La rentrée littéraire de Journal du Japon : des romans pour tous les goûts !
Comme chaque année en septembre, Journal du Japon vous invite à découvrir ses coups de cœur de la rentrée littéraire à la sauce nippone. En 2017, les éditions Picquier proposent entre autres au lecteur d’observer la société japonaise à travers une relation petit-fils/grand-père et l’évolution étrange d’un jeune couple. Quant aux éditions Héloïse d’Ormesson, elles emmènent le lecteur dans les pas d’un jeune écossais qui tombe amoureux du Japon alors que celui-ci s’ouvre à peine à l’Occident.
La vie du bon côté de Keisuke HADA : un beau roman intergénérationnel
Kento a 28 ans et son grand-père 87. Tous deux habitent chez la mère de Kento, l’un parce qu’il est au chômage depuis quelques mois, l’autre parce qu’il est parti de chez l’oncle de Kento chez lequel il vivait depuis quatre ans.
Les journées passent, lentes et ennuyeuses : le grand-père part parfois quelques jours dans un centre pour personnes âgées, le petit-fils passe des entretiens d’embauche et étudie pour éventuellement devenir notaire, tout en entretenant une liaison un peu fade avec sa petite amie dans des love hotel.
Le grand-père se plaint souvent : douleurs, envie de mourir (« Tous les jours, je prie pour partir »), et ce malgré une santé plutôt bonne pour son âge. Le reste du temps, ses interventions sont laconiques : « merci, pardon, désolé » ou « Bon, je vous gêne, je retourne dans ma chambre ».
Kento décide alors de le prendre au mot et de l’aider à mourir paisiblement et dignement. Mais comment faire ? Faut-il tout faire à la place de l’aïeul pour qu’il végète de plus en plus ? Il ne veut pas non plus qu’il finisse allongé perclus de douleurs dans un endroit froid. Face à la fragilité, au temps qui passe trop vite, à la faiblesse qui guette, le jeune homme décide de reprendre son corps et sa vie en main : des heures de sport intensif, des nourritures intellectuelles.
Et si finalement ce duo improbable trouvait la solution en se stimulant l’un l’autre ?
Une chronique douce-amère lorsque l’auteur évoque le suicide chez les personnes âgées, la difficulté pour les familles de garder un aïeul à la maison, le prix exorbitant des maisons de retraite privées, les listes d’attente interminables pour les maisons de retraite publiques, le dilemme permanent entre aider les personnes âgées à faire ou simplement faire à leur place (pour plus de facilité, de sécurité), l’absurdité du lien entre augmentation de la dépendance / augmentation des subventions pour les centres pour personnes âgées.
C’est tout simplement la place des aînés dans la société japonaise (et dans toutes les sociétés contemporaines) qui est en question ici.
Un livre simple et touchant, entre bienveillance et dérision.
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Mariage contre nature de Yukiko MOTOYA : les individualités peuvent-elles survivre dans un couple ?
San est mariée à un homme qui gagne très bien sa vie, est propriétaire de son appartement et ne pense qu’à regarder la télévision quand il rentre le soir. Elle n’a pas besoin de travailler, mais du coup elle s’ennuie un peu. Il y a bien la vieille dame de la résidence avec laquelle elle parle, un chat, son frère et sa petite amie qu’elle voit régulièrement. Mais entre les courses, la cuisine et le ménage vite fait (car elle a un lave-vaisselle et lave-linge avec fonction séchage !), elle tourne un peu en rond.
Dans la chaleur de l’été, elle passe beaucoup de temps à observer son mari et se demande quel genre de « spécimen humain » elle a épousé. Il est difficile à faire bouger, ne s’intéresse pas à grand chose et ne souhaite pas avoir de conversation sérieuse avec sa femme lorsqu’il rentre du travail. La seule fois où elle l’a vu débordant d’énergie, c’était au Machu Picchu lors de leur voyage de noces !
