Le shintô : découvrez un pilier fondamental de la culture japonaise !
Shintô : ce mot évoque pour certains des dieux étranges (les kami), pour d’autres une des religions du Japon.
Comme l’écrivait Lafcadio Hearn : « Celui qui voudrait apprendre ce qu’est véritablement le shintoïsme doit apprendre à connaître cette âme mystérieuse dans laquelle le sens de la beauté, la puissance de l’art, le feu de l’héroïsme, le magnétisme de la loyauté et l’émotion de la foi sont devenus inhérents, immanents, inconscients, instinctifs. Et dans l’espoir de connaître quelque chose de cette âme orientale dont l’amour joyeux de la nature et de la vie rappelle, même aux ignorants, une étrange ressemblance avec l’âme de l’ancienne race grecque, j’espère aussi pouvoir un jour parler de la grande puissance vivante de cette foi – aujourd’hui appelée shintoïsme, mais plus anciennement dénommée « kami-no-michi – ou le « Chemin des Dieux ». »
Journal du Japon vous fait pénétrer dans ce monde fascinant grâce à des ouvrages indispensables.
Un livre très complet
Dans Shintô, sagesse et pratique, le grand maître shintô Motohisa YAMAKAGE explique au lecteur, avec pédagogie et simplicité des mots, les fondamentaux du shintô. Si le livre apporte beaucoup d’explications sur les principes qui fondent cette religion, il replace aussi le shintô dans le monde actuel. Car contrairement à ce que l’on pourrait penser, le shintô est une philosophie de vie qui s’intègre parfaitement dans l’univers contemporain urbain et pressé, à condition que l’on prenne le temps de se poser les bonnes questions, de regarder le monde sous un angle différent.
L’essence du shintô est l’union du sacré et du profane, l’interdépendance avec les kami, le soin à porter à l’esprit de la nature. Car toutes les formes de vie sont les esprits-enfants des kami originels.
Le shintô n’a pas de doctrine, ni préceptes ni commandements. Il faut vénérer les kami, respecter les ancêtres, dans une relation sans culpabilité car la bonté est en chacun. Il n’a pas d’idoles (même si quelques images de kami ont pu circuler à certaines périodes).
Le livre passe ensuite en revue différents axes fondamentaux du shintô : jinja (le sanctuaire : bâtiment ou autre lieu où se manifeste le kami, l’endroit doit être propre et pur pour que le kami descende et que la vibration se diffuse) ; misogi (la purification) pour que le croyant soit « propre, éclatant, droit et direct » ; harai (s’acquitter de ses dettes morales et restaurer l’équilibre, par les Paroles de la grande purification, et d’autres éléments purificateurs tels que le sel, le feu, l’eau) ; Koshintô (la théorie d’un esprit, quatre âmes) ; un panorama de l’autre monde (la purification continue après la mort, l’âme voyage protégée par les esprits des kami). Enfin l’ouvrage détaille la méthode d’entraînement systématique du chinkon : lieux, postures, gestes, prières pour trouver le centre du corps physique et le centre de la conscience.
Un ouvrage vraiment très complet et compréhensible par tous, pour approcher le shintô, le comprendre et trouver sa propre version, car comme le dit l’auteur :
« Le shintô n’est pas une tradition religieuse qui peut être répandue ou imposée. Chaque communauté humaine, chaque culture, possède sa propre version du shintô, basée sur l’expérience qu’elle a accumulée, sa mémoire historique et, point peut-être le plus déterminant, son environnement local. Le shintô reconnaît et célèbre la diversité de la nature. Car au-delà de cette diversité, existe une unité sous-jacente : l’union de l’humanité, de la terre et du ciel. »
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Pour aller plus loin, un expert japonais parle des kami
Tokutarô SAKURAI a consacré de nombreux ouvrages aux religions de son pays. Il a passé des années à recueillir des témoignages aux quatre coins du pays. Dans Dieu pour les japonais (conférence de 1990 traduite et publiée aux éditions Hermann), il raconte la relation entre les humains et les divinités populaires que sont les kami.
Il raconte la place des kami dans le quotidien des humains : images pieuses disposées dans chaque pièce de la maison, monuments dédiés entretenus par les habitants avant guerre. Le lecteur apprend également que les dieux « étrangers » sont aussi acceptés tant qu’il y a de la place (dieux invités ou recommandés, mais aussi dieux intrus), qu’il existe des rites d’accueil mais aussi des rites de renvoi, que les kami ne sont pas toujours là où l’on croit, qu’ils voyagent, qu’ils se « rechargent » dans le monde autre et que s’ils se fixent chez les humains, ceux-ci doivent les régénérer grâce aux matsuri, ces grandes fêtes en l’honneur des kami. Les kami peuvent aussi devenir mauvais (parasites pour les plantes par exemple). Mais même un kami mauvais doit être vénéré pour redevenir propice (il faut le « retourner »).
Le texte de la conférence est ensuite complété par des photographies de cérémonies, de montagnes, de pèlerinages, de femmes communiquant avec les dieux.
La deuxième partie du livre (La connaissance de l’âme et le dialogue des morts, par Jean Esmein, notes rapportées) est une réflexion sur les âmes et les morts avec un parallèle entre vision occidentale et japonaise.
Un livre atypique qui fascinera ceux qui veulent aller plus loin dans la connaissance du shintô populaire.
