[Bilan Manga 2015] Edition : thématiques & nouveautés
Les chiffres sont parlants : l’année 2015 signe un vrai renouveau pour le monde du manga en France. Les ventes repartent donc légèrement à la hausse, mais au-delà des questions de quantité, qu’en est-il en termes d’offre et de contenu ? Journal du Japon a passé à la loupe les nouveautés 2015 présentes sur les étals de vos libraires… Place au décryptage !
Avec une moyenne de 150 sorties par mois, les mangas prennent pas mal de place sur la table des nouveautés, chez les librairies spécialisées. Et si, pour les professionnels du livre, cette production massive est un casse-tête à gérer à la fois en termes de place et de trésorerie, c’est aussi un défi pour leur clientèle ! Surtout que rien que pour les nouveautés 2015, on comptait plus de 400 titres… Que l’on soit fan incollable du genre ou lecteur occasionnel, il n’est donc pas toujours évident de s’y retrouver, et de savoir quoi acheter et quoi lire.
Chacun se fera ainsi sa shopping-list, soit en se fiant à son intuition et en fonction de critères personnels (auteur, nombre de tomes d’une série, graphismes, scénario, etc.), soit en suivant le bouche-à-oreille et les retours critiques de rédacteurs spécialisés. Mais chaque lecteur a ses thématiques favorites et n’accepte de se lancer dans les nouveautés qu’à certaines conditions… Comme nous allons le voir, les stratégies éditoriales sont donc nombreuses pour truster le top des ventes.
Edition : tendances et idées à suivre…
La mode des rééditions, coffrets et intégrales !
La tendance s’est profondément marquée en 2015, avec un pic un ou deux mois avant les fêtes de fin d’année : les éditeurs ont ainsi lancé beaucoup d’opérations pour remettre en avant certaines de leurs licences déjà acquises depuis un moment. Après tout, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures recettes !
Tout d’abord, étudions le cas de Kazé, qui a fait sa marque de fabrique des fameux « coffrets starter » regroupant les premiers tomes d’une série à prix réduit. Ainsi, l’année dernière, six titres ont pu bénéficier de cette opération : Blue Exorcist, Nisekoi – Amours, mensonges et yakuzas!, Terra Formars, Toriko, Kuroko’s basket et Haikyu !! – Les as du volley ball (on notera au passage que Nisekoi et Toriko ont aussi eu droit à des mini-coffrets en cours de parution).
A l’occasion de ses 5 ans en 2015, l’éditeur a également sorti une intégrale (Professeur Layton), six rééditions « ultimate » (Le jeu du chat et de la souris, Les enfants loups, All you need is kill, Ikigami, Rainbow, Happy Marriage) etcinq coffrets contenant l’intégrale des tomes des séries concernées (2nd Love, Night Café, Dear Brother!, Level E et Wallman).
Il y avait donc l’embarras du choix si vous cherchiez un joli cadeau de Noël !
Il faut comprendre que du point de vue stratégique, l’enjeu de ces opérations est triple : continuer à moindre frais à exploiter des licences lucratives ou qui peuvent encore être mieux rentabilisées, recruter de nouveaux lecteurs, et remettre en avant ces titres en librairies (les séries terminées ayant en effet tendance à disparaître au profit des nouveautés, faute de place et en raison du coût du stock).
Panini a bien intégré cette tactique, et nous a ainsi proposé pas moins de neuf rééditions en 2015 : Sennen no Yuki et Cat’s eye ont été réédités avec de nouvelles couvertures, Kare first love, Rockin Heaven, Saint Seiya episode G, Enfer & Paradis, Meru Puri, et Angel Heart – 1st Season ont eu droit à des volumes doubles, et Planetes est ressorti en un gros pavé intégral. L’éditeur en difficulté espère ainsi améliorer ses finances afin de pouvoir reprendre la publication des nombreuses séries qu’il a mises en pause… On lui souhaite d’y parvenir !
En moindre proportion, d’autres éditeurs ont également misé sur les rééditions de toutes sortes : Doki-Doki a proposé un coffret de Mr Nobody, Casterman a réédité un de ses Jirô TANIGUCHI, L’homme qui marche, et Kana a sorti une intégrale d’Une Vie Chinoise, des coffrets pour Le Sommet des Dieux et Kill la Kill, et un pack découverte pour Lesson of the Evil.
De son côté, Kurokawa, qui fêtait ses 10 ans en 2015, nous a agréablement surpris avec ses mangas collectors offerts (Soul Eater, Saint Seiya – The Lost Canvas ou Chocola et Vanilla) et a notamment ressorti le début des Petites Fraises.
Ki-oon, quant à lui, n’était pas en reste puisque l’éditeur a proposé un pack découverte de Dragon Quest – Emblem of Roto, offert une édition collector à Secret, et sorti trois coffrets d’intégrales pour ses séries fétiches Assassin’s Creed Awakening, Judge et King’s Game.
