Kojiki, la chronique des faits anciens : Ninigi, le Petit-Fils Céleste !
Après le récit des aventures de Ōkuninushi, dans cette 4ème partie de « Kojiki, la chronique des faits anciens », c’est au tour des Cieux et de Amaterasu d’agir afin de consolider le pays naissant en envoyant Ninigi ou le « Sublime Petit-fils » de la déesse solaire, sur terre.
La pacification
Amaterasu décréta que la Province-des-Roseaux-et-des-Fraîches-Pousses-de-Riz-Luxuriante-pour-Mille-Automnes – pour Cinq-Cents-Longs-Automnes (le Japon) devait être gouverné par son fils, sa Majesté Céleste-et-Rapide-Conquérant-aux-Grandes-Grandes-Oreilles-qui-Conquiert-Vraiment-comme-un-Conquérant (Ame-no-oshi-ho-mimi-no-mikoto).
Avant de descendre du Ciel et de gouverner cette province terrestre, Céleste-et-Rapide observa la Terre depuis le Pont-Flottant-du-Ciel et la qualifia de « chaos insupportablement bruyant ». Ainsi, il remonta immédiatement en avertir la Déesse Solaire, sa grand-mère Amaterasu. La myriade des huit cents Supérieurs se réunit dans le lit de Rivière-Tranquille-du-Ciel. Ensemble, ils décidèrent d’y envoyer sa majesté Céleste-et-Rapide pour adoucir les nombreux sauvages et violents Supérieurs Terrestres, c’est-à-dire les kami qui se trouvent sur Terre.
Trois années passèrent sans que Céleste-et-Rapide parti essayer d’obtenir les faveurs de Maître-de-la-Grande-Province n’envoie le moindre rapport aux Supérieurs au Ciel. Il fut ainsi décidé d’envoyer un autre Supérieur pour accomplir cette mission et Céleste-Jeune-Prince, fils d’Esprit-Terrestre-du-Ciel, fut choisi. Le véritable arc en bois de cerf céleste et des flèches à plumes célestes lui furent confier avant son départ.
Il descendit à son tour dans cette province où il s’unit à la princesse de Sous-le-Soleil, fille de Maître-de-la-Grande-Province. Huit ans passèrent sans qu’aucun rapport ne soit transmis au Ciel. Sans nouvelles, les Supérieurs Célestes missionnèrent la faisane appelée La-Pleureuse.
L’oiseau arriva au palais du Supérieur et lui expliqua les raisons de sa visite. Celle-qui-Espionne-le-Ciel s’exclama : « Mais ce n’est pas un chant, c’est un cri insupportable que produit cet oiseau-là ! ». Puis, conseilla à Céleste-Jeune-Prince de lui décocher une flèche dans la tête. Céleste-Jeune-Prince prit l’arc et tua La-Pleureuse d’une flèche qui lui traversa le poitrail avant de monter jusqu’au Ciel où Amaterasu et Haut-Supérieur-Unificateur attendaient dans le lit de la Rivière-Tranquille-du-Ciel. Ce dernier attrapa la flèche en plein vol et l’examina :
« C’est l’une des flèches que nous avons données à Céleste-Jeune-Prince. Ou elle fut décochée pour tuer l’un des mauvais Supérieurs et il n’y a pas à riposter. Ou bien son cœur est corrompu ! Alors que cette flèche même cause sa disparition ! ».
Ainsi dit, sur ces derniers mots, il renvoya la flèche droit d’où elle venait où elle s’enfonça dans le cœur de Céleste-Jeune-Prince.
De ce chapitre du Kojiki proviennent les dictons japonais : « Attention au retour de flèche » et : « Le faisan est l’oiseau d’un seul message. » puisque la faisane n’est pas revenue au Ciel.
Maître-de-la-Grande-Province abdique
Sur ce nouvel échec, qui envoyer pour accomplir la mission de consolidation du Japon naissant ? Deux Supérieurs furent désignés cette fois-ci : Bateau-Oiseau-Céleste et Maître-du-Terrible-Orage. une fois sur terre, Ils demandèrent à Maître-de-la-Grande-Province :
« Sa Majesté-Brillante-Au-Ciel et Haut-Supérieur-Unificateur nous ont mandatés pour te transmettre le message suivant : « Nous avons chargé notre auguste fils de s’occuper de ton territoire, la province centrale de Plaines-de-Roseaux, comme d’un pays qu’il devrait gouverner. Qu’en penses-tu ? »
Il leur répondit que lui ne pouvait leur répondre mais que son fils, Maître-des-Huit-Plis-du-Sens, par contre, lui pourra leur répondre. Bateau-Oiseau-Céleste partit le convoquer au Cap de Trois où il était parti chasser et pêcher. Maître-des-Huit-Plis-du-Sens leur répondit alors que les Supérieurs Terrestres devaient obéissance aux Supérieurs Célestes et que de ce fait, ils devaient respectueusement offrir à leur auguste fils leur province.
