[Live Report] Moshi Moshi Nippon Festival : enfin, de l’électro japonaise en France !
Annoncée depuis le printemps, la 9e édition du Moshi Moshi Nippon Festival débarquait enfin à Paris et se présentait comme LE festival de Jmusic tant attendu par les aficionados du genre. Proposant une programmation de qualité avec des pointures telles que Capsule, m-flo et BOOM BOOM SATELLITE, l’organisateur nous mettait déjà l’eau à la bouche avec ces noms qu’on ne pensait jamais voir par chez nous.
Pourtant, le festival subira plusieurs transformations drastiques, essuyant notamment les annulations successives des grosses têtes d’affiche qu’étaient m-flo et BBS. Remplacés à la volée par divers groupes majoritairement inconnus chez nous, Capsule tenait seul, et difficilement, l’étendard de la soirée. D’abord festival avec stands dits exclusifs sur deux jours, le Moshi Moshi se transforme en deux soirées électro, accusant aussi le coup des rétractations de la majorité des exposants. Une malédiction semblait alors s’être abattue sur la manifestation, nous faisant même douter de son maintien.
Les Japonais ont cependant tenu bon et c’est devant une salle certes à moitié pleine, mais motivée que Charisma.com, TEMPURA KIDZ, Capsule, Cheeky Parade et World Order ont défilé pour la première soirée électro 100% nipponne de l’hexagone !
Samedi, sous les feux de la rampe
Ambiance calme ce soir au Trianon. Presque trop calme. Le public attend sagement que le festival commence, sirotant une bière ou un Coca, bavassant joyeusement. Ça et là, on entend quelques brides de conversation « Tu connais Capsule toi ? » « Bof pas trop, je sais qu’il fait les chansons de Kyary Pamyu Pamyu… », ou « Moi je suis là pour les Tempura Kidz ! ». Rien sur Charisma.com en tout cas, qui avait la lourde tâche d’ouvrir les festivités.
Après une courte vidéo présentant le festival, les deux jeunes filles envahissent l’espace du Trianon. Ah ça, pour mettre l’ambiance, elles savent y faire ! Armée d’une baguette et du drapeau tricolore, Itsuka, la MC du duo, mettra tout-de-suite le public à l’aise. Connue pour ses lyrics acides sur la société japonaise, son flow est bluffant, flegmatique, dans la mouvance directe de l’électro rap féminin Je m’en Foutiste qui fait fureur en ce moment au Japon et dans lequel on retrouve notamment DAOKO ou KOM_I de 水曜日のカンパネラ(Suiyōbi no kanpanera). A ceci près que la rappeuse est accompagnée d’une bande son claquante mêlant électro et sons urbains, élaborée par son acolyte Gonchi. Loin de se cacher derrière ses platines, celle-ci participe activement à l’ambiance festive qui règne sur scène, chantant et sautant en rythme sur les beats qui raisonnent dans la salle. En 30 minutes de set, le duo aura joué ses plus gros titres, de HATE à Iinaduke Blue en passant par leur dernier morceau phare, Kongara Girl. De chanson en chanson, Charisma.com chauffera la salle, le charisme indéniable des deux japonaises emportant totalement l’audience.
Ainsi, lorsque les Tempura Kidz débarquent sur scène, c’est un public bouillant qui les accueille. Loin de se démonter pour ce premier concert à l’étranger, la petite bande fera preuve d’un professionnalisme sans faille, des sourires éclatants scotchés sur le visage. Suant à grosses gouttes sur des chorégraphies à la limite de la crise d’épilepsie mais techniquement complexes, le quintet dépoussière le concept pour nous livrer une pop-électro sous acide, pleine de fluo et de grimaces improbables, mais surtout avec de jeunes danseuses (et un danseur) qui savent ENFIN bouger un peu plus que leurs bras et pousser la chansonnette. Mention spéciale au DJ qui mixera dans l’ombre du groupe pendant toute la prestation : l’organisation aurait pu se contenter de l’habituelle bande son.
Tout comme pour Charisma, le Trianon aura droit à un genre de best-of avec des titres marquants comme CIDER CIDER, One Step, Happy Natsu Matsuri, leur dernier single en date, LOLLiPOP, mais surtout le super titre Miira Killer en collaboration avec Charisma.com, déboulant comme un boulet de canon sur scène pour l’occasion. Ce sera sans conteste le highlight du show, et on en aurait bien redemandé !
Sous les applaudissements, Tempura Kidz quittent une salle fiévreuse, enfin prête à accueillir les stars de la soirée : Capsule.
A peine le temps de nous remettre de nos émotions que les lumières s’éteignent. Des cris raisonnent fort dans la salle, prouvant que quelques irréductibles du groupe vivent le plus beau jour de leur vie. Car malgré une renommée mondiale, Capsule n’avait jamais jusqu’alors foulé le sol européen. Une faute bien vite oubliée quand Toshiko Koshijima entre en scène, mystérieuse, drapée de manches rappelant Cléopâtre. Yasutaka Nakata arrive à sa suite, discret, enfourchant rapidement ses platines pour un galop endiablé. Si la belle aura plutôt le rôle de potiche assumée que d’« ambianceuse charismatique », Nakata se montrera a contrario plus décomplexé que ce que l’on aurait pu penser, n’hésitant pas à enjoindre la foule à se déchaîner. Le public suivra, tout d’abord timidement, puis au fur et à mesure d’un martèlement d’ondes électro toujours plus fortes, finira par se lâcher.
