[Interview] Ken AKAMATSU : évolutions et réflexions d’un manga populaire…
Il était l’invité d’honneur de la scène manga pour Japan Expo 2015 : Ken AKAMATSU, le mangaka de Love Hina, Negima, Ai non Stop et maintenant UQ Holder est venu pour la première fois en France pour rencontrer un public nombreux et fidèle, mais aussi partager son expérience de mangaka. A 47 ans, l’homme à beaucoup évolué depuis ses débuts et commence à penser à sa vie après le manga : l’occasion était idéale pour nous entretenir avec lui !
A travers sa conférence publique donnée lors de l’événement, une rencontre avec la presse et l’interview qu’il a donné directement aux éditions Pika, nous vous proposons aujourd’hui de tout savoir sur l’auteur, pour le découvrir ou le redécouvrir : ses débuts et le lancement de sa carrière, la naissance de ses personnages clés, ses thématiques favorites et la genèse de ces récits, l’évolution de son style de la romance vers l’action, mais aussi son point de vue sur de nombreux sujets : les adaptations en animes, les doujinshis, la censure… et la gestion d’une fin de carrière !
Ken AKAMATSU : l’intégrale de Japan Expo 2015, c’est parti !
La route jusqu’à Love Hina : mise en place d’une carrière…
Né le 5 juillet 1968, Ken AKAMATSU ne brille pas particulièrement lors de ses études, mais il ne semble pas spécialement traumatisé pour autant, et fera même de son professeur principal de lycée un personnage récurrent de ses histoires : c’est lui qui se cache derrière Mr Nitta ! Il s’intéresse ensuite à la réalisation de films et tente sans succès de rentrer à la célèbre Todai, l’université de Tokyo, en section audiovisuelle. Il se réoriente alors vers l’Université de Chuo en section littérature. Mais il n’abandonne pas son projet pour le cinéma immédiatement et s’inscrit à de nombreux clubs dans son université : « À la fac, je faisais à la fois des études de mangas, d’animation et de cinéma. J’avais envie de devenir pro dans l’une de ces trois matières.» Si le manga commence à faire partie de ses projets, il se voit davantage éditeur comme il l’explique lors de la conférence : « Au départ, je souhaitais être éditeur de manga, j’ai même passé un concours pour le devenir et je l’avais réussi. Au même moment, j’ai remporté un concours de manga et j’ai eu le choix entre ces deux professions. J’ai choisi de devenir mangaka.»
En effet, pendant ses années universitaires il aura l’occasion de participer au Comiket, sous le nom de plume de Awa Mizuno, et il remporte le prix du Shōnen Magazine avec A Kid’s Game for One Summer. C’est ainsi qu’il pousse les portes de la Kōdansha, une fois son diplôme en poche, pour y devenir mangaka. Le métier ne s’apprend pas en un jour, évidemment : « Pendant mes études, je pensais être le plus rapide parmi les dessinateurs. Mais quand j’ai commencé à dessiner une série hebdomadaire, je n’arrivais pas du tout à tenir le rythme ! On m’a donc passé dans un magazine mensuel où j’ai pu m’entraîner. » Avec le temps AKAMATSU fait aussi évoluer sa façon de travailler avec ses assistants : ‹ À l’époque, ce qui était différent par rapport à aujourd’hui, c’était surtout la répartition des tâches. […] Par le passé il y avait un rapport plus marqué entre le mangaka et les assistants. Dans mon cas, j’ai toujours voulu travailler plutôt en équipe, organisés comme un studio, pour conjuguer nos talents. C’est ce qui caractérise le plus ma façon de travailler, je pense. »
Lorsqu’on lui demande s’il aurait pu envisager un autre métier, un autre loisir lui vient en tête : « J’ai étudié la programmation plus jeune, je pense que j’aurais pu créer des jeux vidéo. » Une expérience en informatique qui va de pair avec une passion pour les vieux ordinateurs des années 70, comme l’Apple II et les œuvres de jeunesse de Steve Jobs. Rien d’étonnant donc à ce que le héros de sa première série Ai non Stop, qui débute en 1994, soit un passionné de ce domaine.
