[Japanime] Amaama to Inazuma : la cuisine japonaise comme baume au cœur
À chaque saison d’anime on trouve désormais une série synonyme de réconfort. Au printemps dernier, chez Crunchyroll, c’est Flying Witch qui mélangeait la comédie tranche-de-vie et le fantastique pour nous apporter sérénité et bonne humeur. On vous en vantait d’ailleurs les mérites quasi-thérapeutiques dans nos colonnes. Bonne nouvelle : il n’a pas fallu attendre bien longtemps pour qu’arrive un autre remède… Le 4 juillet dernier débarquait, à nouveau chez Crunchyroll, Amaama to Inazuma, l’histoire d’un papa et de son adorable petite fille, qui vont petit à petit retrouver goût à la vie après le décès de l’épouse et mère de famille…
La diffusion de la série s’étant achevée le mois dernier, laissez-nous vous parler de ce nouveau traitement en douze prises qui vous fera du bien… et vous donnera faim !
Tout, tout, pour ma chérie, maaa chéééérie…
Depuis six mois, Kôhei Inuzuka élève seul sa fille, Tsumugi. Sa femme, la mère de Tsumugi, est décédée. Kôhei est un peu perdu entre son propre deuil, celui de sa fille, son travail d’enseignant, la gestion de la maison… et surtout de la cuisine, qui était le domaine de sa femme. Il apprend donc à gérer cette nouvelle vie mais, par manque de temps comme de savoir-faire, c’est avec des aliments surgelés et des repas tout près qu’il nourrit son enfant. La plupart du temps il n’y a d’ailleurs plus vraiment de repas, et Tsumugi avale son bento de la supérette devant la télé, sans vraiment d’appétit, pendant que son père prépare ses cours ou corrige des copies.
Les jours passent et se ressemblent, parfois joyeux grâce à la complicité entre Kôhei et Tsumugi et au dynamisme de la jeune fille, parfois plus tristes… et manquant cruellement de goût. Mais les cerisiers en fleur vont leur apporter une solution car ils font la rencontre de Kotori Iida, élève de Kôhei, dont la mère tient un restaurant mais se retrouve souvent absente. Alors un beau soir où Kôhei rentre tard, et voit sa petite fille baver d’envie devant une émission culinaire, il se décide à ravir son palais et l’emmène au restaurant en question. Mais au lieu de se mettre les pieds sous la table, c’est une nouvelle aventure qui va commencer pour le père, la fille et l’élève : l’apprentissage de la cuisine et le retour de la joie de vivre !
Cuteness overload
Tsumugi, jeune fille d’école primaire avec une immense et improbable chevelure, est l’arme de séduction massive de cet anime. Enjouée et dynamique comme la magical girl de son anime favori, c’est un bout de chou qu’on aimerait instantanément prendre dans nos bras, avec qui on adorerait chahuter. Les spectatrices fondront aussi pour le jeune papa irréprochable, débordé et timide juste ce qu’il faut, tandis que le public masculin se projettera rapidement à travers lui. En effet, Kôhei veille toujours au bonheur de sa fille, et il a plus d’une corde à son arc pour déjouer toute crise potentielle, avec un peu d’imagination… ce qui accouche de délires que sa fille s’empresse de suivre et d’amplifier, pour une bonne partie de rigolade.
Toujours partante pour tout, Tsumugi n’est pas pour autant une boule de nerf surexcitée, et se distingue surtout par sa spontanéité et sa bonne humeur. Elle fait relativement peu de caprices, les mêmes que tous les enfants en somme, et son père gère assez bien ces excès d’humeur, compte-tenu de la sensibilité inhabituelle en cette période de deuil. D’ailleurs la demoiselle est d’autant plus craquante que derrière l’énergie qu’elle déploie, on voit rapidement que se cache un petit cœur fêlé et fragile, qu’un souvenir suffit à fissurer pour la faire souffrir jusqu’aux larmes.
Ces émotions, centrales, sont admirablement retranscrites d’un point de vue technique : le chara-design de Hiroki ARADA (encore méconnu chez nous) donne de grandes fenêtres d’expression à ses personnages : les yeux et bouches assez modulables et de tailles notables laissent toute la place aux sourires malicieux, aux rires radieux ou aux pleurs qui débordent de partout. Le doublage est sans aucune fausse note grâce au grand talent de Rina ENDÔ qui double Tsumugi. Cette seiyuu de drama est une spécialiste des voix d’enfants et vous la connaissez sans doute si vous avez vu l’adaptation anime de Barakamon : la voix de la petite Hina, la copine de Naru, c’était elle !
