MANGA : de la musique entre nos mains ♫
S’il y a bien quelque chose d’universel et d’intemporel c’est sans aucun doute la musique. Elle apparaît avec les premières civilisations et n’aura cesser d’évoluer à travers les siècles. Que l’on pratique ou non elle est omniprésente dans notre quotidien, à travers des médias comme la radio ou la publicité. Par ailleurs, depuis quelques années, la musique tend à être une activité plus accessible et moins élitiste. On la retrouve de plus en plus adaptée comme thème principal d’une œuvre : par exemple au cinéma, avec la sortie récente du carton La La Land.
Cependant, elle est également présente sur le marché du manga et dans l’animation (K-ON !, Sound Euphonium !, Piano Forest). En effet, alors que l’on retrouve peu cette thématique dans la littérature occidentale, nombreux sont les mangakas qui, au même titre que les mangas sportifs, se sont emparés de la musique pour en faire la trame de leurs œuvres. Et cela même si la manière dont elle est abordée diffère selon les titres.
En France, une petite vingtaine d’œuvres sur cette thématique sont sortis. À ce titre, et pour marquer ce jour de fête de la musique, Journal du Japon vous propose une sélection des meilleurs mangas ayant ce thème commun !
Nodame Cantabile : Les génies seraient-ils tous excentriques ?
Shin’ichi Chiaki est un jeune musicien aspirant à devenir chef d’orchestre. Sa vie bascule lorsqu’il fait la rencontre de Megumi Noda, pianiste prodigieuse mais farfelue aux méthodes d’apprentissages douteuses. Au fil de la série, les deux personnages vont aller d’épreuves en épreuves, faire de nombreuses rencontres et devoir saisir les opportunités qui se présentent à eux dans leurs carrières respectives de musiciens. Cela afin d’évoluer, aussi bien sur le plan musical que relationnel.
Nodame Cantabile, disponible chez Pika Édition, est sans nul doute le manga traitant avec le plus de réalisme du monde de la musique classique. En effet, la série se découpe en deux parties : dans un premier temps ce que l’on pourrait appeler l’arc universitaire, se concentre avec un humour décalé et burlesque sur les relations entre différents musiciens. Notamment au sein d’un orchestre. Dans un second temps, l’arc Paris lui va se recentrer sur la musique et adopter un ton plus sérieux.
Ici la musique est traitée de manière concrète : elle est le cœur même de l’œuvre. La mangaka, Tomoko NINOMIYA, est par ailleurs très bien référencée sur le sujet, tant sur les instruments et leurs difficultés techniques, qu’elle dessine à la perfection, que dans les œuvres qu’elle cite, accompagnant chacun d’elle d’une petite annotation. De même, les émotions sont également fidèles aux situations, comme le sentiment d’angoisse lié à son avenir ou encore l’exaltation pendant ou après un concert.
C’est donc ce mélange de réalisme et de spontanéité qui font de Nodame Cantabile un titre incontournable. Le manga bénéfice en plus d’une bonne narration, très allante, poussant toujours les personnages à aller de l’avant même dans les situations les plus critiques. Enfin, l’univers large rend l’œuvre très accessible pour tout amateur de manga ou de musique.
Un manga de référence.
Your Lie in April : Tout nous oppose mais la musique nous réunit
Kosei Arima est depuis tout petit considéré comme un virtuose du piano. Seulement, après le décès de sa mère, il sombre dans une profonde dépression et s’éloigne du monde de la musique. Sa rencontre avec Kaori Miyazono, pétillante violoniste, pourrait bien faire basculer le monde gris dans lequel il s’était réfugié.
Tout comme Nodame Cantabile, Your Lie in April nous parle du réapprentissage de la musique grâce à une tierce personne. Néanmoins la place accordée à la musique différencie ces deux œuvres. En effet, on pourrait se dire qu’ici elle est le thème principal de l’œuvre mais ce n’est pas tout à fait vrai. Si, dans le titre de Tomoko NINOMIYA la musique ne pourrait pas être remplacée par autre chose, dans Your Lie In April il pourrait tout aussi bien s’agir d’un manga sur sport car nous retrouvons bon nombre de situations similaires : des rivaux, des épreuves (ici les concours), et une solide amitié.
