[Interview] coldrain : la conquête continue
Après une tournée très remarquée en première partie de Bullet For My Valentine, des festivals et la sortie de leur dernier album, The Revelation, à travers le monde, coldrain revient en force cet automne, mais pas seul : en première partie des hallucinants CROSSFAITH. La tournée rêvée par tant de fans est passée par Nantes et Paris en ce début de novembre, et Journal du Japon était bien évidemment au rendez-vous.
Nous avons pour l’occasion rencontré une nouvelle fois Masato, chanteur et leader de coldrain, pour une discussion riche, à bâtons rompus, où le monsieur nous parle de cette année estampillée « coldrain », ainsi que de ses aspirations pour le futur.
Journal du Japon : Salut Masato! De retour en Europe, encore une fois!
Masato : Ouais, c’est la troisième fois cette année!
Tu songes à t’installer en Europe ? (Rires)
(Rires) J’aimerais bien! Mais c’est génial, on a vraiment de la chance d’avoir pu venir trois fois en un an. C’est dingue!
Depuis la dernière fois que nous nous sommes rencontrés en février, beaucoup de choses se sont passés, si tu nous en disais un peu plus ?
On a joué dans des gros festivals en juin en Allemagne [Rock Am Ring/Rock Am Park, ndlr], on a sorti un CD au Japon [l’EP Until The End, ndlr], un CD pour le reste du monde [The Revelation EU version, ndlr], puis on a fait une tournée au Japon, des tonnes de festivals, et là nous sommes de retour! C’est dingue, vraiment!
Vous avez également joué au Download Festival, peux-tu me parler un peu de cette expérience ?
C’était fou. Rock Am Ring, Rock Am Park, Download … ce sont des festivals qu’on a toujours vu sur YouTube, ou à la TV, mais d’y être, c’était vraiment dingue.
Mais le Download, c’était difficile. Je dis toujours que le Royaume-Uni est un endroit où on doit encore percer, où on doit continuer à revenir. Je pense que pour l’Europe ça a été plus facile puisqu’on a tourné avec Bullet For My Valentine, surtout en Allemagne. Mais il y a encore du travail pour l’Angleterre … avec un peu de chance on rejouera au Download l’année prochaine!
J’en suis sûre! Je sais que tu adores Linkin Park, du coup est-ce que tu as pu les rencontrer au Download ? (Rires)
J’ai vu Chester [Benington, le chanteur, ndlr] au catering, mais il y avait ses deux gardes du corps … du coup je me suis dégonflé. Je sais que j’aurais du y aller …
Mais oui!
J’ai fait la même chose au Japon au Ozzfest. Corey Taylor [chanteur de Slipknot, ndlr] était juste en face de moi, et pareil, je me suis dégonflé.
Mais pourquoi ? Tu es un chanteur également (Rires)
Ouais je sais je sais … mais la prochaine fois je suis sûr que je le ferai ! (Rires)
Quel souvenir gardes-tu du concert ? Tu étais dans le public non ?
Oui c’est ça, c’était génial! Je veux dire, j’étais jeune quand cet album est sorti, ça m’a rappelé mon adolescence … c’est le premier groupe dont j’ai appris à jouer les chansons, donc c’était spécial, pour chacun de nous d’ailleurs!
Donc pour résumer, 2014 c’est un peu votre année, puisque vous êtes partout au même moment!
(Rires) oui c’est ça!
Est-ce que tu n’as pas l’impression parfois de redevenir un débutant ? Au Japon, vous jouez dans de grandes salles, tandis qu’en Europe, elles sont plutôt petites!
Ouais c’est dingue! On revient à la première page de notre histoire quand il s’agit du monde, et après six ans de carrière au Japon, on avait oublié ce sentiment d’être « les nouveaux », d’être inconnus … En fait, ça a beaucoup apporté à nos prestations, même au Japon, parce que du coup on est encore plus reconnaissants vis-à-vis de ce qui nous arrive au Japon. Il y a encore beaucoup de choses que l’on veut faire en dehors du Japon, et d’autres quand on revient au Japon … ça a, en gros, apporté beaucoup d’énergie au groupe.
Ça a donc eu un impact fort sur le groupe …
Ouais. Je veux dire, c’était la chose la plus importante dans le fait de sortir du Japon, ce sentiment d’être un bleu à nouveau. Et ça fait vraiment du bien.
Du coup quand vous rentrez c’est un peu « the boys are back in town » (Rires)
(Rires) oui c’est tellement plus facile! (Rires)
J’ai lu dans une interview donnée au Japon que tu voudrais vraiment faire une tournée en tête d’affiche pour montrer tout le potentiel du groupe. Mais vous voilà encore en première partie d’un groupe. N’est-ce pas un peu frustrant ?
