Kaidan-eiga : l’arrivée des spectres nippon sur grand écran !
Le kaidan-eiga – ou le film de fantôme japonais – est tiré d’une ancienne tradition nipponne des légendes de revenants. Si le succès de ces contes a refait surface depuis la sortie de Ring de Hideo NAKATA en 1998, ils sont néanmoins présents dans l’histoire japonaise depuis bien longtemps. De Nobuo NAKAGAWA dont les œuvres illustrent une vision du surnaturel propre au Japon (Horreur à Tôkaidô en 1959) à l’envoûtant Les contes de la lune vague après la pluie du maître Kenji MIZOGUCHI, en passant bien sûr par Masaki KOBAYASHI dont le film Kwaïdan est un chef-d’œuvre du cinéma de kaidan classique, il y a tout un univers à découvrir !
Journal Du Japon vous propose aujourd’hui le début de cette belle histoire d’amour entre les spectres nippon et le 7e art…
Naissance du cinéma de Kaidan
Au XXe siècle, les films d’horreur japonais avaient un style très distinctif ; un rythme particulier, voire lent, accompagné d’une terreur silencieuse, et très souvent tirés d’anciens contes traditionnels japonais. Ces histoires célèbres – appelées kaidan – ont inspirées le cinéma nippon et fait évoluer ce genre en incluant de plus en plus de violence.
Ces productions cinématographiques peuvent être considérées comme des drames surnaturels, à genre fantastique. Le ton silencieux et fantomatique des Contes de la lune vague après la pluie (Ugetsu Monogatari, 1953) – considéré par plus d’un comme le tout premier kaidan-eiga du Japon – ainsi que son influent compagnon Kwaïdan (1964) – ont annoncé la renaissance des contes de fantômes japonais, que l’on a vu débarquer dans les années 90 chez nous.
Du côté du quartier de Yotsuya…
Le tout premier kaidan à avoir vu le jour au cinéma est celui d’Oiwa-san : Tokaidô Yotsuya Kaidan. Cet art tout nouveau est arrivé au Japon en 1897, et les nippons n’y voyaient qu’une nouvelle forme de théâtre. C’est pour cela que les premiers films japonais se résument à l’adaptation de pièces de kabuki. C’est dans les années 1910 qu’ils commencent la production de films inspirés d’anciens contes fantastiques japonais.
L’Histoire d’Oiwa-san est sûrement le kaidan le plus célèbre du Japon et le plus repris de l’histoire du cinéma. On compte environ 11 films entre 1928 et 1994, et d’autres s’ensuivent encore ! Toutes les versions cinématographiques de ce conte racontent le même kaidan mais varient les thèmes : du drame psychologique à la violence, jusqu’à la comédie. La première version notable de ce conte est Le fantôme d’Oiwa (Yotsuya Kaidan) – en 2 parties – réalisé par Keisuke KINOSHITA en 1949. Cette version particulière est un drame. Il enlève les éléments surnaturels du kaidan original, et est transformé en conte à morale à propos de la loyauté et de la fidélité. Le réalisateur présente Oiwa comme un élément de la culpabilité de Iemon, sous la forme d’hallucinations. Dans cette histoire Iemon et Oiwa sont mari et femme, mais Iemon meurt d’envie de s’échapper de ce mariage, et va comploter pour se débarrasser d’elle. Cette version privilégie la vie des personnages, leur situation, leur comportement, au détriment du fantastique qui n’est pas du tout le sujet.
Il faut savoir qu’à cette période, le Japon avait perdu la Seconde Guerre mondiale et était occupé par l’armée américaine de 1945 à 1952. Le général MacArthur réforma le cinéma japonais et donna une liste de points interdisant de nombreux sujets à la japonaise comme l’idée du suicide ou encore l’éloge de la loyauté envers l’Empereur, la violence envers les épouses, mais aussi l’admiration de la cruauté, parmi tant d’autres. Néanmoins il favorisa de nombreux autres thèmes, comme montrer les Japonais dévoués à la construction d’une nation pacifique, les soldats en cours de réadaptation civile, les problèmes de l’après-guerre… C’est à cette période que cette version du kaidan d’Oiwa – ne possédant pas d’éléments de violence ni de surnaturel – vit le jour. Cette occupation prenant fin en 1952, les Japonais annulèrent les interdictions promues par les Américains, et reprirent les tournages de plus belle. S’ensuivit le 2ème Age d’Or du cinéma japonais (1er Age d’Or en 1936).