Car, oui, ce manga doit être d’avantage considéré comme une ode à l’amitié et à l’adolescence. Et cela même si la musique s’impose avec force dans l’univers, elle tend davantage à créer un lien, une promesse entre les protagonistes. Elle créé aussi une ambiance, d’autant plus que les principaux morceaux joués dans le récit sont disponibles en écoute, via de simples flashcode glissé entre chaque chapitre.
Néanmoins, ce titre des éditions Ki-oon reste une œuvre terriblement bouleversante, particulièrement les scènes où la musique est représentée. Il nous offre une dimension différente de la musique plus mystérieuse et profonde. Comme une plongée au cœur de cet art.
Kids on the Slope : La chronique d’une amitié bercée par le jazz des années 60’s
La musique permet donc de tisser des liens, et le manga Kids on The Slope (littéralement « Les enfants sur la pente »), en est sans doute le meilleur exemple. Fraîchement arrivé sur l’île de Kyushu, Kaoru Nishimi ne semble pas particulièrement enclin à faire connaissance avec ses nouveaux camarades de classe. Cependant, le hasard va le faire croiser la route de Sentaro Kawabuchi et Ritsuko Mukae. Le hasard ? Pas vraiment : Kaoru joue du piano, Sentaro de la batterie et Ritsuko est la fille du disquaire de la ville. La musique va alors rapprocher les deux garçons que tout semble opposer et ainsi ouvrir à Kaoru les portes du monde du jazz, dans le Japon encore partiellement occupé des années 60.
Dans ce manga à l’inverse des titres précédents, la musique occupe une place toute particulière dans le récit. A la fois vu comme un passe-temps qui réunit les deux adolescents, elle est pourtant essentielle au récit. Elle crée une unité entre les protagonistes, les éloigne parfois ou bien les rapproche par moment. En cela, Yuki KODAMA donne plusieurs visages à l’art : tantôt vif ou tantôt très expressif, véritable reflet des états d’âme des personnages.
Outre la dimension musicale du titre, Kids on the Slope est sans doute l’un des plus beaux mangas sur l’amitié. Il sait toucher à tous les coups. On s’attache très vite à ses deux héros aux antipodes l’un de l’autre, l’un le soleil l’autre la lune. Dualité très bien retranscrite dans le trait de la mangaka. Pour finir, tout comme Nodame Cantabile, l’œuvre est très bien documentée. Elle est disponible chez Kazé Manga.
Quittons maintenant la musique classique et le jazz pour nous intéresser à des titres aux choix artistiques plus contemporains.
Beck : Le manga à lire et à écouter à fond !
Koyuki est un collégien japonais tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Jusqu’au jour où il tombe sur un chien très étrange et son propriétaire Ryonosuke Minami, guitariste dans un groupe de rock amateur. A ses côtés Koyuki va se découvrir un véritable talent pour le chant, les deux garçons vont alors décider de créer un groupe unique : Beck.
Dans ce manga nous suivons donc l’évolution de ce groupe : du recrutement, aux débuts difficiles en passant par les nombreuses mésaventures des membres… Koyuki étant le personnage principal du titre, on se concentre davantage sur sa progression prodigieuse, aussi bien à la guitare qu’au chant. Cependant les autres artistes du groupe ne sont pas en reste !
Tout comme Nodame Cantabile, la musique dans Beck est l’unique thème du manga. Tous les personnages s’y investissent corps et âme et avec passion, que cela soit des professionnels ou bien des amateurs. Le sujet est traité avec réalisme et nous suivons en continu la route du groupe avec les joies et les difficultés qui l’accompagnent. En ce qui concerne la représentation : pas de doute nous sommes bien dans le genre du rock. En effet, on retrouve durant tout le manga, et particulièrement lors des concerts, cette ambiance électrique et grisante au possible. Le son et les paroles ne sont pas nécessaires tant Harold SAKUISHI arrive à nous faire ressentir cette tension, cette expressivité dans son dessin. La musique nous accroche et nous tire les entrailles.