On attend encore le bon moment. On voulait revenir cette année, et le seul moyen d’y arriver facilement fut que CROSSFAITH nous voulait comme première partie de leur tournée européenne. On a eu de la chance d’avoir cette opportunité. On pense à un concert en tête d’affiche après plusieurs premières parties, l’année prochaine peut-être, après notre prochain album. On a l’impression qu’il nous faudra un album qui sorte dans le monde entier au même moment pour avoir notre propre concert ici. Oui c’est frustrant, mais quand le moment viendra on pourra jouer plus de chansons, avoir des setlists plus longues … et j’espère que beaucoup de monde viendront nous voir!
Parlons un peu de The Relevation justement, l’album que vous avez sorti chez nous en juin dernier. Comment s’est passé l’enregistrement des nouvelles chansons incluses dans cette version ? (issues de l’EP Until The End au Japon)
En fait, on a enregistré un EP pour le Japon, et les chansons n’étaient pas censées faire parties de l’album, mais quand tout le monde, la maison de disques et tout, les a entendues, on a voulu les intégrer à la version mondiale de The Revelation. C’était des nouvelles chansons, et on allait vouloir les jouer en live, donc on a fait ça.
On a décidé de les enregistrer au Japon car on souhaitait tester de nouvelles façons d’enregistrer, de nouveaux sons … mais on voulait quand même que ça sonne comme la plupart des choses qu’on avait faites sur The Revelation, c’est pour ça que David Bendeth a également mixé cet opus. Il y a des parties un peu différentes, mais ça reste dans la même veine, et je pense qu’on a réussi à saisir plus d’énergie que sur la première version de The Revelation. On aime tous les nouvelles chansons, et je pense qu’elles nous ont donné plus confiance en nous-mêmes car on les a enregistrés seuls, et on a quand même obtenu le même genre de résultat. Du coup on sait déjà ce qu’on va faire pour le prochain album.
Justement, j’allais te dire que je trouvais que ces chansons sortaient quand même du lot, le son est différent, l’atmosphère également … est-ce que vous avez voulu expérimenter de nouvelles choses ?
Oui totalement. Je pense qu’on a essayé d’intégrer un peu plus de « l’ancien » coldrain au « nouveau » coldrain, donc c’est un mélange de tout ce qu’on a fait ces six dernières années. Je pense que c’était plus pour les fans qui nous connaissent depuis longtemps, mais aussi pour les nouveaux fans … du coup c’était cool parce que beaucoup de gens ne connaissent pas nos vieux albums, et je pense qu’on a bien réussi à retranscrire ça dans nos nouvelles chansons. C’était juste un moyen de montrer toute l’intensité dont on est capable en un seul album.
Ta voix est également différentes, avec des notes plus aiguës, et des grognements assez dingues!
(Rires) Oui les cris sont complètement différents! Je veux dire, je suis devenu meilleur dans ce domaine d’année en année, en faisant plus de concerts et en travaillant dessus … je ne m’en suis jamais vraiment soucié en fait, mais ils sortent mieux, et mon chant est meilleur également.
Comment avez-vous choisi la tracklist de The Relevation ? A vrai dire je me sens mal pour Falling Forever …
Beaucoup de gens nous disent la même chose! Falling Forever a été un choix compliqué car on a jamais réussi à bien la retranscrire en live, du coup on ne l’a jamais jouée ! Elle ne sonne jamais aussi bien que sur l’album quand on essaie. Il s’est passé quelque chose avec cette chanson quand on l’a enregistrée, et on ne veut pas se dégonfler, mais quand on a dû choisir les chansons, le label voulait qu’on en prenne 13 sur 18. C’était difficile, mais on s’est résolus à choisir ce qu’on voulait et ce qu’on ne voulait pas, et cette chanson était la seule qu’on avait jamais joué en concert.
Mais vous ne l’aimez pas ?
Si si je l’adore ! Le pont dans cette chanson est l’un de mes préférés parmi tous ceux que j’ai écrit, mais c’est … elle ne marche pas en live, donc on a préféré se concentrer sur les chansons de l’EP.
Est-ce qu’il y a eu des chansons pour lesquelles vous n’étiez pas d’accord ?
Oui évidemment, mais on s’est dit qu’à long terme ces chansons sortiraient comme bonus tracks quelque part. En fait, le label ne les a jamais utilisés pour l’Europe ou les États-Unis et ça craint parce qu’on pensait qu’elles seraient des chansons bonus pour ITunes. L’Australie par contre voulait toutes les chansons, donc ils ont tout eu (rires). On espère maintenant que ces chansons sortiront un jour.
A propos des thèmes que tu abordes dans tes chansons, tu parles beaucoup d’être honnête envers soi-même, ou de se battre pour ce que l’on veut. Cela semble très important pour toi, tu peux nous en dire plus ?