On demanda alors à Maître-de-la-Grande-Province s’il y avait d’autres de ses enfants à qui il fallait demander l’avis. Il répondit qu’il avait un autre fils, Auguste-Brave-au-Nom-Stable.
Sur ces mots, le second fils arriva en portant un rocher que même mille hommes ne pourraient soulever. Il proposa un concours de force. Maître-du-Terrible-Orage gagna et sur cette victoire, les deux fils prêtèrent allégeance au fils des Supérieurs Célestes.
Maître-de-la-Grande-Province leur répondit :
« En accord avec l’ordre du Ciel, je livrerai la province centrale de Plaines-de-Roseaux. Quant au lieu de ma résidence, si vous m’érigez un sanctuaire, fondé sur les plus profondes roches et s’élevant si haut que son plafond serait – à l’égal de l’auguste et riche nid depuis lequel l’auguste enfant des Supérieurs Célestes me remplacera en tant que fils du Soleil – l’envers même du plancher de Plaine-du-Haut-Ciel, alors je veux bien disparaître au fond des quatre-vingt lacets de la route qui serpente jusqu’au Royaume des Ténèbres et l’y servir. Quant aux quatre-vingt Supérieurs qui composent ma descendance, aucun d’eux ne se révoltera contre leur nouveau seigneur – à condition que l’on accepte que Maître-des-Huit-Plis-du-Sens en soit l’auguste protecteur. »
Alors Maître-du-Terrible-Orage remonta au Ciel et rapporta comment il avait contenu et pacifié la province centrale de Plaine-de-Roseaux.
L’auguste Petit-fils descend du Ciel
La paix enfin apportée, Amaterasu et Haut-Supérieur-Unificateur ordonnèrent à sa Majesté Céleste-et-Rapide-Conquérant-aux-Grandes-Grandes-Oreilles-qui-Conquiert-Vraiment-comme-un-Conquérant :
« Maître-du-Terrible-Orage dit qu’il a enfin pacifié la province centrale de Plaines-de-Roseaux. Maintenant, ton devoir t’appelle : descends-y, habites-y et deviens-en le gouverneur. »
Le Dauphin leur répondit :
« – Alors que je me tenais prêt pour descendre, il m’est arrivé un enfant, Sa Majesté Tout-le-Ciel-Toute-la-Terre-Soleil-du-Ciel-Prince-aux-Huit-Epis-de-Riz-Rougeauds (Ninigi-no-Mikoto ou le Prince Ninigi) – et c’est lui que vous devez plutôt envoyer. »
Le Prince Ninigi, le Petit-fils Céleste accepta de descendre sur terre. On lui confia les Trois Trésors Sacrés du Japon, l’épée légendaire Kusanagi no Tsurugi, le miroir de bronze Yata no Kagami et le bijou Yasakani no Magatama.
Entouré d’un groupe de divinités qui deviendront les ancêtres de différents clans au service de la Cour impériale, le Prince-aux-Huit-Epis arriva sur Terre au sommet de la montagne Takachiho no Mine, « Cime aux mille épis » dans le pays de Himuka – dans la province de Hyûga dans le sud de Kyûshû, signifiant « tourné vers le soleil ».
Voici d’ailleurs ce qu’il dit en arrivant :
« Cet endroit est l’exact opposé du pays de Corée, si l’on passe tout droit par l’auguste cap de Sabre-à-l’Ombre ; c’est un pays sur lequel les rayons du soleil au matin frappent droit et dont ils illuminent le ciel au soir. C’est donc un endroit extraordinaire. »
Ainsi parlé, il planta de robustes piliers pour fonder le palais qu’il habita.
La malédiction de Maître-des-Grandes-Montagnes
A l’auguste cap de Sabre-à-l’Ombre, Sa Majesté le Fils du Ciel tomba sous le charme de la ravissante et divine princesse d’Ata que l’on appelle aussi « Princesse qui fait brillamment fleurir les fleurs », fille de Maître-des-Grandes-Montagnes. Il lui demanda si elle avait un grand-frère. Elle lui répondit qu’elle avait une grande-sœur, Princesse-qui-Dure-Comme-le-Roc. Il la demanda en mariage. Cette décision revenant à son père, une requête lui fut envoyé.
