Le kimono: l’oeuvre d’art du Japon
Il est 21h , un samedi à Kyoto. Dans le quartier de Gion, envahit par les touristes, se glisse soudain une silhouette remarquable par tous. Une maiko (apprenti geiko) presse le pas, évitant de son mieux les flashs des appareils photos.
Si elle est si belle et impressionnante c’est par son élégante prestance, mais aussi par la couleur pâle de son kimono, resplendissant sous les lumières artificielles de la ville.
Au Japon, personne ne portera aussi bien le kimono qu’une maiko ou qu’une geiko.
Ce vêtement complexe et fascinant représente l’image d’un Japon ancestral. Cependant, il n’a pas encore dit son dernier mot et ressort du placard régulièrement dans les familles modernes, lors d’une cérémonie importante ou pour le nouvel an.
Journal du Japon vous emmène à la découverte de l’œuvre d’art la plus appréciée de l’archipel nippon.
Un vêtement traditionnel, définissant la classe sociale
Signifiant « chose portée » (ki pour porter / mono pour chose) le kimono est à sa naissance un simple morceau de tissu que l’on porte avec un pantalon ou une jupe longue : le kosode (VIIe siècle).
Petit à petit le vêtement va s’embellir et devenir un indicateur de la classe sociale de son propriétaire. Plus le tissu est beau et précieux, plus la personne est riche.
Le kosode est alors, au VIIIe siècle, un vêtement de tous les jours, porté pour aller aux champs ou pour se rendre au temple.
Son esthétisme s’inspire des quatre saisons.
Au XVIIIe siècle, la broderie et les feuilles d’or sont fréquemment utilisées. On ne porte désormais plus de jupe ou de pantalon avec le kosode, la tunique, longue et couvrant les jambes se suffit à elle-même. Le vêtement s’alourdit, les manches se rallongent et le obi (la ceinture) est ajoutée. Ce dernier est la pièce la plus chère dans le kimono, dû à sa qualité de tissus et sa longueur.
Les Japonais utilisent le lin, le coton ou encore la soie pour les plus riches.
Le terme de kimono apparaît au XIXe siècle, une époque où la jeune génération délaisse ce vêtement peu commode pour les activités du quotidien, mais surtout qu’il est coûteux. La mode change et le kimono est rangé au placard pour en ressortir lors des cérémonies importantes, les mariages ou les crémations.
Le kimono est à ne pas confondre avec le yukata, un autre vêtement traditionnel qui est une sorte de kimono plus léger pour l’été. Le tissu est beaucoup moins noble et les motifs diffèrent. Les touristes qui entrent dans les boutiques de locations, louent pour la plupart un yukata.
Le kimono est différent selon le genre de la personne :
La fabrication : une patience à toute épreuve
Très complexe à produire, il faut du temps pour fabriquer ce vêtement. Aujourd’hui les machines ont remplacé l’homme, mais on trouve encore des artisans qui perpétuent la fabrication artisanale.
Le tissage est la première étape, les fils de soie, de coton ou de lin sont assemblés, les motifs et la couleur sont définis lors de cette étape. L’artisan fournit alors des rouleaux de tissus de plusieurs mètres qui, une fois coupés, forment des pièces de tissus rectangulaires.
La teinture est une étape importante : elle peut prendre plusieurs semaines pour un seul kimono. Le tissu est chauffé à la vapeur pour fixer les pigments.
Pour finir les pièces de tissus sont assemblées et doublées.
La composition du kimono
Le vêtement se compose de plusieurs pièces :
Mais aussi:
-Le Obi Ita, un tissus rigide que l’on place que le ventre afin que le obi ne fasse pas de plis.
– Le Obimakura: coussin que l’on place sous le obi.
Pour finir la tenue comprend également les chaussures à un orteil et les chaussures appelés zori.
Comment porter un kimono ?
Il y a certains codes à respecter pour porter un kimono : le pan de gauche chevauche le droit.
La partie la plus compliquée reste celle de l’obi, la ceinture.
Aujourd’hui beaucoup de japonaises ne savent pas nouer un obi, elles choisissent de se faire habiller ou de suivre un tutoriel comme celui-ci :
Pour les hommes c’est tout aussi compliqué :
Où trouver des kimonos à petits prix?
Un kimono neuf, ça coûte cher, le prix pouvant monter jusqu’à 10 000 euros pour ceux brodés avec du fil d’or.
En moyenne, le prix d’un kimono neuf se situe entre 500 et 800 euros, obi (ceinture) non compris. Les Japonais préfèrent louer les kimono le temps d’une journée plutôt que de dépenser de l’argent dans un vêtement qu’ils ne portent que rarement dans l’année.
Cependant, il est tout à fait possible d’en acheter à petits prix.
Sur internet:
Dans les friperies:
La chaîne de friperies Chicago propose des kimono d’occasion propre et à petits prix. On en trouve un peu partout dont une à Harajuku et une autre à Kyoto.
Dans les marchés :
Tous les mois sont organisés des marchés (sorte de brocante) où l’on trouve des kimono à des prix défiant toute concurrence. Si vous avez la chance d’être sur place, c’est le meilleur plan pour ramener un vêtement traditionnel.
-Oedo market à Tokyo: le premier et troisième dimanche du mois.
-Kitano tenmengu à Kyoto, tous les 25 du mois.
Louer son kimono :
Tokyo Kawaii Museum à Harajuku
Atorianfan, Kyoto
Kyotokimono, Kyoto
Yumeyakata, Kyoto
Pour aller plus loin…
Le centre Nishijin : L’entrée est gratuite dans ce musée/boutique très bien construit autour du tissu et plus particulièrement autour du kimono. Le visiteur y découvre les différentes étapes de la fabrication. Un défilé de kimono est organisé plusieurs fois dans la journée et la boutique propose d’acquérir son kimono.
La classe d’Akane : Ici on prend des cours pour comprendre et savoir porter un kimono, c’est ludique et intéressant. Si vous avez beaucoup de temps, l’atelier propose aussi de fabriquer son kimono en cinq heures de cours, le prix étant de 2000 yens la séance. Le personnel parle français.
Voilà, vous en savez maintenant plus sur le. Kimono. À vous à présent de revêtir un morceau de l’histoire japonaise !
3 réponses
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