[Japanime] Poco’s Udon World : des udons pour réchauffer le cœur
Le Royaume des Udons de Poco… Tout est dans le titre, ou presque. Cet anime est une pépite parmi les tranche-de-vies que l’on a pu croiser fin 2016. Vous y partagerez la vie d’un web designer revenu dans sa région natale. Mais plus que sa vie, vous y découvrez la préfecture de Kagawa, ses paysages, ses légendes… et ses udons !
Le Monde d’udon de Poco
Poco’s Udon World, de son titre japonais Udon no Kuni no Kin’iro Kemari (うどんの国の金色毛鞠), est l’adaptation animée du manga éponyme de Nodoka SHINOMARU. Le manga est publié depuis 2012 dans le magazine Monthly Comic @ Bunch (dont sont issus Gansta., Btooom!, etc.). Son 9e tome a été publié début janvier au Japon et reste encore inédit chez nous.
L’adaptation, en 12 épisodes, est le fruit du travail du studio Liden Films (The Heroic Legend of Arslan : Dust Storm Dance, etc.).
À la réalisation de Poco’s Udon World, nous retrouvons Seiki TAKUNO qui a déjà travaillé à ce poste pour l’animé Yamada-kun and the Seven Witches. Pour Poco’s Udon World, il retrouve sa directrice de l’animation Eriko ITÔ. D’ailleurs, elle, qui était la designer des personnages secondaires sur Yamada-kun and the Seven Witches, est cette fois en charge du chara-design de plein droit. Les personnages ressemblent bien aux personnages du manga tout en corrigeant les petits défauts : l’apparence de Shôta a été homogénéisée par exemple. De son côté, l’animation est tout à fait réussie et permet d’ancrer le récit dans plus de réalisme que le manga, dans les gestes comme dans la transcription des situations.
À la composition de la série, c’est Natsuko TAKAHASHI (Divine Gate, Gankutsuou: The Count of Monte Cristo) que l’on retrouve. Pour la musique de background, nous avons le compositeur Yukari HASHIMOTO (Golden Time, K), qui nous propose une musique légère et ensoleillée allant de la musique enfantine à celle de cinéma, en passant par du soft rock. Pour l’opening, Weaver, groupe de piano rock, nous offre un morceau plein d’entrain avec S.O.S., alors que pour l’ending, Goodwarp nous apprend à faire des udons avec une ballade tout en douceur : Sweet Darwin.
La présentation technique étant maintenant faite, plongeons-nous dans ce monde de trentenaires et d’udon…
Un Monde de trentenaires…
Sur le site d’ADN, qui diffuse la série chez nous, nos pouvons lire le résumé suivant : « La vie de Souta Tawara, 30 ans, est sur le point de basculer ! Web designer à Tokyo, il doit retourner dans la préfecture de Kagawa pour ranger le restaurant familial d’Udon qui a fermé. Là, il va faire une rencontre surprenante : un tout petit enfant dort dans un grand chaudron… Mais que fait-il ici ? Après bien des (més)aventures, il décide de l’appeler Poco et de s’en occuper. Retrouvez les aventures quotidiennes de ces deux personnages hauts en couleurs dans le paisible « Royaume Udon » et suivez Poco dans les rues de Kagawa, plus énergique que jamais ! Souta saura-t-il assumer ses nouvelles responsabilités ? Poco pourra-t-il s’adapter à sa nouvelle vie ? »
Dès les premières secondes de l’anime, le spectateur se retrouve plongé dans une métaphore résumant la série : le train se dirigeant vers Kagawa sort d’un tunnel alors que Shôta Tawara s’éveille et est ébloui par la lumière de sa préfecture natale. Tout au long de la série, la météo reprendra ce rôle de métaphore des sentiments du protagoniste (observez par vous-mêmes ces changements de climat, vous verrez !).
