Gaming Memories #01 : NiGHTS Into Dreams
Bienvenue dans cette nouvelle rubrique jeu vidéo. Ici, nous allons faire un bond régulier dans le passé pour vous faire (re)découvrir un titre emblématique, ou totalement inconnu. Fans de NES, Mega Drive, PlayStation (et autres), nous vous embarquons pour un voyage en arrière. Pour ce premier numéro, nous vous offrons une petite dose de rêve en la compagnie de NiGHTS Into Dreams. Retour en juillet 1996 !
Quand la Sonic Team prend tout le monde à revers…
Alors que les possesseurs de Saturn attendaient un nouvel épisode de Sonic the Hedgehog profitant des capacités impressionnantes de la machine, l’équipe de Yuji NAKA et Naoto OHSHIMA surprend tout le monde. Plus question de courir à toute vitesse, ici on vole carrément et presque librement. Un rêve que tout le monde ne pouvait pas se permettre d’avoir… jusqu’à NiGHTS Into Dreams !
Claris Sinclair et Elliot Edwards sont deux adolescents pas très heureux dans leur vie : elle est un jeune talent prometteur qui a pour seul défaut d’être pétrifiée de peur en pleine scène lors d’un concours, tandis que lui subit une humiliation par un étudiant plus âgé lors d’une partie de leur sport favori, le Basketball.
À Nightopia, le tyran Wizeman the Wicked a emprisonné NiGHTS l’arlequin, le retenant captif et transformant les rêves en cauchemars. Mais Claris et Elliot détiennent tous les deux le « Red Ideya of Courage », le pouvoir de sauver NiGHTS, afin qu’il puisse à son tour sauver le monde des Rêves. Tous trois vont donc devoir travailler ensemble pour y parvenir. Ainsi vous devrez à chaque niveau sortir NiGHTS de sa petite prison pour en prendre le contrôle et commencer à vous amuser. Vous pouvez bien sûr vous promener à pieds avec Claris ou Elliot, mais cela ne constitue pas le but principal du jeu.
Une fois le contrôle de NiGHTS pris, vous devrez vous occuper de récupérer les orbes bleus se trouvant sur votre chemin et les ramener jusqu’à l’« Ideya Cage », ce qui vous permettra de passer au parcours suivant du niveau. S’il n’y a que peu d’ennemis sur votre chemin, qui ne feront que vous faire perdre quelques secondes s’ils vous touchent, c’est plutôt et justement le chrono qui sera votre pire « cauchemar ». Vous aurez seulement deux minutes pour trouver tous les orbes dans la portion de niveau où vous vous trouvez, sinon vous perdrez le contrôle de NiGHTS et reprendrez celui de l’un des deux jeunes héros. Là, les choses seront plus « dangereuses » car vous devrez vous occuper de faire le travail à pieds, poursuivi par un réveil-matin géant dont la sonnerie finira par vous donner des frissons tant que vous n’aurez pas réussi à bien prendre les choses en main… Ces phases pédestres sont bien sûr à éviter, car elles ne s’achèveront que par un Game Over ou la collecte de tous les orbes et la récupération de l’arlequin. Elle vous octroieront par la même occasion la moins bonne note pour la section de niveau en cours.
Les orbes récupérés, libre à vous de continuer à passer dans les suites d’anneaux qui parsèment votre route et effectuer des combos (« Link »), qui feront augmenter votre score et vitesse, avant d’accéder au plus vite à l’« Ideya Palace » pour passer à la prochaine section. Une fois les quatre parties complétées, vous accéderez à un combat contre un Boss, qui sera souvent le gros morceau du niveau, celui qui vous fera recommencer, encore et encore…
Si les niveaux eux-mêmes sont plutôt simples et accessibles (et permettent réellement de faire un voyage plaisant et imaginatif), ces combats s’avèrent être une surprise un peu déstabilisante. Se déroulant eux-mêmes dans un niveau au défilement en 2D dans un décor 3D, vous aurez là encore deux minutes pour comprendre quoi faire et comment, éviter de subir des attaques (et perdre de précieuses secondes) et le répéter suffisamment jusqu’à vous défaire du Boss. On appréciera les conseils donnés en cas d’échec, mais la frustration restera quand même là. Ces combats, parfois faciles mais souvent difficiles, sont un peu la douche froide qui vous sort sommeil. Mais que ce soit pour le scoring – car oui, NiGHTS est un pur jeu de scoring sorti dans une époque typique de l’Arcade qui avait déjà été un peu dépassée à ce moment – ou tout simplement pour retourner rêver dans ces décors enchanteurs et oniriques, on aura souvent envie de reprendre la manette, quelque peu revanchard, mais avec le plaisir de rêver encore un peu.
