[Interview] L’enfance en couleur, par Lunlun Yamamoto
La mangaka nous avait tapé dans l’œil en décembre, avec ses deux titres jeunesses Cosmic Girlz et Ichiko et Niko, à la double lecture, pleins d’humour et d’ironie et avec un style coloré et un peu rétro qui leur donne beaucoup de personnalité…
L’occasion était donc trop belle de rencontrer Lunlun Yamamoto pour sa venue au Salon du livre et de la Presse Jeunesse à Montreuil, pour parler un peu de son parcours etde son travail en couleur, mais aussi de sa vision de la jeunesse et des adultes, pas tout à fait comme les autres.
Parcours et influences…
Journal du Japon : Bonjour madame Yamamoto. Enchanté et merci pour votre temps. Tout d’abord on sait peu de choses de votre carrière : vous êtes née en 1973, mais quel a été votre parcours jusqu’à votre manga Orion Machi en 2002 ? Vous avez débuté votre métier de mangaka plutôt tardivement ?
Lunlun Yamamoto : Bonjour et merci. Je rectifie un peu, j’ai débuté non pas en 2002 mais en 1998 dans le journal Garo. J’ai débuté quand j’avais 24 ans. Je voulais être mangaka dès mon plus jeune âge, donc c’est vrai que 24 ans c’est un peu tard. Mais j’ai débordé un peu après l‘université, car j’ai travaillé dans l’illustration. Je voulais toujours être mangaka donc j’ai mis de côté ce travail pendant un moment et j’ai commencé à envoyer mes mangas aux maisons d’éditions… J‘ai mis 2-3 ans à publier mon premier manga.
Pourquoi avoir choisi de vous orienter vers le manga pour enfant ?
Au début, je ne pensais pas du tout que j’allais faire des mangas destinés aux enfants. C’est un peu par hasard que je suis allée sur ce terrain. C’est une amie qui m’a dit qu’on cherchait quelqu’un pour travailler dans le journal Asahi (qui est donc destiné aux enfants) et je ne pensais pas du tout que les séries allaient durer aussi longtemps. Mais les premières réactions des enfants ont été tellement bonnes que j’ai continué.
Est-ce que vous avez vous-même des enfants, est-ce qu’ils vous inspirent parfois pour vos histoires ?
Je n’ai pas d’enfant mais je pense que tout ce que j’ai vécu durant mon enfance m’inspire pour écrire mes histoires.
Votre style évoque le graphisme des années 60-70. D’où vous viennent ces influences et avez-vous des mangakas ou auteurs de BD / comics qui vous ont inspiré ce style ?
C’est vrai que j’aime beaucoup la culture des années 70, un gout que j’ai depuis très longtemps. Il y a beaucoup d’œuvres et d’auteurs qui m’ont influencée. Je pense que le graphisme de cette période est assez agressif avec ses couleurs très vives mais elles dégagent une énergie très particulière et dynamique.
Le choix de la couleur plutôt que le noir et blanc justement : est-ce parce que, dans les mangas pour les plus jeunes, c’est très fortement recommandé, ou est-ce uniquement par goût personnel ?
C’est vrai que mes titres sont destinés aux enfants, donc les couleurs ont été recommandées. Je pensais plus au noir & blanc au début, mais l’éditeur de Asahi m’a conseillée de le faire. C’était une chose possible dans le journal donc je me suis laissée tenter et j’ai accepté la proposition de mon éditeur. C’est vrai que travailler en couleur n’est pas quelque chose de facile mais je ne regrette pas du tout.
Enfants et parents, tout le monde s’amuse !
Dans les deux mangas Cosmic Girl et Ichiko et Niko, on retrouve le même type de trio : deux jeunes filles et un animal à l’allure de peluche, qui est censé tenir le rôle de l’adulte. Comment est née cette combinaison, qu’est-ce qui vous plaît dans ce type de trio ?
C’est une pure coïncidence. J’ai fait d’autres titres de mangas destinés aux enfants avec des personnages totalement différents et c’est une vraie coïncidence que deux séries publiées par deux éditeurs différents sortent en même temps en France (rires).
