Naruto the Last : la fin d’une époque
Cette semaine, les fans du célèbre ninja à la combinaison orange découvrent Naruto the Last, dixième long-métrage tiré de la série mais premier à être diffusé dans les salles françaises. Le jeu en valait la chandelle : l’aventure, mise en scène à partir d’une histoire originale de Masashi KISHIMOTO en personne, se déroule entre les deux derniers chapitres du manga, séparés par une grande ellipse temporelle. Ainsi est-ce l’occasion d’y voir plus clair quant à la tournure des événements entre ses deux périodes.
Le film est-il pour autant à la hauteur des attentes suscitées ? The Last, surfant sur la vague de nostalgie consécutive à la publication du dernier chapitre en novembre dernier, ne laissera aucun fan de la première heure indifférent. Un effet qui vient, heureusement, compenser des faiblesses évidentes. Analyse.
[Attention spoiler] Pour celles et ceux qui n’ont pas lu la fin du manga, le film (et par conséquent l’article) révèle de nombreux éléments de l’intrigue.
Chapitre 699 ½
L’aventure racontée dans the Last se déroule deux ans après la quatrième grande guerre ninja. Nos héros, qui savourent une paix bien méritée depuis, s’apprêtent à célébrer la fête de l’Hiver. Malheureusement pour eux, ils doivent rapidement faire face à un nouveau danger : la Lune se rapproche de la planète de façon inquiétante et des météorites, bris de l’astre qui se désintègre peu à peu, commencent à s’écraser sur le sol. Pour ne rien arranger, le grand méchant du film, un mystérieux personnage du nom de Toneri, fait son apparition.
D’entrée de jeu, il tente d’enlever Hinata, sauvée in extremis par Naruto. En revanche, il réussit à s’emparer d’Hanabi, la petite sœur de cette dernière, avant de disparaître dans la nature. Le Hokage, Kakashi Hatake, qui soupçonne un lien existant entre Toneri et le rapprochement soudain de la Lune, envoie alors Naruto, Shikamaru, Sakura, Hinata et Sai en mission afin de retrouver la jeune shinobi.
À la lecture du synopsis, the Last semble donc suivre une trame classique, celle propre aux films Naruto. Alors comment expliquer un tel engouement de la part des fans vis-à-vis de ce dernier opus ? Quand bien même la mission paraît périlleuse, difficile d’imaginer Naruto et ses amis s’affoler après toutes les épreuves qu’ils ont affrontées par le passé.
Non, si l’œuvre a suscité de telles attentes, c’est pour une double raison :
D’une part parce qu’il s’agit de la dernière mission. Non pas celle de l’univers Naruto puisque l’auteur a d’ores et déjà entamé une nouvelle aventure, Naruto Gaiden, mettant en scène les enfants de nos héros et parce qu’un onzième film se prépare. Mais voici bien la dernière aventure de nos personnages avant l’âge adulte dans l’ultime chapitre du manga. Une page se tourne pour les fans après quinze années passées à suivre leurs aventures et les voir grandir. Comme un cadeau que l’auteur leur offre avant le passage à la nouvelle génération.
D’autre part, et l’enjeu est de taille, on lève (enfin) le voile sur la relation Naruto / Hinata. Comme mentionné précédemment, des années séparent les chapitres 699 et 700. Il se trouve que ce dernier s’avère riche en révélations notamment en ce qui concerne la situation amoureuse de notre héros. Que s’est-il passé durant toutes ses années ? Finie la rubrique potin de Konoha. Masashi KISHIMOTO apporte la réponse à la question que beaucoup se posaient. Pour le plus grand plaisir des fans… Ou pas.
Le pari de la romance
Le simple visionnage de la bande-annonce du film ne laisse planer aucun doute : la relation entre Naruto et Hinata va évoluer. Chose rare pour un shōnen, l’amour est donc mis à l’honneur ! Et cela valait bien un film. Film qui se substitue en quelque sorte à un chapitre à part entière. En effet, à l’instar d’un Road to Ninja, le neuvième long-métrage de la saga, et à la différence des huit autres, the Last s’imbrique de façon logique dans le fil de l’histoire.
Naruto est devenu un héros et par conséquent quelqu’un de très populaire. Auprès des filles notamment. Sa popularité est telle qu’elle s’étend bien au-delà des frontières de son village. Ses admirateurs et surtout admiratrices des pays voisins vont même jusqu’à se rendre à Konoha exclusivement pour le voir et lui offrir des cadeaux.
Tout ceci rend la tâche d’autant plus difficile pour Hinata, timide maladive, qui se décompose rien qu’à l’idée de l’approcher. Surtout que la situation semble repartir de zéro. Naruto n’a t-il toujours pas compris les sentiments d’Hinata ? Elle lui avait pourtant exprimé son amour très clairement avant de se sacrifier lors du combat contre Pain (dans le tome 47, souvenez-vous). Mais après tout, cela correspond bien au caractère de Naruto. N’oublions pas qu’avant d’être l’un des ninjas les plus puissants qui n’ait jamais existé, il reste un humain avant tout. L’auteur a donc fait le pari de se focaliser sur leur relation. Et c’est justement sur ce point que le film ne plaira, sans doute, pas à tous.
