Un jour à Kanagawa : Les villes historiques de Yokohama et Kamakura
Les vacances touchent à leur fin, tout comme nos chroniques d’Un jour à Tokyo… C’est pourquoi nous vous proposons pour cette dernière évasion de sortir de la mégalopole. Aujourd’hui, nous vous emmenons à la découverte de deux villes emblématiques de la préfecture de Kanagawa au Sud de Tokyo : Kamakura et Yokohama. Elles ont pour point commun d’avoir eu chacune, en leur temps, une place de premier plan dans les grands changements historiques, politiques et sociaux de l’archipel.
D’un côté, Kamakura, ancienne capitale du Japon, plus précisément du bakufu (régime féodal) éponyme, de 1192 à 1333. De l’autre, Yokohama, une des ouvertures majeures par laquelle les échanges entre le Pays du Soleil Levant et le reste du monde circulaient dès sa réouverture au XIXe siècle.
La ville côtière de Kamakura, située à moins d’une heure de Tokyo, est une escale véritablement rafraîchissante lorsque l’on veut s’extirper du tumulte de la capitale.
Avec ses plages, ses temples, son énorme bouddha de près de 14m de hauteur, mais surtout son atmosphère si particulière, Kamakura est devenue au fil du temps un site touristique de renommée internationale.
Pour profiter au mieux des richesses de la ville, l’idéal est d’arriver aux alentours de 8h30/9h00. A la sortie de la gare, on trouve des bus qui nous emmènent, pour environ 3 euros l’aller-retour, à notre première destination : le Daibutsu (grand bouddha). Il s’agit du monument le plus célèbre de Kamakura. Cette statue en bronze du Bouddha Amida datant du XIIIe siècle est l’un des symboles de la prospérité de cette ancienne capitale politique du Japon. Plus encore, elle est classée sur la liste des trésors nationaux du pays. Son importance au niveau du savoir-faire employé à sa construction, ainsi que sur le plan historique, est donc capitale. Moyennant 1,50 euros pour l’accès au monument, plus une poignée de centimes pour voir l’intérieur de la statue, il est possible de contempler ce chef d’œuvre. On trouve, à côté du bouddha et à la sortie des boutiques, des souvenirs et quantité de bibelots très sympathiques allant de reproductions du Daibutsu à de superbes tasses ou verres à saké. Pour les plus aventuriers, sachez qu’il est possible d’emprunter un chemin de randonnée de quelques kilomètres comprenant la visite du Daibutsu et de plusieurs temples aux abords du sentier.
Une fois revenu à la gare, portez votre attention sur le panneau affichant la carte des principaux sites touristiques de la ville afin de sélectionner un itinéraire correspondant à vos envies. Il y a tellement de temples à Kamakura qu’il faudrait la journée pour en faire le tour, alors nous en avons sélectionné deux parmi les plus importants afin d’avoir du temps pour le reste de la journée. Pour atteindre notre premier choix, le temple Kencho-ji, il faut compter environ 20 minutes de marche. Datant du XIIIe siècle, il est toujours en activité de nos jours et il n’est d’ailleurs pas rare de croiser des riverains venu pour méditer. De plus il s’agit du plus ancien temple d’obédience Zen du Japon, ce qui en fait donc un lieu d’une importance considérable sur le plan spirituel. Le prix d’entrée de 2,50 euros est tout à fait compréhensible lorsque l’on déambule dans ce gigantesque site, sans commune mesure avec les temples que l’on peut trouver à Tokyo. La végétation luxuriante se mêle aux différents édifices et statues composant le Kencho-ji. Certaines parties comme le Butsuden, le pavillon du bouddha, furent importés de Tokyo au XVIIe siècle. Dernier point, la statue du Jizo Bosatsu, la divinité chargée d’aider les âmes perdues à trouver le salut nous rappelle qu’autrefois, la vallée sur laquelle se trouve le temple fut un lieu d’exécution.
A quelques minutes du Kencho-ji se trouve le plus important temple shinto de Kamakura, le Tsurugaoka Hachiman-gu. Créé au XIe siècle puis déplacé sur le site actuel au XIIe siècle, ce temple est dédié à Hachiman, divinité de la guerre, patron des samurai et aussi, accessoirement, du clan Minamoto. Pour bien comprendre l’importance de ce temple, il faut remonter au XIIe siècle, quand Minamoto no Yoritomo prit le pouvoir. C’est lui qui fit entrer le Japon dans l’ère des samurai et de la domination des classes guerrières. Il vouait une dévotion sans limite à ce temple situé au centre de la nouvelle capitale qu’était Kamakura à l’époque. Pendant près de 700 ans (jusqu’à l’effondrement du système shogunal en 1868), Yoritomo était vu comme un modèle pour les shoguns et ce temple conserva donc un rôle de premier plan. Pour preuve, le célèbre shogun Tokugawa Iieyasu (1543 – 1616) décida d’en faire le temple tutélaire de sa famille, continua d’apporter diverses offrandes et de tenir nombres de magnifiques cérémonies en son sein. En plus du temple, nous trouvons aussi un petit musée des trésors à 1,50 euros l’entrée et un musée des trésors nationaux encore plus intéressant pour seulement 2,50 l’entrée.
