J’ai plus de vingt ans et je n’ai jamais lu de mangas : par où commencer ?
Si vous avez l’impression d’être trop vieux pour lire des mangas, que ça vous intrigue quand même, mais que l’immensité du rayon vous décourage, vous êtes au bon endroit. Cet article ne remplacera peut-être pas les conseils personnalisés de votre libraire spécialisé (si vous avez la chance d’en avoir un près de chez vous), mais se propose modestement de vous aider à vous y retrouver. Suivez le guide !
Quand on n’est pas né avec la « génération manga », ce n’est pas évident de savoir par où débuter. Et même en étant plus familier avec les codes de ce média, on peut vite être perdu. Nombre d’entre-nous ont grandi avec entre autres Cat’s Eye, Sakura chasseuse de cartes (Card Captor Sakura), Lady Oscar (La Rose de Versailles), ou encore Candy, sans pour autant être des experts de Tsukasa HÔJÔ, CLAMP, Riyoko IKEDA ou Yumiko IGARASHI. Ce n’est que bien plus tard qu’arrivèrent les librairies spécialisées et les fameux rayonnages remplis de mangas.
Difficile donc de savoir par où commencer, et quelques déconvenues jalonneront sans doute vos premières lectures d’ailleurs, faute de bien savoir où vous mettez les pieds. Il faut dire qu’il y a tellement de titres que c’est compliqué de savoir que choisir. Avec environ 150 mangas sortant par mois en France, il y a de quoi hésiter !
Mille interrogations nous assaillent alors devant le rayon : combien ce manga fait-il de volumes ? Les tomes se suivent-ils ? Est-il destiné à un public de mon âge ou aux adolescents ? N’y aura-t-il pas trop de codes incompréhensibles pour un lecteur non averti ? Vais-je apprécier ma lecture, ne pas regretter mon achat, et risquer de perdre toute motivation à essayer de découvrir le monde de la BD japonaise ?
Comme dirait maître Yoda, nombreuses sont les questions. Et elles appellent autant de réponses, alors commençons à décortiquer tout cela ensemble !
Si vous aimez lire des BDs ou des comics…
Hé oui, c’est un pré-requis. Pour aimer lire des mangas, il faut déjà aimer lire tout court. Et si vous avez déjà des accointances avec les BDs (sous-entendu : européennes) ou les comics (sous-entendu : américains), alors votre œil est déjà habitué à l’exercice consistant à alterner régulièrement de la bulle au dessin.
Bonne nouvelle : vous ne devriez donc pas être trop perdu avec le manga.
Ce qui peut vous faire drôle par contre, c’est le sens de lecture asiatique, c’est-à-dire de droite à gauche (un conseil, ne dites pas « à l’envers », c’est vexant, il n’y a pas de « bon » sens !). Sincèrement, et heureusement, on vous assure qu’on s’y fait au bout de quelques pages, même si parfois on hésite encore un peu sur l’ordre dans lequel lire les bulles. Vous y parviendrez bien plus vite que vous ne le croyez en tout cas, et il ne faut donc pas vous laisser désarçonner pour si peu.
Autre différence notable entre BDs, comics et mangas : le format des mangas est assez typique, avec des ouvrages souples, de la taille d’un livre de poche, et une couverture recouverte d’une jaquette amovible. Ça change un peu, mais si vous êtes un lecteur averti de romans, vous apprécierez de retrouver la même maniabilité avec les mangas (bien pratiques sur la plage, dans le métro, ou sous la couette).
Pour investir un nouveau marché (et afin de vous séduire, chers futurs nouveaux lecteurs de mangas), certains éditeurs ont cependant créé des collections spécifiques, afin que le lectorat plus âgé et ne connaissant que les BDs, puisse y retrouver les codes qu’il connaît : grand format, couverture sans jaquette, et sens de lecture souvent ramené au sens occidental. Vous en trouverez quelques exemples chez « Écritures » de Casterman, « Latitudes » de Ki-oon, ou encore « Horizon » de Komikku.
Est-ce qu’il faut se jeter sur ces éditions pour débuter le manga ? Pourquoi pas.
On pointera toutefois quelques désavantages : déjà le prix, souvent élevé, grand format oblige (comptez 15 à presque 20€, alors qu’un manga est habituellement plus abordable et coûte entre 7 et 9€ le tome). Néanmoins plusieurs éditeurs proposent parfois ces séries en deux format, dans la dite collection en mode deluxe ou dans une version simple, plus classique et plus abordable. C’est le cas pour Latitudes chez Ki-oon ou Pika Graphic aux éditions Pika.
