[Chronique] MTV Unplugged: VAMPS, retour en grâce?
Depuis ses débuts, VAMPS n’a jamais caché son ambition de conquérir des terres plus larges que le Japon. Après deux albums couronnés de succès, un best-of pour l’international qui n’apportait pas grand chose (si ce n’est des paroles traduites en anglais pour l’occasion) et un troisième album très attendu, mais plus que décevant, on ne sait plus vraiment par quel bout prendre VAMPS.
C’est dans ce contexte un peu nébuleux qu’est sorti très discrètement en juillet dernier le MTV Unplugged: VAMPS en DVD/Bluray, mais également en CD et disponible en streaming légal sur Spotify. Pour ceux qui ne connaissent pas le principe, MTV, célèbre chaîne musicale, a instauré à la fin des années 80 des sessions acoustiques appelées « unplugged » (« débranché » en anglais) auxquelles se plieront nombre d’artistes prestigieux. La prestation la plus célèbre reste certainement la session de Nirvana dont est tiré la reprise de Bowie The Man Who Sold The World. Enterré pendant quelques années (sauf occasions spéciales), le concept revient officiellement sur les rails en 2009.
Chaque MTV Unplugged est l’occasion d’une scénographie inédite, avec des réarrangements de chansons travaillés, le tout souvent accompagné de quelques cordes. VAMPS ne dérogera pas à la règle en créant un atmosphère gothique à souhait collant à son image vampirique (mobilier inclus) et s’accompagnant d’un orchestre à cordes, de deux choristes dont la présence sera un plus indéniable, mais aussi de quelques guests de choix : la chanteuse Chara et Apocalyptica.
Du côté des arrangements, c’est Hiroki Horiko qui aura eu la lourde tâche d’adapter le répertoire de VAMPS, avec parfois quelques chansons qui piquent la curiosité tant leur choix peut paraître curieux : Jesus Christ, Sweet Vanilla, Devil Side… !? Après tout, c’est un MTV Unplugged, alors on peut s’attendre à tout !
Un résultat en demi-teinte
Avec de telles promesses, on s’attend forcément à déguster quelque chose de succulent et ENFIN à la hauteur du talent de VAMPS.
Le concert débute sur Samsara et My First Last, des évidences mais qui prennent ici toute leur ampleur. L’ambiance est installée, la chair de poule est là. L’enchaînement avec Jesus Christ et Sweet Vanilla aurait pu être mal venu, mais il n’en est rien tant le réarrangement de ces chansons est réussi. Le côté dramatique de Jesus Christ est exacerbé tandis que Sweet Vanilla avec ses airs arabisants devient beaucoup plus sexy.
On pourrait se dire que la réussite ne concerne que le répertoire ancien de Hyde, mais il n’en est rien : DAMNED et Vampire’s Love, deux titres issus du dernier opus du groupe, gagnent en maturité et se dévoilent sous un nouveau jour, faisant ainsi naître un intérêt nouveau.
Malgré tout, l’apogée du concert ne sera malheureusement pas issue de VAMPS, mais bien du catalogue de Hyde : FAITH. Ce bijou que l’on pensait imperfectible aura été joué avec une intensité rare, six minutes qui laisseraient presque bouche bée. Le show aurait d’ailleurs très bien pu se terminer sur cette note, c’était parfait.
Vous me direz donc : après cette avalanche d’éloge, pourquoi un résultat en demi-teinte ? Car si l’on choisit de prendre un peu de distance par rapport à ce live somme toute parfaitement mis en scène, quelques vices cachés apparaissent rapidement, et cela commence par le choix de la setlist. En effet, le début du concert commence certes sur les chapeaux de roue, mais le tout s’essouffle vite et certaines réinterprétations sont douteuses, comme Devil Side (un flop total) ou Sin in Justice qui perd toute sa puissance malgré la présence d’Apocalyptica. De même, si la voix de Chara reste toujours aussi envoûtante, la reprise de son tube ミルク [Milk] avec Hyde reste anecdotique. Bref, les « surprises » de ce MTV Unplugged sont globalement décevantes.
De même, le choix des chansons ainsi que la longueur de la setlist n’étaient pas vraiment ambitieux, et puisque le groupe était d’humeur à jouer d’anciens morceaux, quid de Roentgen, le premier album de Hyde, dont les compositions se seraient parfaitement inscrites dans ce cadre ? La raison est simple et politique : K.A.Z, guitariste et pendant de Hyde avec VAMPS ne l’avait pas encore rejoint à l’époque [K.A.Z ayant commencé à travailler avec Hyde à partir de 666, puis plus activement avec FAITH, NDLR]. Un beau gâchis que de laisser ces magnifiques chansons au placard, et quel dommage, aussi, de constater qu’au final ce sont les compositions de HYDE et non de VAMPS qui dominent tout le show.
Enfin, et c’est peut-être le point le plus dérangeant de toute cette prestation : la voix de Hyde. Totalement surjouée, poussée à l’extrême, le quadragénaire s’est débarrassé de toute nuance pour ne tailler que dans le vif. Un choix artistique légitime lorsqu’il s’agit du rock-métal de VAMPS, mais qui tombe à plat (et devient même perturbant) quand on a un réarrangement aussi fin que celui du MTV Unplugged. Subsiste alors la vision assez désagréable d’un gars gonflé d’orgueil venu s’exhiber sur son superbe trône, arborant des positions plutôt étranges qui limitent le potentiel vocal au profit de « la pose ».
Aussi, après plusieurs écoutes, c’est la déception qui prédomine : ce qui aurait pu être un live grandiose ne passera finalement pas à la postérité. Encore une fois, VAMPS passe à côté de quelque chose… il s’en est fallu de peu pour que le duo transforme l’essai ! Mais rassurez-vous, nous faisons un peu les fines bouches car après tout, peu de groupes japonais peuvent se targuer d’avoir enregistré un MTV Unplugged, et plus globalement, peu de prestations au sein de cette institution ont été aussi travaillée, tant sur le plan esthétique que musical. Rien que cet l’effort, cette prestation vaut la peine que vous y jetiez non pas une, mais deux oreilles !
Crédit : barks.co.jp
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