Les héros de Ken AKAMATSU lui ressemblerait-il ? La théorie se confirme lorsqu’on lui demande les raisons du succès de Love Hina, sa seconde série débutée en 1998. L’auteur nous avoue que « Le personnage principal de Love Hina c’est moi tout craché quand je faisais et ratais les concours pour rentrer à l’université, un garçon qui n’avait pas la cote auprès des filles en plus. Donc je pense que beaucoup de lecteurs se sont retrouvés dans ce protagoniste ! (Rires) »
Poursuivant cette logique, ses personnages féminins les plus marquants ne sont pas nés par hasard : « pour le personnage de Narusegawa dans Love Hina, je me suis inspiré de Asuka d’Evangelion (un anime qui l’a d’ailleurs inspiré très largement ajoute-t-il, NDLR). J’aime beaucoup les personnages féminins tsundere, c’est mon type de fille ! En général, je crée des personnages qui ont des personnalités qui me plaisent. » Autre exemple, qui montre l’influence de la japanime sur les personnages d’AKAMATSU : « pour Kaolla Su de Love Hina, j’ai repris la peau mate et le côté un peu mou d’un perso de Cowboy Bebop… Euh… Comment elle s’appelle, déjà ? Un nom facile à retenir, pourtant… Ed ! C’est elle qui m’a inspiré. On est toujours influencé par les personnages qu’on aime ! »
Quid, enfin, de Asuna alors, l’héroïne de Negima ? Et bien il l’a épousé, tout simplement ! En effet, Ken AKAMATSU est marié avec l’idol Kanon Akamatsu en 2002 et elle a servi de modèle à cette nouvelle héroïne.
Le temps et les jeunes filles : les thématiques d’AKAMATSU
Avec Love Hina, Ken AKAMATSU a importé en France le genre Harem, du manga avec un jeune héros entouré de jolies jeunes filles. Une thématique née dans les jeux vidéo nippons, nous rappelle d’ailleurs l’auteur. Néanmoins, l’idée n’est pas uniquement celle du mangaka : « C’est l’équipe éditoriale qui m’a incité à réaliser une œuvre avec beaucoup de personnages féminins, car ils trouvaient que j’étais doué pour les dessiner. » Des jeunes filles qui, selon lui, sont une des raisons de son succès : « je pense que ce qui marche bien dans mes histoires sont les personnages féminins et l’érotisme. C’est un langage universel.»
Lorsqu’on lui demande son sentiment lorsqu’il a appris la publication française de Love Hina en 2002, l’auteur partage un cliché assez amusant sur les jeunes français : « J’imagine que beaucoup d’auteurs Japonais sont dans mon cas, à se demander si l’histoire et surtout les gags vont fonctionner à l’étranger à cause des différences culturelles. L’humour de Love Hina était basé sur un garçon timide qui n’osait pas parler aux filles et qui se faisait maltraiter par la plupart d’entre elles. Alors que les Français ont plutôt une réputation de dragueurs qui n’hésitent pas à aborder les filles ! Je me demandais si les lecteurs Français réussiraient à s’identifier. Franchement, je ne pensais pas que ça prendrait. Alors qu’en fait, il n’y a pas que des dragueurs, il y a des timides partout ! »
Les histoires du mangaka ne se réduisent cependant pas aux jeunes filles et la rencontre avec la presse est l’occasion d’évoquer une autre thématique : le temps. « Le rapport au temps est quelque chose qui m’intéresse tout particulièrement, y compris le rapport aux choses du passé et aux œuvres du passé. Je tiens d’ailleurs un site d’anciens mangas qui ne sont plus publiés, du nom de J-Comi (depuis 2010 et gratuitement, NDLR). Le fait de découvrir ou redécouvrir une œuvre à différentes époques est quelque chose que j’apprécie tout particulièrement, et qui permet aussi à de nouvelles générations de lecteurs de faire ce bond dans le temps. »
Son intérêt pour la chronologie va de pair avec celui d’univers larges et complexes comme il l’explique en parlant de Negima et UQ Holder : « ce que j’aime profondément ce sont les liens et les enchaînements au sein d’une histoire ou entre les histoires, et c’est de ça qu’est né tout l’univers de ces deux séries. » Enfin son intérêt pour le temps ressort aussi de manière amusante en public, lorsqu’un de ses lecteurs lui demande quel est le pouvoir qu’il aimerait avoir : « J’aimerais avoir celui de Kirie de UQ Holder : elle peut poser des points de sauvegarde n’importe où et revenir en arrière, c’est très pratique si on perd de l’argent à la bourse ! Ça permet d’éviter tous les soucis. (Rires)»
UQ Holder : un tournant à plusieurs niveaux
Après 9 ans (2003-2012) et 38 tomes publiés, Ken AKAMATSU tourne donc la page de son récit ultra-populaire Negima mais ne semble pas prêt à s’arrêter pour autant. Cependant, après avoir enchaîné deux succès, l’auteur craint de ne pas avoir autant de chance pour sa prochaine oeuvre… Lui vient alors une idée : « Je redoutais « la malédiction de la 3e série ». Comme Love Hina et Negima ont bien marché, j’avais peur de trop m’éloigner de ce que j’avais déjà fait par le passé, et que les fans ne se retrouvent plus dans mon travail. J’ai donc décidé de forger un lien entre UQ Holder et une de mes précédentes séries tout en étant original pour que cette série fonctionne.» L’auteur explique également qu’il ne s »interdit pas de relier cet univers à d’autres de ses œuvres, même s’il doit encore y réfléchir.
