[Portrait] Anna Karen et ses pinceaux aux couleurs du Japon
Dans la continuité de ses portraits d’artistes passionés, Journal du Japon vous emmène cette fois-ci à la rencontre d’une jeune peintre particulièrement influencée par l’esthétisme nippon : Anna Karen. À mi-chemin entre composition florale et retrogaming, laissez-vous charmer par ses peintures, avec des vrais morceaux de Japon dedans.
Journal du Japon : Bonjour Anna ! Pour te présenter, pourrais-tu nous dire comment a commencé ton parcours artistique ?
Anna Karen : Ça fait maintenant 3 ans que je me suis mise à la peinture, plus précisément à l’acrylique pour la plus grande majorité. C’était d’abord juste dans le but de décorer chez moi, puis j’ai reproduit des trucs qui me plaisaient sur Deviant Art.
Après j’ai un peu pris confiance en ma technique et je me suis mise à développer mes créations personnelles.
Tout ça en autodidacte. J’ai juste suivi quelques cours d’histoire de l’art japonais à la fac.
Tu as étudié l’esthétisme traditionnel japonais durant tes études. C’est à ce moment-là que tu as découvert le japonisme ?
Ça fait un moment que je suis passionnée par le Japon, mais j’ai aussi découvert le japonisme grâce à ces cours. C’est l’un des courants des impressionnistes de la fin XIXe, début XXe siècle (Monet et Gustave Klimt en ont fait un peu).
C’est une vision occidentale de l’art japonais, mais ce n’est pas l’art japonais en lui-même. En tant qu’Occidental, on ne peut pas dire que nous produisons de « l’art japonais », le terme japonisme vient donc donner une définition à ce style.
Toulouse Lautrec faisait également des croquis en s’inspirant de la calligraphie, et les estampes avec leurs contours bien marqués ont beaucoup inspiré ces peintres, mais ils ne cherchaient jamais à copier.
Quels sont les artistes qui t’ont inspiré ?
J’adore Hajime NAMIKI, c’est un artiste contemporain qui fait des choses sur les décors issus de la nature. Pour l’anecdote, la Maison-Blanche en est même décorée.
J’aime aussi ce que fait Reiji HIRAMATSU. Il a fait une exposition en 2013 au musée Giverny.
La France a toujours eu un lien avec le Japon, notamment avec la peinture et le japonisme justement. Essayes-tu de préserver cette passerelle culturelle et artistique quand tu crées ?
Mon influence japonaise est plutôt comme une voie, mais je n’ai jamais essayé de prendre contact avec des Japonais via mon art, je n’ai pas encore cette prétention (rires).
Es-tu déjà allée au Japon ?
Oui, deux fois, en touriste. La deuxième fois ce fût après que je me sois mise à peindre, et cela m’a aussi permis de faire du repérage pour mes peintures. J’ai également visité plus de musées, de galeries, et je suis revenue avec quelques artbooks.
Concernant les autres arts venus du Japon : t’intéresses- tu aux mangas et aux animes ?
J’en ai bien sûr beaucoup regardé par le passé, et aujourd’hui je suis de près quelques seinen.
J’ai beaucoup aimé Manhole de Tetsuya TSUTSUI, et dans un genre complètement différent A nous deux Paris de J.P NISHI.
Mais ce n’est vraiment pas ça qui m’inspire, car je dessine très peu de personnages humains. J’en ai dessiné plus jeune, mais aujourd’hui ça m’intéresse moins.
Comment l’univers du RPG est-il venu se greffer à tes travaux ?
Tout simplement parce que je suis une grande passionnée de jeux vidéos. Si j’ai accroché à l’univers japonais, c’est d’abord via Final Fantasy VII. Je n’ai pas trop suivi le Club Dorothée étant petite, et c’est vers 12-13 ans que j’ai été conquise avec ce jeu. Je me suis par la suite intéressée à d’autres aspects de la culture populaire du Japon lors du lycée, ce qui m’a amenée à jouer aux RPG Chrono Trigger, Secret of Mana, les autres Final Fantasy…
Dans l’univers du fan art, on met tout le temps en avant les personnages, mais très peu de lieux marquants. Pour moi ces paysages dégagent une atmosphère, on y associe des souvenirs. Je me suis donc mise à peindre ça, et je prends beaucoup de plaisir à le faire.
Une passion qui prend du temps
Combien de temps mets-tu pour faire une toile ? Tu t’imposes un rythme ?
À côté de mon activité artistique, j’ai un emploi salarié dans le commerce, mais j’arrive toujours à me trouver une journée, voire deux, par semaine pour peindre entre six et sept heures. En moyenne, une toile qui fait un mètre de large représente 40 à 60H de travail.
Dès que je peux peindre, je le fais, mais il peut m’arriver de ne pas toucher un pinceau pendant quinze jours, entre autres quand je prépare un salon.
Cet été tu as eu un stand sur Japan Expo. Pour une jeune artiste ça représente quoi ? Ce n’est pas trop la ruine ?
Si, c’est un gros investissement. J’ai eu un peu peur au début, car ça n’était pas à la hauteur de mes espérances. Sur un salon c’est toujours un peu aléatoire et c’est très cher oui, même pour un stand jeune créateur.
Sur ta boutique en ligne, en plus de proposer les reproductions de tes toiles, tu viens de mettre en vente un artbook de tes œuvres. Tu as d’autres projets d’idées périphériques à la peinture ?
Oui, j’ai également un projet qui tournerait autour des haïkus : les poèmes japonais. Je pense illustrer des haikus de Bashō MATSUO. Pour l’instant c’est juste dans ma tête, mais ça me plairait bien.
Sinon je ferai certainement un autre artbook lorsque j’aurai la quantité suffisante d’illustrations pour cela.
Enfin, si l’on devait te présenter à l’aide d’une tes créations, quelle est celle qui te semble la plus représentative, ou celle que tu préfères ?
Je pense que ça serait le triptyque de cerisier Cherry Blossom.
Même si ce qui marque le plus les gens quand ils voient mes œuvres ce sont les fan-arts de jeu vidéo, ce n’est pas la grande majorité de ce que je fais. J’ai fait pas mal d’autres toiles sur le thème des cerisiers en fleur, donc je pense que ça représente bien mon travail.
Merci à toi, nous te souhaitons une bonne continuation dans tes futurs projets.
Merci !
N’hésitez pas à suivre l’évolution des dernières toiles d’Anna sur ses pages Facebook, et Instagram, et de faire un tour sur sa boutique en ligne si le cœur vous en dit. Sachez d’ailleurs que tous les bénéfices réalisés sur les posters fan art sont reversés à l’association Paint me a game.
Pour plus d’info sur les peintres japonais, vous trouverez dans nos colonnes des articles sur Hokusai et Kuniyoshi UTAGAWA lors de leurs expositions respective.
Nos remerciements à Anna Karen pour son temps.