Mob Psycho 100 : ONE sans MURATA, la puissance du gag-manga !
ONE, un pseudo que vous devez commencer à voir et entendre de plus en plus souvent depuis quelques temps. Et pour cause : il est l’auteur de deux gros cartons récents au Japon, l’un d’eux faisant aussi son petit effet en France depuis environ un an : One Punch Man et Mob Psycho 100.
En attendant la seconde saison du premier en 2017, profitons de la fin de la diffusion du second il y a quelques semaines sur Crunchyroll pour revenir quelques instants sur cet anime et son créateur, parti de loin mais devenu « bankable »… Et tentons de répondre à cette épineuse question : que vaut un anime de ONE sans le génie graphique de son alter-égo MURATA ?
Shigeo Kageyama, surnommé Mob, est un lycéen tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Pourtant, il possède de puissants pouvoirs psychiques, mais il préfère rester discret afin d’avoir une vie la plus normale possible. De plus, il comprend en grandissant que ce pouvoir peut être dangereux et qu’il augmente en même temps que sa charge émotionnelle. Mais pourra-t-il contenir longtemps ses émotions ?
One, One, who are you ?
Oyez oyez, fans de One Punch Man, venez séant contempler Mob Psycho 100 !
Mais, à la vue de l’affiche, ne repartez pas si vite pour autant, même si le graphisme est déroutant. En effet, nous sommes assez loin du style comics donné aux aventures de Saitama par Yusuke MURATA et ses perspectives incroyables, mais le cœur de l’œuvre est clairement du même acabit. C’est juste que c’est du 100% made in ONE que voici ! Pour les deux du fond qui n’auraient pas suivi l’affaire (ONE, MURATA, etc.), faisons un petit rappel des faits…
One Punch Man, avant d’être un manga qui vous explose la rétine, est une web-série auto-éditée par un certain ONE sur son site perso, avec un style graphique « ultra limité » (comprenez minimaliste et pas vraiment flatteur pour notre rétine). MURATA himself (qui n’est autre que le mangaka de Eyeshield 21), est séduit, puis évoque l’idée d’adapter l’œuvre. C’est ensuite dans le Tonari no Young Jump de la Shueisha que le OPM que tout le monde connait renaît alors. Le succès phénoménal qui en résulte permet alors à ONE de débuter une autre série, cette fois-ci prépubliée directement dans un magazine, Mob Psycho 100. On y retrouve des ingrédients chers à l’auteur, à savoir un héros banal détenteur d’un pouvoir extraordinaire, une potentielle invulnérabilité, des combats et de l’humour… BEAUCOUP d’humour !
Mais que sait-on exactement de ce mangaka ? À part qu’il est né le 29 octobre 1986 à Saitama, peu de choses. Pas même son nom. Et ce ne sont pas son site internet ou son compte Twitter qui seront plus généreux en détails sur sa personne. Ses trois seuls mangas sont One Punch Man, débuté sur son site dès 2009, Mob Psycho 100 en 2012 et Makai no Ossan l’année suivante. Tous trois ont en commun d’être avant tout humoristiques.
Si son coup de crayon n’est clairement pas son point fort, ce sont les scénarios qu’il met en place et les cliffhangers improbables qu’il échafaude qui ont séduit le public. Et c’est peut être la liberté de ton qu’autorise l’auto-édition qui lui aura permis de développer cet attrait pour le fait de briser les codes. En s’affranchissant des règles de publication d’un shônen classique, il a ainsi pu complètement déstructurer le mythe du héros dans One Punch Man.
50% blagues – 50% action
Comme c’était déjà le cas dans OPM avec Saitama, l’élément central de Mob Psycho est bien le personnage de Mob lui-même. Et pour le mettre en scène, on retrouve toute une galerie de personnages qui l’accompagne dans son quotidien, à commencer par Reigen, son maitre. Grand medium autoproclamé, c’est avant tout un charlatan très rusé pour masquer son absence totale de pouvoir. Il s’avère cependant un excellent guide, donnant une ligne de conduite à cet adolescent totalement paumé et à son immense pouvoir. Avec un petit quelque chose d’Onizuka de GTO, et à l’instar de ce sensei loufoque, Reigen dégage finalement beaucoup de charisme.
L’autre personnage influant sur notre héros est Ritsu, son petit frère. Même s’il est son cadet, Mob lui voue une grande admiration : populaire à l’école, bon en sport et dans les études, et tout ça sans le moindre pouvoir ! Son opposé complet en somme, car Mob enchaîne les notes médiocres, tombe en syncope après 20 mètres de sprint et dégage le charisme d’une huitre. Ses pouvoirs, bien qu’hallucinants, ne représentent en fait pas grand-chose pour lui et il les échangerait volontiers pour plaire à l’élue de son cœur.
Tout ce joyeux monde évolue dans un premier temps entre le lycée de Mob et les clients de Reigen, mais très vite d’autres enjeux feront leur apparition. Il faudra alors compter sur l’arrivée d’autres détenteurs de pouvoirs psychiques, et d’une organisation secrète aux envies de domination mondiale…
Une des caractéristiques majeure de Mob Psycho 100, qui fait office d’astuce narrative, c’est le fameux compteur qui symbolise la détresse émotionnelle de Mob, synonyme de catastrophe s’il dépasse les 100 unités. Le voir grimper rapidement est extrêmement jouissif, car c’est généralement le signe d’une sacrée séquence qui s’annonce. Mais celui-ci peut également faire l’objet de gags.
