Mazinger Z Infinity – Rétro-nostalgie !
Ce mois de novembre est l’occasion de découvrir sur les grands écrans français Mazinger Z Infinity. Le grand frère de Goldorak entre ainsi chez nous directement par la grande porte. Un long métrage délicieusement nostalgique qui permet de célébrer les 45 ans du robot crée par l’illustre Go NAGAI.
Critique du film et rencontre avec son créateur.
Il est des œuvres qui marquent leur temps et impriment l’imaginaire si puissamment que leur simple rappel provoque d’incontrôlables bouffées de nostalgie. Goldorak (UFO Robot Grendizer en VO) est de celles-là. Œuvre charnière pour la popularisation de l’animation japonaise auprès du jeune public français en 1978, elle conserve une place à part dans le panthéon d’une génération depuis longtemps adulte. Pour preuve : on retrouve même la musique de la série, si caractéristique de son ambiance, réutilisé par un cinéaste français des plus hype – Antonin PERETJATKO, dont le cinéma surréaliste croisement entre Jean-Luc GODARD et Max PECAS est un habitué des Cahiers du Cinéma – dans sa comédie La Loi de la jungle en 2016. C’est dire !
Aussi, l’arrivée du film Mazinger Z Infinity sur les écrans français lui est indissociablement liée ; et si Mazinger Z ne jouit pas chez nous de la popularité de Goldorak, il en conserve néanmoins en grande partie la saveur et reste l’œuvre fondatrice de Go NAGAI, crée en 1972, avant le robot cornu venu d’Euphor.
Le distributeur, Eurozoom ne s’y est pas trompé et a redoublé d’efforts pour faire de cette sortie un événement. Reste une question : le film en lui-même est-il à la hauteur ?
Néo-rétro ou Rétro-néo ?
10 ans ont passé depuis que Kôji KABUTO (le même Alcor de Goldorak), aux commandes du robot géant Mazinger Z crée par son grand-père, a emporté le combat qui l’opposait à l’Empire des Ténèbres du terrible Dr HELL. Ayant ainsi ramené la paix sur terre, il a cessé le combat pour se consacrer à la science. C’est justement en menant ses recherches qu’il exhume une gigantesque relique enfouie dans les entrailles du Mont Fuji. Mais dans l’ombre, le Docteur HELL, mystérieusement revenu d’entre les morts, menace à nouveau la planète, convoitant le pouvoir de cet étrange artefact capable de détruire le monde. Kôji va devoir remonter à bord de Mazinger pour contrecarrer ses plans.
Mazinger Z infinity replace ses personnages face à leurs anciens ennemis, adoptant en apparence une trame classique. Mais en inscrivant son histoire 10 ans après celle déjà racontée, et dans un cadre proche du Japon contemporain, il opère un mariage qui aurait pu sembler improbable sur le papier entre la dimension profondément rétro de l’œuvre d’origine et sa modernisation. Cela se traduit dans le visuel des robots par des détails accrus qui leur donnent un rendu mécanique plus réaliste (comme un assemblage effectif de pièces réalisé de main humaine) tout en respectant scrupuleusement le design d’origine. Une cure de jouvence du plus bel effet qui aide à remettre en perspective les dimensions de ces titans d’acier. S’opère aussi dans le design des décors, des personnages et des accessoires, un mix entre le style plutôt showa futuriste de la série d’origine et la technologie moderne avec voitures et ordinateurs, eux bien de notre temps. On pourra tout de même un peu regretter le placement de produit légèrement voyant qui s’en suit (la production remercie ostensiblement Nissan et Sony …), ainsi que les Mazin Girls qui ne servent pas à grand chose si ce n’est à du fan service plutôt vain.
Mazin Go !
Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir : le rendu visuel est des plus réussis en particulier lors des nombreuses séquences de batailles et de combats, particulièrement dynamiques et colorées et pendant lesquelles on prend un plaisir d’autant plus consommé que les musiques (générique inclus) reprennent celles de la série d’origine en leur ajoutant une grandiloquence orchestrale particulièrement efficace.
En ce qui concerne l’histoire en elle-même, Mazinger Z Infinity prend note de l’évolution des séries de robot pour se moderniser et intégrer des éléments qui rappellent par exemple Evangelion (le personnage de Lisa qui évoque Rei AYANAMI, le plan de complémentarité de l’homme) ou Gurren Lagann (un robot dans un robot) par exemple. Mais rendons à César ce qui est à César : il ne faudrait pas pour autant oublier l’influence des robots de Go NAGAI sur leurs successeurs. D’autant plus que ces emprunts se font dans le respect de l’esprit de Mazinger.