Petit à petit le visage de son mari devient bizarre : les yeux et le nez semblent s’y déplacer, surtout lorsqu’ils sont seuls et qu’il regarde la télévision. Et quand son mari se met à jouer à un jeu vidéo stupide et qu’il devient de plus en plus fatigué et amorphe, San se demande ce qu’est en train de devenir son couple ? Est-ce le sort de tous les couples de ne plus former qu’une masse, d’avoir deux êtres jumeaux qui finissent par être interchangeables ? L’histoire de la boule de serpents que lui raconte la petite amie de son frère trouve un drôle d’écho en elle :
« Ce sont deux serpents qui mangent chacun la queue de l’autre. Ils se grignotent l’un l’autre, à la même vitesse, et pour finir, ça fait comme une boule avec seulement les deux têtes, avant qu’ils disparaissent en entier, engloutis jusqu’au dernier morceau. »
Yukiko MOTOYA sait emmener le lecteur au cœur de l’être humain, décrire avec délicatesse et douceur les sentiments les plus contradictoires, les forces et les faiblesses. Elle y ajoute beaucoup d’humour et d’ironie. C’était déjà le cas dans Comment apprendre à s’aimer (également paru aux éditions Picquier), où elle brossait avec tendresse les tranches de vie d’une femme ordinaire, entre petits bonheurs et chagrins passagers, jusqu’à la vieillesse qui lui permettait de faire le bilan de de constater qu’au final la vie qu’elle avait vécue était plutôt réussie.
Dans ce nouveau roman qui lui a valu le célèbre prix Akutagawa en 2016, elle ajoute une dose de surréalisme parfaitement dosée pour une lecture troublante, dérangeante, mais assurément fascinante ! Vous ne regarderez plus votre petit ami ou votre conjoint de la même façon !
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
C’est donc une immersion au sein d’une famille et dans un couple japonais que les éditions Picquier vous proposent pour cette rentrée. Deux visions intéressantes d’une société en constante évolution, où les êtres sont bousculés, où les relations sont fragiles.
Le Monde flottant d’Alan Spence : un roman historique palpitant que vous ne pourrez pas lâcher !
Thomas Glover est un jeune écossais de vingt ans qui, pour ne pas finir sa vie de courtier maritime dans le brouillard glacé de son port natal, décide de partir tenter sa chance au Japon.
Après un long voyage, il arrive à Nagasaki. Il devient très vite un brillant commerçant : soie, thé puis opium et même armes dans ce Japon tiraillé entre le pouvoir du shôgun et les clans de samouraïs qui regardent d’un mauvais œil tous ces étrangers et leurs bateaux imposants.
Le rôle de ce brillant écossais ne s’arrêtera pas là, il prendra une part active à l’ouverture et à la modernisation du Japon : il organisera des voyages pour les jeunes samouraïs avides de connaissance, il aidera à unir les clans, à chasser le shôgun du pouvoir, à construire de nouveaux bateaux, des voies de chemin de fer.
Il fera construire sa maison par un brillant architecte japonais sur une colline de Nagasaki. Elle s’appellera Ipponmatsu (pour rappeler le pin solitaire qui trône dans le jardin). Ses amis japonais lui feront découvrir le zen, l’art du haïku, l’éthique des samouraïs. Sa vie sentimentale sera également très riche entre maison de thé et mariage d’amour.
C’est un roman historique très riche, idéal pour comprendre cette période clé de l’histoire du Japon grâce à de multiples points de vue (écossais, anglais, américains, français, japonais des différents clans, du jeune samouraï au daimyo).
L’écriture précise et dynamique sert brillamment des scènes épiques de batailles, de villes en feu, de guet-apens dans de sombres ruelles. Cette écriture se fait poétique à l’évocation du jardin du daimyo (la Terre Pure), à la récitation d’un haïku par un jeune samouraï, au souvenir de la femme aimée, à la prière dans un temple. Le lecteur appréciera la richesse des dialogues mettant en scène les plus fins diplomates et les meilleurs stratèges. Il partira en voyage dans la campagne japonaise luxuriante, dans la noirceur de Shanghai, sur l’immensité des mers.
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Journal du Japon vous souhaite une bonne rentrée et d’agréables lectures !
Rentrée littéraire 2017 : retrouvez également notre sélection de livres pour les plus petits et nos attentes manga de ce mois de septembre !
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