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Le Shintô expliqué aux enfants
Les éditions Actes Sud Junior publient des ouvrages merveilleux pour expliquer des univers parfois compliqués aux enfants. C’était le cas pour les samouraïs avec un très beau livre, l’âme des samouraïs, dont Journal du Japon vous a déjà parlé, ici. Et c’est le cas pour le Shintô grâce à un petit livre très dense mais richement illustré, La mythologie japonaise, qui se lit comme une grande épopée, de la naissance du monde à celle du premier empereur du Japon.
Tout commence donc par l’auguste matière que le prince Izanagi et la princesse Izanami vont toucher et à partir de laquelle ils devront faire naître la terre. De leur pont flottant, les deux dieux créent la mer, une île sur laquelle ils descendent et prennent corps. Ils pourront alors avoir des enfants qui seront écume, mer, estuaires, vent, arbres, montagne, brouillards, feu, roches etc. Différents événements feront naître Amaterasu de l’œil du prince, cette déesse qui illumine, pilier fondamental du shintô. Mais du nez du prince nait Susano-wo, force et fougue, qui causera pas mal de problèmes avant d’être laissé sur terre pour faire pousser une végétation permettant d’y vivre. Et l’histoire continue de génération en génération, avec beaucoup de personnages.
La narration claire de Claude HELFT permet aux enfants de ne pas se perdre, et l’arbre généalogique en fin d’ouvrage permet d’avoir une vision d’ensemble. Cette mythologie foisonnante met en scène le ciel, la terre, les relations pas toujours simples entre ces deux éléments. Les nombreux kami ont de nombreux enfants. L’amour, la jalousie, les conflits sont chose courante (comme chez les hommes). Les mariages et les naissances se succèdent, au fil d’aventures toujours palpitantes et périlleuses. Le prince Ninighi, chargé d’établir des liens entre ciel et terre, épouse Arbre en fleur dont il aura quatre fils. L’un de ces fils devra aller chercher un hameçon perdu chez le kami de la mer, il y trouvera sa femme dont il aura un bébé (mais ayant regardé sa femme transformé en monstre marin, alors qu’elle lui avait interdit de la regarder, elle devra retourner dans les fonds marins). Le bébé élevé par une tante l’épousera et aura avec elle quatre fils … le quatrième étant le premier empereur du Japon.
Voilà qui permet aux enfants de découvrir un univers fabuleux et beaucoup des éléments traditionnels des contes japonais : le royaume de la mer avec ses tortues,des serpents, des femmes qui se transforment en animaux et doivent se cacher, des passerelles entre ciel et terre etc.
Les illustrations de Karine LE PABIC sont parfois de simples petits personnages ou objets insérés dans le corps du texte, parfois de grands dessins pleine page façon estampe. Ceci permet d’aérer un texte plutôt dense et de mettre des images sur des histoires parfois compliquées.
Un autre élément intéressant est la présence de pages rouges insérées au fil du texte. Ces pages mettent en avant tous les éléments fondamentaux du Shintô : les livres sacrés ; devenir kami ; torii et corde en paille de riz ; les offrandes ; divination ; les sanctuaires ; le riz etc. Une sorte de dictionnaire du Shintô qui se découvre au fil des pages.
Un livre très complet et très abordable, pour les enfants dès 8 à 10 ans, mais aussi pour les plus grands.
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
En bonus : le sanctuaire d’Ise pour découvrir sa 62e reconstruction !
Les éditions Mardaga publient un magnifique livre dans lequel se dévoile, page après page, la 62e reconstruction du plus célèbre sanctuaire du Japon (reconstruit tous les 20 ans). La première aurait eu lieu en 690, avec deux interruptions majeures : entre 1462 et 1585 (guerres de l’ère Ônin) et pendant la seconde guerre mondiale (dernière en 1929 et reprise en 1953).
Le sanctuaire d’Ise est la résidence d’Amaterasu, déesse solaire et ancêtre de la famille impériale, dont l’installation permanente à Ise remonterait au Ve siècle avant Jésus-Christ. Il comprend de multiples domaines sur l’équivalent de la surface d’un département français. Ses territoires représentent plus de 5500 hectares et 125 sanctuaires lui sont subordonnés.
Pour la première fois, des occidentaux ont pu assister à cette reconstruction et le livre est un remarquable récit de cette expérience unique et forte.
Différentes personnes (ingénieurs, architectes, historiens) racontent cette aventure et les différentes étapes qui se déroulent sur plusieurs années. De la coupe des cyprès du Japon hinoki (l’odeur de bois vert est omniprésente) au transfert des kami (avec les multiples rituels associés), tout est décrit avec minutie et accompagné de photographies de très belle qualité, de schémas, de plans. L’ouvrage est également l’occasion d’une réflexion sur la fabrique du sacré, l’impermanence (à Ise, les bâtiments ont une durée de vie limitée dans le temps, mais l’architecture est toujours la même, l’essence du temple est dans sa structure, pas dans ses constructions, à la différence des « vieilles pierres » occidentales).
Un livre très dense, très richement illustré, un voyage au cœur du sacré qui passionnera les amoureux d’architecture comme les curieux du sacré.
Plus d’informations (et la possibilité de lire de larges extraits) sur le site de l’éditeur.
Vous avez désormais tous les éléments pour comprendre cette religion méconnue des occidentaux mais vraiment fascinante, à vous de vous y plonger désormais !
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