Jeux Olympiques 2020 : le Japon veut impressionner le Monde !
Le Japon organisera les Jeux Olympiques en 2020, et prévoit d’en mettre plein la vue aux spectateurs du monde entier. Épaulé par des idoles populaires mondialement connues et par ses atouts culturels qui fascine la planète, tout semble en marche pour la réussite d’un tel événement. Mais une telle organisation pose de nombreux problèmes sociétaux auxquels le pays devra faire face pour réussir son pari.
Comment le Japon va s’y prendre pour relever ce défi ?
Séduire le monde
En 1964, lorsque Tokyo accueillit les Jeux Olympiques d’été, le pays souhaitait montrer qu’il s’était totalement relevé de la guerre et de ses conséquences et investit dans la construction d’installations sportives ultra modernes. Le succès fut considérable et le Japon retrouva sa place parmi les nations qui comptait, en stupéfiant le monde au niveau artistique, sportif, culturel ou technologique.
56 ans plus tard, dans un contexte bien différent, le Japon va tenter de séduire le monde une nouvelle fois. Si l’affluence touristique du Japon croit chaque année un peu plus, avec 24 millions de visiteurs en 2016 (!), l’économie du pays est en berne et ce dernier compte sur ces jeux pour se redynamiser. Mais comment va-t-il s’y prendre ?
À la découverte du monde de demain
Le Japon s’est vu attribué pour la 4e fois de son histoire l’organisation de Jeux Olympiques d’été, qui se tiendront en 2020. Après Tokyo 1964, Sapporo 1972 et Nagano 1998, c’est à nouveau au tour de Tokyo d’accueillir les athlètes du monde entier pour ces 32e Jeux Olympiques de l’histoire qui se tiendront du 24 juillet au 9 août 2020, suivi par les Jeux Paralympiques du 25 août 2020 au 6 septembre 2020.
Avant même le choix du pays organisateur, le projet japonais semblait alléchant ; avec pour credo « découvrir demain », le pays présentait dès 2011 un programme prometteur à base d’avancées technologiques impressionnantes et les promesses d’une organisation sans faille qui permettrait au peuple nippon de sortir de la morosité causée par le Tsunami de cette même année. Le Comité international olympique (CIO) s’est laissé convaincre et la machine s’est donc enclenchée.
En souhaitant miser sur ses points forts, tels que sa vaste culture populaire, sa gastronomie et son savoir-faire technologique, le Japon compte bien impressionner le monde et offrir aux athlètes comme aux spectateurs une expérience unique. Cependant, les voix discordantes se sont déjà élevées contre ce projet aux coûts pharaoniques et face aux sacrifices que le pays est prêt à faire pour assumer ces Jeux Olympiques.
Le Japon, Tokyo en tête, réussira-t-il son pari d’impressionner la planète et de marquer l’histoire, sans pour autant se mettre à dos une partie de sa population ?
Une Organisation sans faille
Les épreuves des jeux se tiendront en deux lieux distincts : sur la presqu’île de Harumi et entre Tsukishima et Odaiba. Le choix de ces lieux n’est pas dû au hasard, car la sécurité fut un point crucial lors de l’attribution. Tokyo est protégé contre les tsunamis et, en cas de séisme, les bâtiments, construits selon des normes antisismiques strictes tiendront le choc.
Toujours en termes de sécurité, le japon est considéré comme l’un des pays les plus sûrs du monde, et quiconque y a séjourné confirmera cette sensation de tranquillité qui émane du pays. La ville a en plus promis de nettoyer les quartiers de sans-abris afin de parfaire l’image que donnera la ville aux visiteurs étrangers….
Mais ces détails, qui s’adressent plus aux décisionnaires et qui témoignent de l’engagement du gouvernent dans sa mission de rassurer sur l’état du Japon, ne sont qu’une petite partie de la machine mise en place par le pays pour impressionner. C’est bien par sa culture et son savoir-faire que le pays compte en mettre plein la vue !
Des atouts populaires puissants
Qui dit atouts populaires du Japon dit bien entendu manga, anime, jeux vidéo, mais également gastronomie et culture. Ce sont là des atouts puissants que possèdent le Japon, qui sont déjà bien connus à l’étranger et sur lesquels le Japon va miser pour rassembler un maximum de personnes autour de ces Jeux Olympiques.
