[Littérature] Une valise japonaise pour vos vacances !
Comme chaque année, Journal du Japon vous propose une petite sélection : romans, essai, livre pour enfants à emporter dans votre valise pour des vacances japonaises.
Un roman déjanté qui narre les aventures d’une geisha de Melun et d’un samouraï de Saint-Brieuc.
Isabelle Artus signe un premier roman très drôle chez Flammarion et qui sera à coup sûr un best-seller des plages ! Tous les ingrédients sont en effet réunis : dépaysement, humour et AMOUR.
Le pitch est totalement improbable : Thad est un jeune breton (qui doit son prénom à l’amour de sa mère pour les livres de Paul-Loup Sulitzer) qui a passé son enfance à regarder à la télé la série Kung-Fu et des tonnes de westerns. Il n’aspire depuis qu’à devenir samouraï. Il a enchaîné des petits boulots de « mercenaire » pas très recommandable pour des yakuzas au Japon. Pamela est une jeune femme de Melun-Sénart (qui doit son prénom à une mère fan de Dallas). Elle, c’est de Yoko Tsuno et de Mémoires d’une geisha qu’elle tient sa vocation : devenir une geisha accomplie ! Cela passe d’abord par le restaurant Yakitori (où elle sert les clients vêtue d’un kimono et maquillée de façon appliquée). C’est là qu’elle rencontre le Docteur Atsura qui lui apprend les bases de la culture japonaise (et d’autres choses moins avouables), et l’embauche dans sa petite boutique parisienne de bonsaïs.
Thad découvre donc cette belle geisha de Melun dans sa minuscule boutique. Le coup de foudre, la vie à deux … puis un jour Thad disparaît. Pamela décide alors de partir pour le Japon à la recherche de son beau samouraï…
Commence alors un parcours initiatique différent pour l’un et pour l’autre :
– Thad retrouve à Osaka et Kyôto son ami Nobu (un grand costaud de Sapporo avec lequel il a travaillé pour les yakuzas). Puis il part pour Sapporo à la recherche d’un apaisement, d’une paix intérieure. Il s’immerge dans ce paysage glacial et s’entraîne dans les dôjos où il pratique le kendô … puis arrive dans un temple au Nord-Est de Honshu parmi les moines.
– Pamela quant à elle, après s’être perdue dans Tokyo, trop grande pour elle, arrive à Kyoto où elle apprend à devenir une véritable geisha dans une okiya (maison traditionnelle où elle est logée). Un long apprentissage commence : savoir ouvrir les portes, marcher sur le tatami, saluer, servir le thé …
Thad et Pamela font tout pour trouver leur voie, mais leur amour ne s’efface pas aussi facilement. Entre doute et résignation, entre tristesse et envie d’avancer, le parcours sera pour chacun un véritable voyage initiatique.
Le livre n’est pas une simple petite histoire d’amour, c’est un mélange savamment dosé entre anecdotes rigolotes et vraie expérience du Japon… Sans oublier un humour décapant avec des titres de chapitres hilarants (« De l’influence de Matthieu Ricard sur la croissance des bonsaïs« , « Où l’on apprend que Richard Chamberlain est plus crédible dans Les Oiseaux se cachent pour mourir que dans Shogun« ), des apparitions surréalistes (Maître Po de la série Kung-Fu pour Thad sur la plage à Sapporo, les parents de Pamela lorsqu’elle est sur son futon à Kyôto).
Un très bon moment de lecture à savourer à la plage, à la campagne, à la montagne … ou dans le bus ou le métro !
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Une succession de disparitions et meurtres à huis clos pour une montée en puissance de l’angoisse : un polar brillant !
La toute nouvelle maison des éditions d’Est en Ouest, qui se consacre à la littérature japonaise contemporaine, fait découvrir aux lecteurs français un polar très prenant, avec un scénario très bien ficelé. À partir du classique meurtre à huis clos (avec toutes les ouvertures de la pièce ou de la maison fermées de l’intérieur), l’auteur déroule une succession d’événements inquiétants au cœur de Kyoto parmi un groupe d’amis, qui se connaissent depuis le lycée pour certains et l’université pour d’autres.
Il y a la fascinante Reiko, 37 ans, artiste renommée, mère de deux jumeaux adolescents : un garçon muet qu’elle adore, et une fille rondelette qu’elle déteste et à laquelle elle parle de façon très cruelle. Il y a Asami, son amie des Beaux-Arts, qui est designer un peu en galère, obligée de retourner vivre dans sa famille, très gentille, à l’écoute des malheurs des autres. Ichiyô quant à lui tient un restaurant italien et a converti son amour pour l’art en amour pour la cuisine. Et il y a la pauvre Yuka, amie de lycée d’Asami, dont le mari a mystérieusement disparu cinq ans plus tôt : pas de corps retrouvé dans la maison, mais une bouteille de vin, un verre et du cyanure de potassium, et toutes les ouvertures fermées de l’intérieur. Depuis, elle traîne ses angoisses et ses pleurs et les partage avec la gentille Asami.
Le livre démarre dans une galerie d’art où Reiko expose ses créations, dont son oeuvre phare « Oyez le requiem« , montrant un squelette assis sur une chaise et tenant un étrange drapeau aux symboles énigmatiques. Lorsque Yuka aperçoit cette oeuvre, elle se met à hurler à Reiko : « Rends-moi mon mari !« .