Une fois rassasié par toutes ces découvertes palpitantes, pourquoi ne pas prendre le temps de tomber dans le tourisme de consommation afin de rapporter de beaux souvenirs pour chez soi et/ou à offrir. En effet, en revenant au centre ville, vous trouverez sur votre chemin la Shopping Street, un des passages obligés lorsqu’on visite Kamakura pour la première fois.
La rue est bordée de plus de 250 restaurants, boutiques, cafés chics de style japonais. En entrant dans les ruelles étroites de la vieille ville, vous trouverez d’anciennes maisons de style occidental avec une atmosphère historique et magasins traditionnels cachés. On trouve aussi un magnifique magasin dédié aux produits dérivés des films des studios Ghibli.
Pour manger, il y a deux écoles : soit sur place dans le restaurant qui retiendra le plus votre attention (les nouilles soba sont très populaires à Kamakura) ou mieux encore profiter des échoppes de nourritures pour grignoter des produits japonais tout en vous baladant au gré de vos envies. Restez tout de même vigilant car la Shopping Street est régulièrement survolés par d’énormes aigles sauvages.
Prochaine étape : Yokohama ! Pour y arriver, il faut prendre la Yokosuka line à partir de la station Kamakura (25 minutes) et une fois à la station Yokohama prendre la Minato mirai line jusqu’à la station Motomachi Chukagai (8 minutes).
Yokohama, capitale de la préfecture de Kanagawa, est la seconde plus grande ville du Japon (plus de 3,7 millions d’habitants) et l’une des plus cosmopolites. Depuis la réouverture de l’archipel en 1853 et le traité de commerce et de navigation avec les États-Unis (1859), la ville a prospéré en devenant une voie majeure d’échanges avec le monde.
Preuve de sa relation avec les communautés étrangères, Yokohama accueille le plus grand Chinatown du Japon. Ce quartier, vieux de plus de 150 ans, mérite une halte tant son ambiance et son architecture diffèrent de ce que l’on a l’habitude de voir dans les quartiers japonais. En effet, là où les japonais privilégient la sobriété des couleurs, les chinois usent de nombreuses teintes qui attirent le regard. Très animé, bourré de restaurants et de boutiques à la mode chinoise, Chinatown séduit.
L’exemple le plus caractéristique de cette originalité architectural et de cette abondance de couleurs est le somptueux petit temple Kanteibyo. Fondé en 1862, il fut plusieurs fois rebâtit au fil du temps à cause de catastrophes (tremblement de terre, incendie). Ce temple est à la fois un site spirituel pour les résidents chinois mais aussi un site touristique jouissant d’une grande popularité auprès des étrangers.
Pour la suite, dirigez vous vers Minato mirai 21 ou port du futur du XXIe siècle où vous attendent un panorama magnifique et nombres d’activités passionnantes.
En vous promenant dans ce quartier vous pourrez voir, par exemple, le magnifique 3 mats Nippon Maru, amarré dans le port depuis 1984 et qui sert aujourd’hui de navire-musée.
L’air marin apporte indéniablement une sensation de fraîcheur et de bien-être qu’on ne retrouve pas ou peu à Tokyo, c’est donc un véritable plaisir de se promener dans cette partie de la ville. La vue est des plus agréables, entre la mer, les buildings colossaux, le port et le pont qui relie la baie… un cadre idyllique. Sur votre chemin, vous trouverez un petit parc d’attraction très sympathique appelé Yokohama Cosmo World. Parmi ses jeux et attractions, une gigantesque grande roue de plus de 125m de hauteur, baptisé Cosmo Clock 21. Yokohama abrite aussi des centres commerciaux titanesques comme le Queen’s et surtout le Landmark plaza. Ce dernier est en fait le deuxième bâtiment le plus imposant du Japon (près de 300 mètres de haut). Il s’y trouve de tout, bureaux d’affaires, magasins (dont un Pokémon Center), restaurants et un observatoire à 273 mètres d’altitude (environ 8 euros le ticket d’accès). Pour les personnes désireuses de passer la nuit à Yokohama, sachez que la tour accueille aussi un hôtel s’étendant du 49e au 70e étage.
Un autre complexe, plus modeste que les précédents mais tout aussi intéressant, mérite le détour : le Yokohama Red Brick Warehouse,. Achevé au début du XXe siècle, ce double bâtiment tout en briques rouges est pour le moins atypique de par son architecture et son matériau propre aux constructions occidentales. A l’origine, il était alloué à la douane maritime. Durant la Seconde Guerre Mondiale, il fut réquisitionné par les américains. Après qu’il fut rendu, on s’occupa de sa restauration et il devint le complexe commercial et culturel que l’on connait aujourd’hui.
Pour le dîner, allez manger à Chinatown pour savourez des plats chinois. Tout le monde n’est pas au courant mais les fameux gyoza de plus en plus à la mode en France que l’on apparente souvent à la gastronomie nippone sont en fait des plats originaires de Chine. Goutez à ces raviolis dans un quartier chinois au Japon est donc un must que nous vous conseillons !
Après une telle journée, ceux qui ne jurent que par Tokyo devraient sans aucun doute changer de discours et élargir leurs horizons. Le Japon est un pays qui regorge d’histoire, de découverte et de paysages différents. A Kanagawa vous serez en mesure d’apprécier toutes ces qualités qui font de l’archipel un endroit magique. Le plus plaisant dans tout ça, c’est que cela ne constitue une fois encore qu’une infime partie du potentiel touristique du pays du Soleil Levant. Découvrir le Japon est un plaisir sans fin !
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