[Dossier] Mère, idol, makeinu : choix et périples de la femme japonaise
Au Japon, le rôle de la femme est complexe et en constante évolution. Après des siècles de liberté pendant lesquelles on a vu des femmes auteures, impératrices ou occupant des postes de grandes importances, l’ère Tokugawa (1603-1868) marque la fin des droits aux femmes jusqu’à la Constitution de 1947. Mais paradoxalement, les Japonaises, alors reniées par la Loi, étaient divinisées au travers des geishas…
Cette ambiguïté est présente sous d’autres formes dans le Japon contemporain avec la femme au foyer par exemple, à la fois maîtresse et victime de sa propre famille. On peut également opposer à ce modèle traditionnel de la femme les idols, considérées en quelque sorte comme des demies-déesses par leurs fans (majoritairement masculins). Ces dernières, « héritières » de la tradition geisha, doivent aussi se tenir à des règles de conduite inflexibles et sexistes : rester pures, ne pas fréquenter d’homme, afin de préserver le fantasme masculin de la femme-enfant. Le tribunal de Tokyo a d’ailleurs récemment tranché en faveur du droit des idols à fréquenter des hommes : une évolution, certes, mais dans quelle mesure ?
Si on insiste un peu sur ce fantasme masculin de la femme-enfant, on voit bien qu’il a la peau dure et cela pose des questions de genre spécifiques au Japon. Pourquoi le style kawaii remporte-t-il autant de succès ? Entre la jeune fille pure et la mère et femme au foyer, où les femmes peuvent-elles trouver leur identité ? De fait, c’est par les mouvements féministes et le reniement du rôle traditionnel de la femme que beaucoup de Japonaises s’affirment aujourd’hui : croqueuses d’hommes, femmes d’affaires, princesses modernes qui attendent le (riche) prince charmant, les Japonaises contemporaines ont de multiples facettes et beaucoup de ressources pour renverser le modèle qui leur a été imposé.
C’est dans une série d’articles, dont les publications seront étalées sur l’année, que Journal du Japon vous propose de faire le portrait des femmes d’aujourd’hui. En 2016, de nombreuses thématiques en rapport avec les femmes japonaises seront donc à l’honneur : le modèle de la mère et de l’épouse et par opposition l’abandon de ce mode de vie en faveur de la vie active. Mais nous irons plus loin en essayant de comprendre quel genre de femme peut être rencontré aujourd’hui au Japon, sans oublier la vision de la femme dans la culture populaire japonaise : idols, mangas, jeux vidéo… chaque média transmet en effet une vision particulière des femmes (et souvent colportée par des hommes !).
Nous vous emmènerons enfin faire un tour des mouvements féministes japonais, avant de faire un saut dans l’histoire pour étudier les geishas et les femmes fortes du Japon (écrivaines, intellectuelles, politiciennes… ).
Un lourd programme donc, qui débute ce mois-ci à l’occasion de la Saint Valentin par la place de la femme dans le mariage japonais…
3 réponses
[…] C’est par les mouvements féministes et le reniement du rôle traditionnel de la femme que beaucoup de Japonaises s’affirment aujourd’hui : croqueuses d’hommes, femmes d’affaires, princesses qui attendent le (riche) prince charmant, les Japonaises contemporaines ont de multiples facettes et beaucoup de ressources pour renverser le modèle qui leur a été imposé pendant des siècles. http://www.journaldujapon.com/2016/02/14/dossier-mere-idol-makeinu-choix-et-periples-de-la-femme-jap… […]
[…] Être une femme au Japon n’est pas chose aisée. Le pays est classé 114 sur 144 concernant l’égalité des sexes par le Forum de l’Économie Mondiale, un comble pour un pays aussi développé. Outre les différences de salaires et la quasi absence de femmes aux postes de managers c’est la place même des femmes dans la société qu’il faut comprendre. Vous pourrez en apprendre plus sur le sujet dans notre dossier Mère, idol, makeinu : choix et périples de la femme japonaise. […]
[…] mangas. Je vais donc commencer par te brosser un portrait de la femme moderne japonaise étayé par le dossier que lui a consacré le journal du Japon (entre autres) et ma propre culture manga. Je te distillerai au fur et à mesure des titres de […]