De la littérature au manga : Les chats sont partout !
Après vous avoir présenté le phénomène manga & chats en 2014 puis avoir confronté ces félins aux autres animaux en début d’année, Journal du Japon profite de la sortie du dernier tome de Chi pour faire un point littéraire sur le sujet. Voici des nouvelles idées de lectures sur le sujet, avec des romans, des photos et même des haïkus, avant de vous proposer quelques nouveautés manga chez nos amis à quatre pattes…
Un chat qui écrit des haïkus !
Shinbô Minami est un dessinateur japonais très connu pour ses caricatures de personnalités. Mais il a décidé dans ce livre de se mettre dans la peau d’un chat et d’écrire ses pensées de chat sous forme de haïkus. Le résultat est donc un recueil Haïkus du Chat (publié aux éditions Picquier) dans lequel haïkus et dessins se mêlent pour décrire le quotidien d’un chat fainéant et philosophe.
Parfois ce chat est râleur, de mauvaise humeur lorsque les poissons confits collent à ses dents, parfois il est poète lorsqu’il s’émerveille de la belle lumière du soleil printanier. Il aime passer des heures allongé à ne rien faire, il aime observer son environnement, il aime aussi beaucoup manger, comme le prouve son énorme ventre si amoureusement dessiné.
Les dessins sont d’une simplicité touchante, le chat tout en rondeur, malgré son côté ronchon, est terriblement attachant. Les éléments du décor rappellent au lecteur que ce chat est avant tout japonais : il surprend l’ombre d’un oiseau derrière le shôji, il admire un kaki (orange comme lui) ou un tableau d’un grand peintre japonais. Il est même très cultivé et « ses » haïkus font parfois référence à de grands maîtres du haïku ou à des peintres célèbres (le lecteur trouvera en fin d’ouvrage de précieuses notes expliquant ces allusions).
C’est drôle et intelligent, sensible et poétique … De quoi donner envie de mener une vie de chat !
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Japon, le pays des chats
Au Japon, les chats sont partout : à attendre le poisson dans les petits ports de pêche, à profiter du soleil sur le bord de la route, à regarder dehors à travers une fenêtre ou à se faire caresser dans un Neko Café.
Delphine Vaufrey (qui a réalisé les illustrations, adorables dessins de chats) et Alexandre Bonnefoy (textes et photographies) ont beaucoup voyagé à l’intérieur du Japon et ont croisé de nombreux chats, errants en plus ou moins bonne santé, ou domestiques chouchoutés par leur maître. Le résultat est donc une grande diversité, une vision du Japon à travers ses chats.
Le livre est découpé en grands chapitres.
Nora Neko (un chat dans la ville) est consacré aux chats des rues, allongés sur le trottoir, rôdant au pied d’un sanctuaire ou entre les bâches bleues des SDF, nourris par les habitants ou repoussés par des moyens plus ou moins efficaces (dont les fameuses bouteilles en plastique assemblées dans les endroits où le chat n’est pas le bienvenu). Ces chats sont parfois blessés ou malades et les photos sont très différentes entre les beaux chats des animaleries et les chats blessés par les nombreuses bagarres.
Yoru Neko est consacré aux chats de la nuit. Ambiance totalement différente avec des chats à la lumière des distributeurs de boissons, ou près d’un restaurant quémandant leur repas, ou tout simplement passant sous la lumière d’un réverbère.
Maneki Neko (littéralement le chat qui invite) alterne statuettes de chats levant la patte pour attirer la bonne fortune et vrais chats qui trônent à l’intérieur des boutiques.
Neko Café dévoile au lecteur les fameux cafés dans lesquels les Japonais se pressent pour caresser des chats en buvant une boisson chaude. Ces félins sont de vrais pachas !
Inaka Neko met en avant les chats à la campagne. L’atmosphère est plus douce, plus lumineuse, et les paysages verts donnent un beau cadre aux photographies.
Le livre se termine à Tashirojima, une île où les chats sont nombreux et cohabitent en harmonie avec les pêcheurs qui leur laissent gentiment de quoi manger. Et quoi de plus sympathique qu’un chat avec un poisson dans la gueule !
Neko Land est un très beau livre pour les amoureux des chats, mais aussi pour les amoureux du Japon. Une belle idée cadeau !
Plus d’informations et un extrait à feuilleter sur le site de l’éditeur.