Enfin, tout comme Ki-oon qui a proposé Poison City à la fois en format poche et dans sa collection Latitudes, Glénat et Pika ont aussi misé sur des rééditions en grand format de leurs titres-phares, à savoir respectivement Chi et L’attaque des titans.
Avec toutes ces rééditions, qu’il s’agisse de volumes multiples, d’intégrales, ou de coffrets collectors, les lecteurs n’ont vraiment pas pu passer à côté de ces mangas en 2015. Mais les éditeurs n’avaient pas dit leur dernier mot, puisque pour le plus grand plaisir des fans, certaines licences ont eu droit à une mise en lumière toute particulière…
La déclinaison des licences les plus vendeuses
Les tops des ventes mensuel se suivent et se ressemble, et pour cause : certaines licences (des shônens en majorité) y trustent toutes les places. Sauf que les séries originelles ont un rythme de parution immuable au Japon, et qu’il est plus ou moins rapide selon les mangakas.
Alors, pour profiter à fond de la poule aux œufs d’or, les éditeurs français ont donc surfé sur la vague des spin-offs en tous genres de leurs auteurs bankables. Petit aperçu de l’offre 2015 sur la question…
Pour commencer, notons que Ki-oon a profité de la popularité de Pandora Hearts pour sortir l’artbook de la série, à l’instar de The art of Sun-Ken Rock chez Doki-Doki (un ouvrage réalisé spécialement pour le public français !).
De son côté, Kazé a sorti un one-shot et un guide-book sur sa série Toriko (Toriko & Autres histoires savoureuses et Toriko – Gourmet Hunters Book) et Kurokawa a continué à décliner la licence Pokemon avec une nouvelle série (X/Y) et un anime comics (Pokemon – Film 17 – Diancie et le cocon de l’annihilation).
Le plus gros reste cependant à venir, avec Pika notamment, qui a joué à fond la carte de l’exploitation de ses licences les plus porteuses : l’Attaque des titans s’est ainsi enrichi d’une édition colossale, d’un spin-off (Birth of Livaï), et d’un second guidebook baptisé Outside. L’auteur Tôru FUJISAWA doit également continuer d’être synonyme de bonnes ventes puisque en 2015, Pika a sorti GTO – Paradise Lost, Ino-Head Gargoyle (qui se déroulent dans l’univers de GTO), et Kamen Teacher Black (suite du manga du même nom), ainsi qu’une réédition de Tokkô.
Mais ce n’est pas tout puisque Pika a aussi sorti quatre titres autour de la licence Monster Hunter (Monster Hunter Epic, Monster Hunter Episodes, Monster Hunter Illustrations 2 et la nouvelle édition de Monster Hunter Orage) que nous avions abordé dans nos colonnes dans son volet jeu vidéo. L’éditeur a continué d’exploiter la licence Fairy Tail à coups de spin-off (Fairy Tail Blue Mistral) et roman (Fairy Tail – la Créature mystérieuse), tandis que Kana sortait en parallèle son magazine sur l’anime.
Kana justement, a également continué à décliner le succès de Naruto avec la sortie de deux romans (sur Jiraya et Sasuke) et d’un livre de coloriages, puis gâté les fans de Yana TOBOSO et de Takeshi OBATA avec la sortie de deux artbooks consacrés aux œuvres de ces auteurs.
Last but not least, Glénat a encore une fois misé sur Chi, une vie de chat avec un coffret roman et deux livres de coloriages (Viens zouer avec moi ! et Ze colorie !), et bien évidemment sur l’indétrônable One Piece, avec la sortie en 2015 de trois anime comics (L’épisode de Chopper, La malédiction de l’épée sacrée, One Piece Z), d’un quizz book et d’un roman (Logue Town), la série s’étant même payée le luxe d’une réédition en version kiosque.
Ce déluge n’est cependant pas fini puisque Bleach et Dragon Ball ont également eu droit à leur flopée d’animé comics (Bleach – The Diamond Dust Rebellion, Dragon Ball Z – Battle of gods et Dragon Ball Z – Cycle 6), 2015 étant d’ailleurs surtout l’année d’Akira TORIYAMA, fêtée avec la sortie de deux spin-offs issus de son œuvre : Jaco – The galactic Patrolman, dessiné de la main de l’auteur (tout comme Katsuraakira), et Dragon Ball SD, signé cette fois par Naho ÔISHI. Tout en couleurs et avec des dessins SD chibis (petits et déformés), ce dernier titre a pour but d’attirer un jeune public vers la licence Dragon Ball, et cet exemple illustre bien l’un des nouveaux enjeux pour les éditeurs français.
