DÉ DÉ MOUSE : la souris déglinguée !
DÉ DÉ MOUSE (fusion des initiales de son identité civile – Daisuke Endo – et de son surnom « Mouse » lié à sa taille modeste – à ne pas confondre avec deadmau5, donc) est un artiste sur lequel la scène EDM japonaise peut compter. Cependant, l’artiste reste assez confidentiel en dehors de l’archipel, malgré un récent featuring avec les américains d’Anamanaguchi. Artiste polymorphe, il a touché tant aux musiques électroniques qu’au jazz ou à la musique classique. À l’occasion de la sortie de son 6e album, dream you up, DÉ DÉ MOUSE a été invité par La Magnifique Society dans le cadre de la programmation japonaise du festival.
Nous le rencontrons le lendemain de son premier set très énergétique. L’artiste a beau avoir 38 ans, il nous accueille avec le sourire espiègle d’un adolescent. L’interview commence en anglais, et alternera entre cette langue et le japonais durant tout l’échange.
Journal du Japon : Vous vous êtes mis à la musique sur le tard, vers 2005. Que faisiez-vous avant de vous lancer dans la musique ?
DÉ DÉ MOUSE : J’étais un NEET ! Je ne faisais pas vraiment grand-chose de constructif ! J’avais des petits jobs de temps en temps. Mais rien de très concret. J’écoutais beaucoup de musique, pas mal de Aphex Twin et de techno britannique. J’avais vraiment le sentiment que c’était de l’art. Paradoxalement, j’ai découvert DJ Krush plus tard. C’est vraiment cette musique anglo-saxonne qui m’a donné le sentiment que je voulais faire des choses similaires, artistiques.
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Lors de votre concert hier, vous avez déclaré que certes, vous n’étiez pas français, mais que votre âme était française. Qu’est-ce que vous avez voulu dire ?
J’aime la culture française : le cinéma, la musique… J’aime Daft Punk et les films tirés des œuvres de Marcel Pagnol, notamment Le Château de ma Mère. De façon plus générale, j’aime la musique celtique. J’adore les paysages de votre pays. Je ne parle pas français, mais j’aime cette langue. C’est pour ça que j’ai dit que mon âme était française.
C’est la deuxième fois que vous venez en France. Est-ce que le public a changé depuis votre premier concert ?
J’ai effectivement déjà joué à Nîmes en 2009. C’était très chouette, dans les arènes… L’ambiance à Reims est différente, mais j’adore l’énergie du public français. L’ambiance d’hier était géniale, c’était puissant. J’ai bien aimé le fait que le public mélange à la fois des gens venus pour écouter ma musique « sérieusement », et d’autres juste là pour faire la fête et sauter dans tous les sens. C’est la même ambiance que je retrouve lors de mes performances au Japon.
Contrairement à pas mal de DJs qui se prennent très au sérieux et qui restent derrière leurs machines, vous bougez beaucoup, vous venez sur le devant de la scène. D’où vous vient cette énergie ?
Si le public danse, sourit, bouge… ça envoie de bonnes ondes ! C’est vraiment pour ça que je fais de la musique : pour rendre les gens heureux. Si le public est content, ça me rend content à mon tour, et je veux partager davantage. C’est pour ça que je me rapproche de la fosse dans ces moments-là. Je fais des vidéos sur Instagram, Twitter, avec ce public. Et je peux partager cette énergie avec encore plus de monde !
Votre set était surtout focalisé sur votre 6e album. Comment décririez-vous votre musique ?
Sur cet album, j’ai voulu faire quelque chose qui serait la musique qu’on aurait pu faire si Internet tel qu’on le connait aujourd’hui avait existé dans les années 1980. Ça va de la vaporwave à la gabber… Ca mélange les influences de beaucoup de pays… Si les différentes cultures des 80’s avaient pu échanger aussi facilement qu’aujourd’hui via Internet, ça aurait pu donner la musique de dream you up.
Parlons de la scénographie de vos sets. D’où vient cette profusion d’images et de couleurs ?
C’est vrai que sur ce spectacle, il y a pas mal d’emoji et d’images distordues. Je travaille avec un artiste visuel, Kitasenju Design, qui s’occupe de toute la partie VJ de mes sets. C’est un gars un peu bizarre. Il aime bien mettre en scène ma tête. Il a beaucoup d’humour, et j’adore son univers visuel. Donc je le laisse faire un peu ce qu’il veut : il écoute ma musique, et les images à créer lui viennent.
Que diriez-vous à des français pour les pousser à écouter votre musique ?
Bon, c’est pas super vendeur, mais je dirais que je fais du sampling de voix un peu bizarre, mélangé à des beats énergétiques et positifs de dance. Le tout parsemé d’une sorte de nostalgie. Je veux que mon son soit le son spécifique de Tokyo ! Dans tous les cas, j’adore la France ! Je veux revenir dans votre pays le plus souvent possible. Ecoutez ma musique !
Retrouvez DÉ DÉ MOUSE sur Twitter, Facebook, Soundcloud , Instagram ou Youtube.
Remerciements à Sanae Kikuchi, de Creativeman, qui a assuré une partie des traductions du japonais vers l’anglais. Crédit Photo : Thomas Hajdukowicz © journaldujapon.com – Tous droits réservés.
Merci pour cette interview. J’aime beaucoup la musique de DE DE MOUSE, même si j’ai une petite préférence pour ce qu’il faisait à ses débuts (son album Sunset Girls reste pour moi le meilleur). En tout cas, il a vraiment l’air d’être quelqu’un de très sympathique et agréable.
À noter que toco toco lui a consacré une émission : https://www.youtube.com/watch?v=7L8mBmh34kc
Salut Boustiflor,
Ravi que l’interview t’ait plu ! DÉ DÉ MOUSE est effectivement une personne très sympathique, aussi détendu en interview que sur scène (ou même dans sa vie quotidienne, si tu suis sa présence sur les différents réseaux sociaux). Une des choses intéressantes avec son travail, c’est qu’il ne se cantonne pas à un style spécifique. Il y en a pour tous les goûts. Son dernier album, peut-être plus pop, tranche effectivement avec ses travaux précédents (j’aime beaucoup Farewall Holiday! pour ma part). Mais ça participe également au charme de sa musique.
À mon grand dam, je dois bien avouer que je ne m’intéresse que très (trop) peu à ce qui se passe sur les réseaux sociaux ^_^’
Je suis totalement d’accord concernant le fait qu’il se renouvelle sans cesse, et c’est justement ça qui le rend passionnant.
Ce que j’aime particulièrement dans sa musique, c’est sa richesse, sa profondeur (je ne maitrise absolument pas le vocabulaire musical, du coup j’espère ne pas être trop obscur ou me planter dans les mots que j’emploie) ; il y a souvent une grande différence quand on écoute une musique juste avec des haut-parleurs puis ensuite avec un casque, mais ce fossé est encore plus saisissant dans le cas de DE DE MOUSE, on a l’impression d’être passé à côté d’une grande partie du morceau.
Paradoxalement (et après j’arrête de raconter ma vie), mon titre préféré de lui est le remake de Light Night Dance par Shinichi OSAWA : https://www.youtube.com/watch?v=-difHrtCEPY
Merci encore pour l’interview et d’avoir pris le temps de répondre !