Un contexte spécifique était nécessaire pour les rapprocher. Partir ensemble en mission afin de sauver Hanabi et se défaire du nouvel ennemi, Toneri, représentait le prétexte idéal. Problème : le grand méchant Toneri, bien qu’au cœur de l’intrigue, n’apparaît en conséquence qu’en tant que simple faire-valoir. Ses apparitions, parfois même très longues, sont vite éclipsées et en deviennent presque anecdotiques. Ainsi perd t-il toute crédibilité malgré sa puissance phénoménale et ses mauvaises intentions. Il veut détruire le monde – ce n’est pas rien – mais le film s’articule en grande majorité autour de scènes « fleur bleue », limitant directement les scènes d’action qui restent peu nombreuses, indépendamment de leur bonne qualité. Certes, les séquences romantiques sont intrinsèquement réussies, emplies de poésie et accompagnées de superbes musiques, mais est-ce suffisant pour pallier au manque d’action ? Sans doute pas pour les amateurs du genre.
La raison invoquée vaut également pour les autres personnages de l’univers Naruto. Ils passent en second plan. Totalement. Hinata mise à part, les autres compagnons de mission de Naruto, à savoir Shikamaru, Sakura et Sai, n’interviennent que de manière épisodique. Et que dire de Kakashi qui dépasse à peine les deux minutes à l’écran. Quant à Sasuke, éternel rival du héro et deuxième personnage principal de la série, sa seule apparition se limite à quelques secondes, d’ailleurs visibles dans la bande-annonce, au grand dam des fans du descendant des Uchiwa. Un constat d’autant plus frustrant au regard de la durée du film qui dépasse les deux heures. Il aurait été possible d’accorder plus de place à nombre de personnages. Sur ce point, the Last laissera forcément le spectateur sur sa faim.
La carte de la nostalgie
Au-delà de ces réserves soulignées, le long-métrage touchera le cœur des fans. Avec un son titre évocateur, the Last, le film revêt une symbolique particulière : il clôt une histoire ainsi qu’un grand chapitre de vie des lecteurs et lectrices, qui l’ont découvert jeunes pour la plupart, et sont aujourd’hui des adultes. Durant les quinze années de publication, ils/elles ont grandi et mûri en même temps que Naruto et ses compagnons. Et voici venue la dernière mission de leurs héros. Avec cette idée en tête, les deux heures de ce dernier opus se dévorent et se savourent.
Le réalisateur Tsuneo KOBAYASHI ainsi que Masashi KISHIMOTO, qui a lui-même imaginé l’histoire, jouent beaucoup avec la nostalgie durant le film. Ils proposent d’emblée, en guise de générique, une sorte de rétrospective sur l’histoire du monde shinobi. Les plus grands combats de l’ère ninja sont présentés sous forme de brèves séquences à travers des images embellies à l’encre de Chine. À noter que grâce à ce petit résumé, ne pas avoir lu la fin de Naruto est tout à fait envisageable pour comprendre le film. S’en suit alors, après deux petits flash-backs amusants, une belle séquence d’introduction présentant les différentes évolutions physiques de Naruto au fil de l’histoire. Le tout agrémenté d’une des musiques phares de l’anime, Naruto Main Theme. Nostalgie garantie.
Par ailleurs, the Last est parsemé de retours en arrière, ramenant le spectateur à l’examen chûnin par exemple… ou encore plus loin dans le passé quand Naruto et ses amis sont encore petits. Autant de scènes qui raviveront les souvenirs des lecteurs. Sur ce point, le film fait mouche.
Enfin, il faut bien avouer que revoir la plupart des personnages, ne serait-ce que brièvement, fait tout de même plaisir. Kakashi, un des personnages les plus populaires du manga, dégage une telle prestance qu’il devient amusant de se remémorer d’anciens passages comme lors du mythique épisode 101, quand Naruto, Sasuke et Sakura tentent de découvrir le visage de leur maître en entier, la moitié étant toujours cachée par un masque. Ou de se ressasser sa fameuse technique des « 1000 ans de souffrance » exercée sur le postérieur de Naruto lors de l’examen des clochettes dans le premier volume de la série.
Même impression pour Shikamaru : ce jeune ninja brillant mais paresseux qui pleurait après l’échec de sa première mission dégage désormais une belle sérénité en tant que leader. Et puis que dire de Naruto, ce petit garçon espiègle et excentrique qui a toujours voulu devenir Hokage. Rejeté par tous dans le passé, il est devenu un héros grâce à ses nombreux combats et en restant toujours fidèle à ses convictions et son fameux « nindô ». Les retrouver devenus adultes et aussi « matures » dans le long-métrage procure un certain plaisir. Et un petit pincement au cœur, il faut bien se l’avouer.
The Last vient ainsi clore une série qui a marqué toute une génération. « Il faut qu’on passe du côté de ceux qui ont reçu à celui de ceux qui lèguent. » : cette phrase prononcée par Shikamaru à Naruto dans le tome 44 pour le consoler suite à la perte de son maître semble de circonstance. Nos héros ont achevé leur apprentissage et l’heure est venue de passer le flambeau à la nouvelle vague de ninjas made in Konoha. Les fans peuvent tourner la page. Mais qu’ils se rassurent, ce n’est qu’un au revoir.
Illustrations : © 2002 MASASHI KISHIMOTO/2007 SHIPPUDEN © NMP 2014 et © 1999 by Masashi Kishimoto. Tous droits réservés.
E muito legal o naruto mais tem que ter mais cenas do sasuke
Sim eu concordo com o Lucas
Super l’article 😉