En effet, au-delà de leur volonté de rentabiliser leurs licences-phares par des rééditions et par l’exploitation de leurs dérivés afin de recruter de nouveaux lecteurs, une nouvelle dynamique s’est développée dans la conquête d’un public plus juvénile.
Les « kodomo » ou mangas pour enfants
L’éditeur nobi nobi !, dont la success story ne s’est pas démentie en 2015, s’est vraiment positionné comme un pionnier sur le secteur jeunesse & Japon. Avec vingt-cinq nouveautés sorties sur l’année, souvent plus proches des romans illustrés que des BDs à bulle, l’éditeur a alterné créations originales (Yosei – L’essence des fées, Le Mot qui arrêta la guerre), livres jeunesse (Mon corps et ses petits caprices, On fait tous caca, Petit camion rouge, Détective Popotin mène l’enquête, Où est mon étoile ?, Les moufles, Il y a du monde, Et hop la baleine, Le Pays de la nuit), titres destinés aux plus grands (Megaman ZX, Chroniques de Tindharia – La belle au chant dormant), adaptations de classiques (les trois versions de Alice au pays des Merveilles, Tom Sawyer, Cendrillon, Les Quatre filles du Docteur March, Le petit Chaperon Rouge, Roméo et Juliette, Sherlock Holmes), et aventures de nos petits animaux de compagnie (Ronrons petits chatons, Miaou ! Le quotidien de Moustic, Miaou ! Big-Boss le magnifique).
Les chatons, lapins et autres bestioles sont d’ailleurs un des thèmes forts des dernières nouveautés mangas, nous avions d’ailleurs consacré deux papiers sur la question l’an passé, sur les animaux et les mangas d’une manière générale puis sur les chats en particulier. Voyez également tout ce qui est sorti en 2015 : Kuro, un coeur de chat (Kana), Gokicha et Yako et Poko (Komikku), Choubi-Choubi – Mon chat tout petit et Globule – Une vie de lapin (Soleil Manga), ainsi que Le Journal des chats de Junji ITO chez Tonkam… De quoi faire plaisir aux petits comme aux grands !
Parmi ces publications destinées aux plus jeunes, on notera aussi certaines sorties chez Pika comme Baymax, B-Daman Crossfire ou encore Crystal Girls.
Si vous ne saviez pas quoi offrir à vos petits frères et sœurs, enfants ou neveux, voilà donc le plein d’idées pour vous !
Vous l’aurez deviné, l’objectif pour les éditeurs, au-delà de l’expansion de leur clientèle vers un plus jeune lectorat, est également d’assurer la transition avec la prochaine génération de lecteurs de mangas. Ce qui est plutôt sympathique et convivial, c’est que cela permet aussi de créer du lien entre les lecteurs de tout âge, qui peuvent se retrouver sur ce genre de titres, comme par exemple autour de Minuscule chez Komikku dont nous avions interviewé l’auteur au Salon du Livre en mars.
Parmi les éditeurs se mettant au kodomo, difficile également de ne pas remarquer au planning 2015 certaines des nouveautés coréennes de Clair de Lune avec Lettres au ciel de Pilou l’ourson, La Princesse de la cuisine, Roland Embley et le japonais Savez-vous où est ma chienne Muku ?. Des titres dont on a cependant peu entendu parler et qui sont passés un peu inaperçus en librairie comme dans la presse spécialisée… Il faut dire que l’éditeur a une communication minimaliste (quelques posts sporadiques sur un blogspot), ce qui n’aide pas à suivre leurs parutions.
L’effondrement du manhwa et l’essor timide du manhua
Éditeur auparavant prolifique de manhwa, Clair de Lune a malheureusement stoppé toutes ses publications coréennes et s’est essayé en 2015 à quelques mangas (Après tout nous sommes entre femmes, Averses turquoise), avant de ne plus donner de nouvelles de certains de ces titres-là non plus (Atagoul – La forêt des chats, Spica x2).
En matière de BDs coréennes, depuis la faillite de Kwari, la fin de la collection manhwa de Clair de Lune, et la disparition progressive de Booken (qui n’a sorti que deux titres en 2015, avec les suites d’Ares et The Breaker – new waves), il faut bien dire que ce secteur s’est complètement effondré.
Et quand on voit le nombre de maisons d’édition à s’y être cassés les dents (SeeBD : Tokebi, & Saphira, Samji, la collection Gochawon chez Soleil), on se demande si cette fois-là ne sera pas la dernière… L’ACBD confirme d’ailleurs cette tendance : selon eux, il n’y a eu que vingt-et-un manhwas publiés en 2015.
On peut en tout cas citer, parmi les rares nouveautés coréennes de 2015, Les naufragés chez Akata, ainsi que Jiseul et Archibald, pourfendeur de monstres chez Sarbacane.
L’ACBD dénombre par contre trente-trois manhuas en 2015 : la production chinoise semble donc revenir timidement sur le devant de la scène, et ce, surtout grâce à trois éditeurs.
