[Découverte + Live Report] Köttur : les deux vies d’un chat
Depuis sa création en 2007, le projet Köttur n’a cessé d’évoluer, sautant d’un style à l’autre, entre pas de velours et griffes sorties. Découverte de l’univers d’un chat pas comme les autres avec un live report exclusif, en direct de Tokyo.
Initialement composé de deux personnes, Köttur (chat en islandais) a été créé en 2007 alors que la chanteuse compositrice Chiyo n’est âgée que de 16 ans. Ce n’est cependant qu’en 2010 qu’un premier mini-album – Nukonomad – voit le jour, distribué par le label indépendant Ometosando Records et dès 2011, Chiyo reprend seule la barre du groupe. La jeune femme écume alors les clubs de Tokyo et les festivals, tout en participant à de nombreux projets, en étant notamment choriste pour no.9.
Le premier véritable album de Köttur – Tomato- Bō No Béret – sort en 2013 sur le label indépendant Kilk Records et est la pierre angulaire de la « première vie » du projet de Chiyo.
À l’écoute de cet album, le nom en islandais du groupe semble bien peu innocent tant l’univers s’apparente à celui de la chanteuse Björk. Tout en introspection, l’album navigue entre morceaux ambient (Hybrid Womb Machine), superbes ballades (Land Of Trees), morceaux plus sombres (Viciousex) et trip-hop hypnotique (Spirit, Arabiki Arabia), le tout sonnant très justement comme un album cohérent et transcendant les genres pour donner naissance à cet objet musical non-identifié. Tomato Bō No Béret atteint l’état de grâce avec la ballade Aoi Sora No Hi Ni, qui est le point culminant de cet album.
Il est difficile d’avoir un aperçu de cette période de la carrière de Köttur. Tout au plus, quelques vidéos de concerts filmés avec un téléphone portable ou de courts extraits sur le SoundCloud du groupe sont trouvables sur internet. Le meilleur moyen de découvrir ce superbe album est de se rendre directement au Japon pour y voir Köttur en concert (en croisant les doigts pour un jour une date en France) et d’acheter ledit CD directement auprès de la jeune femme.
Köttur, fighter girl
Un an après Tomato Bō No Béret, Köttur marque son retour avec un nouveau single intitulé Shakunetsu Fighter Girl, et le moins que l’on puisse dire est qu’un changement radical de style a été opéré. À des lieues des compositions intimistes d’alors, le nouveau son de Köttur est résolument pop et intègre des éléments venus du rap, de l’électro et de la world music. Chiyo se plaît à appeler cette transition son « réveil » et à se définir désormais comme une « cyber moe moe fighter girl« , et ce à raison de « 70% fighter et 30% moe moe« . À l’image de cette dualité, les clips et les visuels de Köttur deviennent des avalanches de couleurs psychédéliques et de références pop. Avec ce nouveau son et cette imagerie psychédélique, Köttur cherche à représenter à travers sa musique l’identité d’une nouvelle génération, plus cosmopolite et connectée.
C’est avec Shakunetsu Fighter Girl que Köttur accède à une certaine renommée et le titre lui permet de devenir Next Big Shot pour le Tower Records de Shibuya ainsi que l’égérie du label indépendant Kilk Records, qui produit le groupe.
Un nouvel EP – Chunky Heel – est sorti le 15 avril 2015 et la jeune femme décrit ce single comme un « hymne cosmopolite qui déchire ». Nous voila prévenus. Armée de ces nouvelles compositions, Köttur écume sans relâche les clubs de la capitale japonaise dans des concerts survoltés et énergiques.
[LIVE REPORT] Essence @ Shibuya Loop Annex (04/02/2015)
Organisée par le club Loop Annex de Shibuya, la soirée Essence proposait une programmation éclectique issue de la scène underground tokyoïte. Au programme, Reina NOSA & Blue Valentines, Tomomi SATO, Megumi WATA, Polta, et Köttur. Une soirée électrique en perspective.
L’arrivée sur scène de Köttur a de quoi surprendre. Arborant une extravagante tenue faisant écho à l’imagerie colorée de l’univers qu’elle s’est construit, Chiyo monte seule sur scène, simplement accompagnée de ses synthétiseurs et d’un étrange DJ masqué.
Le concert s’ouvre sur un freestyle a cappella haranguant le Loop Annex. Köttur ne fait pas de tour de chauffe et entre dans le vif du sujet sans attendre. Très rapidement, l’énergie bouillonnante de Chiyo fait monter la température de la salle et les morceaux s’enchaînent sans laisser au public le temps de reprendre son souffle. Les instrus énergiques vont puiser dans les sons les plus violents de la musique électronique, du breakbeat à la techno, mêlant basses synthétiques et samples d’instruments traditionnels du Moyen-Orient dans un maelstrom psychédélique. Les deux musiciens présents sur scène se complètent bien et les interventions de Chiyo au clavier sauvent le concert des risques du concert DJ set. La jeune femme harangue le public, l’invitant à se rapprocher de la scène. Et si cela ne suffit pas, elle descend elle-même dans la fosse pour y puiser l’énergie qu’elle éructe dans un flow rappé hallucinant.
La performance est courte, mais éreintante. Les musiciens comme le public, tout le Loop Annex est en nage. Loin des canons de la scène musicale japonaise, un concert de Köttur est une expérience à vivre pour tout fan de concerts transpirants et offre un coup de vent frais à une scène musicale japonaise congestionnée.
Vous pouvez découvrir l’univers de Köttur sur Facebook et Twitter.
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