Et c’est finalement là l’important. Car on va voir Mazinger Z Infinity non pour avoir de la nouveauté, mais comme on savoure une madeleine de Proust, avec délectation et nostalgie. A ce niveau, le contrat est bien rempli et l’on jubile à la vue de la séquence d’ouverture et du générique, ou encore en écoutant Kôji scander les attaques de Mazinger comme Alcor celles de Goldorak. Autant d’éléments finalement familiers qui nous donnent envie que Go NAGAI et son équipe remettent le couvert pour une adaptation de UFO Robot Grendizer cette fois. Une possibilité que le Maître a évoquée lors d’une des avant-premières du présent film, si le succès était au rendez-vous !
Mazinger Z : à la rencontre de Gô NAGAI
Le 30 octobre dernier avait lieu l’une des nombreuses avant-premières de Mazinger Z Infinity, à l’UGC Ciné Cité Les Halles. Celles-ci était à ne pas manquer en raison de la présence du maître Gô NAGAI lui-même, mais aussi du producteur du film chez Toei Animation. La séance fut par ailleurs suivie d’un échange avec le public. Journal du Japon s’est rendu sur place et vous propose donc d’en apprendre plus sur le film et la saga à travers l’essentiel de ces questions – réponses.
En préambule des échanges, un Gô NAGAI ravi d’être là remercie chaleureusement le public parisien. Il s’agissait tout juste de la seconde avant-première mondiale, après une première projection à Rome le samedi 28 octobre, avant-même la diffusion du film au Japon.
Public : Combien de temps a-t-il fallu pour faire ce film ?
Gô NAGAI : Je vais laisser mon collaborateur répondre.
Producteur : Ce projet de film a commencé il y a environ 9 ans. Et donc, vu le temps qu’il a fallu pour le construire, nous sommes vraiment content que vous ayez finalement pu le voir ce soir.
Bonjour… J’ai 24 ans, je vous ai connu grâce à mon frère qui en a 33. Votre œuvre est la première chose que j’ai vu quand j’ai été en âge de regarder la télévision… J’aurai voulu savoir si vous pensiez, au moment de la création de Goldorak et Mazinger, voire de Devilman, que vos créations resteraient dans les esprits des gens aussi longtemps après ?
Gô NAGAI : J’ai commencé à travailler sur la série animée Mazinger en 1972 donc il y a 45 ans cette année. Il y a eu le manga, la série d’animation et j’étais ravi de pouvoir faire ce que je faisais à l’époque, mais je ne réfléchissais pas du tout au fait qu’on puisse revenir dessus même 50 ans plus tard. Quand je vois que c’est encore le cas aujourd’hui c’est une chose qui me ravit vraiment énormément. Je sais qu’en France la série la plus connue est celle que vous appelez Goldorak, donc Grendaizer, et il y a aussi ma troisième œuvre Great Mazinger. Bref, je suis donc ravi que vous puissiez enfin découvrir Mazinger aujourd’hui en France.
J’ai 22 ans et ce soir j’ai découvert Mazinger, je me suis rendu compte que votre œuvre avait eu une influence très importante sur les mangas de mecha de nos jours, j’aurai voulu avoir votre avis sur la question ?
À l’époque où j’ai fait Mazinger et mes histoires de robots, j’exprimais ce que je pensais être le futur des sciences et de la robotique; je pensais exprimer cette idée de manière forte dans mon manga, mais ce que je vois aujourd’hui c’est qu’en effet les robots sont très présent dans la société (usine ou autre). j’ai peut-être eu une vision plutôt juste au final à l’époque d’où, peut-être, cette influence.
Est-il prévu qu’en France un jour on puisse avoir des dvd/blu-ray de Mazinger ?
Producteur : S’il y en a qui veulent les acheter, levez la main et peut-être qu’on les fera. Mais cela veut dire que le film vous a plu ?
Le public répond alors par une ovation du public… croisons les doigts !
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[SPOILER] Dans le manga Mazinger Z, à la toute fin Koji est vaincu par des adversaires encore plus forts, comment cela a-t-il été perçu au Japon ? Nous n’avons pas l’habitude de voir un héros supposé invincible être vaincu de la sorte. Comment cette fin et l’arrivée du nouveau Great Mazinger s’est mis en place ? Le fait que Koji soit aux commandes dans ce film : Faut-il y voir un désaveu vis à vis de Tetsuya, une manière de dire que Koji était le héros au final ?