L’adaptation du conte d’Oiwa qui connu le plus de succès est né dans cet Age d’Or. Nobuo NAKAGAWA réalisa en 1959 : Horreur à Tôkaidô (Tokaido Yotsuya Kaidan). Considéré comme le pionnier du kaidan-eiga, le « Hitchcock Japonais », son film est souvent considéré comme un chef-d’œuvre du genre kaidan. Ici, le fil conducteur est le même que dans le conte, et le spectre d’Iwa est bien réel. L’histoire d’Iemon un samouraï pauvre, qui – lorsque le père de la belle Iwa refuse de lui donner la main de sa fille – complote pour le meurtre de celui-ci. Cette version est beaucoup plus violente que les précédentes, et NAKAGAWA – connu pour aimer donner des véracités historiques dans ses films – revient sur les bases du cinéma japonais avec ce conte classique. Au contraire des films de KINOSHITA, Nobuo NAKAGAWA excelle ici sur le plan des effets spéciaux.
Si dans la version de NAKAGAWA, Iemon est le pire vilain possible, la même année sort une comédie sur Oiwa : Le fantôme d’Oiwa, de Kenji MISUMI, qui nous montre Iemon comme un homme bon qui n’aurait jamais fait de mal à une mouche. Le réalisateur va même jusqu’à donner à Oiwa une forme spectrale particulière… Ici Iemon n’est pas l’auteur du crime, il est la victime des personnes qui le préparent.
Pour terminer sur le conte d’Oiwa, il faut savoir qu’il s’agit là d’une histoire partiellement vraie. Iemon et Oiwa ont existé. Ils ne portaient pas les mêmes noms, et l’histoire ne s’est peut-être déroulée de la même manière que dans le conte, mais Tsuruya NANBOKU – auteur originel de l’histoire en 1897 – s’est inspirés de faits réels pour écrire sa pièce de kabuki. Il est même possible de visiter la tombe où Oiwa est supposée être enterrée – morte le 22 février 1636 – à Tôkyô au temple Myôgyoji. Les réalisateurs de kaidan-eiga ont un rituel qui consiste à aller y prier pour calmer l’esprit en colère de la jeune femme afin qu’ils puissent tourner leurs films sans avoir la menace du spectre planer au-dessus de leur tête.
Le songe d’une nuit embrumée…
Le célèbre auteur Akinari UEDA publia en 1776 le recueil de kaidan intitulé Contes de pluie et de lune (Ugetsu Monogatari), dont le réalisateur Kenji MIZOGUCHI s’inspira pour son film : Les contes de la lune vague après la pluie en 1953 (Ugetsu Monogatari), devenu un grand classique du cinéma japonais. Par « ugetsu« (雨月) signifiant littéralement « pluie et lune », l’auteur fait allusion à un temps très particulier pour les Japonais : quand la pluie cesse et que le calme revient, à l’instant où la lune se couvre de brume, naît une ambiance idéale pour l’apparition de spectres et de démons. Dans ces contes tous les revenants ne sont pas mauvais. Pour certains ils apparaissent aux vivants afin de raconter leur histoire pour ensuite disparaître brutalement. Le recueil d’UEDA est composé de 9 contes fantastiques. Toutes les variétés de fantômes y sont représentés, et cette œuvre est considérée comme le travail le plus important du XVIIIe siècle au Japon.