Urban China nous a ainsi proposé pas moins de huit nouveautés en 2015 (La Bataille de Shanghai – 1937, Hong Kong Comics, Joker Danny, Légendes de Tarsylia, Mon étoile secrète, Petit canard blanc, Little Yu et Princesse vagabonde).
On a aussi pu dénombrer cinq nouveautés chez les éditions Fei (Douze princesses, Guo Lie le chasseur, Petit renard, Rêve dans le pavillon rouge, le Secret de la cascade) et trois chez Kotoji (Blood and steel, Comprendre la Chine en BD, That moment maybe).
Akata enfin (ils sont partout !) a sorti le manhua Mes années 80 en 2015.
Il faudra toutefois voir si la tendance se confirme en 2016 pour savoir si le manhua connaît un véritable essor, ancré sur la durée !
Des marchés de niche, mais toujours aussi présents : le yaoi et le hentaï
Pour combler les fans de romances gays, l’éditeur IDP avec sa collection Boy’s Love (disponible sur abonnement mensuel) continue de développer un modèle économique original où tout le monde semble trouver son compte, et a ainsi sorti pas moins de 64 nouveautés en 2015 (majoritairement des one-shots et des séries courtes).
10 Dance Vol.1 |
Double Call Vol.1 |
Mankai Darling Vol.1 |
Sleazebag and Bitch |
Amour dans un coin de campagne (l’) |
Drops of Tactics |
Maou lover VS Le prince |
Table des douceurs (la) |
Araignée vorace en haut des marches (l’) |
Fall in love with me – Coffret |
Mes étudiants, ces Yakuzas |
Tale of love – Lacking words |
Baiser au goût de mensonge (Un) Vol.1 |
Fall in love with me Vol.1 |
Mes Habitudes avec mon petit ami Vol.1 |
The 4th Guard – Coffret Vol.1 |
Best & Worst Service |
Fan |
Metropolitan Magic Academy Vol.1 |
The 4th Guard Vol.1 |
Blue Morning Vol.1 |
Glossy Love Typhoon |
Naive wolf & lamb |
The bitch cat can’t stand curiosity |
Can’t i hate you ? |
Greatest Common Divisor |
Only you, only |
The black cat falls in Love |
Choubi |
Homme fidèle pour un libertin (un) |
Parce que c’est l’essentiel |
The falcon hides his love |
Comment je me suis fait adopter |
How do you like cherry boy ? |
Physical Lesson |
The far side of first love |
Comment je suis devenu majordome |
It will be attacked if i walk |
Premier amour du Bad Boy ! (le) |
The Process of the Love Story By The Lazybones |
Comment prendre soin du fils prodigue ? |
Kiss & Loving |
Pure Fetishism |
The reason he works overtime |
Crying Kitty – Jeux dangereux |
Landlord and Prince |
Que veux tu manger demain ? |
The return of the prince |
Dans un coin de ciel nocturne |
Love GO GO ! |
Regards Volés |
Touch & Love |
Days of Mimura et Katagiri |
Love is… |
Saezuri Rule |
We kiss in 3 seconds |
Devant ses yeux |
Loveism |
Sen & Ichi’s story |
Wonderful life – Forever |
Double Call – Coffret Vol.1 |
Lunch with You ! |
Sentiments non-identifiés |
Yanchaka ! |
Taïfu de son côté a proposé en librairies ving-sept nouveautés, yaoi et hentai confondus – sachant qu’aucun nouveau yuri n’a débuté en 2015.
Bi no Kyoujin Vol.1 |
Liberté orgasmique |
Natural Bitch |
Big lolos |
Little by Little |
Only one |
Daddy please fall in love |
Love & peach |
Sex lover |
Double Tentation |
Love monster |
Sexcapade |
Dramatical Murder Vol.1 |
My Bodyguard |
Sexy housewife |
Growing love |
My number one Vol.1 |
Tentations obscènes |
Hide and seek Vol.1 |
My sexy teacher Vol.1 |
Treat me gently, please – Akira story |
Kuroneko – La dépendance |
My sweet sweet elder sister |
Under the blue sky |
Kuroneko – La passion Vol.1 |
Nar Kiss |
Ze – Kami no Hon |
Enfin, il n’y a eu qu’une seule nouveauté chez Asuka (Hybrid Child), tandis que Glénat s’est essayé au porno autobiographique avec Nude.
La tendance vintage et les « classiques » du manga
Parmi les secteurs de niche, deux éditeurs en particulier sont placés sur le créneau du vintage, la plupart de leurs sorties reflétant en effet cet esprit un peu rétro et nostalgique. Ainsi, Isan Manga a sorti en 2015 trois nouveautés : une version manga de Sherlock Holmes, mais aussi le très attendu Cutie Honey ainsi que Gwendoline, qui ont la particularité d’avoir été tous les deux adaptés en anime.
