Gaming Memories #06 : Wario Land : Super Mario Land 3
Bienvenue dans ce sixième numéro de Gaming Memories, le premier de 2018 ! Cette fois-ci, nous avons reçu un ord… une requête d’un vil personnage jaloux du test récent de Super Mario Odyssey et qui veut sa place dans cette rubrique. Bons et loyaux que nous sommes, nous avons accepté et c’est pourquoi nous vous invitons cette fois-ci à un retour sur Game Boy en janvier 1994. La direction est… Wario Land : Super Mario Land 3 !
Fichu Wario.
L’antihéros veut son château (enfin, son nouveau château)
En octobre 1992 sort au Japon Super Mario Land 2 : 6 Golden Coins. Ce deuxième épisode portable du plombier le faisait parcourir sa propre île, sur laquelle Wario régnait après avoir scellé l’entrée du château avec six pièces d’or toutes détenues par un monstre. Mario devait donc récupérer son bien et chasser Wario, qui faisait office de boss final.
Wario Land est donc une suite spirituelle à ce jeu ; sous la direction de Hiroki KIYOTAKE (Metroid, Kid Icarus), Takehiko HOSOKAWA (character designer de la version internationale de Pokémon Version Jaune, différents Metroid également) et produit par Gunpei YOKOÏ (créateur des Game & Watch et designer du premier modèle de Game Boy), ce titre qui partait de la simple réutilisation d’un personnage va finalement devenir le premier d’une série entière, la première apparition jouable d’un protagoniste désormais récurrent dans l’univers de Mario.
Qu’avaient-ils donc tous à vouloir un château, à cette époque ?
Wario, à présent explorateur, cherche de nouveaux moyens d’être encore plus méchant et détestable. Il a appris récemment que les pirates Cassonade, qui résident sur l’Île Cuisine, ont volé la statue en or géante de la Princesse Toadstool (désormais Peach). Il se dit que forcément, s’il arrivait à leur subtiliser à son tour, il pourrait en tirer une rançon de roi… ou de princesse ! Ce serait l’occasion de pouvoir détrôner Mario et son château ridicule (bien sûr, puisque Wario n’a pas réussi à s’en emparer) et avoir son propre domaine ! Sans réfléchir plus, le vil personnage se décide donc à prendre d’assaut l’Ile Cuisine sans même chercher à savoir si les Pirates sont forts ou non. Sûr de sa force, grâce à sa charge qui projette ses adversaires au loin, il ne craint rien.
Ainsi va débuter l’aventure du plus vilain des héros, ou plutôt antihéros. Parviendra-t-il à ses fins ? Réussira-t-il à être le meilleur ? Sera-t-il toujours aussi horrible et laid (ça, c’est la notice du jeu qui le dit, nous déclinons toute responsabilité quant à ces propos) ? Passons un peu en revue tout cela pour voir si l’aventure valait déjà le coup !
Une île aux décors variés
provider: youtube
url: https://www.youtube.com/watch?v=giFCkhfJGs8
src: https://www.youtube-nocookie.com/embed/giFCkhfJGs8?feature=oembed&wmode=opaque
src mod: https://www.youtube-nocookie.com/embed/giFCkhfJGs8?wmode=opaque
src gen: https://www.youtube-nocookie.com/embed/giFCkhfJGs8
Après cette introduction qui donne le ton, le joueur aura la possibilité de choisir son fichier de sauvegarde (pratique déjà courante à cette époque et bien utile pour profiter du jeu en famille sans sacrifier la partie d’un autre). Wario démarre sur la « plage de riz » (Rice Beach), l’aventure commence et chaque niveau terminé ouvrira le suivant. Se trouvant tous sur une carte de l’endroit traversé, il est ainsi possible de revenir en arrière et refaire un stage déjà terminé, pour y ramasser encore plus de pièces par exemple .
Chaque zone est conclue par un niveau boss. De la même longueur que les autres, ils opposent Wario à un monstre un peu plus coriace que la moyenne et contre lequel il faudra trouver la technique pour le vaincre. Puis, une fois défaite, la créature laissera s’échapper des tonnes de pièces à ramasser au plus vite !
Tous ces niveaux font partie de l’une des sept zones à traverser. Au nombre de quarante, ils vous feront voyager dans un canyon ardent (Stove Canyon), le Mont Théière (Mt Teapot) ou autres Forêt Persil (Parsley Woods) et plus encore (vous aurez donc remarqué que chaque terme a un lien avec la nourriture). Ces niveaux offrent des concepts variés. Outre les classiques, avec leurs ennemis et sauts au dessus du vide, on pourra aussi noter les « courses poursuites », où Wario ne devra pas trop traîner, sous peine de mourir ; d’autres le feront aller de wagon en wagon en marche en sautant par-dessus les rails où la moindre chute est fatale… sans compter que plusieurs d’entre eux ont différentes sorties qui mènent à un niveau suivant différent.