Dès la fin des Jeux de Rio en 2016, Shinzo ABE lui-même a fait une apparition remarquée, déguisé en … Super Mario ! Cette vidéo donne le ton adopté par le Japon :
https://www.youtube.com/watch?v=xIFXXYAsJRU
Par la suite, les ambassadeurs choisis pour représenter les jeux sont tous des personnages issus de mangas extrêmement populaires dans l’archipel mais également hors des frontières nippones : Sangoku, Sailor Moon, Naruto, Luffy, AstroBoy, Shin-chan, Yokai Watch et Pretty Cure. Avec eux, c’est une frange assez vaste de spectateurs qui pourra s’identifier sans mal à l’événement et qui, du coup, auront peut-être plus de facilité à s’y intéresser.
On le mentionnait plus haut, mais l’affluence touristique au Japon est chaque année plus haute, et ce n’est pas uniquement pour les charmes de Sailor Moon et pour les muscles de Goku. La culture traditionnelle nippone, ses temples et ses châteaux, son Histoire, sa gastronomie toujours plus appréciée des gourmets sont autant d’éléments qui attirent le monde et qui donnent envie de découvrir le pays.
Et pour faciliter l’accueil des voyageurs curieux, le gouvernement et les entreprises nippones promettent la mise en place de nombreuses aides à tous les niveaux.
La technologie comme vitrine
Pour un visiteur du pays du soleil du levant, plusieurs contraintes sont à surmonter. Mais le Japon possède les moyens technologiques pour y faire face.
La première difficulté est sans nul doute la langue, qui ne peut être que partiellement compensée par l’anglais, qui est peu ou mal parlé au Japon, en général. Les panneaux de signalisation, dans les gares, sur les devantures de magasins ou de restaurants sont la plupart du temps en japonais, ce qui peut décourager les moins téméraires. Conscient de cette difficulté, le pays a promis de traduire à grande échelle toute la signalétique importante et de mettre à disposition des voyageurs une application de traduction instantanée !
De plus, l’orientation dans la ville est parfois chaotique, avec notamment un système d’adresse assez compliqué au Japon. Pour pallier à cela, un système de taxis sans chauffeur est actuellement à l’essai et devrait être opérationnel pour 2020. Il suffira de monter à bord du véhicule et de se laisser guider jusqu’à la destination choisie. En plus de la praticité de la chose, c’est une expérience d’un genre nouveau qui est proposée ici.
Toujours au niveau des avancées technologiques concernant les transports, un train à sustentation électromagnétique se déplaçant à plus de 600 km/h avait été annoncé pour 2020. Cependant ce projet faramineux a pris du retard et ne devrait pas être terminé pour les jeux. Qu’à cela ne tienne, le Japon à d’autres moyens pour impressionner le monde.
Le défi le plus important reste le Village Robot qui sera situé à Odaiba. Un village dans lequel les visiteurs pourront avoir un avant-goût d’une société nouvelle, futuriste, où les robots se mêlent aux humains pour faciliter leur quotidien. Dès l’aéroport, ces robots seront aux services des voyageurs et les assisteront pour les guider, pour traduire… Une belle opportunité pour le pays de montrer au monde entier son avancée en matière de robotique et de technologie. Et on parle même d’une pluie de météorites artificielles lors de la cérémonie d’ouverture, pour donner le ton…
Ces projets, impressionnants, laissent présager du meilleur. Mais bien que le Japon soit en avance sur le monde dans l’organisation de la société et au niveau technologique, ces projets ont évidemment un coût non négligeable et des conséquences sur le pays dont il faut tenir compte. C’est ici que la voix de la discorde se fait entendre.
Un vent de protestation
Les villes qui organisent les JO ou de grandes manifestations sportives doivent souvent faire face à des protestations en provenance de la population et des certaines instances soucieuses du bon déroulement du projet. On l’a vu récemment avec le Brésil et l’organisation du Mondial de football et des Jeux olympiques 2016. Pourquoi donc ces protestations ?
D’une part, c’est un investissement colossal pour une ville que de prendre en charge l’organisation des Jeux Olympiques. Tokyo, lors de sa candidature avait avancé le chiffre de 730 milliards de yens (soit plus de 6 milliards d’euros) mais les experts tablent plutôt aujourd’hui sur une enveloppe comprise entre 1600 et 1800 milliards de yens (soit environ 14 milliards d’euros)… Si par la suite, la gouverneure de Tokyo, Mme Yuriko KOIKE a promis de contrôler le budget alloué aux JO, les habitants ont tout de même quelques raisons de s’inquiéter.