Les éditions Black Box ont elles aussi surfé sur la vague nostalgique de mangas ayant connu des adaptations télévisées, avec notamment Kimengumi – Le Collège Fou Fou Fou, réédité grâce à un financement participatif, mais aussi Cobra, the space pirate, Cosmoship Yamato ou encore Goldorak – les fans de Gô NAGAI ayant aussi eu la joie de pouvoir lire en français Devilman, Amon et La Divine comédie. L’éditeur, plutôt prolifique en 2015, a également sorti Cléopâtre, et dans un style différent Hurlements et Togari Shiro, ainsi qu’un Osamu TEZUKA : Mako, Rumi et Chii.
Sur le créneau du vintage, on a aussi remarqué en 2015 Cette ville te tuera chez Cornélius et Le Club des divorcés chez Kana, tandis que la collection vintage de Glénat rendait son dernier soupir avec l’arrêt prématuré de Cyborg 009.
Pas vraiment vintage et plutôt un des auteurs « classique » du manga en France, Jirô TANIGUCHI a vu deux de ses mangas encore inédits finalement traduits en 2015 : Ice Age Chronicle Of The Earth chez Kana et Elle s’appelait Tomoji chez Rue de sèvres. Parmi les classiques, on notera aussi la réédition de l’intégrale du Dictionnaire des YoKaï de Shigeru MIZUKI chez Pika.
Les éditions de manga adaptées aux lecteurs de BD franco-belge
Depuis les collections Ecritures chez Casterman et Latitudes chez Ki-oon, on avait senti un léger ralentissement dans cette tentative d’adapter les éditions habituelles pour conquérir un public néophyte des mangas (avec des ouvrages en grand format, une couverture cartonnée sans jaquette amovible, et un sens de lecture occidental).
Pourtant cette politique éditoriale semble avoir encore fait des émules puisque en 2015, Komikku a lancé sa collection Horizon, inaugurée par les sorties de Ritournelle et de La Photographe, avec le même genre d’édition grand format (et un prix à l’avenant, bien sûr).
Un peu dans le même esprit, mais dans une plus faible mesure, on a aussi remarqué que Pika avait choisi de rééditer Gon en sens de lecture occidental. Chez Kana, l’inclassable et atypique, Levius a lui surpris par ses graphismes particuliers et par son édition pensée par le mangaka pour le public européen, et s’est avéré des plus marquants à la lecture.
Est-ce que ces tentatives seront suffisamment efficaces pour populariser le manga auprès des lecteurs habitués aux codes de la BD franco-belge ? Le futur nous le dira, mais la manœuvre continue de diviser les lecteurs de manga habitués au format poche économique et au sens de lecture japonais…
Les thématiques 2015 : déjà-vu ou renouveau ?
Au-delà de ces tendances éditoriales bien identifiées, qu’en est-il du reste des autres titres, qui représentent le plus gros des nouveautés de 2015 ? Peut-on en dégager des thématiques déjà bien connues, ou y repérer des directions novatrices ? Voilà un tour d’horizon aussi complet que possible de la question !
Le retour des survival, titres défouloirs, gores ou WTF ?!
Commençons par une donnée attendue, le nombre toujours important de mangas du genre « survival », où (pour faire simple) un groupe d’individus doit tuer et s’entre-tuer pour survivre à une situation extrême.
Le genre continue de faire des petits depuis le classique Battle Royale, sorti il y a 12 ans déjà, et c’est donc sans surprise que l’on a pu découvrir en 2015 des titres comme Ladyboy vs Yakuzas – L’île du désespoir (Akata), Freak Island (Delcourt), Revenge Classroom (Doki Doki), King’s Game Origin (Ki-oon), Resident Evil – Heavenly Island (Kurokawa), Aphorism et Fortress of apocalypse (Pika) ou encore Kingdom Game (Tonkam).
Mais ce n’est pas tout puisque d’autres titres pleins d’une action jouissive et violente (voire gore), véritables odes à la catharsis pulsionnelle ou simples défouloirs, ont également pris d’assaut notre table des nouveautés 2015 : le scénario y est parfois élaboré, avec une intrigue à la limite du polar et du thriller, comme dans Magical Girl Site (Akata), Soloman (Doki Doki), Lesson of the Evil et Ninja Slayer (Kana), Secret (Ki-oon), Dilemma et Murder incarnation (Komikku), VS Earth (Kurokawa), Hito Kui (Panini).
Mais parfois, il s’agit de mangas juste bourrins, plus ou moins présentés comme tels : Le Geek, sa Blonde et l’Assassin (Akata), Illegal rare (Delcourt), Crueler than dead (Glénat), Free fight – Devils X Devil (Tonkam)… voire tendant vers l’absurde, l’horreur ou l’ero-guro : Mindgame (Imho), Eros X SF, La Maison aux insectes et Le Monstre au teint de rose (Le Lezard Noir).