Toute la force du titre réside donc dans le traitement de la musique, véritablement maîtrisé par le mangaka. De plus, la narration est dynamique, l’humour très présent (avec un côté un peu rétro des années 2000), et retrouve dans Beck de très nombreuses références, clins d’œil et apparitions au milieu du rock. Il est disponible aux éditions Delcourt.
Masked Noise : La musique révèle nos véritables sentiments
Depuis qu’elle est petite Nino adore chanter avec son meilleur ami Momo mais ce dernier disparaît sans prévenir du jour au lendemain. Elle fait alors la rencontre de Yuzu qui lui aussi finira par l’abandonner. Tous les deux lui laissent la promesse de la retrouver grâce à sa voix unique. Nino devenu lycéenne espère bien un jour retrouver les deux garçons.
A l’instar des titres présentés précédemment, Masked Noise raconte le cheminement de Nino afin d’arriver à la maîtrise de son talent brut : sa voix. Néanmoins, la musique prend une place dans ce titre très importante. Presque envahissante, elle emplit tout l’espace. En effet, l’art est représenté comme violent, vibrant et percutant. Les personnages nous entraînent avec eux dans leur univers, comme dans un tourbillon. Ils offrent ainsi leur vision de la musique, à la fois rassurante, libératrice… et à la fois pesante. Plutôt que de les lier c’est comme si elle les enchaînait les uns aux autres.
Après cela, le récit est tout de même ponctué de scènes que l’on retrouve traditionnellement dans les mangas musicaux comme la fête de l’école, les répétitions ou encore le festival de rock, Rock Horizon.
Présenté comme cela, Masked Noise apparaît comme une œuvre peu subtile, brutale. Pourtant c’est ce qui fait la force du titre, aussi bien dans le dessin que dans la narration. Le titre nous entraîne avec lui, il fonce à toute allure. Au niveau du dessin il n’y a rien à dire : les personnages, les costumes et les mises en scène… tout est bluffant. Le talent et l’originalité de Ryoko FUKUYAMA (Nosatsu Junkie & Monochrome Animals) ne sont plus à prouver. De plus, l’humour n’est pas en reste lui non plus dans cette série, allégeant par moment les scènes quelque peu lourdes.
Enfin, si le manga ne vous tente pas, l’adaptation anime est actuellement en cours de diffusion sur la plateforme Anime Digital Network.
Au final il existe une vingtaine d’œuvres sur le thème de la musique en France et sans doute bien plus encore au Japon. Toutes ont plus ou moins connues leur succès, avec des styles musicaux variés : le rock avec le plus grand succès du genre en France, l’inénarrable Nana, des idols (Kilari, Berry Dynamite), de la fanfare (Aozora Yell) ou bien encore de la musique classique (La corde d’or). Nous pouvons également remarquer que ces nombreuses séries ont toutes, ou presque, bénéficiés d’une adaptation en dessin anime car parfois, un manga ne suffit pas pour retranscrire la beauté de la musique.
La musique, peu importe la manière dont elle est abordée, apporte souvent aux titres un esthétisme et un élan que l’on ne retrouve pas dans des œuvres plus « classiques ». Ces mangas permettent également de développer des personnages atypiques et au caractère bien trempés ! Chaque titre offre aussi au lectorat sa vision unique de la musique, que l’on ressent différemment selon que l’on joue d’un instrument ou non, mais qui procure à tous tout un panel d’émotion, même sur papier.
Pas de doute, la musique est donc un thème universel !
Compléments : Liste non exhaustive d’ouvres parlant de la musique :
Aishite Knight – Lucile, Amour et Rock’n Roll
Aozora Yell
Beck
Berry Dynamite
Fool on the Rock
K-ON!
Kids on the slope
Kilari
La Corde d’Or
Lovely Love Lie
Masked Noise
Me And the Devil Blues
Nana
Nodame Cantabile
Piano Forest
Woodstock
Given
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[…] chose, c’est parce que Tatsuzo OGAWA l’a prêté au rappeur, Chiba, dans l’adapation du manga Beck. 100% groovy […]