La deuxième réticence concerne les éditions qui ont retourné en miroir les planches originales pour que les bulles puissent être lues dans le sens occidental, quitte à dénaturer le travail originel du mangaka (les personnages droitiers deviennent alors gauchers, les voitures japonaises se mettent à rouler à droite etc). Enfin, on retrouve souvent dans ces éditions des titres en un seul tome, ce qui peut être bien pour débuter, mais ne permet pas non plus de saisir toute la force de la narration des mangas, qui se développe quand même plus souvent sur plusieurs tomes.
En dehors ces petits bémols, il faut reconnaître que ces collections recèlent tout de même de jolies pépites en leur sein, parmi lesquelles vous pouvez piocher sans hésiter, donc ne nous fermons aucune porte !
Sinon, en compromis, sachez qu’à mi-chemin de ces belles éditions et des formats poche classique (« tankôbon »), il existe aussi certains titres parmi les « Made In » de Kana ou les deluxe de Panini par exemple, qui respectent plus les éditions japonaises originelles, et seront plus tendres pour votre porte-monnaie.
Les infos à scruter pour bien choisir…
Ça a l’air compliqué comme ça, mais en fait, pas plus que lorsque vous faites votre choix avant d’acheter un roman ou une BD.
Avant donc d’attraper un manga au pif et de passer en caisse, et si vous ne voulez pas vous retrouver à trop investir sur la durée, intéressez-vous au nombre de tomes total de la série afin de ne pas vous faire surprendre avec une série à rallonge (sauf rares exceptions, dans les mangas, l’histoire se suit toujours de tome en tome, contrairement à pas mal de BDs franco-belges). L’information étant rarement indiquée sur la jaquette des livres, n’hésitez pas à vous reporter aux bases de données de sites de référence, telle que celle de Manga-news par exemple.
Deuxième chose, faites attention au public-cible du manga… Si on peut sûrement lire et apprécier Astérix à tout âge, il n’en est peut-être pas de même pour Titeuf ou The Walking Dead. Ça n’est pas évident pour tout le monde (pour qui manga = pour les enfants), mais la même logique s’applique évidemment aux mangas.
Au Japon, avant d’être compilés en volumes reliés, les mangas sortent d’abord sous forme de chapitres prépubliés dans des magazines destinés aux jeunes filles (shôjô), aux garçons (shônen) ou aux adultes (seinen/josei). Ces mentions sont réutilisées en France et vous les trouverez encore souvent sur la jaquette des mangas ou encore sur de petits panneaux figurant sous les rayons des librairies ou à la FNAC. Ces mentions peuvent vous guider dans votre choix, mais ne restent qu’une indication sur le public majoritairement visé à la base, cela ne vous donnera donc pas le genre du manga (SF, polar, romance, tranche-de-vie, etc). Pour cela, il faudra aller creuser plus loin (résumé en quatrième de couverture, tonalité des graphismes intérieurs, etc).
Troisième élément à prendre en compte : la difficulté de lecture, et là c’est un peu subjectif. Mais pour commencer, et si vous n’êtes pas encore habitué aux codes du manga, mieux vaut éviter les séries avec beaucoup de noms de personnages à retenir, forcément tous en japonais (on se garde donc pour plus tard Battle Royale et ses quarante élèves coincés sur une île). Idem pour les séries qui ont beaucoup de références culturelles, utilisent un humour typiquement japonais ou font appel à ce qu’on appelle le « fan-service » (easter eggs adressés aux connaisseurs d’une licence, propension à dessiner ce que le lecteur attend, etc).
Vous risquez enfin d’être un peu déstabilisé par les titres ayant une narration complètement éclatée ou déstructurée, ou par les séries où les onomatopées ne sont pas traduites ou occupent toute la page. Donc n’hésitez pas à feuilleter avant d’acheter, pour être sûr de bien saisir tout ce qui se passe dans le manga.
Cela ne veut pas dire qu’il faut écarter ce genre de titres bien sûr, mais plutôt les garder au chaud pour plus tard : vous apprécierez sûrement bien plus ces séries, une fois familiarisé avec les codes du manga !