Enchanté, Maître-des-Grandes-Montagnes accepta ce mariage et lui envoya aussi sa fille aînée et la dot pour le mariage de ses deux enfants. Comme elle était hideuse, Ninigi renvoya à son père la Princesse-qui-Dure-Comme-le-Roc et s’unit pour une nuit à la sœur cadette.
Couvert de honte, le père envoya au Céleste-Petit-Fils ce message :
« Je vous avais respectueusement présenté mes deux filles ensemble car, en vous envoyant Princesse-qui-Dure-Comme-le-Roc, je désirais permettre à l’arbre familial des Supérieurs Célestes d’être aussi résistant qu’un roc et de durer toujours – tombe la neige, souffle le vent.
Grâce à Prinesse-Bourgeon-Brillant-Comme-Fleurs-des-Arbres, cet arbre familial aurait fleuri de mille bourgeons. C’est pour cela que je vous les ai envoyées.
Puisque vous refusez l’aînée et garder la cadette, l’auguste arbre des Supérieurs sera plus fragile qu’une fleur. »
C’est pour cette raison dit-on que la vie des Empereurs du Japon est si courte.
La naissance des enfants du Prince Ninigi
Prinesse-Bourgeon-Brillant-Comme-Fleurs-des-Arbres annonça à son mari :
« Je suis enceinte, l’accouchement approche. Cela ne me plaît pas d’accoucher dans ton dos de ton auguste descendance – et c’est pourquoi je t’en informe »
Alors Ninigi-no-Mikoto lui répondit :
« Princesse-Bourgeon-Brillant ! Comment est-ce possible, alors que nous n’avons passé qu’une nuit ensemble ? Ça ne peut être mon enfant ; c’est sûrement celui d’un Supérieur Terrestre ! »
A cela, elle répondit :
« Si jamais c’est l’enfant d’un Supérieur Terrestre, la bonne fortune ne sera pas de mon côté pour l’accouchement. Si par contre c’est le fils d’un Supérieur Céleste, je l’aurai de mon côté. »
Sur ces mots, la Princesse s’enferma dans une chambre qu’elle avait construite.
Lorsque le moment d’accoucher fut venu, elle y mit le feu et accoucha. Au moment où le feu brûlait de tout son éclat, elle accoucha de Sa Majesté Feu-Brillant; puis d’un deuxième enfant, Sa Majesté Apogée-de-l’Incendie et enfin d’un troisième fils, Sa Majesté Feu-Apaisé qu’on appelle aussi Prince-Soleil-du-Ciel-Seigneur-des-Huit-Epis-de-Riz.
L’échange des bonheurs
Sa Majesté Feu-Brillant avait un don de la mer et était capable de ramener du fond des océans toutes sortes de poissons, à petites ou grandes nageoires. Quant à sa Majesté Feu-Apaisé, il trouvait son bonheur à la chasse en haut des montagnes, d’où il ramenait toutes sortes d’animaux à poils drues ou poils doux.
Le frère cadet demanda à son aîné :
« Pourquoi ne pas les échanger ? Pourquoi ne pas dénicher son bonheur où l’autre le trouvait ? »
Feu-Brillant déclina la proposition. Finalement, le benjamin obtint difficilement l’accord de son frère après de nombreux refus.
Résolu à trouver son bonheur au fond de la mer, Feu-Apaisé n’attrapa point de poisson dans son filet et pire, il perdit l’hameçon de son frère dans les profondeurs de l’océan. L’aîné réclama qu’il lui rende son bien afin qu’ils puissent retrouver leurs bonheurs originels affirmant :
« Trouver son bonheur en montagne est une chose, le dénicher dans l’océan une autre ».
Feu-Apaisé lui répondit alors :
« Tu parles d’un bonheur ! Ton hameçon ne m’a même pas permis de pêcher un poisson ! Et puis de toute façon je l’ai perdu. »
Face à l’insistance de son frère pour qu’on lui rende son précieux hameçon, le plus jeune prince défourailla son long sabre qu’il brisa en cinq cents morceaux avec lesquels il fabriqua autant d’hameçons en guise de compensation. L’autre frère refusa. Feu-Apaisé en fabriqua alors mille. L’aîné voulait l’original et aucun autre.
