Hirofumi SUZUKI & Naruto :  les hokages de l’animation !

Hirofumi SUZUKI - Boruto


Le 3 et 4 octobre dernier, lors de 20e édition de Paris Manga, Journal du Japon a eu l’occasion de rencontrer Hirofumi SUZUKI qui a travaillé sur le chara design de Boruto, Naruto le film. L’homme donne son point de vue sur « sa profession » et dévoile un parcours plus qu’impressionnant… Rencontre.

Portrait-pour-trait…

hirofumi-suzuki-paris-manga-20Hirofumi SUZUKI a déjà porté plusieurs casquettes et a participé officiellement à ce jour à plus de 90 animes, occupant quasiment tous les postes : De l’intervalliste au rôle important de directeur d’animation sur certains épisodes de la licence de Naruto ou encore sur le film Colorful. Plus modestement mais également plus souvent, il a également été animateur clé sur de nombreuses licences comme Dennou Coil, Dirty Pair Flash, Ghost in the Shell : Stand Alone Complex ou encore Ranma ½, mais ce n’est pas tout : Hirofumi SUZUKI a aussi endossé le rôle de chara designer sur des titres connus comme le Portrait de La Petit Cosette mais surtout sur une saga où il a incarné plusieurs postes : Naruto, Naruto Shippuden et les nombreux films de la licence dont le dernier Boruto-Naruto le film.

Si la carrière de Hirofumi SUZUKI est donc trop vaste pour être couverte lors d’une seule interview, effleurons tout de même, avec lui, les grandes lignes de sa vie professionnelle …

 

Journal du Japon : Bonjour Monsieur Suzuki. Tout d’abord, on peut dire que votre CV est assez impressionnant : vous avez été tantôt animateur clé, tantôt chara designer sur des projets comme sur Noein et Dennou Coil, Noir, Ranma ½ ou Read or Die, entre autres. Mais quelle est votre formation initiale ?
Hirofumi SUZUKI
 : A la base j’aimais beaucoup les animes et j’ai toujours voulu travailler dans cet univers. La chance a voulu qu’à l’université j’étais en cours avec ceux qui ont fondé le studio Deen. Comme c’était mes amis et des gens très doués, je me suis donc retrouvé à pouvoir travailler avec eux dès le début.

Studio Deen

Quelles ont été vos principales sources d’inspiration ?
Avant de rentrer dans le monde de l’animation, plus qu’un animé à proprement parlé c’est une personne, Kanada YOSHINORI qui m’a inspiré.

NDLR : Kanada YOSHINORI est un grand animateur clé de la génération précédente (1953 – 2009) qui a contribué en tant qu’animateur clé à une multitude d’animés extrêmement célèbres comme dans les années 80 :  Akira, Mobile Suit Gundam, Totoro, Kiki’s Delivery Service, Queen Millenia, Princesse Mononoke etc., ainsi qu’au Mecha-Design d’Ulysse 31 !

Est-ce que débuter dans l’animation est quelque chose de difficile ? A quoi ressemblait votre quotidien lors de vos débuts ?
Ce qu’on devait faire était assez difficile c’est vrai, mais on prenait vraiment plaisir à le faire et j’ai eu la chance de pouvoir travailler avec Matsutake TOKOYUKI (un animateur clé au CV encore plus fourni que SUZUKI qui signe aussi le chara-design de l’adaptation animée de Dimension W prévue en janvier prochain, NDLR) et ce fut très enrichissant de travailler avec lui car il ne se gênait pas pour critiquer nos aînés.

Dédicace Hirofumi Suzuki Paris-manga-2015-016

Dédicace Hirofumi Suzuki Paris Manga 2015. Photo Digitalshot.fr pour ©journaldujapon.com

Quelles sont les premières choses qu’on vous apprend ?
La première chose que j’ai appris c’est à tracer de beaux traits. Je m’explique : en tant qu’animateur il faut être capable de tracer de beaux traits afin que l’animation soit le plus fluide possible. Lorsque l’on monte au niveau d’animateur clé ce ne sont pas seulement de beaux traits qu’il faut savoir faire mais de « beaux dessins », des poses bien précises et bien fixes. J’ai eu de la chance car à l’université j’avais déjà de l’intérêt pour l’animation donc j’avais un bon entraînement et de bons traits et c’est ce qui m’a permis de monter très rapidement. Normalement ça ne se passe pas aussi vite mais je me suis beaucoup entraîné en amont.

