Wakabayashi et Sushio : une paire hors pair !
Dans la lignée de la 19e édition de Paris Manga où nous avons eu l’opportunité de rencontrer Shigeto KOYAMA, nous avons pu discuter avec Wakabayashi et Sushio, deux comparses très bavards et dont les diverses expériences impressionnent ! En effet, de Panty & Stocking à Kill la Kill, ils ont été amenés à travailler sur des projets aussi bien osés qu’originaux !
Rencontre avec ce duo énergique et leur petit dernier : Kill la Kill.
Have you Meet Sushio and Wakabayashi ?
Pouvez-vous vous présenter : votre jeunesse, vos influences, vos études, vos débuts de carrière… ?
Sushio : Quand j’étais plus jeune, au lycée, j’avais la côte avec les filles. Quand je suis rentré dans une école spécialisée sur le manga, j’avais la côte avec les filles otaku, et en rentrant dans le monde de l’animation, j’ai encore plus la côte avec les filles otaku. Et bien sûr, tout ça, c’est dans ma tête que je l’espère.(Rires)
Wakabayashi : Moi je pensais passer mon temps à m’amuser, mais j’ai tellement fini par m’amuser que je me demandais si j’étais capable de faire quelque chose. Et par la suite je me suis dit « pourquoi ne pas faire ce que j’aime bien ? » Et c’est comme ça que je me suis retrouvé à travailler dans l’animation.
En 2011 vous quittez Gainax pour travailler chez Trigger ; est-ce que vos méthodes de travail ont changé depuis ?
Sushio : On peut pleinement s’exprimer !
Wakabayashi : Quand on était à Gainax, il y avait une génération avant nous ; nous étions la génération intermédiaire, et on pouvait seulement réaliser des animés et pas réaliser NOS animés. Nous avons donc pensé à créer une société pour créer et sortir nos animés. C’est là que nous nous sommes rendus compte de la difficulté de gérer une société tout en créant des animés et tout en éduquant/enseignant aux nouvelles générations comment devenir de bons animateurs. C’est une des difficultés que nous avons rencontrées.
Sushio, vous êtes animateur, mais vous avez également été chara-designer ou encore directeur de l’animation sur différents projets. Quelles sont les différences entre tous ces postes et lequel préférez-vous endosser ?
La grosse différence entre ces différents postes, c’est que le chara-designer va créer les personnages et tout ce qui tourne autour du personnage, les vêtements et autres… L’assistant de réalisation va quant à lui garder un œil sur l’aspect général de toute la série tandis que l’animateur va s’occuper de faire vivre les personnages, les faire discuter, et moi ce que je préfère c’est le poste d’animateur car on a vraiment la possibilité de participer sincèrement à cette mise en scène, en être des acteurs… C’est ce que je trouve intéressant.
Des projets qui tuent !
Comment est né le projet Kill la Kill ?
Wakabayashi : Le tout début est très simple, c’est M. NAKAJIMA qui a dit : « la prochaine série que je ferais tournera autour des vêtements ». Pour Gurenn Lagann, M. IMAISHI a dit « moi je veux faire une série avec des foreuses », et pour Panty & Stocking, il voulait juste faire des poufs. (Rires)
Sushio : Pour Kill la Kill je voulais faire des filles qui ont de la classe et tout ! Ainsi j’aurai de la popularité auprès des filles. Finalement ça a marché, les personnages ont la côte, mais pas moi. (Rires)
L’anime Kill la Kill a été créé avant le manga ; cela a-t-il été plus facile à produire sans support manga?
Wakabayashi : C’est tout à fait le contraire, il est beaucoup plus difficile de créer à partir de rien du tout ; mais c’est ce que nous aimons, car nous avons une totale liberté d’expression. Donc pour nous cela a été plus facile conceptuellement, mais plus difficile dans le travail.
Quand on regarde le Chara Design de Shiori TAMAÏ du groupe Momoiro Clover on remarque qu’elle ressemble énormément à Mako. Est-ce que vous vous en êtes inspiré?
Sushio : Aucunement. Enfin ouais. Aucunement. Enfin ouais. (Rires)
D’où vous est venue l’inspiration pour la tenue de Mako Mankanshoku ?
Wakabayashi : Comme on a tout revérifié nous-mêmes et comme c’est le personnage préféré de Sushio, il a tout fait au mieux. On s’est inspirés des mecs qui cherchaient la bagarre pendant l’air Showa, style un peu Jojo.
Sushio : Nous ne sommes pas encore satisfaits de ça, donc on ira à un niveau supérieur. Et Mako est ma femme, on n’y touche pas. (Rires)
Est-ce qu’il a été difficile d’animer ces transformations de Kamui sexy à souhait, tout en essayant de rester de bon ton ? Ou au contraire cela a été très amusant à faire ? Jusqu’où vouliez-vous aller ?
Wakabayashi : On aime l’érotisme, mais on n’aime pas quand c’est sale. On a donc poussé à son maximum pour amener l’érotisme, mais il fallait que ce soit mignon. Un érotisme mignon.
