magica, devenir magical girl n’est clairement pas sans inconvénient. Et le mot « inconvénient » apparaîtra même bien faible au fur et à mesure que s’accumuleront les révélations sur la nature du pacte conclu avec Kyubey, sans doute le personnage le plus fascinant de la série. Nous retrouvons par ailleurs de réelles interrogations sur la responsabilité des protagonistes dans leur décision d’acquérir leurs pouvoirs magiques et surtout dans le choix de leur vœu.
On comprend définitivement à partir d’un certain stade que loin d’être incapable de déranger, Madoka Magica cherche à nous emporter dans une véritable spirale où le poids des décisions s’avère trop lourd à porter pour les personnages et où l’acte à priori philanthropique, ou du moins bien intentionné, peut finalement être source d’incommensurables souffrances. Ainsi, même le vœu (on le rappelle, nécessaire ici à l’acquisition des pouvoirs magiques), notion appartenant typiquement au monde merveilleux de la magie et à l’apparence très séduisante pour les jeunes filles qui se le voient proposé, finit par pervertir suite aux pertes de contrôle qu’il engendre pour certains personnages. Enfin, les rapports entre les magical girls elles-mêmes sont loin d’être toujours au beau fixe. Tensions et conflits d’intérêt sont de la partie, rendant le scénario bien plus complexe qu’une simple lutte entre le bien et le mal.
La métaphore sur l’adolescence est évidente, mais Madoka Magica est loin de se limiter à ce sujet, proposant aussi des pistes de réflexion plus générales sur la condition humaine ou encore la perte des idéaux, surtout évoquée via le personnage de Sayaka Miki, amie de Madoka.
Une bande-son et une mise en scène des plus captivantes
Impossible d’évoquer Madoka Magica sans sa bande-son qui transcende incontestablement l’œuvre. Tour à tour entraînante mais non sans une pointe de mélancolie (l’opening « Connect« ), sombre (« Magia » concluant chaque fin d’épisode), ou même onirique (la splendide « Sis Puella Magica!« , régulièrement utilisée), elle parvient à englober un large spectre d’émotions. Le simple fait d’y revenir suffit à nous replonger dans l’univers de la série, et dans certaines des scènes les plus marquantes.
La production de l’anime a su pour cette partie s’aider de plusieurs noms tels que Yuki KAJIURA (connue aussi pour son travail sur Fate / Zero), ou encore les groupes ClariS (interprétant « Connect« ) et Kalafina (« Magia« ).
Niveau réalisation, la série n’est pas en reste non plus avec des plans et décors souvent lourds de sens. Empreint de surréalisme, le style graphique dérangeant et psychédélique utilisé durant les scènes se passant dans des espaces altérés (lieux occupés par des sorcières dans lesquels une magical girl doit se rendre pour éliminer ces dernières) tranchera subitement avec l’aspect doucereux du générique d’introduction et des personnages.
Puella Magi Madoka Magica, c’est aussi…
Suite au succès surprise rencontré par l’anime (qui est en plus une œuvre originale, il ne s’agit pas d’une adaptation), la série Puella Magi Madoka Magica est devenue un véritable phénomène, ainsi qu’une licence a part entière, bénéficiant d’adaptations sous de nombreux autres supports : un manga en trois volumes (qui fut édité en France chez Doki Doki), ainsi que deux films, ont été réalisés afin de résumer les 12 épisodes. Un troisième film, Rebellion fait quant à lui office d’épisode inédit concluant définitivement l’histoire originale, tandis que l’univers de la série a aussi été enrichi de nombreux spin-offs en format manga (certains étant toujours en cours de publication aujourd’hui au Japon). Le jeu vidéo n’a pas non plus été oublié, avec une sortie sur PSP sous le nom Puella Magi Madoka Magica Portable.
Et bien sûr, comme on peut l’attendre pour une série japonaise à succès, d’innombrables produits dérivés ont également été commercialisés : figurines, peluches, t-shirts, ou encore portes-clés… Preuve que la série n’a pas manqué d’obséder un certain nombre de personnes.
Bien plus riche et complexe qu’on ne pourrait l’imaginer de prime abord, l’univers de Puella Magi Madoka Magica séduit grâce aux nombreuses thématiques abordées et à un ton résolument plus sombre qu’il n’y paraît. Pouvant laisser cours à plusieurs interprétations et théories, l’histoire de ces magical girls marque, voire choque, et ne manque pas d’interroger le spectateur.
Autre point appréciable : une fois les douze épisodes terminés, les principales révélations à présent connues font que l’on revient aux premiers épisodes avec un regard tout à fait nouveau. L’évolution des personnages et de leurs relations, leur écriture maîtrisée et nuancée, finira de convaincre.
Pour vous faire votre propre idée, sachez que la série est toujours disponible sur le site de Wakanim. Les films, quant à eux, ont été édités en France chez @anime.