Gaming Memories #5.1 : Spécial RPG de Noël (Grandia)

Bienvenue dans ce Gaming Memories « 5.1 » ! Nous continuons notre voyage dans les RPG de Noël en revenant cette fois-ci vingt ans en arrière, plus précisément, le 18 décembre 1997. Parés pour un deuxième retour dans le temps ? Alors c’est parti, allons rendre visite à Grandia !

Grandiaè

La réponse directe à SquareSoft

Alors tout juste sorti de la production de Lunar 2 : Eternal Blue (un autre jeu de rôle publié sur MegaCD en… décembre 1994, décidément), le studio Game Arts planche en interne sur un nouveau jeu. Celui-ci, qui deviendra Grandia, leur demande presque cinq années de travail et ne voit le jour qu’en 1997. Devant un Final Fantasy VII prêt à tout écraser sur son passage et la volonté de Game Arts de proposer de nouvelles aventures travaillées plutôt que jouer sur le succès d’un titre pour en faire un deuxième, il fallait agir et la Sega Saturn avait justement besoin d’un RPG majeur…

C’est donc sous la direction de feu MIYAJI Takeshi (GunGriffon, Silpheed) et HONTANI Toshiyaki (les animes Akira, Last Exile) que le projet se met en route. Accompagnés de KUSANAGI Takuhito (Samurai 7) au character design et, entre autres, de IWADARE Noriyuki (Radiata Stories, plusieurs Ace Attorney) qui signe l’une des bandes-sons de RPG les plus mémorables qui soient, ils ont en tête un jeu ambitieux : entièrement en 3D avec ses personnages en sprites 2D, ils cherchent à démontrer que la Saturn, réputée incapable de faire de la 3D, peut finalement se joindre à la fête.

A l’aventure, compagnons… (deuxième partie ?)

Grandia Justin

Justin

Justin, jeune garçon de quatorze ans, est un aventurier en devenir, rêveur et ambitieux. C’est un enfant courageux connu et apprécié de tous les habitants de sa ville, et dont le désir le plus cher est de suivre les traces de son père disparu, c’est-à-dire de partir découvrir le monde ! Bien vite, il obtient l’autorisation de se rendre aux ruines les plus proches. L’aventure appelant l’aventure, lui et son amie Sue finissent, après une de leurs séances d’exploration, par faire la rencontre d’une mystérieuse femme appelée Liete. Celle-ci fait partie de la civilisation ancienne des Angelou et détecte que Justin a en sa possession une pierre d’esprit. Mais le général Baal, à la tête d’une puissance militaire, veut s’emparer des pierres d’esprit à son profit… S’engage alors un long voyage jusqu’à Alent, là où se trouve Liete, de continent en continent… le moyen idéal pour un explorateur de montrer sa valeur par la même occasion !

Vous voyagerez ainsi de ville en ville, passant bien entendu par des donjons, mais pas seulement. Au contraire des autres RPG où l’on se déplace d’endroit en endroit à la marche (ou souvent au pas de course) ou en véhicule, on dirige ses personnages la majorité du temps mais les changements de lieux se font ici dans un menu où l’on doit choisir sa destination. Parfois, certaines d’entre elles sont tout de même des endroits hors du scénario et servent juste à faire la liaison entre deux endroits, mais bien que l’exploration soit l’un des points clés, il n’y a aucune obligation de refaire les mêmes allers-retours inutilement. Les villes et villages sont nombreux et se ravitailler et reposer sera bien entendu possible, en plus de faire avancer la trame.

Un voyage initiatique ambitieux et dangereux

GrandiaDans les faits, Grandia est un RPG particulièrement novateur. D’une part, pour son système de combat extrêmement complet. Celui-ci, à la fois tactique et « bourrin », est un mélange de temps réel et de tour par tour où les actions défilent sur une timeline. Lorsque l’icône correspondant à un personnage atteint le dernier quart de celle-ci, l’action se fige et le joueur choisira d’attaquer, utiliser soit une capacité spéciale ou une magie, se défendre ou se déplacer pour éviter un coup ou utiliser un objet. Les capacités, dévastatrices, seront à conserver de préférence pour les combats contre les boss. Les magies, quand à elles, dépendent de trois niveaux de puissance. Le nombre d’utilisations est indépendant de niveau en niveau, il est donc possible d’utiliser toutes ses magies niveau 1 pour se soigner sans gâcher les plus puissantes du niveau 2 ou 3 et les garder pour des affrontements, par exemple. Les ennemis progressent eux aussi sur la même ligne temporelle, et si grâce à un bon timing vous parvenez à les attaquer – d’un coup simple ou « Critique » – à ce moment, vous pourrez ralentir ou même totalement annuler son tour d’action. La réflexion est donc de mise, d’autant plus que les adversaires peuvent en faire de même avec vous.

Ces combats, par ailleurs, n’apparaissent plus aléatoirement au milieu de nulle part mais sont visibles sur directement dans les lieux traversés. Cela tend à créer une certaine immersion lorsque l’on aperçoit que les groupes de créatures vaquent à leurs occupations jusqu’à se jeter sur vous… ils ne vous remarqueront même parfois pas et, par cette particularité, il est totalement possible d’éviter tout combat d’une zone. Ce qui est, certes, un peu dommage pour un RPG, mais toujours bon à prendre si votre équipe n’est pas à son meilleur niveau.