Si cette nouvelle série ne vient donc pas sans appréhension elle s’accompagne aussi d’un certain parfum de liberté pour l’auteur : « Jusqu’à Negima, je m’intéressais beaucoup à l’accueil réservé à mes séries, je lisais les résultats des sondages pour adapter mon histoire en conséquence. Ensuite, ma série a été adaptée en anime et je me suis rendu compte qu’elle commençait à devenir très populaire. Maintenant que je sais ce que ça fait d’être l’auteur d’une série à succès, je me sens libre de faire ce que je veux. Je ne suis plus obsédé par le fait de plaire à tout prix et je fais du shônen parce que c’est ce que j’ai envie de dessiner.[…] je dois dire que je suis surtout connu pour le côté un peu coquin de mes séries, petites culottes et compagnie… Et j’avais toujours eu envie de m’attaquer à un vrai shônen. C’est un vieux rêve qui se réalise ! »
Concernant la naissance de UQ Holder on en apprend plus en conférence, lorsqu’une personne demande à l’auteur comment a été mise en place la fin, un peu chaotique, de Negima : « A la base, j’avais proposé deux fins. L’une est le film, l’autre est devenu UQ Holder. »
Avec cette nouvelle série démarrée en août 2013, Ken AKAMATSU commence par confirmer une tendance amorcée dans Negima : celle du récit d’action. Lorsqu’on lui demande en interview comment ce virage s’est effectué, il nous explique la construction de ses récits : « Cette évolution vers l’action tient beaucoup à la façon dont se créé et s’écrit un manga, par chapitre ou non. Lorsque l’on est sur de la comédie romantique, c’est de l’écriture au chapitre, ce qui est assez fastidieux et fatigant, à la différence d’un manga de combat où ce dernier s’articule sur plusieurs chapitres voir sur plusieurs tomes, c’est une écriture beaucoup plus facile.
Sur Negima j’ai commencé avec une écriture scénaristique au chapitre mais à un moment je suis arrivé à un point de fatigue, ce qui m’a incité à passer sur une autre forme d’écriture, et l’action s’avérait alors plus propice. C’est comme ça que l’histoire s’est tournée vers davantage d’action. Cette difficulté fait qu’il y a vraiment très peu de comédie romantique qui dépasse les vingt tomes, c’est une écriture trop fastidieuse.»
UQ Holder se concentre donc sur l’action mais tire aussi une autre leçon de Negima, celle de la gestion des personnages : « dans mes séries je ne faisais que rajouter des personnages, il y avait une vraie inflation pas toujours facile à tenir d’ailleurs, graphiquement parlant : à la fin de mes histoires on était passé de combats à 1 contre 5 à des combats à 1 contre 30 ! (Rires) Voilà pourquoi, sur UQ Holder, j’essaie de partir sur autre chose, de plus tenable.»
En définitive, lorsque nous demandons à l’auteur quel conseil il se donnerait à lui-même s’il pouvait voyager dans le temps et parler avec le Ken AKAMATSU des débuts, il lui dirait « de ne pas commencer avec plein de personnages féminins et de ne pas attendre le retour des lecteurs pour savoir laquelle aura la cote ou non avant de lui donner plus ou moins de place dans l’aventure ou pour développer leur personnalité. Je lui dirais d’essayer d’anticiper davantage pour déterminer les personnages les plus importants afin de, dés le départ, bien les travailler. »
Cette série qui compte pour le moment sept volumes au Japon marque aussi une évolution graphique vers le numérique. Comme pour le récit, c’est un changement qui s’est fait progressivement et en premier lieu sur les décors : « Depuis Negima j’utilise des softs de modélisation 3D avec un rendu dessin derrière qui me permet de faire des décors plus précis et c’est l’un de mes assistants qui est dévolu à cette tâche. Cet assistant a débuté sur Negima et œuvre actuellement sur UQ Holder. Sur Love Hina, nous travaillions plutôt à partir de photo pour dessiner des décors. »
Depuis, Ken AKAMATSU a trouvé de nombreux avantages au manga numérique :« Il y a de gros avantages du point de vue des auteurs comme de celui des lecteurs. Les deux partis sont beaucoup plus proches qu’avant, et l’auteur peut gagner plus en vendant moins.»