Parlez-nous de votre première expérience ? Est-ce qu’on se fait beaucoup réprimander quand on commence et quel genre de reproche on vous faisait ?
Ma première expérience a été sur la série Oshimbo, mais mon premier vrai travail, c’était sur Ranma ½  (en 1989 et c’est d’ailleurs son premier projet professionnel et ses débuts communs avec Matsutake TOKOYUKI évoqué plus haut, sous la direction de Atsuko NAKAJIMA, qui dirigeait l’animation et le chara design sur cette série NDLR ). À l’époque, dans mon entraîment au trait, on m’a souvent sermonné, même plus souvent que les autres, car j’oubliais certains traits. J’ai beaucoup été réprimandé à ce sujet.

Ranma 1-2

En tout cas merci pour votre travail, il a bercé notre jeunesse !
Je suis très content d’y avoir participé !

Quelles sont les différences entre les postes que vous avez endossez ? Avez-vous une préférence ?
De mon point de vue, je considère que l’animateur clé et l’animateur sont des éléments essentiels pour l’animation. L’animateur encore plus que l’animateur clé. Il faut savoir que même si le travail est passionnant, je pense que le chara design n’est pas vraiment de l’animation: être charaa designer, c’est plus être designer qu’autre chose. J’ai saisi l’occasion de le faire même si avoir des positions plus humbles est quelque chose qui me plaît énormément.

 

La saga Naruto…

l-affiche-francaise-officielle-du-filmVous avez travaillé sur beaucoup de séries et films pour Naruto, quelles sont les spécificités de cette grosse licence par rapport aux autres comme One Piece ou des plus anciennes comme Dragon Ball ?
Lorsque j’ai lu Naruto, j’ai trouvé ça intéressant car j’ai pensé qu’on remettait les ninja au goût du jour. Pour faire simple, Naruto c’est une histoire de ninjas et One Piece c’est une histoire de pirates avec beaucoup plus de touche d’humour que Naruto.

Sur Boruto, cela n’a pas été trop perturbant pour le chara design que les enfants de la seconde génération comme Shikamaru, ressemble tant à leur parents ?
Le responsable du design propre du personnage de Naruto est M. Mishio et moi je me suis occupé de Shikamaru, donc la remarque que vous venez de me faire est très intéressante… car je ne l’avais pas entendue jusque-là ! Il est possible que j’ai été influencé, mais ce n’est pas vraiment quelque chose qui m’a « marqué ».

En ce qui concerne leur enfants, comment avez-vous appréhendé les divers caractéristiques physique des enfants ? (Un peu du papa, un peu de la maman), c’était plutôt difficile, ou au contraire plutôt amusant ?
Ça a été un petit plaisir de faire cette fusion ce fut très amusant,  je me suis dit qu’en mélangeant les deux je devrais réussir à trouvé quelque chose d’assez mignon, et au bout du compte je pense que le résultat est pas mal qu’en pensez-vous ? (Rires)
Les yeux de maman la dégaine de papa, c’est un pari réussi oui ! (Rires)

[SPOILER]

Quel est le passage qui vous a le plus marqué personnellement ?
Le fait que  Naruto et Sasuke soient deux pères ensemble, j’ai trouvé ça très émouvant.

[/SPOILER]

Une anecdote amusante sur un de ces projets, pour finir ?
Le film a été vraiment très très intéressant, mais il faut savoir je n’ai pas vraiment participé à la réalisation propre, je me suis focalisé que sur le chara design et on m’a demandé en très peu de temps de réaliser un nombre important de personnages et sur tous ceux que j’ai réalisés, on n’en a choisi qu’une petite partie. Ce fut là une toute petite déception, mais malgré tout je suis très content du résultat.

Merci pour toutes ces précisions, espérons que nous reverrons ces personnages dans vos prochaines créations !

Suzumi dédicace Paris-manga-2015-018

Dédicace Hirofumi Suzuki Paris Manga 2015. Photo Digitalshot.fr pour ©journaldujapon.com

 

Merci à Hirofumi SUZUKI pour son temps, à Emmanuel Bochew son interprète et manager pour l’interprétariat et à l’équipe de Paris Manga pour cette interview.

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