En effet, si ONE a mis en place cette spécificité visuelle (qui brise d’une certaine façon le quatrième mur), c’est aussi et surtout pour jouer avec. Souvenez-vous, notre auteur dessine avant tout des gag-mangas, un art de l’humour qu’il déploie aussi par l’inattendu : le compteur peut s’affoler à cause d’une simple bêtise sans importance ou, au contraire, ne pas bouger d’un iota car mob est complètement à côté de la plaque dans certaines relations sociales.
Cette trouvaille est symptomatique d’une des grandes forces de ONE : prendre son spectateur au dépourvu. Si une situation parait complètement bloquée pour notre héros, c’est via une solution totalement inattendue qu’elle s’élucidera. Des rebondissements qui vont crescendo d’épisode en épisode : sur la fin de cette première saison, les retournements de situations s’enchainent à une allure effrénée, ne laissant pas le spectateur souffler une seule seconde. Ça va vite, ça part dans tous les sens… et on en redemande évidemment !
Enfin, sur le fond. Si le ton humoristique est très présent durant la première moitié de la saison, un fil rouge commencera cependant à se dessiner dans le dernier arc scénaristique, et le mystère des pouvoirs de Mob se fera de plus en plus sentir. Attendez-vous également à trouver beaucoup plus de combats à partir de l’épisode 8, ce qui n’est pas pour nous déplaire.
Héros mollasson pour animé survitaminé
Comme nous l’évoquions précédemment, les dessins de ONE ne sont clairement pas des plus agréables à l’œil. Mais contrairement à OPM, dont le manga et l’anime bénéficiaient du boost graphique de MURATA, Mob Psycho 100, lui, conserve le style de ONE. Et pour son adaptation animée, la volonté a été de laisser le design dans son jus. Pas facile, alors, d’évoluer parmi des séries où le design des personnages est étudié pour coller aux canons de la beauté. Une astuce pour se démarquer de la concurrence ? Possible, mais ce choix pourrait rebuter certains spectateurs potentiels… Un pari en tout cas.
Ceci dit, pour cet anime, le studio Bones (FMA, Space Dandy, My Hero Academia) a harmonisé le coup de crayon de l’auteur. Si la réalisation globale est de bonne facture pour ce studio habitué aux réussites, c’est surtout l’animation en elle-même qui relève l’aspect graphique. L’intensité de l’action, amenée par une animation de haut vol, transcende des scènes qui sans cela pourraient être risibles ou des méchants qui sont parfois loin du look badass. Voir Mob tout faire voler en éclats dans une débauche de plan sakuga nous fait oublier sans mal les fantômes à tête de smiley et autres chara-design ridicules. Plus que jamais, la qualité de l’animation parvient à rendre agréable un dessin à priori plus que quelconque.
Bones n’a également pas hésité à mettre le paquet niveau couleur. Et grand bien leur en a pris : on y gagne beaucoup de peps, et les effets prismatiques – façon carte à collectionner DBZ de notre jeunesse – liés à l’utilisation des pouvoirs de Mob en jettent carrément !
Enfin les musiques ne sont pas en reste et contribuent vraiment à rendre le visionnage encore plus épique. À commencer par l’opening, « 99 » de Mob Choir, un groupe créé pour l’occasion. Composé spécialement pour l’anime, et non repris d’une chanson préexistante (comme c’était déjà le cas de The Hero!! de Jam Project pour OPM), il donne tout de suite le ton : le visuel vous paraîtra absurde et coloré, mais vous fera bouger la tête grâce à son air entrainant et rock’n’roll. Nul doute qu’il finira dans votre playlist pour vous donner la pêche lors du footing dominical.
Qui dit musique dit aussi OST, composée par – excusez du peu – Kenji KAWAI (Ghost In The Shell, Joker Game) : elle contient aussi quelques perles dont la plus remarquable restera la musique des combats. Les effets tribaux des chœurs soulignent encore plus le côté décalé déjà présent dans le chara design, et ajoutent un cachet d’autant plus singulier aux joutes.
Vous l’aurez compris, Mob Psycho 100 est clairement une des séries les plus fun de cet été, même si elle ne jouira sans doute pas de la même popularité que sa grande sœur One Punch Man. Une faible communication autour du titre, un manga qui a peu de chances de sortir un jour en France, un visuel pas très aguicheur… les raisons de cet insuccès sont nombreuses. Pourtant si vous avez apprécié les aventures de Saitama, il serait dommage de passer à coté de Mob et ses pouvoirs télékinétiques. Car sa coupe au bol et son manque d’expressivité cachent finalement un ado sympathique et attachant, qui ne manquera pas de vous arracher quelques barres de rire !
Retrouvez l’intégralité de la première saison de Mob Psycho 100 sur le site de Crunchyroll.
© 2016 ONE・「Mob Psycho 100」Shogakukan
J’ai préféré Mob Psycho 100 à One Punch Man, l’histoire est plus recherchée, plus accrocheuse. L’animation est aussi très originale, tout en étant très bonne (comme OPM, sur ce niveau-là).
Article très sympa. Hate de lire Mob Psycho 100 en manga en 2017.