À l’époque où Koji a été vaincu, il a fallu un nouvel héros en la personne de Tetsuya, apparu dans le Great Mazinger. Aujourd’hui dans le film personne n’a rien eu à redire quant à la réapparition de Koji, puisque c’est bien lui le pilote du Mazinger.
Cela fait 40 ans qu’il n’y a pas eu de rapprochement entre Dynamic pro et la Toei, comment s’est passé la production de Mazinger Z ?
Nous n’avons jamais arrêté de travailler ensemble, car nous avons collaboré sur Delta robot et sur d’autres projets en commun durant ce laps de temps.
Vous êtes l’un des premiers auteurs à avoir proposé une œuvre très référencée avec des références japonaises, mais aussi grecques et occidentales… Est-ce que cela vous inspire encore aujourd’hui ?
J’ai toujours porté un grand intérêt aux cultures grecques ou romaines antiques, ainsi qu’à l’antiquité japonaise. Quand on parle de choses qui prennent leurs sources dans le passé, on peut les penser plus librement pour insérer ces références dans nos œuvres. Je pense qu’intégrer ces 3 cultures peut aider à ajouter des choses universelles et aider à la compréhension de l’univers mis en place. De plus dans ces inspirations très anciennes on trouve déjà des oppositions fortes, des combats entre bons et mauvais… cela existe depuis très longtemps. Donc autant revenir à ces sources là, plus simples à reprendre, et s’en inspirer pour construire de nouvelles choses.
Au début des années 70 vous avez créé Mazinger Z, mais en parallèle vous avez créé aussi Devilman qui est une œuvre diamétralement différente et très sombre, voir la plus sombre jamais écrite jusque-là. J’aurai voulu savoir comment vous aviez réussi à écrire sur deux œuvres aussi opposées avec Mazinger très optimiste, et de l’autre Devilman très sombre à l’inverse ?
Ça n’a pas été si difficile de les créer en même temps dans la mesure où Devilman a une image négative avec des choses qui font très peur, une image de la guerre vraiment très sombre, alors que Mazinger ajoute un développement scientifique dans la série, et peut montrer comment l’humanité peut encore évoluer. Ces oppositions se complètent donc et j’ai pu ainsi maintenir un certain équilibre avec ces deux œuvres.
Dans Mazinger z Infinity, il y a notamment Great Mazinger. Est-ce qu’un instant vous avez aussi pensé à y intégrer Grendaizer ?
Gô NAGAI : Non, nous n’avons pas réfléchi au fait d’intégrer Goldorak dans ce film, car on lui dédiera un film un prochainement.
Nouvelle ovation du public
Producteur : Ici c’est donc un film avec Mazinger et Koji Kabuto, mais quand on voit votre réaction à la possibilité d’un autre film, on partage ce sentiment et on espère pouvoir sortir un film sur Goldorak. Donc il faut que Mazinger soit un succès, alors parlez-en autour de vous ! (Rires).
Votre œuvre s’inscrit beaucoup dans son époque des années 70′. Mais si vous deviez aujourd’hui vous lancer dans le manga en tant qu’amateur – si vous débutiez, donc – vos thèmes seraient-ils différents ? Feriez-vous autre chose ?
Gô NAGAI : Je pense que si je le faisais aujourd’hui beaucoup de choix s’offriraient à moi… mais c’est déjà le cas ici avec ce film où certains choix ont dû être fait. Ce n’est pas un remake de l’époque mais plutôt une nouvelle création. Je pense que pour pouvoir faire de nouveaux films il faut aussi intégrer de l’ancien (en provenance des anciennes séries) et de la nouveauté pour plaire au plus grand nombre.
Producteur : Et notre joie, en tant qu’équipe de production, c’est de pouvoir offrir à l’Europe ce film avant même sa sortie japonaise. Nous aimerions continuer sur cette lancée.
La licence Mazinger a donc, potentiellement, de beaux jours devant elle !
Le film sort donc aujourd’hui, le 22 novembre, en France, et vous pouvez suivre l’actualité du film sur sa page Facebook. Voici les salles pour la première semaine :
Pour en savoir plus sur Go Nagai et son œuvre, je conseille aux curieux un livre incontournable : « Gô Nagai, mangaka de légende » par Jérôme WICKY.
https://livre.fnac.com/a10296205/Goldorak-Goldorak-go-nagai-Jerome-Wicky
https://www.amazon.fr/Go-Nagai-Mangaka-Jérôme-Wicky/dp/2374940128
Bonjour Steven,
Merci de nous avoir lu, et merci pour la référence du coup !
Cordialement