Vous ne pasGrandiaserez de toute façon pas tout votre jeu à vous battre. Les villes constituent aussi une grande partie du soft et parler à tout le monde pour faire avancer la quête est nécessaire. Tout comme faire les magasins pour améliorer votre équipement ou apprendre de nouveaux types de magies via les œufs Mana récupérés… Ce système de magie, qui permet de créer la force de vos personnages à vos envies, est d’ailleurs original. Un œuf Mana associé au feu et au vent à un même personnage, par exemple, lui donnera accès à toutes les magies des ces éléments, mais également la foudre ; ces éléments se mélangent ainsi pour laisser libre champ à ce que vous voulez faire, tout comme les différents types d’armes que vous voudrez donner à vos héros (par exemple, Justin peut aussi bien manier les épées que les haches).

Les villes visitées ont toutes un charme particulier. Que ce soit Gambo, la ville en bord de mer, Zil Padon la cité regroupant trois ethnies différentes séparées en quartiers ou encore Laine, le village enneigé, toutes offrent un plaisir de les explorer certain (même si le fait de devoir tourner la caméra en permanence pour trouver les entrées des bâtiments, qui ne sont pas toujours du même coté, rend parfois difficile le repérage). Toutes, ainsi que les donjons traversés, feront avancer l’histoire, qui se suit avec plaisir. De rebondissements en moments touchants (voire carrément tristes par moments), elle remontera vers des notes plus légères et découvertes de nouveaux lieux toujours plus intéressants en permanence. En cela, Grandia donne vraiment l’impression de vivre un voyage, et pourrait presque faire retourner en enfance rêveuse, avec ces jeunes héros qui entament une quête qui va vite devenir épique, de la même façon que l’on rêve en regardant une série comme Fushigi no Umi no Nadia par exemple.

Grandia

Deux disques pleins de rêve

GrandiaGraphiquement, Grandia est agréables à regarder. Les nombreux sorts et techniques en mettent plein la vue, avec tous leurs effets de lumières et couleurs. Ce qui fait « gratter » le lecteur de la console presque en permanence, en même temps qu’il y a de rares ralentissements, mais on finit assez vite par avoir ses attaques préférées. Certaines sont par ailleurs particulièrement originales et jolies. Le jeu permet de tourner autour du personnage en permanence sans effort (ainsi que de zoomer ou dézoomer si besoin), mais les donjons, longs et parfois sinueux, obligent à souvent tourner ou recadrer la caméra, sous peine que les héros disparaisse derrière le décor. On appréciera donc la « boussole magique » de Justin qui pointe toujours la direction de l’étape suivante. Les décors sont parfois un peu brouillons en ville, mais cela n’empêche en revanche pas de s’y repérer.

Le jeu possède aussi d’une bande-son qui aura marqué les joueurs. Longue de plus d’une soixantaine de pistes, elle souligne l’aventure à la perfection et parfois avec une originalité insoupçonnée, en jouant avec les sonorités pour créer une ambiance plus qu’une vraie mélodie. D’un thème héroïque à un autre poignant à en tirer les larmes, on passera de BGM de combat dynamique à autres plus légers. Sans compter le casting de doubleurs qui compte entre autres Fujiko TAKIMOTO (Tsubasa Reservoir Chronicles, The Legend of Zelda), Kikuko INOUE ( Aa ! Megami-sama, Macross Frontier) ou encore Noriko HIDAKA (Death Note, Fushigi no Umi no Nadia) ainsi que d’autres grands noms de l’époque.

GrandiaSi l’aventure ne demande pas particulièrement d’entrainement sauvage (jouer de façon technique et réfléchie peut parfois aussi bien sortir de mauvais pas), elle vous prendra bien quarante à cinquante heures. Voire plus, si vous espérez monter toutes les capacités, magies et niveaux de maitrise d’une arme au maximum (ce qui n’est pas obligatoire pour parvenir à vos fins, mais les adeptes du perfectionnisme seront comblés). Vous pourrez également trainer à loisir dans des donjons optionnels pour tester votre endurance (et cette fois, c’est également celle du joueur qui l’est tant le challenge est relevé) une fois découverts.

Au final, Grandia a été un excellent soft qui, malheureusement, est resté trop longtemps « confidentiel » puisqu’il n’est sorti du Japon que bien plus tard (mars 2000) dans un portage sur PlayStation. Cette version (éditée par UbiSoft chez nous) a été traduite dans beaucoup de langues. Mais deux ans plus tard, des titres comme (principalement) Final Fantasy VII et VIII étaient déjà bien en place et finalement, il remporta plus un succès d’estime que commercial. Malgré deux autres épisodes, plusieurs spin-offs et un volet online, l’aventure de Justin reste bien, la majorité du temps, la préférée des joueurs, celle à la magie la plus touchante que les autres n’ont pas réussi à égaler…

Ainsi se termine notre numéro spécial jeux de rôle de Noël. Passez de bonnes fêtes et à l’année prochaine pour de nouveaux Gaming Memories !

Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©Game Arts.

3 réponses

  1. Xxiooup dit :

    Quel jeu ce Grandia, je dois avouer qu’en tant que grand fan des J-RPG 32 bits, celui ci tient une place de choix dans mon coeur, aux côtés de FF 7 et 8 et de Breath of Fire 4.

    Et pour ma part je trouve sa suite sur Dreamcast presque aussi bonne que l’original (du moins, c’est le souvenir que j’en ai…).

    • J’avoue que comme beaucoup, j’ai eu un peu de mal avec Grandia II, mais ça reste un bon jeu! Pour avoir essayé le III, il est bien meilleur à mon goût. Et puis les persos sont quelque chose à eux seuls (Ryudo, Millenia…)
      Merci pour les commentaires!

  2. xxiooup dit :

    Faut que je test le 3 alors! Par contre, je t’avoue ne pas trop comprendre poursuoi le 2 est le mal aimé… Peut-être avais-je la dalle en JRPG a cette époque là mais en parrallèle de ce jeu j’avais Skyes of Arcadia et j’ai clairement préféré Grandia. Les goûts et les couleurs…

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