Shôta avait quitté la campagne pour monter sur Tokyo et devenir webdesigner. Aujourd’hui, célibataire, son père mort et ses 30 ans fêtés, il se met à douter des choix qu’il a pu faire dans la vie. Il décide alors de prendre un congé illimité pour revenir dans la maison familiale et faire le point. Sa rencontre avec Poco va lui remettre petit à petit en mémoire son passé et les raisons de ses choix.
Le premier épisode met donc en place l’intrigue et les personnages principaux : Shinobu Nakajima, Rioko Oishi, la découverte de Poco et son lien avec les tanukis, la douleur à la jambe de Shôta, son refus de reprendre le restaurant familial de udon. Il faut attendre le deuxième épisode pour que tout commence véritablement : en acceptant de s’occuper de Poco, Shôta entame une réflexion sur sa vie.
Même si Poco n’est pas le fil de Shôta, son rôle dans la vie de protagoniste y est identique. Shôta devient un jeune père qui, en découvrant son enfant grandir, apprendre, s’émerveiller se rappelle son enfance et sa relation avec son propre père. En parlant de Poco, ce n’est parce parce qu’il est un tanuki qu’il faut s’imaginer que nous allons plonger dans un monde de fantaisie, loin de là. Poco est l’image-même du petit garçon, il s’étonne de tout, court partout, écrit sur les murs. L’animation et les choix scénaristiques rendent particulièrement réalistes l’enfant Poco. D’ailleurs, on ne peut pas s’empêcher de penser au film Les Enfants loups, Yuki et Ame.
Nous avons donc Shôta, ce jeune père en pleine remise en question, qui se replonge dans le passé pour mieux aller de l’avant. Il veut construire une vie stable malgré les pressions de toute part pour le forcer à reprendre l’affaire familiale (dont Sae est l’incarnation). Puis nous avons Shinobu Nakajima et Rioko Oishi. Tous deux incarnent un type de trentenaires.
Ainsi, Shinobu Nakajima est le trentenaire actif, célibataire et heureux de l’être. Mais bien que sa vie lui convienne, sa famille et surtout sa mère le presse de le trouver une femme, allant jusqu’à lui faire du chantage à coup de pleurs. Au niveau professionnel, lui aussi n’est pas épargné par la pression pour reprendre l’affaire familiale.
Rioko Oishi, sœur de Shôta, est la femme mariée qui, menée par la peur de ne pas être une bonne mère, a fait le choix de ne pas avoir d’enfant et de se concentrer sur sa carrière professionnelle. Au contact de Poco, elle se rendra compte qu’elle n’est pas dépourvue d’instinct maternel.
Par sa simple présence, Poco sera au centre des changements, il aidera chacun des protagonistes à faire le point sur sa vie et à trouver un nouveau départ. Mai Manabe est l’exception. Mère de famille épanouie, c’est elle qui rassure Shôta sur ses capacités de parents. Elle est comme une mère sur qui il peut s’appuyer.
Au passage, vous aurez remarqué que, Poco et les enfants de Mai à part, la série évolue dans un monde de trentenaires, avec des problèmes de trentenaires. Ne vous y trompez-vous donc pas en voyant Monthly Comic @ Bunch publier Poco’s Udon World dans sa rubrique des « mercredis de la jeunesse« . Les adolescents peuvent, certes, apprécier le manga et l’anime mais ils ne saisiront probablement pas toutes les subtilités propres au fait de passer le cap des 30 ans. Combien d’adolescents se font mettre la pression pour se marier ? Combien remettent en question leur carrière professionnelle ?
Même les épisodes de Gaogao dans le ciel bleu, le mini anime diffusé après les génériques dans la série, seront plus adaptés aux enfants de trentenaires qu’à des adolescents.
Un Monde de tanuki…
En arrière-plan de ces moments de vie, Poco’s Udon World nous offre une véritable découverte de la préfecture de Kagawa. À ce propos, saviez-vous que l’auteur du manga est originaire de la région ? Elle aurait même été très émue lors de la diffusion de l’anime.