Récit poétique de 20 ans de vie avec un chat
20 ans avec mon chat de Mayumi Inaba (aux éditions Philippe Picquier) est un roman très touchant où une prose décrivant le quotidien alterne avec des poèmes magnifiant les petits moments du quotidien du chat.
C’est donc l’histoire de Mî, une chatte que l’auteur a trouvé un jour en très mauvaise posture : la petite chatte était suspendue dans le vide à la grille d’un collège. Aussitôt, elle la prend et l’installe dans la maison avec jardin qu’elle loue avec son mari. La petite chatte (qui n’arrête pas de miauler au début, d’où son nom Mî) apprend à laper, à se promener dans le jardin qui devient vite son territoire, et même dans le quartier qu’elle connaît de mieux en mieux. Avec le temps, Mî a des habitudes, comme celle de se poser sur le couvercle de la baignoire encore chaud et de s’y endormir.
Une période idyllique qui prend malheureusement fin lorsque le couple se sépare et que la narratrice doit quitter la maison pour un appartement en pleine ville. Le changement est radical : pas de jardin, beaucoup de lumière et de bruit. Mî en est très perturbée, mais devient petit à petit une chatte d’appartement tandis que sa maîtresse s’adapte elle aussi et trouve sa voie dans l’écriture.
Mî va vieillir, et sa maîtresse sera toujours là pour la soigner, lui apporter tout l’amour qu’elle peut lui donner, même dans les moments les plus délicats. Cette compagne de tous les instants, qui lui a montré comment savourer chaque instant, regarder la lune, humer l’odeur de la terre, caresser l’herbe, apprécier la chaleur de la maison, qui lui a appris l’émerveillement au quotidien, partira « vers la lumière » tandis que la narratrice continuera sa vie d’écriture, de poésie.
Ce livre est une déclaration d’amour, un concentré de vie et de joie, un cheminement commun sur la route de la vie, parsemée de petits bonheurs qui deviennent des petits poèmes qui brillent comme des petites pierres précieuses.
Plus d’informations et un extrait du livre sur le site de l’éditeur.
Des manga et des chats : un point sur le phénomène…
Le 12e et dernier volume de Chi, une vie de chat (Glénat) sort le 18 novembre. Le manga phénomène, celui qui a ouvert les portes à bien d’autres animaux à moustaches, prend fin. Tout le monde est triste, mais ne sortez pas les mouchoirs tout de suite car le relève est déjà là ! Elle est déjà assurée par quelques leaders comme Plum – un amour de chat (Soleil), Kuro, un cœur de chat (Kana) ou encore Nyanpire (Kurokawa).
Chacun s’illustre dans un style graphique différent. Il y a les outrageusement mignons et colorés, ceux tout droit sortis d’une estampe, ou encore ceux dans un style plus classique ou réaliste. Nos adorateurs des Dieux Carton et Croquette ont su trouver leur public alors que les éditeurs tentent par tous les moyens d’accrocher des lecteurs dans des secteurs différents. En effet, depuis les succès commerciaux, de nouveaux éditeurs se sont lancés dans l’aventure, tentant de suivre ce mouvement qui semble rapporter. Mais le lecteur n’est pas dupe, si le récit n’est pas de qualité, il le boudera. Car le risque, comme dans toute mode, est là : les histoires sont sensiblement les mêmes toutes empreintes de mignonneries typiquement féline mais risquant au final de tourner en rond ? Même s’il est amusant de constater la différence de ton des auteurs masculins (Kuro, Le journal des chats) et les auteurs féminins (Chi, Miaou, Plum etc.), un chat reste un chat, passé le cap de la nouveauté peux-t’on trouver des récits différents ?
Heureusement il semblerait que les chats aient encore des choses à dire, car nous n’avons pas encore exploré toute l’étendue de l’offre féline japonaise. Voici quelques challengers fraîchement débarqués dans l’hexagone…
Le journal des chats, par Junji ITO
Delcourt a décidé de son côté de publier un one shot : Le journal des chats de Junji ITO. Ce dernier est l’auteur de séries accès sur l’horreur et l’épouvante (Spirale, Tomié…). Mais un jour son éditeur lui a demandé s’il ne veut pas parler de ses deux chats : tout d’abord dubitatif il s’exécute. Et le moins que l’on puisse dire c’est que nous sommes loin de l’univers du chat kawai, tant sur le fond que sur la forme. Junji ITO garde son style reconnaissable entre mille : yeux vides, visages de terreur et ambiance bizarre.