Une technique impressionnante
NiGHTS Into Dreams est effectivement un jeu bluffant. Si de nos jours l’effet fonctionne moins, force est de constater que pour une production de 1996, SEGA a réussi à assurer une qualité graphique à la hauteur. Peut-être au détriment d’une lisibilité parfois un peu difficile, peut-être aussi au prix d’un champ de vision limité… Mais la finesse des graphismes et décors, l’animation sans faille et la vitesse de défilement et d’affichage font que c’était tout simplement le jeu que tout possesseur de la machine pouvait s’empresser de montrer pour prouver que la Saturn, « elle en a dans le ventre ».
Impossible également de passer à coté de l’aspect sonore du jeu. Si graphiquement et en terme d’ambiance visuelle il est maîtrisé, les thèmes musicaux sont eux-aussi à la hauteur pour ponctuer le voyage. Ils restent en tête et c’est rarement avec déplaisir. De plus, le jeu n’échappant pas à la mode de l’époque de proposer la bande-son directement sur le CD – et donc lisible sur n’importe quel lecteur – il était même possible de profiter de celle-ci en dehors. Ne serait-ce que pour le thème principal, Dreams Dreams, chanté par deux enfants… et qui fait directement commencer le rêve de manière envoûtante.
Notons également que, à l’époque où Nintendo sortait sa Nintendo 64 à la manette pourvue du premier stick analogique de l’histoire du jeu vidéo, SEGA décidait de riposter avec leur 3D Control Pad, compatible avec une trentaine de jeux et offrant une plus grande précision de contrôle pour les softs en 3D. Bien que dotée d’un stick spécialement conçu pour cela, la manette permettait de changer de mode pour accepter les autres aussi. Son design sera plus tard repris pour la manette de la Dreamcast.
Le « presque » cadeau de SEGA pour Noël
Décembre 1996. SEGA décide de rempiler avec NiGHTS Into Christmas/Christmas NiGHTS Into Dreams – Only This Winter, une sorte d’add-on stand-alone de l’épisode original. Pourquoi « presque cadeau » ? Disponible aussi bien au Japon qu’aux Etats-Unis et en Europe, c’était sous condition d’achat que les joueurs pouvaient se le procurer. Il était ainsi en lot dans un convini partenaire ou en achetant un magazine participant à l’offre (et fort heureusement, trouvable sur les sites de vente en ligne de nos jours !).
Si le jeu est le même, il offre un contenu additionnel attirant pour qui a apprécié l’original. Comme dans celui-ci, vous y prenez le contrôle d’Elliot ou Claris jusqu’à sortir NiGHTS de sa prison Ideya, puis retournez dans le premier niveau de la demoiselle (avec des passages différents pour Elliot). À la fin, le niveau se conclue par un affrontement contre le premier Boss de Claris et si vous le terminez avec les deux personnages, vous aurez droit à la cinématique de fin. L’originalité de cette production ne vient donc pas de là, mais plutôt de l’habillage et l’ingéniosité technique ainsi que l’attrait qu’elle provoque : pour la première fois dans un jeu vidéo, l’horloge interne de la machine était utilisée autrement que dans les menus. Le niveau différait selon la date choisie…
Ainsi, l’apparence du niveau change selon si vous mettez le CD dans la console (ou bien sûr si vous trichez avec l’horloge interne) à la date du 14 février, du 1er avril, ou tout simplement en décembre. Là, tout y est recouvert de neige dans un décor plus sombre, en pleine nuit, avec des habitants de Nightopia déguisés, des sapins qui ornent les Ideya Palaces… ou « Vive le vent » remixée pour l’occasion (et il faut le vouloir, jouer avec ça pendant des dizaines de minutes sans interruption !). Chacune de ces dates apporte donc des différences sonores et graphiques amusantes, la cinématique de fin restant cependant la même.
Mais l’ambiance est prenante, et touchante pour cette nuit de Noël fictive et planante. D’autant plus que cela n’est pas vain… En conclusion du niveau, vous aurez l’opportunité de jouer à un petit mini-jeu de Memory dans lequel il faudra retrouver des images par paires pour débloquer des bonus. Images CG, trailers pré-sortie, et surtout les modes Sonic Into Dreams, Time Attack et Link Attack.
Dans le premier, comme son nom le laisse imaginer, vous aurez la possibilité d’incarner le hérisson bleu dans sa toute première apparition en 3D (et non, ce n’était pas dans Sonic Jam, Sonic R ou Adventure !). Dans ce bonus, il prendra la place directe d’Elliot ou Claris et tiendra le même rôle. Ensuite, il pourra affronter le boss « Puffy » grimé pour l’occasion en Dr. Robotnik. Si ce mode n’est pas ultime ni même spécialement passionnant, il reste amusant pour pouvoir contrôler Sonic sans contrainte ni de temps, ni de « réveil-matin tueur de sommeil ».