Sushio : Les top-models, quand elles font de l’érotisme, ne montrent pas leurs tétons. Nous sommes donc partis sur le même principe : c’est super sexy, super érotique super mignon, mais ce n’est pas cochon.
Beaucoup d’œuvres au Japon utilisent de plus en plus des images de synthèse pour créer des personnages comme, par exemple, le Film de Saint Seiya, Kantai Collection etc. Pensez-vous qu’un jour il y aura du Kill la Kill en 3D ?
Sushio : C’est impossible de faire un Kill la Kill en 3D pour la simple et bonne raison que moi je ne veux pas en utiliser.
Wakabayashi : Moi je n’ai pas vraiment d’avis négatif sur l’animation en 3D car je pense que ce n’est pas pareil ; c’est différent et ça peut avoir, parfois, son utilité. S’il faut l’utiliser pour que ça rende service à l’animation, oui pourquoi ne pas l’utiliser dans ces cas-là ? Par contre de la 3D de ci de là, je ne pense pas que ce soit vraiment utile ; au contraire c’est une masse de travail supplémentaire. Mais je ne serais pas contre le fait de créer une animation entièrement en 3D.
Actuellement, il y a certaines animations en 3D où on sent un manque de vigueur et de vivacité. Et en ce moment, il y a tout un revival sur la nécessité de réussir à retransmettre la vivacité graphique, la qualité de la réalisation des années 70. Je n’ai pas ressenti cette qualité dans le peu que j’ai pu voir.
Vous avez travaillé sur des productions japonaises très atypiques comme Kill la Kill ou Inferno Cop ; elles se démarquent énormément de la production actuelle. Que pensez-vous de l’état actuel de l’animation japonaise et pensez-vous que des œuvres comme les vôtres vont faire école ?
Sushio : Pour être franc, je trouve que l’animation s’appauvrit et qu’au niveau de la qualité, ce n’est plus du tout ça.
Wakabayashi : Ce qui se passe c’est qu’il y a de plus en plus de détails dans les animés, il y a de plus en plus d’animes, mais il y a de moins en moins d’animateurs. Donc on se retrouve à ne pas pouvoir animer. Si on a créé Infeno Cop c’est aussi pour dire « Voilà le futur de l’animation, où on aura des images qui bougent n’importe comment. Alors il va falloir se bouger pour faire quelque chose. »
Vous avez travaillé tous les deux sur l’épisode 1 d’Idol Master (Wakabayashi était assistant réalisateur et Sushio animateur clé) et l’épisode était réalisé par Atsui NISHIGORI. Qu’est-ce que cela vous a fait de travailler avec eux et comment se sont passées les retrouvailles par la suite ?
Wakabayashi : NISHIGORI m’a carrément extirpé de Gainax en me disant « tu viens et tu te tais ! ». Il m’a ramené chez A-1(Pictures) pour que puisse travailler sur Idol Master. Ça m’a fait plaisir de travailler avec lui. Mais c’était limite façon commando (Rires).
Sushio : Moi j’ai travaillé sur l’épisode avec Makoto et j’ai appris par la suite que c’était le personnage préféré de NISHIGORI : j’ai cru comprendre que si je loupais ce personnage, j’allais me faire buter ; alors j’ai fait de mon mieux. (Rires)
Sushio, pouvez-vous nous parler de votre participation à Idol Master ?
Sushio : Même si j’étais un peu directeur de l’animation, je me suis retrouvé animateur sur l’épisode 1 où il y a un personnage qui se prend les pieds et se casse la gueule. J’ai animé cette scène-là.
Sur Kisu Dame, vous avez été chara-designer et pas animateur, c’est ce qui était prévu dès le début ?
Sushio : J’ai accepté car, au début, je ne voulais faire que le chara-design, mais je regrette un peu de ne pas avoir participé à toute l’animation.
Pour terminer, une petite anecdote sur Kill la Kill ?
Wakabayashi : C’est vrai qu’il y a beaucoup de choses à dire, mais il y a une chose amusante, c’est sur Gamagori : quand j’ai fait son design, en travaillant ses couleurs, comme c’est quelqu’un qui est très à cheval sur les règles, je me suis dit que j’allais le faire très bronzé avec les cheveux jaune flashy et quand je l’ai présenté à Sushio, il a pété un câble, parce qu’il avait dit « ah non pour ce personnage-là, on utilise que des couleurs de cheveux dans des tons normaux, de noir à châtain… » et on s’est assez disputés là-dessus.
Sushio : A un moment j’ai mis sur Twitter « on va jamais arriver à finir » et là le retour des fans a été énorme. À la fin il y avait même des dessins avec Mako, qui arrivait avec une paire de ciseaux en courant pour essayer de trucider l’équipe de Trigger. Et donc, pour finir la chose, quand le dernier épisode a été diffusé, j’ai fait un dessin d’un personnage qui attrape la paire de ciseaux pour dire « là c’est bon, c’est terminé ! »
Nous tenons à remercier Shigeto KOYAMA pour son temps. Remerciements à E. Bochew, interprète et agent de l’auteur, et à l’équipe presse de Paris Manga.
Crédits Photo : Chung-Hee Jee Photographe pour ©journaldujapon.com – Tous droits réservés
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