On se rappelle que d’autres villes ayant hébergé les Jeux Olympiques se sont trouvées en difficulté financière dès la fin de ceux-ci : Athènes en 2004 en est l’exemple parfait. Les Tokyoïtes craignent également une augmentation de leurs impôts pour financer les projets pharaoniques annoncés, comme le stade olympique. Au départ, la construction de ce stade imaginé par l’architecte Irako-britannique Zaha HADID, fut estimé à plus de 2 milliard d’euros. C’est désormais un stade de 60 000 places qui coûtera la moitié qui est en construction sous la direction de Kengo KUMA, à l’emplacement du stade qui accueillit les Jeux de 1964.
Un autre fait est venu perturber cette organisation et mettre à mal la confiance des citoyens nippons. Des soupçons de corruptions concernant des pots de vins, visant à obtenir l’attribution des Jeux Olympiques, sont venus ébranler le comité d’organisation des Jeux. Depuis, l’enquête officielle n’a relevé aucune anomalie mais l’affaire a écorné l’image d’un pays que beaucoup voit comme irréprochable.
Enfin, pour s’adapter à ses visiteurs, le Japon est prêt à faire quelques concessions au sein de sa propre culture… Quitte à perdre ce qui le rend atypique ?
L’adaptation, à quel prix ?
Le logo choisi pour ces Jeux Olympique est bleu indigo, le bleu typique du Japon et le motif à damier est une référence historique à un acteur de Kabuki fameux de la période d’Edo, Hichimatsu, qui le premier utilisa ce motif sur son Obi et on pantalon. Le design du logo représente «l’unité dans la diversité ».
Il serait donc question d’un mélange de culture en toute harmonie. Mais pour le Japon, cela pourrait revenir à faire une croix sur certains de ces principes ancestraux. Les tatouages par exemple, toujours prohibés dans les bains publics puisqu’ils étaient l’apanage de la criminalité organisée, pourraient se voir autorisés dans les bains, afin que les visiteurs puissent profiter de ce trait de culture nippon. Il est certain que cette mesure pourrait choquer les plus anciens.
On le mentionnait plus haut, mais on évoque également un possible nettoyage de certains quartiers dans lesquels se regroupent les sans-abri. Ces lieux moins exposés à la vision des étrangers font toutefois partie intégrante de la société japonaise et des difficultés qu’elle rencontre. Doit-on pour autant cacher la misère pour donner l’image d’une société parfaite ?
Ce genre de décision fait grincer des dents du côté de Tokyo, et certains craignent des changements dans leur vie quotidienne. Il est vrai qu’il est toujours dommage qu’une société s’adapte à ses visiteurs alors que c’est bien l’inverse qui devrait se produire.
En attendant que la flamme s’allume…
Le Japon a donc devant lui un chantier énorme pour les trois prochaines années. Avec ce défi de montrer au monde sa maîtrise technologique et sa fiabilité économique, le pays devra convaincre les Japonais en premier lieu, afin que les visiteurs étrangers mettent les pieds dans un pays qui soutient pleinement l’événement.
Le pays dispose de très nombreux atouts populaires sur lesquels jouer, en plus de sa riche culture profonde. Ce sera donc l’occasion pour de nombreux étrangers de découvrir le Japon en profitant de l’effervescence des Jeux Olympiques.
Toutefois, on espère que les changements opérés pour ces jeux, au niveau culturel notamment, ne viendront pas modifier trop profondément la face de ce pays qui fascine, justement car il a su jusqu’ici garder un équilibre parfait entre sa tradition et la modernité, comme on le dit si souvent.
Nous verrons ce qu’il en est lorsque la flamme olympique sera allumée à Tokyo, le 24 juillet 2020 !
2 réponses
[…] un domaine que le pays maîtrise, et dont nous devrions avoir un aperçu grandeur nature durant les Jeux Olympiques de 2020 organisés par le […]
[…] de plus que durant l’année écoulée, avec notamment l’organisation par le Japon de ses 4e Jeux Olympiques d’été. Un afflux conséquent, qui s’accompagnera certainement d’échanges culturels passionnants et […]