Choisir un manga qui va vous plaire
Vous savez maintenant comment faire attention à l’édition, à la classification du titre au Japon, au difficultés subjectives de lecture, mais comment bien choisir votre manga ?
Il y a une part de feeling, quand une couverture ou des graphismes nous interpellent, mais il faut aussi accepter de se laisser surprendre, car il n’y a pas qu’un seul style de « dessin manga », et chacun possède sa propre force narrative.
Ensuite, comme souvent, il faut vous diriger vers les types d’histoire qui vous plaisent, et chercher les bons titres dans ces genres-là (d’où la petite sélection ci-dessous, pour baliser des premières pistes).
Enfin, on n’a pas les mêmes attentes à 25, 35 ou 45 ans… que quand on avait moins de vingt ans. Pourtant, quand il s’agit d’œuvres de fiction, que ce soit en films, séries TV, romans, ou mangas, quand un titre reçoit un succès commercial et/ou critique, il a quand même de bonnes chances de vous plaire ! Alors on va essayer de piocher dans les séries qui possèdent au moins un de ces critères.
Pour les amateurs de récits « tranche-de-vie » ou de comédies
Le sujet est tellement vaste qu’on ne peut pas en faire le tour, mais il regorge à coup sûr de nombreux titres qui pourraient vous plaire.
Dans les grands formats mentionnés plus haut, et retournés pour un sens de lecture occidental, on a l’indispensable intégrale de Quartier Lointain de Jirô TANIGUCHI, où un salary-man quarantenaire un peu blasé par sa vie actuelle, va redécouvrir l’importance des liens familiaux en se retrouvant projeté dans son propre passé.
On en parlait dans notre dossier sur « les mangas qui remontent le temps« , si vous voulez en savoir plus !
Du même auteur, vous pouvez également découvrir sans hésiter Un ciel radieux, Un zoo en hiver ou encore l’Orme du Caucase, qui sont tous d’excellents titres en un tome.
→ LE + : Un manga souvent conseillé aux adultes néophytes en manga, une narration et des codes graphiques immédiatement accessibles.
Dans PIL de Mari YAMAZAKI, on suit la cohabitation folklorique et savoureuse entre une ado rebelle, rêveuse, mais ayant la tête sur les épaules, et son grand-père naïf, nostalgique, cœur d’artichaut, et bien trop dépensier.
Le côté semi-autobiographique du récit nous rend la mangaka de Thermae Romae encore plus attachante, et tout comme Nanami, on se découvre soudain l’envie d’écouter du punk et de partir vivre en Angleterre. Le contraste entre les deux héros donne tout son sel à cette histoire : on est ému et on rit avec eux, surtout grâce aux situations cocasses et aux dialogues enlevés !
Un one-shot authentique et plein de vie, aussi bien écrit que dessiné.
→ LE + : Avec le portrait de deux générations qui se croisent, une histoire universelle, aussi touchante que drôle.
Si on reste dans les one-shots du genre, les recueils de nouvelles de Rumiko TAKAHASHI sont également à découvrir absolument, tant ils sont pleins de justesse, d’émotion et d’ironie sur la vie de famille. Dans le recueil Un bouquet de fleurs rouges, six histoires nous content tour à tour le voyage d’un père de famille se rendant à une réunion d’anciens élèves, le retour d’un salary-man dans sa famille après une mutation de sept ans, le périple d’une jeune femme obligée d’accompagner sa belle-mère en vacances, le nouveau quotidien d’un homme contraint de s’occuper de son vieux père impotent, les états d’âme d’un fantôme contemplant son propre enterrement, et le béguin d’un homme loin de sa famille qui s’entiche d’une jeune femme inconnue…
Bien que très variées, ces histoires ont en commun un certain réalisme, en mettant en scène un quotidien parfois pesant et routinier, sublimé par le talent narratif de la mangaka, qui parvient à insuffler une légèreté et un humour certain sans rien enlever à l’émotion.
Chaque portrait est attachant, le plus marquant restant sans conteste celui ayant donné son titre au recueil, original par sa mise en situation fantastique, et très touchant à mesure que l’on tourne les pages et que l’on découvre les sentiments de chacun des personnages.
→ Le + : L’occasion de découvrir une mangaka importante dans le paysage éditorial français, avec des histoires courtes mais toutes très marquantes, portées par des héros qui pourraient ressembler à quelqu’un que l’on connaît…
All my Darling Daughters de Fumi YOSHINAGA s’attarde quant à lui plus sur les liens unissant mères et filles, mais n’en est pas moins très touchant à la lecture, avec une vision très mature de la romance d’aujourd’hui.