Lors des échanges avec Pika, Ken AKAMATSU revient d’ailleurs sur les logiciels qu’il utilise et des nouvelles méthodes de travail qui sont en train de modifier la vie des mangakas : « Actuellement, je travaille sur le logiciel Comic Studio avec ma tablette graphique. Depuis mes débuts jusqu’à la fin de Negima, je dessinais avec une plume G. , sauf pour les décors : j’utilisais LightWave 3D. Mes assistants aussi travaillaient à la plume G.[…] Nous sommes sept avec moi et, même si ce n’est pas courant pour une série hebdomadaire, la moitié d’entre eux travaille à domicile. Tous les échanges et les correspondances se passent sur le net. C’est une habitude qui commence à se répandre. »
Néanmoins l’auteur entend bien conserver certaines préférences vis à vis des changements entraînés par le numérique : « La mode, en ce moment, c’est la lecture sur écran, des planches couleurs qu’on fait défiler verticalement. Ce qui n’est pas une mauvaise chose ! Mais moi, je suis de la vieille école, j’aime dessiner une attaque sur une double page pour surprendre le lecteur, par exemple. Et je n’ai pas forcément envie de changer mes habitudes. Ce qui ne m’empêche pas d’apprécier les autres formats, comme les planches couleurs qui se lisent verticalement dont je viens de vous parler. Je suppose que les technologies vont encore faire des progrès dans ce sens et que le monde entier adoptera bientôt de nouvelles habitudes de lecture. »
Enfin, un dernier changement qui n’est pas des moindres, qui nous en apprend plus sur la vie d’un mangaka à succès : « Alors, ce n’est heureusement plus le cas, mais il faut savoir qu’un auteur de manga hebdomadaire ne dort pas ! J’ai de très mauvais souvenirs de la période du début de Negima : je dormais trois fois 5 minutes pour faire croire à mon organisme que j’avais fait une nuit de sommeil. Je tenais le coup en mentant à mon cerveau ! Mais j’étais si épuisé qu’en dessinant, j’avais envie de vomir. C’était terrible… Maintenant, ça va : Je dors ! C’est important ! »
Anime, public doujinshi et fin de carrière : il n’y a pas que le manga chez les mangakas !
Comme tous les auteurs d’œuvres à succès, Ken AKAMATSU travaille également sur l’adaptation de ses mangas. Ce fameux trans-media n’est pas pour déplaire à notre auteur, bien au contraire : « Ces derniers temps, les œuvres ont tendance à se décliner sur plusieurs supports. Un manga est adapté en anime, en film… Et je trouve ça très intéressant. Comme j’ai toujours été passionné par l’animation et le cinéma, je trouve ça formidable qu’à notre époque, une série ne soit pas cantonnée à un seul format. »
Une fois la processus en route, l’interviewé nous explique qu’il évite les excès d’interventionnisme : « En général, les studios démarchent les éditeurs et les mangakas quand il y a environ 4 ou 5 volumes du manga en question qui sont sortis. Personnellement, j’ai pu désigner des acteurs pour les voix de mes personnages et j’ai également pu travailler sur le scénario, mais je faisais confiance au staff. […] J’ai étudié l’animation, donc je sais à quel point un studio d’animation se transforme en champ de bataille quand il faut modifier quoi que ce soit. Mais certains auteurs sont très exigeants et refusent le moindre changement par rapport à l’œuvre originale, ce qui peut semer le chaos dans l’équipe d’animation. C’est pourquoi moi, je n’interviens jamais. Une fois que j’ai donné mon accord, je ne me mêle plus de leur travail, quelque soit le résultat. »
Un autre point qui occupe les pensées d’un mangaka est son lectorat et Ken AKAMATSU ne fait pas exception. Lorsqu’on lui demande en conférence sa source de motivation il répond « L’enthousiasme des fans ! » et lorsqu’on enchaîne sur le meilleur moment de sa carrière il récidive : « Aujourd’hui ! Je suis très surpris qu’autant de gens apprécient mes histoires si loin du Japon et j’en suis très heureux. » L’auteur s’amuse d’ailleurs de voir autant de demoiselles venues le rencontrer à Japan Expo : au Japon, « il n’y a quasiment que des lecteurs masculins ! Souvent, mes histoires n’ont pas de succès auprès des filles, je suis donc très surpris par tout le monde que je vois ici et surtout par l’hétérogénéité du public. »
