Sur le chemin du zen avec des témoignages de nonnes et de moines …
Pendant l’automne, Journal du Japon continue à vous accompagner sur le chemin du zen. Cette fois, ce sont les paroles simples et éclairantes de maîtres bouddhistes zen que nous vous faisons découvrir.
Une vie de nonne
Ce livre paru aux éditions Sully est à la fois un récit autobiographique et un parcours. Les chapitres sont comme des lignes de vie, des réflexions éclairantes sur le quotidien et les épreuves que chacun doit affronter. Le récit est simple, sensible, mêlant expérience personnelle (parfois dure mais sans pathos) et réflexions éclairantes, stimulantes. Ce livre amène chacun à réfléchir sur son propre parcours, ses propres sentiments, dans l’apaisement, l’empathie et la générosité.
La grâce de la vie
L’auteur, AOYAMA Shundo, n’a que cinq ans lorsqu’elle est accueillie par sa tante dans son temple. Son grand-père avait prédit qu’elle serait religieuse, et même si c’est une souffrance pour sa mère, celle-ci comprend que la petite lui a été donnée par le Bouddha et qu’elle doit la rendre au Bouddha. Un moment fort qui marquera la nonne : elle comprendra l’art difficile d’être parent, et portera toujours les kimonos fabriqués par sa mère : « Je porte l’amour de ma mère sur mon corps ».
Je ne peux m’appuyer que sur moi
Sa jeunesse se passe entre travaux au temple et études au collège, au lycée, puis à l’université. Le quotidien après-guerre est difficile : ne pas manger à sa faim, reconstruire ce qui peut l’être, mais elle gardera toujours en elle une foi et une motivation sans faille car « il faut cent échecs pour atteindre sa cible. » Elle a plus de trente ans lorsqu’elle retourne au temple alors qu’une belle carrière universitaire lui est proposée. Elle y retrouve ses maîtres qui l’avaient laissée partir : des remerciements silencieux sont de mise.
Apprendre à travers la rencontre et la séparation
Lorsqu’elle doit faire face à de nombreux décès (de ses maîtres, de sa mère, de sa tante), elle regarde, elle écoute : « … nous devons accepter les différents décors de nos vies, la naissance, la vieillesse, la maladie, la mort, l’amour, la haine. » De cette leçon de vie, elle tire un conseil qu’elle donne au lecteur : aimer sincèrement les personnes de leur vivant.
Apprendre de la maladie
Face à la maladie, elle explique : « Ne pas pouvoir choisir veut dire que la maladie est aussi un don de Bouddha. Si c’est un don, on doit l’accepter humblement, même si cette maladie amène à la mort. Je la recevrai calmement, le cœur ouvert, avec reconnaissance. » Puis apprécier le retour de l’appétit, avoir de la gratitude lorsque tout redevient normal. La maladie devient une amie de bien.
On ne peut pas vivre seul
Chacun a une place sur terre, chacun a un travail à faire et celui-ci est toujours digne de respect et indispensable. On prend le rôle qui nous est attribué, on ne choisit pas, on ne compare pas, on fait. De même pour le don : les donations sont nombreuses pour la restauration du temple mais l’importance du don, de l’offrande importe peu, du moment qu’elle vient du cœur pur.
La vérité est une
AOYAMA Shundo a participé à de nombreuses rencontres inter-religieuses à travers le monde. Elle s’est ainsi rendue en Europe et se souvient d’une conférence à Assise lors de laquelle plus de deux cents participants ont pu pratiquer zazen (y compris des chrétiens). Sur la possibilité d’un dialogue inter-religieux, elle répond : « La vérité est une, ne nous disputons pas sur les différentes façons de la découper ». Car tout est une question de point de vue, de référentiel. « La vérité est une, mais les formes sont diverses. Ces différences sont nées de multiples raisons évidentes. Ainsi nous devons nous respecter mutuellement dans nos différences, les partager et apprendre à partir d’elles. J’ai pu m’en rendre compte grâce à ces expériences précieuses et réelles. »
Elle livre également au lecteur des conseils simples pour pratiquer zazen : commencer par compter ses respirations, ne pas se forcer à penser qu’on ne doit pas penser, ne pas rejeter le mental à l’aide du mental. Le plus important est de ne pas se battre contre soi-même.
Inde, pays éternel
Lorsqu’elle voyage en Inde dans les années 1980, la nonne y apprécie la nature encore préservée de la main de l’homme, une immersion qui lui procure un bien-être immense. Elle déteste la « fleur-objet » et aime respecter le vivant en s’agenouillant devant les fleurs qu’elle pose ensuite respectueusement dans le vase. Pour elle, le bouddhisme doit être souple et s’adapter à chaque pays : en Inde, en Europe, en Amérique, chacun peut pratiquer en fonction du contexte culturel.
Le livre se termine sur la phrase de Dôgen Zenji : « La Voie est sans fin. » Une vie consacrée au bouddhisme, livrée dans un ouvrage tout en simplicité, en humilité. Chacun connaît des joies, des peines, mais cela est toujours source d’apprentissage, jour après jour.
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Un maître et ses disciples
SAWAKI Kodo (1880-1965, surnommé Kodo le vagabond) est un des plus grands maîtres du bouddhisme zen du vingtième siècle. Il a parcouru le Japon pour enseigner le zen, et surtout zazen (la pratique assise).
Ce livre comprend de nombreux petits chapitres qui débutent par une citation de SAWAKI Kodo et se poursuivent par des compléments d’information et des explications de ses disciples (UCHIYAMA Kosho et OKAMURA Shohaku), ancrées dans le réel et compréhensibles par chacun (y compris par les Occidentaux). Il est certes question de bouddhisme zen, mais également plus globalement de l’humain, de son comportement, de son rapport à l’argent, au bonheur, et de l’évolution de la société.
« Il est absurde de se lamenter d’un air déprimé : « Je n’ai pas d’argent, c’est vraiment difficile de gagner sa vie, j’ai tellement de dettes », etc. Les gens qui ont une mentalité d’affamés veulent toujours plus d’argent. C’est pour cela qu’ils sont toujours en train de vouloir quelque chose et se plaignent de leur sort. Même s’ils mangent à leur faim, les gens se plaignent de ne pas avoir assez d’argent. Cette attitude crée une faim imaginaire, un cauchemar auto-entretenu qui les fait se lamenter tout le temps. De simples mots peuvent créer des problèmes sérieux. Les mendiants rient parfois, et les millionnaires pleurent. L’argent n’est pas grand chose. »
Ces petits chapitres sont comme des conseils de vie : tout humain est vagabond, il doit éviter les chaînes, ne pas tricher, ne pas voir à court terme, modérer ses désirs, ne pas se comparer, ne pas se laisser étourdir par la foule, par ses désirs. Il faut pouvoir vivre selon son vrai soi, créer son propre chemin.
« La religion ne sert pas à changer le monde extérieur. Elle sert à transformer nos yeux et nos oreilles, nos façons habituelles de percevoir et de penser. »
Un livre dans lequel piocher réflexions et sources d’apaisement, pour aider chacun à trouver sa voie dans un quotidien débordant.
« Si la peau de notre crâne est trop épaisse, comme celle du pomelo, rien ne peut y pénétrer. Si notre esprit est trop rigide, comme celui d’un soldat, nous ne pouvons pas être détendus et souples. La vie doit être vive et souple. »
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Voilà, avec ces quelques lectures, vous pouvez désormais entamer la fin de l’année plus sereinement et faire le plein de spiritualité !