Ce one-shot est découpé en plusieurs petits chapitres, relativement indépendants même si l’on y recroise certains personnages. Chaque histoire raconte une histoire d’amour, sur un ton à la fois humain, réaliste et surprenant! Avec souvent une chute qui fait mouche, on retrouve des tranches de vie de femmes de tout âge, confrontées à leurs propres sentiments, à la différence entre les rêves que l’on a étant petites et les réalités de l’âge adulte, entre ce que l’on peut atteindre ou ce qui est hors de notre portée.
→ Le + : un one-shot plein de situations savoureuses, l’occasion d’en découvrir plus sur le cœur et les désirs des femmes !
My girl (en 5 tomes) de Mizu SAHARA nous propose de son côté de découvrir comment un jeune homme va vivre le fait de se découvrir une fille déjà âgée de 5 ans, et dont il va avoir la garde. Réunis par la perte de Yoko, les deux personnages vont apprendre à se connaître, à se réconforter et à se soutenir mutuellement, à s’aimer et à vivre comme une famille aussi.
Masamune est un jeune père touchant, maladroit mais responsable, et très dévoué au bonheur de sa fille. De son côté, la petite Koharu grandit et devient de plus en plus mature, tout en cherchant toujours à rattraper le souvenir de sa mère disparue…
Avec des dessins légers, poétiques et expressifs à la fois, la mangaka nous livre là une jolie histoire tendre, douce-amère, toute en finesse, et très réussie.
→ Le + : Un bel ode à la famille, un titre plein de douceur mais aussi très vivant et dynamique, grâce à une narration passant d’un épisode à l’autre au fil des années.
Enfin, dans Kamakura Diary de Akimi YOSHIDA (7 tomes en cours, connu aussi pour son adaptation en film sous le titre Notre petite sœur), une collégienne orpheline va elle aussi changer de vie, et partir vivre avec ses trois grandes demi-sœurs, dans la petite ville de Kamakura.
On s’attache bien vite aux personnages.
La grande sœur Sachi, infirmière avec la tête sur les épaules, a l’habitude de gérer les situations compliquées des adultes, et de tenir les rênes du foyer familial. Elle qui côtoie la douleur et la mort à l’hôpital, se pose souvent des questions sur ses idéaux…
De son côté, la cadette, Yoshino, nous réserve des scènes d’anthologie, entre son amour pour le saké et sa capacité à détendre constamment l’atmosphère par son caractère jovial ! On adore découvrir la manière dont son travail influence sa vie, à mesure qu’elle s’y investit.
La benjamine, Chika, est originale à plus d’un titre (à commencer par sa coiffure afro), et pas encore tout à fait adulte dans son comportement (fous rires garantis) !
L’histoire se focalise également sur la jeune Suzu, cette fameuse demi-sœur tout juste orpheline, qui va vivre tout un tas de nouvelles expériences grâce à la famille qu’elle se découvre. Collégienne mature et sportive (elle fait du foot dans un club mixte), elle nous touche par ses maladresses comme par son courage, par ses premiers émois amoureux comme par ses belles histoires d’amitié.
Dans Kamakura Diary, on suit d’ailleurs beaucoup de protagonistes, tous très justes et authentiques. La narration s’attarde quand il le faut sur l’un ou l’autre, avec un équilibre judicieux entre le déroulement des événements et les dialogues plein d’humour ou d’émotion.
En effet, la mangaka ouvre souvent ses chapitres sur une pensée, une idée, une métaphore filée tout au long de l’épisode, si bien qu’en plus de suivre avec plaisir l’histoire, on a l’impression qu’il y a constamment une double-lecture, un message sur lequel réfléchir, une image à garder précieusement, à l’instar de ces jolies couvertures, volontairement cadrées sur le ciel bleu plus que sur les personnages…
→ Le + : Un manga incroyablement bien écrit, plein de pudeur et de bienveillance, empreint d’une douce quiétude, peut-être un peu difficile à lire car l’histoire est dense et les personnages nombreux, mais le plaisir de lecture et l’attachement que l’on ressent très vite pour ce titre méritent l’effort de lecture.