Si le recueil vous attire, vous pourrez le trouver par là, car ici nous allons seulement présenter les kaidan qui ont principalement inspirés le film. Les contes en question sont : La maison dans les roseaux (Asaji ga Yado) et L’impure passion d’un serpent (Jasei no In). La première raconte l’histoire d’un homme – Katsushiro – de condition modeste qui part de sa maison avec un marchand d’étoffe afin de tenter de faire fortune en ville. Lorsqu’il revient – après des années d’absence – sa femme l’attendait toujours. Mais ce n’est qu’au petit matin qu’il se rend compte qu’elle n’était qu’un esprit… La seconde, c’est l’histoire de Toyô, le fils d’un pêcheur n’ayant aucun don pratique mais plutôt plutôt doué pour les lettres. C’est par un jour de pluie, qu’il se réfugie dans la cabane d’un pêcheur qui voit bientôt débarquer une belle et mystérieuse jeune femme nommée Manago. Tombée sous le charme de celle-ci, il va lui prêter son parapluie…
Le film Les contes de la lune vague après la pluie est donc un petit mélange de ces deux kaidan et raconte l’histoire de Genjurô un potier qui, partit à la ville vendre ses créations, croise le regard de la belle Dame Wakasa. Il en tombe amoureux et commence à passer de plus en plus de temps avec elle dans sa riche demeure. Négligeant sa femme et son fils, il va vite déchanter lorsqu’un moine lui annonce que la femme qu’il aime est une créature…
Dans certains de ses films, MIZOGUCHI traite de sujets en particulier comme le statut des femmes japonaises dans la société de cette époque. Il aime parler de leurs différences avec les hommes et les relations complexes qu’elles entretiennent avec l’amour. Les contes de la lune vague après la pluie, est un parfait exemple de ces thèmes chers à MIZOGUCHI. Ce qui intéressait le réalisateur dans ce film, c’était de faire le parallèle entre Dame Wakasa et l’épouse de Genjurô, autant égales qu’opposées. Sorti directement au début de second Age d’Or du cinéma japonais, c’est juste après la guerre qu’il eut un intérêt prononcé pour le traditionnel. C’est ce qui l’a entraîné à réaliser des jidaigeki (genre historique) alors qu’il n’en faisait que très peu auparavant. Il pensait que le genre était usé, et désirait le dépoussiérer afin de le remettre à neuf. C’est un film dont le fond est une complainte moralisatrice illustrant une humanité pervertie par la guerre.
La mère de Sadako
Le Manoir aux Assiettes a été adapté aussi plusieurs fois et sous différentes formes, dont la plus célèbre : Ring (Ringu) de Hideo NAKATA en 1998. Dans les kaidan-eiga classique le film le plus accessible, est Ghost in the Well (Kaidan Banchô Sara-Yashiki) réalisé en 1957 par Toshikazu KONO. Dans ce film, le spectre d’Okiku ne revient pas dans le but de se venger. Harima tombe amoureux d’Okiku une servante du manoir Banchô. Ils ne peuvent pas se marier à cause du statut de la jeune femme. Okiku casse accidentellement un plat de porcelaine d’une valeur inestimable, et Harima en colère blesse Okiku et elle tombe dans le puits du château…
Au Japon, la couleur n’arrive au cinéma qu’en 1951. Cependant Toshikazu KONO à choisi de réaliser son film en noir et blanc en 1957, alors que la couleur était déjà bien implantée, pour donner une atmosphère que seuls les films de l’époque sans couleurs arrivaient à dégager. Comme les premières productions, il en fait un film aux valeurs traditionnelles japonaises, genre prohibé pendant l’occupation américaine.
Tout comme Oiwa, Okiku a probablement existé. C’est dans la région du Kansai – dont la ville principale est Kobe – que se trouve le trésor culturel du Japon : le château Himeji, inscrit au patrimoine culturel de l’UNESCO en 1993. Ce bâtiment serait en fait le manoir Banchô du kaidan en question. La légende raconte qu’une jeune servante du château nommée Okiku, fut accusée injustement du vol d’une importante collection de porcelaines. Elle fut torturée à mort et jetée dans le puits à côté du château. On dit que l’on entendait ses pleurs fantomatique s’élever du puits, jusqu’à ce qu’un autel en son honneur soit érigé autour de celui-ci. Les alentours du puits sont souvent envahi de papillons machaon, dont on raconte qu’ils sont l’incarnation de la belle Okiku. A cet endroit on la vénère comme une divinité des scarabées, des chenilles et des papillons.
Quatre contes étranges et mystérieux…
Après Les contes de la lune vague après la pluie, il est tout aussi important de citer un autre classique du cinéma de kaidan japonais. Kwaïdan est un film à sketches (film composé de plusieurs courts-métrage sur un même thème) réalisé par Masaki KOBAYASHI en 1964, et est directement inspiré du recueil de conte éponyme de Lafcadio Hearn (par ici). Ce film relate quatre contes différents dont seulement deux viennent du recueil, mais en sont les plus célèbres : L’histoire de Hôichi le-sans-oreilles (Miminashi Hôichi no Banashi), et L’histoire de Yuki-Onna « la femme des neiges » (Yuki Onna). Les deux autres : Les cheveux noirs (Kurokami) et Dans une tasse de thé… (Chawa no Naka), ont été tirées d’autres œuvres de Lafcadio Hearn.