Le palais de Maître-de-l’Océan
Pleurant sur le rivage, le Supérieur Maître-du-Sel vint et demanda au benjamin :
« Pourquoi pleures-tu ainsi, Prince-Soleil-des-Huit ?
– J’ai reçu de mon frère un hameçon que j’ai malheureusement perdu. Et comme il me le réclamait instamment je lui ai donné un millier d’hameçons en compensation. Il les refusa disant qu’il veut l’original ! Voilà pourquoi je pleure et me lamente.
– Je vais donner un bon conseil à Votre Majesté. »
Sur ces mots, il construisit un bateau petit mais robuste sur lequel il mit le benjamin tout en lui donnant ces instructions :
« Quand le bateau sera à l’eau, continue de ramer. Tu tomberas bientôt sur une très belle passe : longe-la, tu verras un palais dont la façade semble être une écaille de poisson: c’est le palais de Maître-de-l’Océan. Devant l’auguste porte du palais, tu verras la multitude des branches d’un arbre caramel qui tombent dans un puits. Si tu montes au sommet, la fille du Supérieur de la mer te verra ; elle te conseillera. »
Tout se passa comme on lui avait dit. Les servantes de Princesse-des-Bijoux-Luxuriants, fille du Supérieur de la mer, portant de précieux vases et sur le point de tirer l’eau du puits remarquèrent une lumière émaner du sommet où le jeune prince attendait assis. Sa Majesté Feu-Apaisé leur demanda alors de l’eau. Elles tirèrent de l’eau du puits et lui tendirent. Il ne but point : il desserra l’un des colliers de son cou, le mis dans sa bouche puis le cracha dans le vase. Le collier se colla au fond sans que les servantes n’arrivent à l’ôter.
Elles repartirent voir leur maîtresse. Voyant le collier, elle demanda s’il y avait quelqu’un dehors. Elles répondirent qu’il y avait un très beau jeune homme, encore plus rayonnant que le roi et lui racontèrent l’épisode du vase et du collier collé. Intriguée, la belle princesse sortit et tomba sous le charme de l’inconnu. Juste quelques regards échangés suffirent. Elle informa son père de la venue du charmant jeune homme. Lui aussi sortit et dit qu’il s’agissait de Prince-Soleil-des-Huit, fils de Soleil-du-Ciel-des-Huit. Il l’invita dans son palais, lui offrit un auguste banquet durant lequel il lui accorda la main de sa fille.
Trois années plus tard, le Prince Feu-Apaisé, se remémorant son passé, poussa un long soupir. Princesse-des-Bijoux-Luxuriants alla en informer son père. Le Grand Supérieur demanda à l’intéressé des explications. Le benjamin lui raconta l’histoire de l’hameçon de son frère aîné. Le Supérieur de la mer convoqua alors tous les poissons qui peuplent l’océan et dit :
« N’y aurait-il pas, par hasard, un poisson qui aurait avalé un hameçon ? »
Les poissons répondirent que récemment une daurade s’était plainte d’avoir quelque chose de coincé dans la gorge. La daurade fut examiné et l’hameçon fut retrouvé.
Grand-Maître-de-l’Océan donna ce conseil à Feu-Apaisé :
« Tu diras à ton frère en lui rendant on hameçon : « Cet hameçon est trop crochu ! Il est trop gros ! Inutile, bête et méchant ! Ayant ainsi parlé, tu le garderas dans une main restée cachée dans ton dos – il te portera chance. Cela fait, si ton frère s’en va aux rizières d’en haut où l’on cultive à sec – tu iras aux rizières d’en bas où le riz est dans l’eau. Si à l’inverse, il va dans les rizières d’en haut, tu cultiveras les champs secs. Car si tu fais cela, ton grand-frère sera pauvre d’ici trois ans – puisque c’est moi qui gouverne les eaux ! Si, irrité par tes actions, il vient pour t’attaquer, vide Vase-de-Marée-Montante pour le noyer. S’il exprime quelque repentir, vide l’autre vase, Vase-de-Marée-Descendante, pour le tenir en vie – mais alors, harcèle-le ! »
Sur ces paroles, il lui offrit les deux vases et convoqua les crocodiles pour leur demander :
« Prince-Soleil-des-Huit va rentrer dans la province de l’En-Haut. Lequel parmi vous saura l’escorter au plus vite et revenir pour m’informer de ce retour – combien de jours vous faudrait-il ? »
Alors chacun en fonction de sa force et de ses capacités proposa un nombre de jours. L’un d’entre eux, long d’une brasse, répondit qu’il pourrait revenir en un seul jour. Feu-Apaisé s’assit sur le crâne du crocodile et ils partirent. Le crocodile tint sa parole et revint en un seul jour comme promis.