Dans un cas comme dans l’autre, il est difficile de prédire la qualité des titres en question sans les essayer, donc il faudra vous faire votre propre avis à la lecture !
Les mangas d’action saupoudrés d’une bonne dose de fan-service
Bonne nouvelle, le nombre de titres de ce genre (qui semble conforter et alimenter à lui seul tous les clichés sur le manga) décline petit à petit au profit de séries un peu plus subtiles.
En dehors d’un titre sorti chez Doki-Doki (Lune de sang) et d’un autre chez Glénat (Love in the hell) – les couvertures parlent d’elles-mêmes… seuls Delcourt et son label Tonkam semblent donc avoir versé dans les séries B avec tendance au fan-service, avec My girlfriend is a fiction, The testament of sister new devil, Yamada Kun & the 7 witches ou encore Ex-Vita et Fire Fire Fire. Le cas de Pourquoi, Seiya Todoïn, 16 ans n’arrive pas à pécho ? semble par contre un peu plus compliqué, l’intérieur de l’ouvrage étant apparemment moins caricatural et grossier que ne le laisse penser le titre français.
On citera enfin Dans l’intimité de Marie chez Akata, totalement inclassable, mais qui joue le contre-pied de toute cette surdose de fan-service pour tenter de remettre en question et en perspective le quotidien féminin, à travers les yeux d’un homme dans le corps d’une jeune femme.
Heureusement, le marché du manga regorge de séries d’action ne faisant pas systématiquement appel au fan-service, et 2015 fut une année riche de ce côté-là !
Action, polar, thriller, fantastique : la richesse des genres
Il est toutefois rare que ces titres se rattachent à une seule et unique thématique, et nous allons le voir, la plupart des mangas d’action évoluent dans un univers teinté de fantastique, de fantasy ou de SF.
C’est ainsi le cas de certaines séries signées Doki Doki, entre le lumineux Asebi et les aventuriers du ciel, les aventures robotiques d’Orbitaria, et la dark fantasy de Wizard of the battlefield.
Discrètement passés sur les étals on peut aussi citer Arachnid et Valkyria Chronicles II chez Soleil, et Duel Masters Revolution chez Tonkam…
Komikku nous a également offert une flopée de titres parfois qui furent (trop ?) rapidement oubliés comme La Confrérie des lions blancs, Prisoner and paper plane ou Sorcière et Tenèbres, et d’autres nettement plus remarqués, comme Le Berceau des mers ou The Ancient Magus Bride dont l’auteur, présente à Japan Expo, nous avait accordé quelques instants pour répondre à nos questions sur son univers enchanteur et ses personnages.
On reconnaît d’ailleurs bien la patte et la ligne éditoriale de certains éditeurs selon leurs choix de licences sur une thématique commune, à travers un goût prononcé pour les super-héros par exemple qu’ils soient d’anthologie (Ultraman chez Kurokawa, Young Black Jack chez Panini) ou atypiques (Last Hero Inuyashiki chez Ki-oon).
On remarquera aussi que les bonnes vieilles licences ne meurent jamais : nous avons eu du Saint Seiya à toutes les sauces en 2015 : Saintia Shô chez Kurokawa, Episode G – Assassin chez Panini. Ce principe est aussi valable pour des auteurs phares au Japon comme en France : xxxHolic Rei et Tsubasa World Chronicle des CLAMP chez Pika, The Heroic Legend of Arslân de Hiromu ARAKAWA chez Kurokawa, Space Travelers de Kazue KATÔ chez Kazé. En parlant de l’auteure de Blue Exorcist, on peut rebondir avec Twin star exorcists sur le même thème, également sorti en 2015 chez Kazé et un manga qui lui-même évoque l’énigmatique magie noire : Saru chez Sarbacane…
C’est très net en tout cas, le fantastique était bien à l’honneur en 2015, avec également les dieux de Noragami chez Pika, les contractants de Darker than black chez Ki-oon et les figeurs de temps de Kokkoku chez Glénat. Néanmoins, autrefois très populaire, la thématique des vampires semble en légère perte de vitesse, puisque on ne retrouve que deux titres du genre, tous deux chez Kana : Devil’s Line et Seraph of the End.