Si les lecteurs et les adaptations animées sont le lot de tous les auteurs à succès, l’invité d’honneur s’intéresse à d’autres sujets qui touchent de près le manga. Comme le note un spectateur de la conférence publique, l’édition japonaise d’UQ Holder possède un logo DJ, qui autorise les gens qui le souhaitent à utiliser les personnages de ses histoires pour la réalisation de doujin. Quand on lui demande comment lui est venu l’idée, l’auteur avoue que « c’est un sujet tendu au Japon.» puis s’explique : « c’est un sigle qui a été créé à l’occasion d’un traité transpacifique pour l’échange des livres. En fait, je veux permettre à de jeunes auteurs de se faire la main en autorisant les doujin, sans que cela soit considéré comme du plagiat et que cela soit illégal. De grands auteurs ont commencé par faire des doujin, comme les CLAMP par exemple. Moi, je faisais des doujin Sailor Moon quand j’étais plus jeune ! »
Il aimerait bien un refaire un jour d’ailleurs. Malheureusement, comme il le précise : « dans les magazines de prépublication il y a une close dans les contrats qui empêche les mangakas de réaliser des doujin, mais j’aimerai bien en refaire un jour. J’aurais en tout cas honte que l’on publie ceux que j’ai réalisés étant plus jeune…»
Un autre sujet d’importance touche particulièrement l’auteur : la liberté d’expression, une thématique qui semble inquiéter de plus en plus de mangakas ces derniers mois, comme nous l’évoquions en début d’année avec Tetsuya Tsutsui. En cause, un mouvement de restriction des caractères sexuels dans le manga : « Ce mouvement a pour but de supprimer la pornographie infantile dans les mangas, et je suis bien sur tout à fait pour, c’est une évidence. En revanche, ils veulent généraliser et s’attaquer à un plus large aspect de la représentation des caractères sexuels, comme pour l’érotisme par exemple. Le mouvement souhaite s’étendre dans le domaine de la 2D, et donc le manga, le jeux-vidéo, les animés. Je suis contre cette partie-là, car c’est un blocage à la liberté d’expression et à la création. » Après avoir milité avec succès pour empêcher qu’une législation liberticide se mette en place dans la préfecture de Tokyo, monsieur AKAMATSU se voit bien continuer ce combat, une façon pour lui d’aider la jeune génération afin qu’elle puisse s’exprimer le plus librement possible.
Comme nous évoquons une nouvelle génération d’auteur, une dernière question nous brûlait les lèvres en conférence de presse : Ken AKAMATSU, bientôt à la retraite ? Le mangaka nous répond en toute honnêteté :« Actuellement c’est vrai que je suis presque le plus vieux mangaka du magazine de prépublication où je travaille, le second plus vieux de l’équipe. Donc laissez la place aux jeunes c’est important je pense et j’aimerai que mon expérience serve aussi les jeunes mangakas, en les aidant sur la gestion des droits des choses comme ça.
C’est vrai que j’ai passé neuf ans sur Negima , que j’ai beaucoup donné beaucoup de choses dans cette série. Mais j’ai encore des choses à dire et à partager avec UQ Holder, sur lequel je suis très actif et j’ai encore envie de continuer un bon moment sur cette série. Mais j’aimerai aussi laisser cette question au jugement des lecteurs… S’ils me désavouent c’est qu’effectivement il sera peut-être temps d’arrêter. »
Aux lecteurs de juger, donc ! Rendez-vous pour ce faire le 16 septembre avec la sortie du 6e tome de UQ Holder !
Propos recueillis par Pika et les rédacteurs de : ActuaBD, Manga-News, Illuminati, Just Focus, Daily Mars, Planète BD, N-Gamz, Jeux Online… et Journal du Japon bien sûr !
Remerciements à Ken AKAMATSU pour son temps et sa gentillesse ainsi qu’à notre interprète du jour et à Pika pour la mise en place de cette interview.
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