[Compte-rendu] La Nuit très animée du PIFFF
Pour sa cinquième édition, le Paris International Fantastic Film Festival a choisi de consacrer sa traditionnelle « Nuit du PIFFF » à la japanimation sous toutes ses coutures, un projet qui tenait à cœur à l’organisation du festival d’après Fausto FASULO, co-animateur de la nuit et rédacteur en chef du magazine Mad Movies, partenaire du festival.
Journal Du Japon a dépêché l’équipe de nuit pour vous faire revivre cette longue soirée de cinéma comme si vous y étiez.
On reconnaît bien dans le programme de cette nuit la volonté du Paris International Fantastic Film Festival de naviguer hors des sentiers battus en proposant un contenu éclectique et un tant soit peu alternatif. Une nuit de la japanimation sans recourir à la solution de simplicité du catalogue des studios Ghibli ; on peut dire que cela mérite le respect. Au programme du récent et du classique, du film familial comme de l’avant-garde, mais des œuvres toujours portées par de réels auteurs.
Lovés dans les fauteuils du Grand Rex et le café coulant à flots, nous sommes prêts pour cette nuit qui s’annonce déjà dantesque.
Coup d’envoi à 22h avec l’avant-première française du nouveau film de Mamoru HOSODA, Le Garçon Et La Bête. Simple et familial, à mi-chemin entre le côté fun de Summer Wars et celui plus dramatique de Les Enfants Loups, Ame Et Yuki, le film saura ravir les enthousiastes mais peinera à convertir les pragmatiques. On y retrouve certains thèmes chers à HOSODA, à commencer par la famille. Superstar de cette soirée, Journal Du Japon reviendra plus en détail sur le film de HOSODA à l’occasion de sa sortie prochaine en salles. En attendant, si Le Garçon Et La Bête a quelques peu éclipsé le reste du programme derrière son nom, l’heure est venue de regagner notre siège pour partir à la découverte d’un panorama inédit, loin des canons de l’animation japonaise.
Les hostilités commencent avec le film Mind Game, chef-d’œuvre d’animation libre de Masaaki YUASA. Une véritable claque que de (re)découvrir ce chef-d’œuvre de l’animation japonaise sur l’écran du Grand Rex ! Hautement expérimental, complètement fou, on ne peut que saluer le courage de l’équipe du Paris International Fantastic Film Festival de programmer un tel film à la suite directe du film de HOSODA, qui s’affiche comme le film le plus mainstream de la soirée. Incroyablement drôle et étonnement émouvant, avec son animation atypique qui n’est pas sans rappeler Bill PLYMPTON, Mind Game nous offre le haut du panier de l’animation nippone. Vu le nombre d’escroqueries auxquels les fans d’animation sont confrontés chaque année (et notamment de la part des très gros studios…), il est incompréhensible que Mind Game ne soit encore considéré que comme un film d’initié tant il est probablement le plus audacieux et le plus fort jamais réalisé dans son genre.
Au delà des long métrages, les surprises n’étaient pas en reste, puisque, à côté des courts métrages et clips tous très bien choisis, on a pu découvrir les premières images de trois projets français qui nous ont mis l’eau à la bouche et sur lesquels on ne manquera pas de se pencher plus avant. En l’occurrence, l’adaptation en long métrage de la BD Mutafukaz, produite par Ankama et animée – excusez du peu – par le légendaire studio 4°C, la série Urbance crée par le studio franco-canadien Steambot et animée par le studio franco-japonais Yapiko, mais aussi l’adaptation en série de la BD Last Man par Everybody on Deck.
Autre film rare sur grand écran en France : Short Peace, film à sketch de Katsuhiro OTOMO, sortie au Japon en 2013 et réunissant le gratin de l’animation – dont Koji MORIMOTO – déjà évoquée plus en détails dans nos colonnes.
La soirée se termine sur le film Jin-Roh, La Brigade Des Loups du trop rare Hiroyuki OKIURA, dans une magnifique version numérique restaurée. Écrit par Mamoru OSHII, difficile de ne pas remarquer la patte de celui qui a porté Ghost In The Shell à l’écran. Porteur d’un message fort, Jin-Roh, La Brigade Des Loups ne laisse pas indifférent tant il peut sembler froid et intemporel. Et c’est là le génie du film ; sans tomber dans l’émotion facile, le film prend au tripes et plonge le spectateur dans ce monde dystopique faisant étonnamment écho à de nombreuses problématiques plus que jamais d’actualité. Un classique qui n’a pas pris une ride et que l’on a pris un immense plaisir à redécouvrir sur grand écran, quinze ans après sa sortie.
C’est certes fatigués mais les yeux encore pleins d’images que l’on quitte le Grand Rex. On ne le dira jamais assez, mais le programme de cette nuit est le nec plus ultra de ce que peut proposer une nuit de la japanimation. Le Paris International Fantastic Film Festival a réussi son pari de proposer aux amateurs d’animation japonaise un programme hors des sentiers battus et à des lieues des gros titres déjà vus et revus dans des événements similaires.
Rédigé par Maxime LAURET et Pascal VOGLIMACCI
3 réponses
[…] avoir fait le tour des festivals les mois précédents, le 4e film de Mamoru HOSODA sort en grande pompe chez nous en ce début […]
[…] et dont nous vous avions déjà parlé il y a 2 ans à l’occasion d’une délicieuse Nuit de l’Animation Japonaise. Pour cette édition, le PIFFF a déroulé le tapis rouge au cinéma du soleil levant puisque pas […]
[…] Masaaki YUASA est un personnage particulier dans le monde de l’animation. Bien que peu connu du grand public, c’est un véritable artiste d’un talent précieux, et un animateur de génie, célébré internationalement depuis son premier long métrage en tant que réalisateur : le culte Mind Game. Un film fou sorti en 2004 et dont nous vous parlions il y a 2 ans à l’occasion de sa diffusion lors de la nuit de l’animation au PIFFF 2015. […]