Enfin, le scénario joue aussi son rôle dans l’attachement du spectateur aux personnages. En plaçant le début de l’anime juste six mois après le décès de la mère de famille, Gido AMAGAKURE (la mangaka de l’œuvre originale) présente une famille fragile qui doit tout reconstruire, où la douleur peut surgir n’importe quand. En partant de là, de ce ressort dramatique qui tire sur la corde sensible du lecteur, on pourrait craindre un anime qui en abuse et qui se perd dans le mélo : « avec maman on faisait ci, avec maman on faisait ça, pourquoi maman n’est plus là… » Les situations sont forcément présentes, certes, mais le récit trouve l’équilibre entre les rappels et les non-dits, entre la souffrance encore vive et un train-train quotidien plus léger. De plus, si l’absence maternelle n’est rappelée qu’à de brefs moments, voire pas rappelée du tout dans certains épisodes, c’est parce qu’elle s’est finalement ancrée dans l’esprit du lecteur, qui n’oublie jamais le contexte.
MANGER !
La dernière thématique de Amaama to Inazuma est aussi l’une de ses grandes forces. Chaque épisode se construit autour d’un événement de la vie quotidienne et accouche d’un plat qui lui correspond : qu’il s’agisse de réussir à faire manger des légumes à Tsumugi, de préparer un goûter entre amis, de s’approprier un plat familial… Comme Kôhei est un débutant complet, il finit à chaque fois dans le restaurant de son élève, ce qui arrange bien cette dernière qui semble avoir un gros faible pour son professeur principal.
De plus, comme Kotori a la phobie des couteaux et peu d’expérience, notre père de famille est obligé de mettre la main à la pâte. La cuisine restant un moment de partage, Tsumugi ne reste pas non plus sans rien faire : elle malaxe, elle épluche, elle nettoie et elle coupe même son premier légume… ou sinon elle s’occupe des encouragements à l’aide d’une petite danse loufoque dont elle a le secret.
Les douze épisodes présentent donc douze plats : ramen, steak, gratin, donuts, curry, mochi, calamar… De la cuisine de tous les jours qui mélange des plats qu’on connait tous et des assiettes plus japonaises. La préparation donne envie de se mettre au fourneaux, même si certains ingrédients ne seront pas toujours faciles à trouver pour les spectateurs français qui n’ont pas d’épicier asiatique (quoique, avec internet…).
Les recettes sont loin d’être toutes simples, et le trio fera d’ailleurs un ou deux ratés avant de comprendre l’astuce ou l’importance d’une température de chauffage, par exemple. Néanmoins le résultat est toujours hyper appétissant et il est l’occasion de jolies émotions ou d’amusantes réactions.
Lors de la dégustation tous les regards se tournent naturellement vers la petite Tsumugi, mais on n’oublie jamais Kôhei et Kotori, qui ont aussi leur cheminement intérieur. On bave donc devant les plats qu’ils dégustent et leurs mines ravies renforcent l’empathie. Enfin, le temps d’une recette, un personnage secondaire fait parfois son apparition (et deviendra plus ou moins récurent ensuite). Il ou elle accompagne nos cuisiniers en herbe et enrichit en même temps la mécanique relationnelle de l’épisode… Une sorte de guest permettant de rompre la monotonie, comme dans une émission culinaire.
Au final, avec son héroïne adorable et ses plats appétissants, Amaama to Inazuma possède donc tous les atouts de l’anime réconfortant comme on les aime : histoire simple qui sonne juste, personnages attachants, et une réalisation technique qui complète ce script en mettant l’accent sur l’ambiance et les émotions. Avec l’automne qui s’annonce et les températures qui baissent, voilà une bonne raison de rester chez soi et d’accompagner une série avec des bons petits plats… en anime ou en vrai, ça c’est à vous de voir !
Visuels : Based on the manga “sweetness & lightning” by Gido Amagakure originally serialized in the monthly GOOD!AFTERNOON magazine published by KODANSHA Ltd. ©Gido Amagakure, KODANSHA/“sweetness & lightning” Production Committee. All Rights Reserved.
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[…] a un petit faible pour les séries de type tranche de vie, qui apportent du réconfort comme Amaama to Inazuma ou une bonne humeur immédiate dans Flying Witch. L’excellent Barakamon, de Satsuki YOSHINO, est […]
[…] a un petit faible pour les séries de type tranche de vie, qui apportent du réconfort comme Amaama to Inazuma ou une bonne humeur immédiate dans Flying Witch. L’excellent Barakamon, de Satsuki YOSHINO, est […]