De ce fait, il faudra fouiller un peu pour trouver une zone entière, qui est totalement évitable si vous ne souhaitez pas la visiter. Mais bien qu’ils soient globalement courts, les niveaux sont agréables à traverser et le nombre d’ennemis différents est grand. En dehors des pirates, chaque zone a son propre type de créatures, ce qui offre un bestiaire bien fourni pour une cartouche de cette époque.
Gousses d’ail et cornes de taureau
Comme dit précédemment, vous croisez au cours de cette exploration des ennemis. Certains ne peuvent pas être attaqués conventionnellement de face, il faudra donc faire preuve de « lâcheté » pour vous en débarrasser. Wario dispose de trois types de pouvoirs différents, et chacun aura son propre effet. Sauter sur un adversaire ne l’écrasera pas mais le rendra inactif pendant une seconde, sonné par ce qui vient de lui arriver. Ce sera le moment de lui mettre le coup de grâce…
Pour cela, le vilain au nez rouge pourra attraper ses ennemis et en profiter pour les jeter sur d’autre et faire d’une pierre plusieurs coups, ou les envoyer dans le vide ou la lave en fonction de la situation. Mais le plus rapide reste de faire une charge (avec le bouton B) pour leur botter une bonne fois le derrière. Cela dit, vous pouvez très bien éviter tout carnage et juste ignorer le bestiaire que vous croiserez – jouer le pacifiste est donc totalement possible (même si l’on sait bien que personne ne le fait hormis les speedrunners… n’est-ce pas ?). Cependant, rester dans la « cruauté » paie, puisque chaque ennemi éliminé lâche une petite pièce à ramasser vite.
En plus de sa charge classique, Wario peut trouver régulièrement des bonus lui octroyant différentes capacités. Attraper une gousse d’ail (d’autres préfèrent les champignons) en forme normale ou un casque de taureau le changera en « Wario taureau ». La durée de sa charge sera ainsi doublée, il pourra secouer le sol en s’écrasant dessus après un saut (paralysant tout ennemi dans les parages pendant un court instant) et s’accrocher au plafond. En « Wario avion », ce dernier perdra la force du taureau mais se déplacera plus vite et sera capable de voler ; et en « Wario dragon », il pourra cracher des flammes pendant plusieurs secondes. Si le taureau peut briser les blocs destructibles d’un seul coup, les autres non et ce sera à chacun, la plupart du temps, d’emprunter les chemins à parcourir de la façon qu’il préfère (même s’il s’avère que dans les niveaux à ciel ouvert, « Wario avion » laisse juste totalement la possibilité d’ignorer tout ce qui se passe et aller au but sans se soucier de quoi que ce soit…).
Malgré son apparence trompeuse, le personnage est relativement agile et sa palette de mouvements plus étoffée que celle d’un Mario par exemple. Il sera capable de «s’aplatir » pour passer dans des endroits étroits, et même sauter dans cette position. Faire un saut plus haut qui emporte plus loin et plus rapidement que la vitesse normale est aussi possible. Et bien qu’il ne courre pas, la charge compense et se stoppe (de même pour l’avion) en appuyant rapidement sur la direction inverse. Il est donc possible d’atteindre une vitesse équivalente, le temps d’arrêt agaçant d’autres softs en moins.
Gérer votre vitesse sera important pour ne pas tomber à court de temps : quatre-cent secondes, c’est la limite qui vous est donnée pour terminée un niveau. Bien qu’ils ne soient pas excessivement longs et qu’il n’y ait pas tant de passages alternatifs dans chacun, il ne faut pas trop traîner non plus. Surtout que vous n’aurez qu’une seule chance en cas de dégât : s’il est touché, Wario perd son pouvoir et devient tout petit (et ridicule…). Il lui sera impossible d’utiliser sa charge aussi. Il faudra se dépêcher de trouver quelque chose sous peine de devoir éviter tout ce qui passe. Les checkpoints seront dans ce cas une bonne sécurité pour ne pas avoir à recommencer un niveau entier (ces derniers nécessitent tout de même de sacrifier dix pièces, mais c’est toujours mieux que de perdre une vie…).
Wario, cool bad guy
Le jeu est plutôt joli à regarder. Déjà, il possède une petite séquence d’introduction, ce qui était assez rare à l’époque. L’animation des personnages est fluide et les différentes mimiques de Wario sont amusantes. Certains boss sont assez gros également. Et pour respecter l’ambiance voulue, la bande-son reste relativement légère, sans pour autant tirer dans le ridicule. Chaque thème de zone colle très bien aux niveaux traversés. De fait, bien qu’elle ne soit mémorable que parce qu’on entend chaque morceau plusieurs fois, cette bande-son reste agréable à écouter mais classique. On retiendra sans doute bien plus le thème principal (à l’écran-titre) et celui de fin, un peu plus héroïque et rêveur.
