Tamagotchi ! Le retour du premier animal de compagnie virtuel
Il y a 20 ans déjà, les Tamagotchi envahissaient les cours d’écoles et le domicile familial, au grand dam des professeurs et des parents qui assistaient impuissants à l’addiction de leurs bambins à ces petites bestioles virtuelles.
Devinez quoi ? Les voilà de retour ! BANDAI ressort le Tamagotchi, et Journal du Japon vous propose un voyage nostalgique dans les années 90 pour célébrer ça.
BIP, BIP, BIP, le succès inattendu du Tamagotchi
Pour ceux qui était trop petits à l’époque, rappelons ce qu’est le Tamagotchi. Il s’agit d’un petit œuf de plastique, dans lequel vivait un animal virtuel constitué de pixels. Cet étrange objet tire son nom de la contraction entre Tamago (« œuf » en japonais) et Watch (le mot anglais signifiant « montre » et très utilisé au Japon) et son principe est très simple : prendre soin de cet animal de compagnie.
Pour cela, trois boutons permettent de sélectionner les actions disponibles : nourrir, laver, jouer, soigner… et c’est tout !
Les bips électroniques émis par ces bestioles pour réclamer de l’attention réveilleront des sensations enfouies au plus profond de votre mémoire si vous avez eu un Tamagotchi ; ils signalaient que votre compagnon virtuel avait faim, qu’il voulait jouer ou qu’il étant temps de nettoyer ses excréments. En tant que maître dévoué, peu importe l’heure ou le lieu, il fallait donc sortir donc votre œuf de plastique pour assouvir les besoins de cet amas de pixels attachant. Qu’importe sa forme d’ailleurs qu’il soit un chien, un poussin ou une créature difficile à catégoriser, vous l’aimiez et faisiez tout votre possible pour le maintenir en vie !
BANDAI, la société nippone de jouet qui détient quelques grandes licences du manga (Saint Seya, Mobile Suit Gundam, Doraemon…) lance le Tamagotchi en novembre 1996 au Japon, et le succès est phénoménal. En un an, ce ne sont pas moins de 40 millions de Tamagotchi qui sont écoulés dans le monde, et rien qu’en France, plus d’un million d’acquéreurs sont séduits entre 1997 (année de son lancement chez nous) et 1998.
Au départ, le Tamagotchi ne se destine qu’au marché nippon, puisqu’il permet aux petits Japonais n’ayant pas la place d’avoir un animal domestique de découvrir les joies et les responsabilités que cela implique. Mais face à l’enthousiasme des enfants, le produit est exporté avec succès dès l’année suivante.
Nombreux sont les parents qui cédèrent à cette mode, en dépensant environ 100 francs (≃ 15€) pour acquérir cet œuf de plastique. Chacun voulait son petit animal virtuel, et dans les écoles, on assiste à des scènes cocasses : des enfants se confient leur animal en donnant au propriétaire éphémère toutes les recommandations pour le traiter avec soin ; on voit des yeux rougis d’enfants dont le Tamagotchi vient de rendre l’âme, et des maîtresses, parfois sceptiques mais toujours humaines, consoler leurs jeunes élèves ; certains deviennent si passionnés qu’ils passent leur récréation à nourrir, soigner et laver les plusieurs bébés dont ils s’occupent…
Tendre pensée également pour ces parents obligés d’emporter les Tamagotchis de leurs enfants au bureau, lorsque ces petits compagnons virtuels sont devenus indésirables dans certaines écoles !
Les questions morales posées par le Tamagotchi
1997 correspond à l’année où le Club Dorothée fut stoppé, car les programmes qu’il proposait étaient considérés comme trop violents pour les jeunes. Le Japon était perçu par de nombreux adultes comme une terre encore bien mystérieuse dont seul le pire arrivait chez nous : jeux vidéo, manga… L’arrivée du Tamagotchi raviva le débat.
Quel était donc l’intérêt pour un enfant d’élever un animal de pixel ? Le fait de rester coller le nez sur un petit écran n’allait pas nuire à son développement intellectuel ? Et l’addiction forte qu’engendrait le Tamagotchi n’était pas là pour rassurer les parents.
D’autres voyaient dans ce jouet une façon ludique de faire comprendre à un enfant qu’un animal était une charge, et que le négliger aurait des conséquences tragiques. Une manière douce de préparer un enfant à son premier vrai animal domestique ?