Le concert donnera la part belle au nouvel album du groupe Wave Runner, calibré pour le clubbing. Le public reconnaîtra rapidement le single Another World, mais se laissera tout autant emporter par les autres chansons de l’album très dancefloor aux accents dubstep.
Les chansons fétiches du duo seront également de la partie, comme Jumper et MORE ! MORE ! MORE !, mais également World of Fantasy. Nakata s’amusera même à faire quelques clins d’œil à ses autres productions, notamment en remixant une Kyary Pamyu Pamyu sous exta.
Malgré tout, cela n’aura pas suffit à convaincre certains jpopers qui trouvaient cela un peu trop « violent ». La salle s’est ainsi vidée de quelques sceptiques durant le set, mais n’entachant en rien l’ambiance électrique de la salle.
Après une bonne heure dégoulinante, Capsule quittera la scène avec des sourires satisfaits, laissant un public à bout de souffle, mais heureux.
Le Trianon vibrait encore alors que ses habitants temporaires quittaient la salle, impatients d’assister au second round.
Dimanche, le bouquet final
La soirée commence avec le concert des idols de Cheeky Parade, qui jurent au milieu de cette programmation électro. Complètement dans les clous de ce qu’est un concert d’idols, les Cheeky Parade ne parviennent même pas à insuffler l’énergie et la bonne humeur des concerts de cet acabit.
Une mise en bouche très dispensable et peu intéressante, le groupe peinant à faire bouger le public, à l’exception de quelques fans réunis devant la scène.
Après le concert explosif de la veille, tout Le Trianon attend la transformation de l’essai par les deux agitatrices de charisma.com. Une nouvelle fois, le duo met le feu au Trianon et transforme la fosse en un dancefloor sauvage martelé par le public au rythme des beats énergiques de Gonchi et du flow syncopé d’Itsuka.
Un concert un peu court qui n’aura malheureusement pas le temps d’arriver à son point culminant malgré un public de plus en plus enthousiaste au fur et à mesure des chansons.
Deuxième concert en deux jours également pour les Tempura Kidz et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce groupe élevé à la sauce Kyary Pamyu Pamyu s’avère être une excellente surprise en live. Le public présent lors des deux soirs du festival s’accorde à dire que le concert du dimanche était un cran au dessus de celui de samedi.
Bien que n’étant pas forcément musicalement très évolué, les morceaux enjoués, les chorégraphies énergiques et la bonne humeur communicative des Tempura Kidz font mouche et le public répond présent. Comme la veille, les charisma.com rejoignent le groupe sur scène pour interpréter leur morceau commun, Mirra Killer, qui électrisera une fois de plus la foule.
Ceux que tout le monde attendait, le collectif World Order, avait pour mission de clore la soirée et le festival.
Connus pour leurs clips au millimètre, leur imagerie caustique et leur profond message humaniste, le groupe n’en demeure pas moins impressionnant sur scène, même si on ne retrouve pas la force et le message de la performance de rue. Ne reste que la qualité technique, avec quelques petites erreurs ci et là qui donnent un aspect humain presque chaleureux à nos automates préférés.
Le principal point noir de ce concert est à chercher du côté du public, redoublant d’exclamations et d’onomatopées à chaque nouvelle trouvaille technique ou visuelle du groupe. Avec un public venu voir un spectacle de cirque, difficile d’apprécier pleinement la beauté de ces mouvements hors du temps dont seul World Order a le secret.
Le groupe profitera d’ailleurs de son passage dans la capitale pour tourner un nouveau clip, The Next Phase, où il est amusant de voir la réaction des passants à la vue de ces robots atypiques.
Malgré un succès très relatif, le Moshi Moshi Nippon Festival a néanmoins réussi le pari d’introduire la musique électronique japonaise sur le sol français, montrant ainsi une petite partie de la diversité qui compose le paysage électro du Soleil Levant. Et quelle partie ! On regrettera alors que le succès n’ait pas été au rendez-vous car l’intention était (plus) que louable. Espérons à présent que Capsule, la réelle attente du festival et du reste, le seul groupe à pouvoir s’installer sur la scène internationale à long terme, revienne par chez nous dans un club électro digne de ce nom pour s’ouvrir à un autre public plus large, loin des sympathisants du Japon.
Remerciements à Charlotte Naudin ainsi qu’à l’organisation du Moshi Moshi Nippon Festival.
Article rédigé par Laure Ghilarducci (samedi) et Maxime Lauret (dimanche).
2 réponses
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[…] it seems that we see more and more women in Japanese hip-hop. I’m thinking about Charisma.com, Akko Gorilla, DAOKO, ZOMBIE-CHANG… Do you think that women are the future of this musical […]