Vous prendrez bien un verre de vin… japonais !
Les Japonais, amateurs incontestés de vin, ne se contentent pas de déguster les millésimes issus de nos contrées. Le pays du Soleil Levant est également une terre de culture viticole. Du parc Yoyogi en passant par Okayama où nous avons rencontré le vigneron Hirotake OOKA, Journal du Japon vous fait découvrir cet univers méconnu du vin japonais.
Cette année est l’occasion de commémorer le 150e anniversaire de la restauration de Meiji. Une ère qui débute en 1868 et qui marque l’ouverture du Japon vers l’extérieur. Mais pas que ! Le prince Mutsuhito, futur Empereur Meiji, arrive au pouvoir la même année. Entre ouverture et modernité, le Japon s’engage alors dans une nouvelle ère, porté par un jeune Empereur connu pour son amour de la culture occidentale… et surtout du vin français !
C’est cette passion qui explique la présence de l’offrande so frenchy des tonneaux de grands crus de Bourgogne que l’on peut voir au parc Yoyogi, à l’entrée du sanctuaire Meiji-Jingu à Tokyo. Ces tonneaux de vins légués par de généreux donateurs à l’occasion des 150 ans des relations franco-japonaises commémorées en 2008 font face aux tonneaux de saké traditionnellement offerts dans les sanctuaires shintoïstes.
Il y a certes le saké et le shochu, mais n’oublions pas le vin !
Souvent associée aux classes aisées, la consommation de vin ne date pas d’hier et sa culture date plus précisément du 19e siècle. Une apparition qui coïncide avec l’ère Meiji. Aujourd’hui, le vignoble occupe principalement des terres qui se répartissent entre l’archipel de Kyushu et l’île d’Hokkaido, mais également sur l’île d’Honshu, au pied du Mont Fuji.
« Je fais du vin que j’aime » Hirotake OOKA, vigneron
Détenteur du domaine La Grande Colline au cœur du pays ardéchois, le japonais Hirotake OOKA, chantre du vin bio depuis plus de 10 ans avait choisi de venir faire du vin en France pour des raisons évidentes : « J’ai hésité au départ entre la Californie et Bordeaux ne parlant pas le français, mais je me suis dit que les américains ont appris à faire du vin avec des français. Voilà pourquoi j’ai fini par choisir la France ». Ce vigneron qui a appris aux cotés de Thierry Allemand, vinifie des vins nature avec passion et détermination.
Il a néanmoins choisi de retourner au Japon il y a de cela un an où il a créé un domaine à Okayama, dans la région de Chugoku connue pour son raisin muscat. Il y produit du vin blanc sec, du pétillant naturel et du vin rouge sur les parcelles qu’il a acquises en 2017 et en 2018. Du vin également bio, s’il vous plaît !
Le Japon, le pays des vins biologiques
Au 27e rang mondial des producteurs de vin avec une proportion de 65% de blanc et 35% de vin rouge, le cépage emblématique du Japon est le Koshu, historiquement importé de Chine, qu’on retrouve dans la préfecture de Yamanashi, célèbre pour sa production viticole. Il est le cépage japonais le plus connu des amateurs de vin à travers le monde. Traditionnellement consommé comme raisin de table, il donne un vin blanc sec, plutôt fruité, avec des arômes de pamplemousse, de pomme et de citron. Il ne va pas sans rappeler le sauvignon blanc du type vin du sud-ouest. Il donne des vins qui se boivent plutôt jeune (2 – 3 ans). L’un des domaines les plus emblématiques au cœur de la région de Koshu est la maison Grace Wine créée en 1923 et actuellement dirigée par Ayana MISAWA. Elle exporte ses très jolis vins blancs dans plus de 20 pays, incluant la France.
Pour Hirotake OOKA : « il y a beaucoup de vignerons japonais qui travaillent très bien malgré les conditions climatiques qui sont bien moins favorables qu’en France ». Il est vrai qu’en dehors du climat peu favorable, le Japon s’illustre dans la production de vins bio dont les consommateurs sont très friands. Un constat qui enthousiasme Hirotake OOKA : « Je souhaite qu’il y ait davantage de cépages locaux plus résistants à la maladie pour généraliser la production de vin bio. ».
En attendant de pouvoir déguster les vins d’Hirotake qui a vinifié une soixantaine d’hectolitres en 2017, nous avons interrogé le chef sommelier japanophile Romain Simon du restaurant étoilé La Table de l’hôtel Clarance à Lille. « Les vins japonais sont peu connus en France et c’est en partie parce qu’il n’y pas de cahier des charges, pas de discours établi ou de législation rigoureuse en la matière. La majorité des moûts de raisins arrivent d’Amérique du sud et 80 % de la production est faite à partir de ces raisins d’importation. Il est donc important de bien distinguer les “vrais vins japonais’’ des “vins fermentés au Japon’’ au moment de faire votre choix. »
N’hésitez donc pas à vous faire plaisir lors d’un voyage au Japon. Prenez le temps de goûter quelques cuvées autochtones et notamment celles de Hirotake OOKA. Sachant que pour des raisons douanières, il est quasi impossible de se procurer des vins originaires du Japon en France. On peut tout de même mettre la main sur quelques bouteilles importées ici ou là… Demandez conseil au caviste de votre quartier.
Kanpai !