Les deux autres modes, quant à eux, portent très bien leurs noms aussi. Dans le Time Attack, vous pourrez voler librement sur un parcours original et simple, et le traverser le plus vite possible autant de fois que voulu jusqu’à être satisfait de votre propre performance. Le Link Attack vous demandera lui de passer le plus d’anneaux possible en récupérant les orbes demandés. La course contre la montre et au score sont donc à nouveau bien représentés, mais là encore ces modes restent des bonus.
NiGHTS Into Christmas restera donc notable pour son évolution technique et cette capacité à utiliser l’horloge interne de la machine, option encore rare pendant plusieurs années après cela.
Et la suite ?
NiGHTS reviendra en 2007 sur la Wii de Nintendo dans un épisode intitulé NiGHTS : Journey Into Dreams, toujours confectionné par la Sonic Team. Si la recette reste la même, avec ces graphismes en 3D défilant sur une progression 2D, l’équipe de développement avouera avoir voulu essayer de passer à une 3D totale pour cet épisode, mais l’aura finalement abandonnée car cela restait trop peu concluant et intéressant d’après eux.
Mais le premier épisode aura tout de même été porté sur PlayStation 2, 3, XBOX 360 et PC Windows. Si le premier, datant de 2008, est correct, c’est surtout du coté des portages suivants qu’il sera préférable de se pencher. Ceux-ci proposent en effet de retourner dans le jeu d’origine, appelé « Sega Saturn Dreams », mais aussi un remake graphique « Brand New Dreams ». De nouveaux modèles graphiques pour les personnages et un mode 16:9 y sont proposés et rendent l’expérience toute aussi bonne, voire meilleure grâce à ce remaniement. Cette version étant par ailleurs disponible sur la plate-forme Steam, il serait dommage de s’en priver si cette rétrospective vous a donné envie.
NiGHTS aura eu aussi droit à son jeu électronique décliné en deux versions (« Premiere » et « Pocket Arcade ») en 1997, construits par le fabricant Tiger Electronics et sous licence officielle (toujours trouvables sur Internet !… à condition d’avoir plusieurs dizaines d’euros à y mettre). Mais le plus intéressant est de savoir qu’un deuxième épisode nommé Air NiGHTS a vu son développement commencer sur Saturn pour apparemment reprendre sur Dreamcast. Celui-ci n’a jamais été commercialisé mais apportait des idées de gameplay nouvelles, profitant d’une modification de la manette 3D qui aurait été imaginé comme étant un précurseur des Wiimote et Nunchuk de Nintendo : un contrôle tout aussi aérien que son personnage…
Depuis ce projet avorté, NiGHTS reste malheureusement un personnage plutôt discret. Des apparitions dans divers softs de la Sonic Team sont bien sûr à signaler. Sonic Pinball, Sega Superstars, Sonic Shuffle, Riders, Adventure, Sonic & All-Stars Racing, ou encore Claris et Elliot en personnages à sauver dans un autre jeu brillant de la même équipe, Burning Rangers, voilà ce qu’il reste du personnage. Des caméos et des apparitions via d’autres titres comme Billy Hatcher and the Giant Egg ou Phantasy Star Online en reliant sa petite GameBoy Advance à la Game Cube, voire même tout comme Sonic des comics originaux. Plus récemment, il était possible de récupérer une statuette grandeur nature du personnage pour décorer sa pièce dans Phantasy Star Online 2, mais rien pour le moment n’est à signaler du coté de Nightopia. On pourra éventuellement accorder à la Sega Saturn des Sega Hard Girls (que vous aurez pu voir dans le test de Superdimension Neptune VS Sega Hard Girls) que son design semble légèrement inspiré de NiGHTS, mais tout s’arrête là.
Si désormais – et malheureusement peut-être définitivement – l’arlequin volant restera plus un souvenir qu’une actualité, NiGHTS Into Dreams demeurera un symbole des capacités épatantes de la Sega Saturn. Un exemple parfait de jeu qui, même avec le temps, continuera toujours de dessiner un petit sourire heureux sur le visage de toute personne ayant croisé sa route à l’époque. Et si d’aventure vous étiez tenté d’aller voler à ses côtés , vous saurez où le trouver pour vivre un rêve éveillé dans des décors fantastiques !
Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©SEGA.
Article initialement publié le 29 juillet 2017.
4 réponses
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