Plus poignant, Solanin d’Inio ASANO (2 tomes) est centré sur la vie d’un groupe de jeunes, à l’âge où l’on est en études, où l’on décroche son premier job, et plus largement, où l’on cherche un sens à sa vie.
Entre Meiko qui ne supporte plus son boulot d’office lady, et son petit ami Taneda qui aimerait bien se consacrer à son groupe de musique, on suit le quotidien de ce jeune couple, l’affection qu’ils ont l’un pour l’autre, mais aussi leurs hésitations, et leur sentiment de malaise dans la société d’aujourd’hui.
« Les adultes passent leur temps à se dire: « Après tout, peu importe ». »
L’insouciance de la jeunesse devient difficile à retrouver, l’avenir semble incertain, et le présent est marqué par les doutes et les premières désillusions de la vie d’adulte. Cette routine du quotidien qui a quelque chose d’ennuyeux et de factice va alors être bousculée par un important évènement à cause duquel tout va basculer.
→ Le + : Une lecture bouleversante, des graphismes qui fascinent, des figures attachantes et justes. Un manga qui nous touche d’autant plus si on le lit quand on a le même âge que les personnages.
Tous ces titres ont en commun d’être souvent très courts, d’avoir des graphismes et un style narratif assez accessible, et des intrigues réalistes et authentiques tournant autour de personnages de tous âges. On parle de récits « tranche-de-vie », parce que dans ces mangas, c’est comme dans la vie : il y a des passages où on sourit, d’autres où on est ému, certains où on a la larme à l’œil aussi, parfois. On s’identifie aux caractères de certains des héros ou des héroïnes, et on se reconnaît dans leurs doutes, dans leurs espoirs, et dans leurs résolutions. Voilà de quoi vous créer des souvenirs de lecture mémorables !
Pour de la comédie plus pure, on conseillera sinon deux séries en cours qui font très souvent mouche auprès d’un lectorat de tout âge, et déjà citées dans notre dossier sur les mangas « feel good ».
Dans Silver Spoon de Hiromu ARAKAWA (13 tomes), un jeune tokyoïte va vivre de sacrées aventures (et un grand dépaysement) parce qu’il a choisi d’aller dans un lycée agricole en pleine campagne.
→ Le + : Un manga d’une grande auteure, qui nous fait rire tout en nous apprenant plein de choses, et qui devrait plaire aux amateurs de comédies, à condition d’être déjà un peu familiers des gags et codes visuels du genre.
Enfin, n’hésitez pas à essayer Yotsuba de Kiyohiko AZUMA (13 tomes), qui raconte le quotidien simple mais irrésistible d’un père et de sa fillette, alors qu’ils viennent d’emménager en ville.
→ Le + : Ce titre est attachant, mignon, et arrive à nous faire éclater de rire à la lecture grâce à des gags visuels très réussis qui croquent des scènes du quotidien qui respirent le vécu, et vous rappelleront des souvenirs si vous avez de jeunes enfants dans votre entourage.
Pour les amateurs de romance
Il y a tellement de titres qui sortent dans le genre, que vous trouverez forcément votre bonheur au milieu de tout ça !
Attention toutefois à ne pas vous noyer dans le genre, qui regorge de comédies romantiques naïves voire guimauve que l’on peut apprécier quand on est ado, mais qui risquent de vous laisser de marbre si vous avez passé l’âge de tressaillir à la vue d’un bel éphèbe ou de coller des posters dans votre chambre.
Cette mise en garde faite, le champ des possibles s’offre à vous en matière de mangas d’amouuur (mais pas que !).
Si vous avez envie d’une belle romance impossible entre un riche héritier et une femme de chambre, Emma de Kaoru MORI (5 volumes doubles) devrait vous ravir par la justesse des portraits qu’elle dresse, et ses splendides graphismes redonnant vie à l’Angleterre victorienne.
Si le déroulement de cette histoire d’amour emprunte des rebondissements plutôt attendus, le récit n’en reste pas moins bien fait et joliment mis en scène. Les deux héros en deviennent d’ailleurs très touchants, grâce à quelques scènes quasiment muettes mais très marquantes. La force de l’intrigue tient aussi à la galerie charismatique et bien campée de personnages secondaires hauts en couleurs, avec notamment de sacrés protagonistes féminines qui n’ont rien à envier aux hommes niveau caractère!
→ Le + : Avec une tonalité pleine de grâce et de maturité, une belle histoire d’amour impossible, et pleine de rebondissements qui feront frissonner votre petit cœur !