Moi-même je ne sais pas pourquoi j’ai cette manie de dessiner les adultes en peluche ou animaux. Je veux surement dessiner des adultes mignons, donc je me tourne vers la peluche.
Dans les deux séries vous confrontez vos héroïnes, peu banales, à un monde de l’école qui n’est pas toujours tendre avec les enfants : pression de la réussite, préjugés, mise à l’écart des gens différents, etc. En France, ce sont des problématiques qui sont souvent évoqués plus tard, pour les adolescents… C’est important d’apprendre la différence et ce que ça implique dès le plus jeune âge au Japon selon-vous ?
Je ne sais pas ce qui se passe en France mais si je parle de moi, un des messages que je voudrais transmettre, c’est que les enfants acceptent les différences, même des gens qui paraissent bizarres, les montrer sous un bon jour et ne pas hésiter à aller vers eux. Je ne me suis jamais posée cette question, pour moi ce n’est pas compliqué à faire comprendre aux petits enfants, je ne pensais pas qu’il fallait attendre d’être adolescent. De plus je ne veux pas représenter le monde éducatif du Japon, je fais plutôt des mangas qui peuvent être partagés avec les enfants et que les enfants puissent s’identifier aux personnages.
Et pour moi, ce n’est pas grave si les plus jeunes enfants ne comprennent pas tout. Mais peut être plus tard, confrontés à une situation, ils se rappelleront ce qu’ils avaient lu et sauront s’en servir.
Parfois vous tournez en ridicule les adultes : ça a l’air de vous amuser autant, voire plus, que de vous moquer des enfants, non ?
J’avoue que c’est la première fois qu’on me le dit, je ne m’en étais pas rendu compte du tout (rires).
Ces adultes peuvent être superficiels et se préoccuper de leur apparence, ou agir comme des grands enfants… Alors que vos héros qui sont encore en primaire ont souvent beaucoup de responsabilités. Entre adultes et enfants, en dehors de l’âge, on se demande parfois s’il y a vraiment une différence dans leur façon d’être ou leur état d’esprit… non ?
D’abord, très honnêtement je ne fais pas de distinction entre adultes et enfants. Pour simplifier je dis que je fais des mangas pour enfants, mais en fait je les fais pour tout le monde. Je pense qu’il y a des adultes qui sont aussi de grands enfants, vraiment tout le monde peut lire mes mangas !
Dans Ichiko et Niko, le père fait souvent un peu n’importe quoi, laisse ses filles se débrouiller toutes seules par moment… Mais diriez-vous pour autant que c’est un mauvais père ? Comment voyez-vous le rôle d’un parent d’ailleurs ?
Je ne pense pas du tout comme ça ! (Rires). C’est un père extraordinaire, il peut inventer toutes les choses qui peuvent amuser les enfants. C’est un père célibataire et qui fait tout pour ses enfants.
Enfin, quel accueil recevez-vous au Japon de vos lecteurs enfants, et qu’est-ce que vous disent les parents ?
Je publie Ichiko et Niko dans le Journal Asahi, le journal me transmet des lettres reçues des enfants. Les enfants adorent Ichiko, Niko et le papa, et ils s’amusent bien avec leurs parents à le lire.
Un petit mot aux parents et aux enfants français pour finir ?
J’imagine qu’entre la France et le Japon, il y a des différences d’habitudes et de coutumes, et que vous allez le voir dans mes mangas. Mais j’espère que vous allez prendre autant de plaisir que le public japonais.
On leur souhaite en tout cas ! Merci !
Retrouvez Lunlun YAMAMOTO sur le site internet des éditions Kana ou le Facebook de Nobi-Nobi, sur le blog de l’auteure, ou suivez là encore via son compte Twitter.
Remerciements à la mangaka pour son temps et aux éditions Kana pour la mise en place de l’interview.
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[…] [Source] This interviews was translated from french. My french is not the best, my english neither. This is ultimately something I made for fun and to practice my language skills. If you think you can do a better job or correct any mistakes I made, then feel free to. […]