La différence majeure entre un kaidan-eiga et un film de fantôme comme on l’imagine en Occident, c’est qu’au Japon, le spectre n’est pas seulement une intrusion, mais il fait parti de l’ordre naturel des choses, qu’il soit en quête de vengeance ou qu’il cherche sa place dans l’univers. Les fantômes existent au Japon et les Japonais y croient. Le genre du kaidan-eiga est donc un genre très ancré dans la tradition japonaise. Si Masaki KOBAYASHI a réalisé Kwaïdan, c’est dans le même but que celui de Lafcadio Hearn lorsqu’il a écrit Kwaidan. Lafcadio Hearn romanisa le mot Kaidan en Kwaïdan pour le public occidental. KOBAYASHI réalise Kwaïdan en 1964 et s’adresse à un public encore non familiarisé à ce genre. Son but est atteint car il remporte le Prix du Jury au Festival de Cannes en 1965.
C’est un film où le spectateur est mis dans l’ambiance très particulière du film dès le générique où des filets d’encres de couleurs se déploient dans l’eau au son de lentes percussions. Kwaïdan n’est pas vraiment un film d’horreur, c’est un film de fantôme à l’ancienne. A l’époque où les films de spectres donnaient des ambiances obsédantes et non effrayantes. Cette atmosphère lente et hypnotique donne à ce film un caractère propre qui hante le spectateur bien après la dernière image du film.
Les cheveux noirs, est la première histoire du film Kwaïdan et concentre l’effet de terreur vers les longs cheveux noirs du spectre. Ces cheveux noirs est un attribut important chez les yûrei, thème utilisé à outrance dans le kaidan-eiga contemporain. Ce conte raconte qu’un samouraï fuyant lâchement sa pauvreté, abandonne sa femme pour se mettre au service d’un riche seigneur dont il épouse la fille. Pris par la culpabilité, il retourne quelques années plus tard dans les ruines de sa maison où sa femme l’attendait depuis si longtemps. Ce n’est qu’au petit matin qu’il se réveille aux côtés du cadavre de son épouse… Plus que par un spectre, le héros est hanté par sa propre culpabilité, ainsi le fantôme lui apparaît comme un hallucination…
On retrouve ensuite Yuki-Onna ou La femme des neiges. Un vieux bûcheron et son apprenti se font surprendre par une tempête de neige en montagne. Sur le point de mourir de froid, l’esprit de la femme des neiges apparaît dans le but d’aspirer leur énergie vitale. Le réalisateur Akira KUROSAWA, dans son film Rêves (Yûme, 1990), revisite à travers ses propres rêves l’esprit de Yuki-Onna dans une scène incroyable. Les adaptations cinématographique de ce kaidan reprennent souvent le même fil conducteur de l’histoire d’origine. Dans Kwaidan, Masaki KOBAYASHI met en scène Yuki-Onna à la manière d’une pièce de théâtre Nô. Le visage blafard et le long kimono blanc, ainsi qu’une démarche lente et étrange, nous rappelle les attributs typiques des acteurs du Nô. Les tons glacés des couleurs, et le souffle de la tempête de neige que l’on entend en fond sonore tout le long de l’histoire, est là pour renforcer l’atmosphère pesante, glacée, qui nous fait nous sentir bien sous la couette en ces froides soirées d’hiver.
L’histoire de Hôichi le-sans-oreilles, dépeint l’épopée historique de la bataille de Dan no Ura dans le Heike Monogatari – cité dans l’article précédent – racontée à travers la voix d’un jeune moine aveugle joueur de biwa : Hôichi. Celui-ci parcours le Japon afin de conter la fantastique bataille de Dan no Ura. Puis il est accueilli chez un moine bouddhiste, chez qui il finit par rester. Mais son succès est tel, qu’une nuit, les spectres du clan des Heike tombés à cette bataille, appréciant l’histoire d’Hôichi, envoient le spectre d’un samouraï le chercher… La beauté dans cette histoire réside dans la mise en scène type kabuki qui se dégage de l’introduction. Elle commence sur la narration du moine Hôichi déclamant l’épopée des Heike en fond sonore. A l’écran défile les scènes de ce qu’il raconte : la bataille navale faisant rage dans le détroit de Shimonoseki, et les Heike tentant désespérément de protéger le jeune empereur. Les tons vifs des couleurs des décors peints – des estampes sont même utilisées – et les mouvements rapide décrivant cette guerre entre les deux clans, ainsi que la manière exagérée des acteurs de jouer la scène, sont représentatifs du kabuki. Ici le rythme est plus engagé que dans l’histoire précédente sur Yuki-Onna qui, plus lent et froid, correspondait au nô : rival et contraire du kabuki.