Pour une romance compliquée pleine de triangles amoureux et se déroulant dans l’impitoyable mais féerique milieu de la mode, et aussi pour découvrir l’incroyable talent narratif d’Aï YAZAWA, Paradise Kiss (intégrale de 5 tomes) a beaucoup de qualités pour vous plaire, jusque dans sa fin très marquante.
Yukari est une lycéenne studieuse et terre-à-terre, qui ne semble se relâcher un peu que face à Hiroyuki, un garçon de sa classe pour lequel elle a le béguin.
Quand elle va croiser la route d’Arashi, Isabella, et Mikako, des étudiants excentriques d’une école de mode, sa vie va basculer du jour au lendemain. Surtout que le charismatique Georges est bien décidé à faire de Yukari sa muse, et le modèle de son défilé…
→ Le + : Un manga plein de style, qui nous montre ce que c’est que de vivre sa vie avec passion.
Enfin, si vous vous sentez plutôt d’humeur à lire des romances plus réalistes et donc forcément douloureuses (avec son lot d’espoirs déçus, de tentatives de séduction ratées, d’amours à sens unique) mais aussi mâtinées de sexe, alors vous risquez de tomber sous le charme de la vie sentimentale des office ladies trentenaires de Complément Affectif (Mari OKAZAKI, 11 tomes), ou de tomber en pâmoison sous les flèches chocolatées du séduisant héros de Heartbroken Chocolatier (Setona MIZUSHIRO, 9 tomes), déjà chroniqué dans notre dossier sur le josei.
Difficile de s’arrêter là, tant il y aurait d’autres titres à découvrir ! N’hésitez pas en tout cas à piocher dans le reste de la bibliographie des auteures citées, parce qu’elles ont écrit un paquet d’autres excellents titres.
Pour les amateurs de récits historiques
Là encore, le genre offre pléthore de titres souvent terriblement poignants. Le pays des cerisiers de Fumiyo KÔNO, sur l’Hiroshima d’après-guerre, nous livre ainsi le portrait d’une jeune femme aussi courageuse qu’attachante.
Ce style de narration particulièrement touchant fait également mouche dans les trois histoires qui composent la Mélodie de Jenny de Tsukasa HÔJÔ, où la Seconde Guerre Mondiale va là aussi bouleverser la vie de ses protagonistes.
Le fait de romancer les histoires n’empêche pas le souci de réalité historique, qui se traduit jusque dans la finesse des traits de Kaoru MORI quand elle dessine ses histoires de mariées sur la route de la soie, dans Bride Stories (9 tomes, en cours). Un esthétisme tout aussi impressionnant nous frappe à chaque planche de Cesare de Fuyumi SORYÔ (11 tomes en cours), qui nous raconte la vie du plus célèbre des Borgia – et cette série est franchement juste passionnante.
A la croisée entre le récit fantastique et historique enfin, un titre comme le Chef de Nobunaga (17 volumes, Takurô KAJIKAWA, aidé au scénario dans les premiers tomes par Mitsuru NISHIMURA) nous plonge dans les guerres de clans d’une époque troublée, où les évènements sont colorés par le point de vue d’un héros venant du futur et amnésique, mais qui n’a pas perdu pour autant ses talents de cuisinier, et se souvient aussi (avantage de taille !) du déroulement de l’Histoire qui verra peut-être le seigneur Nobunaga réunifier le Japon sous sa bannière…
Mêlant également à sa manière les deux genres, l’uchronie du Pavillon des hommes (Fumi YOSHINAGA, 13 tomes, série en cours) fascine par l’ambition et la cruauté de son intrigue, où les shôguns célèbres de la lignée Tokugawa deviennent des femmes (le célèbre « pavillon des femmes » devenant, par ricochet, « pavillon des hommes »). Une pépite pas évidente à lire (les personnages y sont nombreux) mais qui mérite d’être retenue !
Pour les amateurs de polar, thrillers, SF, fantasy, fantastique…
Il y en a forcément pour tous les goûts ici aussi !