Les pérégrinations de Shôta et Poco sont donc l’occasion de nous montrer la beauté des paysages au travers de magnifiques décors, façon aquarelle. D’ailleurs ces aventures sont comme un guide touristique et, sans en avoir l’air, elles présentent les endroits à ne pas louper…
Carte des emplacements des lieux représentés dans l’anime
Le folklore y est aussi partagé, tout en douceur. Le fondement de la relation entre Poco et Shôta renvoie à celle entre Taira no Shigemori et un des descendants du dieu Yashima no Hage-Tanuki : blessé mortellement le tanuki a été sauvé par Shigemori. Depuis lors, il a juré de rester à ses côtés et de le protéger. Ce dieu tanuki est le dieu du bonheur familial, du mariage et des affaires comme nous le rappelle Shôta lors de la visite du temple Yashima-ji.
En parlant tanuki, le nom de Poco se réfère au bruit du ventre des tanukis quand ils s’en servent de tambour : pompoko. La feuille dont Poco se pare la tête lors d’un épisode renvoie à la légende des tanukis métamorphes. Même l’épisode de la vieille voisine qui menace de faire de la soupe de tanuki (tanuki-jiru) est un rappel d’une légende : Kachikachi Yama. Un tanuki bat une vieille femme et la sert en soupe à son mari en lui faisant croire à de la tanuki-jiru.
Et pour finir, il y a la relation entre les tanukis et les moines bouddhistes : il existe des histoires de tanuki vivant dans les temples sous forme de moines bouddhistes ou sous forme de bouilloire placé au sein de temple (Bunbuku Chagama).
Enfin impossible de parler de tourisme, de culture ou de folklore sans évoquer les spécialités locales et le fameux Udon World, du titre de la série !
Un Monde d’udon…
Le Pays des Udons est le surnom de la préfecture de Kagawa. Elle le tient de ses 700 restaurants de udons éparpillés sur son territoire en 2008. Il existe même une spécialité locale de udon nommée Sanuki udon. D’ailleurs, dès que Shôta met les pieds dans la préfecture de Kagawa, il déguste avec son ami les special bukkake udon du restaurant Daien situé à Takamatsu.
Kagawa, pays du Udon, a même son PR (ambassadeur) en la personne de Jun KANAME dont nous pouvons voir la version animée à la fin de chaque épisode. Jun est un acteur connu pour ses rôles dans Kamen Rider et Casshern. Originaire de Kagawa, il nous partage quelques anecdotes sur la préfecture. Comme ambassadeur, il participe à un grand projet de promotion de Kagawa, « la préfecture du udon qui prend soin des enfants ».
Mais il n’y a pas que des udons dans cette préfecture. Nakaji se fait corrompre par Shôta avec les honetsukidori, spécialité de poulet assaisonné de Kagawa. La vieille voisine offre des shoyumame. Et au détour d’un prospectus publicitaire, nous découvrons même que Shôdoshima produit de l’huile d’olive (depuis 1908). Bon, nous ne nous attarderons pas sur la transcription fantaisiste en alphabet romain…
Un Monde savoureux…
Concernant la production d’une seconde saison, elle est peu probable. L’anime a été conçu pour avoir un début et une fin alors que le manga est toujours en cours de parution. La fin de l’anime est donc une fin originale. Vous pourrez aussi noter des différences entre le manga et l’anime.
Dans tous les cas, après avoir vu ses 12 épisodes, Poco’s Udon World se révèle être une petite pépite parmi les animes de l’automne 2016. Cette tranche-de-vie parlera plus particulièrement aux trentenaires mais la beauté des décors devraient séduire tout à chacun.
Bref Poco’s Udon World est un animé à savourer… en vostfr pour profiter de l’accent de Kagawa !
Mais attention à ceux qui le regarderont avec leurs enfants : attendez-vous à une déferlante de Gaogao !