L’auguste Feu-Brillant se soumet
Feu-Apaisé rendit l’hameçon à son grand-frère et fit comme lui avait dit le Supérieur de la mer – si bien que Feu-Brillant devint de jour en jour plus pauvre. Un jour, il vint pour le combattre. Sur le point de se faire attaquer, Feu-Apaisé vida Vase-de-Marée-Montante pour le noyer. L’autre exprimant du repentir, il vida alors pour le sauver l’autre vase, Vase-de-Marée-Descendante. Battu, Feu-Brillant inclina humblement la tête en signe de soumission.
Une chambre d’accouchement en plumes de cormorans
Sa Majesté Princesse-des-Bijoux-Luxuriants attendait son époux, prostrée, et lui dit :
« J’ai déjà un enfant ! L’accouchement approche ! Il me semble qu’un fils de Supérieur Céleste ne devrait voir le jour dans la province de la mer – c’est pour cette raison que je t’attends ici. »
Alors, sur le rivage, à la limite des vagues, elle construisit une chambre d’accouchement avec des plumes de cormorans en guise de chaume. Sur le point d’accoucher, elle dit au futur père :
« Lorsqu’une étrangère va mettre bas, cette dernière doit reprendre la forme qu’elle avait dans sa province d’origine. Ainsi, je dois reprendre ma forme originelle et je te demande, s’il-te-plaît, de ne pas regarder. »
Feu-Apaisé, intrigué et curieux, jeta furtivement quelques coups d’œil. Il assista alors à la transformation de sa sublime femme en un monstre crocodilien, long de huit brasses qui rampait et se tordait de douleur. Terrifié, il s’enfuit sur le coup et abandonna la princesse.
Princesse-des-Bijoux-Luxuriants comprit qu’il avait regardé et se sentit honteuse. Elle abandonna l’enfant, Soleil-du-Ciel-des-Huit-à-la-Limite-desVagues-dans-une-Chaume-de-Brave-Cormoran-de-Rencontre-Avortée, qu’elle confia à sa sœur, Princesse-des-Bons-Bijoux avant de disparaître dans les profondeurs d’où elle venait.
Feu-Apaisé régna jusqu’à l’âge de 580 ans dans son palais à Takachiho (Mille-Hautes-Oreilles), dans la province de Hyûga. On l’enterra sur la pente ouest du Mont Mille-Hautes-Oreilles.
Soleil-du-Ciel-des-Huit-à-la-Limite-desVagues-dans-une-Chaume-de-Brave-Cormoran-de-Rencontre-Avortée s’unit à la sœur de sa mère, sa tante Princesse-des-Bons-Bijoux. Il eut quatre enfants : Cinq-Rives, Riz-Bouilli, Auguste-Maître-de-la-Nourriture et Jeune-et-Auguste-Maître-de-la-Nourriture appelé aussi Auguste-Maître-de-la-Nourriture-Luxuriante ou encore Sa Majesté Prince-Divin-de-l’Unification-de-Grande-Harmonie.
La descendance de Ninigi, Petit-Fils Céleste d’Amaterasu est un moment charnière dans la mythologie japonaise et la fondation du futur empire nippon. La dynastie qui se met en place réunit les différents éléments comme le Ciel (Ninigi étant l’Élu des Cieux, le petit-fils de la déesse solaire Amaterasu), la Terre avec son mariage avec la fille du Supérieur des Montagnes et l’Océan grâce au mariage de Feu-Apaisé avec la fille du puissant Maître-des-Océans.
Dans la prochaine partie, nous découvrirons les aventures des petit-fils de Feu-Apaisé dont le fils cadet deviendra le premier empereur sur le Trône du Chrysanthème, Jinmu.
Comme cela est intéressant ! Et, vraiment Japonais, si j’ose dire. Domo, domo arigato!!!
Merci 🙂 Toujours ravi de partager nos connaissances sur le Japon. D’autres articles viendront avec un épisode sur le Premier Empereur Jinmu (Jinmu Tennô), des articles « Bonus » pour apporter des précisions, des lectures pour approfondir le sujet… A bientôt alors 😉