Si vous avez soif d’un thriller mené tambour battant, et n’êtes pas trop effrayé par les intrigues à tiroir et les personnages nombreux (ne vous inquiétez pas, les noms sont européens dans ce manga, donc plus faciles à retenir) : Monster de Naoki URASAWA (9 tomes doubles) est fait pour vous, et devrait vous tenir en haleine jusqu’à la dernière page. Le pitch : se sentant par ricocher coupable et concerné par de récents drames, un brillant neurochirurgien va tout abandonner pour partir à la recherche de l’enfant qu’il a sauvé il y a plusieurs années, et qui est peut-être devenu un monstre meurtrier…
Mêlant enquête policière et voyage temporel, Erased de Kei SANBE (9 tomes) a lui aussi de nombreux atouts pour vous séduire. Le héros y fait de multiples allers-retours dans le passé pour sauver des victimes a priori sans lien les unes avec les autres… La vérité va éclater dans une cour d’école enneigée !
Parfois les séries fantastiques ou SF mêlent également à leur propos un arrière-plan sociologique ou écologique, et quand c’est réussi, on tient là un chef d’œuvre. Avec Le prince des ténèbres de Kotaro ISAKA et Megumi ÔSUGA (10 tomes), on part de l’habituelle intrigue où plusieurs personnages se découvrent un pouvoir surnaturel et réalisent que le monde est donc plus vaste et rempli de possibilités que ce qu’ils croient. Là où cela devient vraiment captivant, c’est quand on voit comment des pouvoirs qui a priori n’ont rien de spectaculaire vont servir à nos héros pour s’élever contre le leader le plus charismatique et le plus dangereux que le Japon n’ait jamais rencontré… Difficile de ne pas y voir un lien avec la montée des extrêmes quand le peuple aveuglé croit en de fallacieuses promesses.
L’enjeu n’est pas moins grand dans Parasite de Hitoshi IWAAKI (10 tomes) où des extraterrestres parasitent certains cerveaux humains et comptent bien conquérir la Terre. Victime d’un parasitage raté, le héros de cette série doit cohabiter avec une de ces mystérieuses entités. En filigrane du combat de l’humanité contre ces extraterrestres a priori cruels et froids, comme à travers les compromis que le héros va devoir faire avec son parasite, se dessinent de grandes questions sur la légitimité d’une espèce à en dominer une autre…
A une échelle plus petite, et sans petite touche fantastique, le thriller Sangsues (Daisuke IMAI, 5 tomes) nous met une sacrée claque avec son intrigue pleine de suspense, tout en nous faisant réfléchir sur le destin des évaporés, ces personnes disparues et qui n’ont plus d’identité, mais vivent pourtant toujours bel et bien parmi nous… Une légende urbaine qui prend corps sous nos yeux et ne laisse pas indemne à la lecture.
Pour un peu de SF joliment écrite et dessinée, n’hésitez pas également à faire un tour via les Planètes de Makoto YUKIMURA (3 tomes), aussi finement écrit que dessiné.
Enfin, si vous avez envie d’un drame fantastique aux graphismes léchés et à l’ambiance terriblement malsaine et cruelle, le vénéneux Kasane de Daruma MATSUURA (10 tomes en cours) risque bien de vous bouleverser, avec ses héroïnes dignes d’une tragédie grecque dont le dernier acte promet une catharsis qui risque d’être glaçante.
Voilà pour un tour rapide des titres que l’on conseillera volontiers à un débutant dans le monde du manga. Pour autant, ces suggestions vous sont prodiguées par une « jeune » femme de 30 ans dont l’avis vaut ce qu’il vaut, et ne sont donc pas tout à fait garanties « satisfait ou remboursé » !
Ainsi, n’hésitez pas à ajouter en commentaire vos propres suggestions et éventuelles questions, nous y répondrons avec plaisir !
Perso, j’ai commencé à lire des mangas à la fin de ma trentaine 🙂
La première série lue (dévorée, devrais-je écrire) fût GTO. J’ai enchainé sur City Hunter, Ikigami, Cat’s Eyes, Family Compo, 20th Century Boys, Pluto, Monster, Silver Spoon, Demokratia et des séries hentaï 😉 Plus récemment, j’ai aussi suivi Inspecteur Kurokochi, GTO-Paradise lost et Ino-Head Gargoyle…
Bref, vous l’aurez compris, je suis devenu assez rapidement fan de ce genre et de ce format 🙂
J’avasi eu le premier tome de « my girl » mais il n’est plus édité d’après mes informations…À moins que je ne me sois trompée.
J’avais eu le premier tome de « my girl » mais il n’est plus édité d’après mes informations…À moins que je ne me sois trompée.