Les titres à dominante suspense et thriller ont par contre toujours le vent en poupe, comme Ajin (Glénat), 6000 et Les oubliés (Komikku) ou encore Another et Tsumitsuki (Pika). Et quand le thriller se mêle à une réflexion brûlante sur les dérives et les exclus de la société, cela peut aussi donner des titres qui transcendent les genres, avec le très marquant Sangsues (Casterman), le brûlant Poison City (Ki-oon) ou encore l’étonnant Demokratia (Kazé)…
Par ailleurs, les amateurs de polar, un genre trop peu représenté mais qui a tendance à revenir sur le devant de la scène, ont pu découvrir : Q Mysteries (Kana), Border et Inspecteur Kurokôchi (Komikku), ou encore Unlucky Young Men (Ki-oon) et Arsène Lupin (Kurokawa) – ces deux derniers titres étant évidemment plus orientés sur les célèbres voleurs que sur les enquêteurs à leurs trousses…
Du côté des OVNIs signés par des mangakas de génie (mais au style particulier), les amateurs se sont régalés avec Gigantomachia et Jabberwocky (Glénat), Area 51 (Casterman), et les déclinaisons de Jojo’s bizarre adventure – Saisons 2 et 4 (Tonkam).
Enfin, la thématique du jeu vidéo continue de trouver son public avec pas moins de trois séries autour de Sword Art Online chez Ototo Manga (Fairy Dance, Phantom Bullet, Progressive – sans compter Accel world), tandis que Kana publiait en 2015 Log Horizon – La Brigade du Vent de l’Ouest, que Soleil sortait The legend of Zelda – A link to the past, et Ki-oon, Final fantasy type-0 – Le Guerrier à l’épée de glace.
Du côté des séries lorgnant sur la comédie, mais étant encore une fois à la croisée des genres, on peut enfin citer RiN (Delcourt), Kill la Kill (Kana) et Hamatora – The comic (Kurokawa)… seul Séki mon voisin de classe (Akata) relevant de la comédie pure.
Les romances teintées d’érotisme
Parmi les nouveautés de 2015, les chiffres sont parlants : les histoires plus sentimentales ont été moins nombreuses que les mangas d’action, comme nous le verrons dans notre volet vente.
Si l’on s’intéresse dans un premier temps aux romances teintées d’érotisme, il nous faut évidemment citer l’incomparable La Fille de la Plage chez IMHO, tandis que Le Lézard noir de son côté sortait l’irréel Mirages d’été.
Par ailleurs, toujours dans la continuité de sa licence inspirée de l’otome game éponyme, Ki-oon a sorti Alice au royaume de Joker.
Delcourt nous a aussi proposé Virgin complex au pitch étonnant pour cette première oeuvre de Natsumi AIDA (Switch Girl).
Enfin c’est surtout Soleil qui a occupé le secteur avec de nombreuses séries courtes, où l’héroïne naïve est malmenée par un beau gosse séducteur, qui profite bien évidemment de la situation (Bad Boyfriend, Come to me, Dangerous Love, Paradise lost). L’éditeur a également tenté une incursion brève dans l’univers des trentenaires célibataires (Mariage mode d’emploi), et s’est aussi lancé sur un créneau plus fantastique mais aussi assez osé (Wild love, Rental hearts).
Comédies romantiques ou dramatiques : stéréotypes et rares pépites
Quand on sort des histoires censées émoustiller leurs lecteurs, restent les intrigues amoureuses palpitantes qui font faire doki-doki au cœur des lecteurs et lectrices !
En dehors de Marine Blue chez Delcourt, un ancien titre de la célèbre Aï YAZAWA, la plupart des mangas romantiques sortis en 2015 correspondaient aux canons du genre en termes de graphismes – du moins à l’idée qu’on s’en fait en France, à force d’être habitués au même style mignon, lumineux et détaillé.
A vous de faire votre choix parmi les nouvelles comédies romantiques de 2015 donc, parues principalement chez Kana (Daytime Shooting Star), Pika (L-DK, My teen love), Delcourt (Please love me, ReRe : Hello!), Soleil (Honey) et Tonkam (Fausse petite amie, I love Hana-kun, Ménage à trois), mais aussi chez Panini (Hibi Chouchou – Edelweiss & Papillons, Last game, Mariés mais pas trop). Si ces titres sont évidemment de qualité inégale, on notera qu’ils ont en commun de s’adresser principalement à un public adolescent et friand de romances assez calibrées.
Quelques titres se sont toutefois démarqués par leur angle de vue et par le public visé, comme Brainstorm’ Seduction chez Kazé et Pourquoi je galère toujours en amour chez Akata, un éditeur qui nous a également surpris avec un titre à mi-chemin du polar, Double Je.
Les séries romantiques et fantastiques ont également toujours le vent en poupe !
Les thèmes sont vastes, entre l’échange d’identités dans Mimic royal princess (Doki Doki), la réincarnation dans La Nouvelle vie de Niina (Panini) et le retour dans le temps avec I dream of love (Tonkam).
Magie et romance ne d’ailleurs pas incompatibles non plus, comme on peut le voir avec la faiseuse de pluie et son roi dans The World is still Beautiful (Delcourt), les pouvoirs des héros dans QQ Sweeper (Kazé) ou Book Girl (Soleil), et les divinités de Pray for love (Soleil). Enfin, quand une baguette magique ne fait pas tout simplement apparaître des beaux gosses autour de l’héroïne (Super Darling chez Soleil, Rokka Melt – Mes adorables hommes des neiges chez Kazé)… D’ailleurs, en parlant de magie glacée, on a pu faire connaissance en 2015 avec la charismatique héroïne de Snow illusion (Komikku) !