Pour les enfants de cette génération, en revanche, le Tamagotchi n’était rien d’autre qu’un compagnon, qui les suivait partout ! Accroché au cou, au fond de la poche ou en tant que porte-clés, ils faisaient leur possible pour qu’il se porte bien. Malgré les expérimentations que les propriétaires ont tous essayé au moins une fois (le laisser affamé pour voir sa réaction, le nourrir à outrance ou oublier de ramasser son caca), le Tamagotchi fut un jouet particulier, dont ils se rappellent encore en souriant.
Une mode éphémère ?
Si on parle de « résurrection » du Tamagotchi en 2017, pour ses 20 ans, c’est bien que la mode s’est estompée. Malgré de nouvelles versions toujours plus élaborées, incluant des fonctionnalités inédites comme le fait de pouvoir faire interagir plusieurs Tamagotchi, la possibilité pour votre animal virtuel d’avoir un métier, de se reproduire, ou bien l’écran couleur qui fera son apparition en 2008, ces bestioles électroniques sont sortis progressivement de notre vie.
Cette disparition ne concerne toutefois que l’Europe, car au Japon, les Tamagotchi conservent une certaine popularité, grâce notamment à ces évolutions. Leur forme est identique mais l’écran affiche désormais un personnage animé, capable de communiquer avec d’autres, de changer de vêtements et de pratiquer diverses activités. Les filles sont les cibles privilégiées du produit, et ce à tous les âges : des filles de 20 ou 30 ans semblent ainsi prendre plaisir à jouer avec ces versions modernes de leur jouet d’enfance.
Preuve de ce succès toujours actif, les séries TV, les jeux ou les anime qui sortent régulièrement, et la boutique qui est consacré aux produits dérivés de cette marque, dans la gare de Tokyo.
Toutefois, le fait d’avoir à s’occuper d’un compagnon virtuel semble toujours séduire les petits et les grands, comme en témoignent les descendants du Tamagotchi.
Les successeurs des Tamagotchi
SONY lança, en 1999, son chien robot AIBO au Japon et aux USA, avec cette même volonté de proposer un animal de compagnie à ceux qui ne pourraient pas, pour des raisons matérielles, en posséder un. En 7 ans d’existence, ce sont environ 150 000 AIBO qui trouveront preneurs, avant que la firme nippone ne décide de stopper sa production. En novembre 2017, SONY annonce toutefois un retour de son chien robot pour 2018 ! Affaire à suivre….
En France, c’est le Furby qui connaît un certain succès dans les années 2000. Cet étrange animal poilu, doté d’un bec et parlant une langue qui lui est propre est capable d’interagir avec ses congénères et même d’apprendre des mots dans la langue du pays où il se trouve. Encore une fois, les enfants étaient responsables de cet animal mécanique, qui restait tout de même bien moins attachant que ne pouvait l’être un Tamagotchi ! Le Furby est toujours commercialisé, dans des versions plus modernes, et continue d’attirer les collectionneurs.
Mais ce qui se rapproche le plus du Tamagotchi original, ce sont les jeux et applications qui ont vu le jour suite au succès du petit œuf en plastique de BANDAI. Le plus connu d’entre eux est le Nintendogs de NINTENDO qui reste à ce jour un des jeux les plus vendus sur la 3DS. Il s’agit là de s’occuper d’un chien (un labrador, un chihuahua, un dalmatien, voire un chaton selon la version que vous possédez) en interagissant avec lui par la voix, le touché et en le traitant comme avec un véritable animal. On s’attache très vite à ce compagnon en 3D plus vrai que nature, qui prend vie sur la console portable.
De nombreuses applications reprennent aujourd’hui le principe du Tamagotchi, mais avec des sensations différentes : recevoir une notification d’un compagnon virtuel n’a pas la même saveur que les bips électroniques émis par la boule de pixel d’il y a 20 ans. A moins que nous n’ayons simplement vieilli…
20 ans après, difficile d’imaginer que le « phénomène Tamagotchi » ait la même ampleur, mais c’est avec un plaisir nostalgique à peine caché que nous accueillons ce retour. On a ri en le voyant devenir gros à force d’être trop nourri, on a souri en le voyant évoluer, on a pleuré lorsqu’une petite tombe nous informait de son trépas. Le Tamagotchi, c’est un peu une métaphore accélérée de la vie. Qui sait, c’est peut être une seconde chance inespérée de réussir à faire vivre ces petites créatures plus longtemps qu’à l’époque !
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[…] il y a 20 ans. Après un dossier consacré à la légende du Tamagochi il y a quelques mois, ici, nous avons testé My Tamagotchi Forever, le retour de la petite bête à nourrir et cajoler […]