Le récit est émaillé de questions posées au mangaka et il y répond avec une certaine dose d’humour, comme l’explique le résumé officiel : histoire autobiographique de Junji Ito, l’auteur de Spirale et Tomié. Ce manga raconte l’histoire vraie mais exagérée de Yon et Mu les deux chats de Junji Ito. Yon, par exemple, est né avec une tête de mort sur le dos. Un jour, le chat, comprenant que cela effraie les gens, se met à redoubler de fourberie pour leur faire peur ! Sachant que sa cible favorite est Junji Ito lui-même.
Très bel objet il ravira les amateurs du mangaka, qui ne pensaient pas, sans doute, voir un jour cette oeuvre traduite. Les autres seront peut-être rebutés par le prix, mais ne vous y trompez pas voici un titre intéressant et surtout des plus original.
Miaou ! Moustic et Big Boss
Nobi Nobi sort de plus en plus de manga, et cette fois-ci c’est toute une communauté de chats qui y a droit. Il y a tout d’abord MIAOU ! Le quotidien de Moustic et de MIAOU ! Big-Boss le magnifique. Les deux séries sont en cours de parution au Japon et sont l’œuvre de Minori KAKIO. Le succès de Big boss dans la série Moustic fut tel que ses lecteurs ont demandé à ce qu’il est droit à sa propre série.
Chaton hardi, Moustic découvre tous les jours un peu plus la vie sous le regard bienveillant de sa maman. Un jour, la cane des voisins lui sauve la vie alors qu’il est sur le point de se noyer, et devient ainsi sa meilleure amie. Quand il voit BigBoss, le chat le plus effrayant du quartier s’approcher de sa nouvelle compagne, c’est la panique ! En réalité, cet imposant personnage n’est pas si terrible et se révèle même être le protecteur de Madame Casse-croûte, surnom affectif donné à la cane par Moustic.
Grâce à eux, le chaton apprend et grandit, non sans quelques frayeurs. Prenant également conscience des différences qui le séparent de la cane, il se pose de nombreuses questions sur le sens de l’amitié : un chat peut-il vraiment s’empêcher de manger sa proie ?
Le dessin clair et lécher sert des petites histoires simples et rigolotes qui font mouche. Le lecteur s’attache rapidement à cette mignonne boule de poil, mais aussi à Casse-croute ou encore au fameux Big-Boss.
MIAOU !, c’est la certitude d’une lecture agréable avec 100% de bonne humeur dedans.
Choubi-Choubi, mon chat tout petit
Avant de créer Chi, Konami Kanata avait publié un manga racontant les aventures de Fuku-fuku funyan (12 tomes inédits en France). Quelques années plus tard elle raconte la jeunesse de son chat/héros. C’est cette partie toujours en cours de publication au Japon qui est éditée en France par Soleil. Baptisé Choubi-Choubi il n’existe pour le moment que deux volumes des histoires de ce chaton et de sa mémé.
Avant de devenir un bon gros chat ronronnant, Choubi-Choubi était un chaton plein de vie, tout excité par ce qui l’entoure. Ce sont ces premiers moments, l’âge tendre d’une boule de poils, que Konami Kanata, l’auteure de Chi, propose de nous raconter à travers ce manga tendre et rigolo. Rien de mieux pour un chaton au caractère bien trempé que de faire tourner en bourrique une bonne vieille grand-mère !
Le style et la narration reste assez semblable à celle de Chi. Les amateurs seront donc ravis d’y retrouver un chaton prêt à faire toutes les bêtises de la terre. Certains passages sont aussi très émouvants vu par l’œil naïf de Choubi-Choubi. Les saisons défilent d’une histoire à l’autre et le lecteur est bercé par la tendresse et la joie de vivre des protagonistes.
Ces trois nouveaux titres ne ciblent pas forcément les enfants, mais les deux derniers peuvent être lus autant par vous que votre progéniture donc à vous de trouver le chat qui vous plait, pour une lecture des plus ronronnantes !
Les mangas et les livres d’auteur ayant un chat comme personnage principal ne date pas d’hier.
On peut évoquer Mikaël le chat qui danse (un homonyme), nekojima (chez nobinobi) ou le roman « je suis un chat » de Natsume Sôseki. Évoquons aussi plus proche de nous Fleya et Feanor de Maliki.
Bref les chats sont un sacré sujet d’inspiration.
Bonjour,
Oui il y a de quoi inspirer énormément d’auteurs, et donc d’articles, en effet, et je pense que ce n’est pas finit !