Ce premier Wario Land n’est pas excessivement long à terminer. Bien qu’il comporte quarante niveaux (zones optionnelles comprises), un gros après-midi suffit à le boucler, pour peu que l’on ne cherche pas à tout trouver et avoir la meilleure fin (mais cela peut se faire même sans, avec un peu de chance). Une fois le jeu bouclé et en le connaissant déjà, deux heures devraient même suffire. Sans être aussi court qu’un Kirby’s Dreamland (sur la même machine), on appréciera la taille des niveaux finalement bien dosée, et bien qu’il n’y ait pas spécialement de replay value, refaire le jeu de temps en temps ne changera pas votre avis si vous l’avez apprécié la première fois.
Tout ceci dit, il y a quand même quelques défauts à noter. Par exemple, on peut remarquer le détourage des portes qu’on emprunte de temps en temps, ce qui laisse apparaitre la forme rectangulaire dans laquelle elles sont programmées. Le son saccade un peu lorsque le tintement de pièces ramassées se fait trop régulier et il ralentit à chaque porte empruntée. Des ennemis semblent parfois disparaître totalement quand ils sortent de l’écran, pour ne pas réapparaître alors qu’on devrait les rattraper (mais c’est plus rare). Il est également un peu trop facile dans sa globalité et le terminer avec plus d’une trentaine de vies en stock ne sera absolument pas surprenant… Ce sont certes de petits défauts très peu gênants, mais bien que n’entachant pas le plaisir ils sont bien présents. La perfection n’existe pas… (même chez toi Wario, ne cherches pas)
Et il continue… pour le meilleur.
Avec plus de cinq millions de copies vendues dans le monde, on peut qualifier Wario Land : Super Mario Land 3 de beau succès pour une console portable, à une époque où le jeu vidéo n’était peut-être pas encore autant joué qu’aujourd’hui. Cela valut donc deux suites sur Game Boy et Game Boy Color en 1998 (étrangement aux Etats-Unis et en Europe avant le Japon) et 2000. Le deuxième volet, en plus d’avoir une plus grosse durée de vie (environ une cinquantaine de niveaux), offrait plusieurs fins et est sorti en deux versions, noir et blanc (compatible couleur) et couleur uniquement. Le système de jeu était tout neuf et changeait la façon de jouer : Wario était immortel, mais pas invincible ! Ainsi, les différentes altérations d’état qu’il subissait (gelé, en feu, écrasé…) servaient la résolution des mini-énigmes qui parsemaient les niveaux. Wario Land 3, quant à lui, reprenait le même système de jeu en jouant sur le jour et la nuit. Chaque stage avait quatre sorties différentes et il fallait toutes les prendre, au fil de la progression et de l’évolution du personnage, pour le compléter totalement.
Wario est ensuite passé à l’étape suivante ; bien que largement en retrait de Mario, il a continué son chemin avec plusieurs titres comme Wario Land 4 (Game Boy Advance, 2001), Wario World (GameCube, 2003) ou Wario Land Shake (Wii, 2008, aussi connu sous le nom The Shake Dimension chez nous). Il apparait dans d’autres jeux consacrés à Mario et confrères du Royaume Champignon, à commencer par Mario Kart : Double Dash !! (GC, 2003) où il constituait l’un des personnages dits « lourds » (en contrepartie des « équilibrés » et « légers »). Mais le plus notable a sans doute été la licence Wario Ware, qui en plus de tirer partie des capacités des machines est devenue une série de mini-jeux déjantés à l’univers qui laisse rarement insensible, que ce soit en bien ou en mal.
Malgré son apparence de copie parodique (à commencer par son nom), Wario est un protagoniste qui a pu se démarquer en prenant un autre chemin (et pas que celui du mal), et ce dès une première aventure de qualité. Une très bonne alternative pour qui voudrait ressortir sa console d’époque mais se sentirait un peu lassé de l’éternel Mario.
Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©Nintendo.
Très bonne review de ce très sympathique jeu, j’ai passé de très bons moments sur l’épisode 3 sur GBC, assurément un de mes meilleurs souvenirs sur cette console.
Les 2 et 3 était des jeux super originaux pour l’époque, on avait un perso immortel et finalement ça devient presque un puzzle-game par moments… du très bon travail.
Merci pour les commentaires !
Tout à fait, on étais plus sur du puzzle game en die and retry que sur de la plate forme pur, bien vu!