Au final, on se rend bien compte que les romances à l’eau de rose et les scénarios parfois clichés sont les plus plébiscités par le lectorat, et c’est donc ce qui leur ai offert (surtout chez Delcourt/Tonkam/Soleil, Pika ou Panini). D’autres éditeurs comme Kana, Akata et Komikku semblent partis pour nous proposer des œuvres un peu différentes et plus matures… une tendance à suivre en 2016 donc !
Le genre « tranche-de-vie » et les œuvres engagées
Dans un registre plus dramatique et flirtant avec le genre « tranche de vie », décidément de plus en plus rare dans le paysage manga actuel, Ki-oon a sorti de nombreux titres atypiques en 2015, comme les poignants Your lie in april et L’Oiseau bleu, et le best-seller A Silent Voice.
Par ailleurs, dans le même style, on n’oubliera pas Chiisakobé sorti chez Le Lézard Noir.
Akata enfin, nous a proposé en 2015 deux titres qui ont fait parler : Colère nucléaire et Je reviendrai vous voir, des œuvres marquées par la triple catastrophe de 2011, faisant suite à Daisy édité en 2014. Peut-être le début d’une nouvelle tendance ? Nous avions en tout cas abordé le sujet dans nos colonnes en juin dernier. Quoi qu’il en soit on se doute que l’éditeur continuera à publier des œuvres engagées, et c’est une démarche que l’on suivra avec intérêt.
Les séries historiques continuent
Genre jusqu’ici peu représenté, les séries au contexte historique ont pourtant commencé à débarquer en librairie depuis deux ou trois ans, et cette année certaines se passent même en France ! C’est le cas de Innocent (Delcourt) inspiré par un célèbre bourreau de la fin du 18e siècle et des Misérables (Kurokawa) qui lui adapte la fiction signée Victor Hugo, et se déroule au 19e siècle. De son côté, Les Deux Van Gogh (Glénat) se situe à la fin du 19e siècle, et comme son nom l’indique, est librement inspiré par la vie du peintre.
Pour plus de dépaysement et si ce genre vous interpelle, n’hésitez pas également à remonter jusqu’à l’empire romain fantastique avec Bestiarius (Kazé), à vous évader dans la Florence du 16e siècle aux côtés d’Arte (Komikku) ou encore à vous corrompre avec le sulfureux Requiem du roi des roses (Ki-oon), au beau milieu des royales intrigues de l’Angleterre du 15e siècle…
Globalement, si la majorité des nouveautés de 2015 n’a pas échappé aux schémas récurrents (rééditions, surexploitation des licences phares, mangas d’action lambdas et comédies romantiques stéréotypées…), il s’en est quand même trouvé beaucoup pour échapper aux déjà-vus, et ce dans toutes les thématiques principales (action, fantastique, romance, polar, thriller…). Avec un œil attentif sur toute cette production, les lecteurs les plus exigeants y auront donc forcément trouvé leur compte !
Pour l’année 2016 déjà entamée, on ne peut qu’espérer qu’en marge des licences plus commerciales, les éditeurs continueront à nous proposer régulièrement des titres sortant des sentiers battus, dans des thématiques encore trop peu explorées jusqu’ici (comme les romances matures, la tranche-de-vie, les séries ancrées dans les coutumes et les croyances japonaises, la magie…).
En attendant de découvrir ces nouveaux titres, passons à la partie vente de notre dossier 2015 !
Dossier Bilan Manga 2015
* Bilan Manga 2015 : un rebond, oui, mais lequel ?
* Publication : plafond ou palier ?
* Edition : thématiques & nouveautés
* Ventes 2015 : et ça repart !
* Éditeurs : un marché… compétitif !
* Editeurs : shôjo, seinen… et identité éditoriale
Retrouvez les bilans des années 2010, 2011, 2012, 2013 et 2014 du marché français du manga. En bonus vous pouvez aussi découvrir l’analyse des ventes de manga au Japon chez Paoru.fr ainsi que, dans les semaines à venir, toutes les interviews éditeurs citées ici publiées dans leur intégralité. Tous les chiffres présentés ici sont des estimations et donc, comme toujours, ils sont à prendre avec du recul et à titre de comparaison entre les différentes années ou les différents secteurs de marché… surtout pas comme des valeurs ou vérités absolues.
Sources : les Bilans ACBD de Gilles Ratier, Gfk Retail and Technology, éditeurs de manga, Paoru.fr, Manga-news, Manga Mag, Manga Conseil et le Figaro.fr
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