Moines aveugles, à la fois narrateurs, chanteurs et joueurs de luth biwa, les biwa hôshi contaient des récits qui dépeignaient les légendes des grandes familles de guerriers, comme celui du Dit des Heike (Heike Monogatari). Le chant des moines biwa, est tout un art de la déclamation et naît à la fin du XIIe siècle. Il se dégage de ces représentations une puissance rare et incroyable. L’artiste de la maison impériale Tsuruta KINSHI et sa disciple – Junko UEDA – redonnent à cette légende son succès d’origine grâce à leur talent incontestable.
La dernière et la plus fascinante : Dans une tasse de thé… . Ce qui est aussi intéressant dans ce film, ce sont les transitions, et surtout celle qui passe de l’Histoire d’Hôichi à Dans une tasse de thé… . La fin d’Hôichi se termine en nous montrant ce que devient le jeune moine après son aventure, concluant le conte d’une fin. La transition nous montre la capitale Edo de l’époque, avec des scènes de la vie de tous les jours, et la caméra entre dans une maison. Le narrateur continue son histoire en introduisant ainsi le thème des contes inachevés, et la caméra se porte sur un écrivain rapportant une histoire dans un rouleau. Il s’interroge sur pourquoi les auteurs avaient tendance à laisser certains contes sans fin, donnant une impression de frustration au lecteur. Dans une tasse de thé…, raconte l’histoire d’un jeune wakado (écuyer du samouraï) qui s’arrête dans une maison de thé avec son seigneur et sa suite afin de se reposer. Le wakado assoiffé se sert une tasse de thé, et au moment où il la porte à ses lèvres, aperçoit le beau visage d’un jeune homme s’y reflétant, visage n’étant pas le sien. L’apparition se présente – Shikibu HEINAI – et se moque un peu de lui. Pour le faire disparaître il boit la tasse de thé, regrettant de suite son geste se demandant s’il n’a pas avalé un fantôme… Avec des histoires inachevées l’auteur permet au lecteur ou au spectateur d’inventer la fin qu’il désire. Lafcadio Hearn ne s’y est pas risqué car sa vision d’occidental n’aurait pas été satisfaisante selon lui, c’est aussi ce qu’a fait Masaki KOBAYASHI.
Les 3 premiers kaidan du film ont été sélectionnés grâce à leur popularité, et si KOBAYASHI a choisi de mettre en dernier Dans une tasse de thé…, c’est parce qu’il s’agit d’un conte qui n’a pas de fin, ce qui est parfait pour un film sans fil conducteur. C’est pour signifier que son long-métrage ne peut pas avoir de conclusion étant donné qu’il ne s’agit pas d’un film avec une seule et même histoire, mais 4 et qui n’ont rien à voir entre elles.
Kwaïdan est en quelque sorte une plongée dans une beauté visuelle d’un monde fantastique insoupçonné. C’est une sorte de pont permettant au spectateur occidental de pénétrer le monde du cinéma fantastique japonais…
Les réalisateurs nippons ont su construire leur réputation petit à petit grâce à leurs adaptations cinématographiques des légendes et des histoires de revenants japonais. Histoires à la fois inquiétantes et bouleversantes, l’atmosphère des kaidan classiques dégage une sensation étrange, tout en évoluant dans un univers fantastique, onirique et effrayant… Avec son Ring Hideo NAKATA emprunte encore – avec les yûrei – des kaidan déjà exploités par le passé et mélange les traditions du kaidan-eiga classique avec les légendes urbaines japonaises. Le spectre terrifiant de Sadako influença énormément l’évolution du cinéma contemporain d’horreur japonais et un nouveau genre cinématographique vit le jour : « J-Horror », qui devint ainsi un sous-genre de l’Horreur elle-même. Avec son atmosphère froide et oppressante si particulière, la terreur psychologique et la tension dramatique, nous inspirent de l’effroi et des cauchemars de créatures insoupçonnées… Mais c’est encore un autre univers à découvrir !
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8 réponses
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