Le doute est créé : quel lien unit Reiko à ce mari disparu ? Asami commence à réfléchir, à enquêter. Entre Reiko qui s’enferme des heures dans son atelier et y consomme des substances hallucinogènes pour trouver l’inspiration, sa fille qui mange pour compenser le manque d’affection de sa mère mais se révèle très intelligente dans son analyse des événements, son fils qui joue des heures au shôgi avec le restaurateur (qui semble cacher une profonde blessure amoureuse), Yuka qui reçoit des coups de fil anonymes en pleine nuit … la tâche s’avère ardue pour la courageuse Asami. Et la police est bien ennuyée avec tous ces événements étranges qui se succèdent ! Les suspects sont interrogés, les alibis sont solides.
Le tout est servi par une plume précise, remarquablement traduite. L’atmosphère des petites rues de Kyoto est palpable : petites rues, antiquaires, restaurants, le quartier devient familier au lecteur qui déambule entre les différents lieux. Les caractères des personnages sont très bien brossés. Et la montée en puissance de l’angoisse est très bien dosée. Ajoutez à cela une pincée d’exotisme (le symbole sur le drapeau du squelette, avec des lettres grecques, un ancien blason … et une artiste peintre qui se rend régulièrement à Paris) et vous avez le polar parfait pour vos vacances !
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Un été avec les écrivains japonais …
Diane du Margerie aime le Japon et ses écrivains qu’elle offre dans un éventail grand ouvert, aux éditions Philippe Rey. Entre les femmes qui écrivent pour conjurer leurs angoisses, la folie d’AKUTAGAWA, la poétique du passé de KAWABATA et la solitude créatrice des moines errants, c’est un véritable tableau impressionniste de la littérature japonaise qui se dévoile sous les yeux émerveillés du lecteur. Aucun genre n’est oublié : le Dit du Genji, mais aussi les romans policiers d’Edogawa RANPO, le théâtre Nô, et même la très belle correspondance entre KAWABATA et MISHIMA.
Cette promenade avec les écrivains permet d’aborder des thèmes aussi divers que la mort, la folie, l’amitié, le désespoir, l’érotisme, la place de la mère. Un mélange subtile et équilibré entre littérature et sociologie. C’est un voyage au cœur de l’âme nipponne que permet cette analyse à la fois brillante et tout en finesse. L’auteur connaît très bien son sujet mais fait preuve de beaucoup de délicatesse lorsqu’elle livre les œuvres au regard du lecteur. Que celui-ci soit un grand connaisseur de la littérature japonaise ou un novice curieux de la découvrir, ce cheminement fera naître des envies de lecture ou de relecture.
C’est aussi un peu l’auteur qui se livre dans le chapitre Herbes (Rêveries à l’ombre de Natsume Sôseki) dans lequel « elle » s’identifie en rêve aux femmes de Cour de la période Heian… Des pages magnifiques gorgées de poésie, parsemées de haïkus.
« Le temps passe, confond les durées.
Elle s’identifie de plus en plus aux femmes de l’époque Heian qui attendaient le retour de l’aimé derrière leurs cloisons coulissantes. Plus que jamais, elle se mêle en pensée à ces femmes qui dissimulaient leur passion derrière leur éventail et leurs kimonos couleur d’aster couvrant une tunique cramoisie – kimonos traînant à terre avec le bruissement inimitable du tissu qui épouse le sol autour de pas que l’attente précipite ou la pudeur retient.«
Enveloppé de littérature, le lecteur se sent incroyablement bien, entouré d’auteurs amis, vivants, avec leurs failles et leurs rêves.
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Pour les plus petits, le voyage du soleil en aquarelles
Aux éditions Marcel & Joachim, voici un très beau livre, délicat et précieux, aux douces aquarelles, qui font voyager le jeune lecteur au fil de la journée. Car le petit rond qui démarre son voyage au début du livre (un beau rond bleu au milieu d’autres petites taches bleues, passant ensuite entre les collines, caressant les brins de lavande) n’est autre que le soleil, cet astre qui nous accompagne du matin jusqu’au soir en changeant de couleur.
La poésie est présente à la fois dans les textes de Géraldine Renault et dans les illustrations de Naomi KATSU. Ainsi lorsque Petit Rond croise un ruisseau : « Qu’il est doux le murmure du ruisseau. Petit Rond sent l’eau fraîche lui mordre la joue. Plein d’entrain, il monte alors encore plus haut !« . Le soleil devient alors rose bonbon et le ruisseau une succession de traits et pointillés bleus.
Les illustrations sont d’une légèreté touchante, les couleurs se diluent subtilement dans l’eau, créant des profondeurs, des superpositions, des volumes, des ombres. Les dessins réduits à leur plus simple expression (les oiseaux en une boucle, l’arbre en une tache verte, la mer en un rectangle bleu) parleront aux plus petits.
Le jeu consistera à faire deviner au jeune lecteur : « Qui est Petit Rond ? » … et l’enfant de deviner, émerveillé : « Mais c’est le soleil !!!« .
Un pur bonheur à mettre dans la valise pour voir le soleil des vacances différemment : des pages comme des haïkus peints avec les couleurs de la nature et l’eau d’une rivière …
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Voyage, polar, mots, poésie et amusement, vous avez maintenant tout ce qu’il faut pour remplir vos valises… Ou vos weekend en terrasse ! Bon été littéraire à toutes et tous !
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[…] est la période idéale pour les lectures, les jeux, les découvertes. Comme l’an dernier, Journal du Japon vous propose différents livres qui combleront vos envies de découvertes pour […]