Je n’arrive jamais à gagner face à moi-même, je perds toujours face à la peur, par exemple. Pour la plupart des choses que je fais, je pense que je ne suis jamais assez bon, et j’ai l’impression que beaucoup de personnes ressentent la même chose. C’est difficile de faire les choses que l’on aime et de s’aimer en même temps … je veux dire, il y a ces signes quand les choses marchent ou ne marchent pas, c’est juste ce sentiment de toujours vouloir être parfait … et j’essaie de mettre tout ça dans mes chansons parce que je sais que les gens ont besoin d’entendre ces mots pour continuer à vivre … chaque jour est une bataille!
Avec You Lie, tu abordes la politique. Est-ce parce que tu avais le sentiment que tu devais le faire, ou bien parce qu’à un certain stade de sa carrière, chaque rockstar commence à faire des chansons politiques ?
C’est une chanson qui a été influencée par beaucoup de choses qui arrivaient en même temps … ouais, en fait elle est totalement politique. Particulièrement au Japon en ce moment, la politique déconne complètement. Les gens n’ont pas le cœur à faire quoi que ce soit. Donc il y a un moment où tu dois juste faire face, oublier ton avidité, ta fierté et te reprendre! Le faire simplement pour être bon. C’est quelque chose que les gens ont oublié. C’est l’une de ces chansons que tu as besoin de faire sortir, pour les jeunes notamment. Les jeunes se foutent un peu de la politique, mais je veux dire … je vieillis, et je sens que c’est quelque chose que je ne peux pas ignorer. C’est le sentiment qui accompagne cette chanson.
Je change complètement de sujet pour une question plus triviale : qu’arrive-t-il aux paroles, mélodies, chansons qui ne finissent pas sur un album ?
Ouh! Elles restent dans les parages, et à chaque fois qu’on fait un nouvel album, on revient vers elles. En fait, chaque album a certainement une chanson qui a été composée sur l’album précédent, et réécrite à cette occasion. On les garde toujours et on les écoute de temps en temps. En fait, certaines de ces chansons sont plutôt cools et elles nous permettent de repenser à nous-mêmes à l’époque, à ce que nous avons laissé dernière nous. Mais on garde tout, oui.
Même les chansons que vous avez composées quand vous étiez ado ?
Oui, d’ailleurs il y a peu en allant sur l’ordinateur de Katsuma [le batteur, ndlr], je suis retombé sur des chansons qu’on avait écrites quand on avait 18 ans! Elles étaient plutôt pas mal, en fait! Je jouais de la guitare dans le groupe, à l’époque.
Oh, tu ne chantais pas ?
Si je chantais et je jouais de la guitare en même temps. On était trois dans le groupe.
Du coup tu vas jouer un peu de guitare sur scène, un de ces quatre ?
(Rires) Non non non, plus jamais!
Pourquoi ? (Rires)
J’aimerais bien, je m’entraîne de temps en temps, donc peut-être un jour, avec une guitare acoustique, ça serait cool … mais je ne me sens pas prêt, je suis trop nerveux (Rires)
Quel est ton meilleur souvenir avec coldrain jusqu’à présent ?
Mon meilleur souvenir… euh… je dirais que c’est quand on a enregistré le DVD/blu-ray EVOLVE. On a joué dans cette salle, le Shinkiba Studio Coast, en 2007 pour ouvrir le Taste of Chaos avec Story of the Year, As I Lay Dying et MUCC … ce n’était pas complet et nous n’avions pu jouer que trois chansons, le public se foutait complètement de nous… et le jour où je me suis tenu sur cette scène, je me suis dit « mon rêve, c’est de remplir cette salle avec tous mes fans », et c’est ce qu’il s’est passé la deuxième fois où j’y suis allé. Un rêve devenu réalité.
C’est ce dont tu parles dans le discours que tu donnes dans EVOLVE, justement ?
Oui. Je veux dire, je m’en fous de jouer devant 10 000 personnes, 20 ou 30 000 personnes. Cet endroit de 2 ou 3 000 personnes a toujours été mon rêve, et je ne pensais pas que cela arriverait un jour. Et je ne pensais pas que je serais un jour en France là en train de te parler, mais tout arrive, et c’est juste génial!
Quel rêve as-tu maintenant ?
Mon nouveau rêve ? 3 000 personnes dans chaque pays! (Rires)
Quelle est la chose dont tu es le plus fier ?
On fait ça depuis sept ans maintenant, et il aurait été plus facile pour nous de ne pas sortir du Japon, mais on est ici, ouvrant pour des mecs qui jouaient en première partie de nos concerts avant, mais c’est cool d’être un débutant à nouveau, je suis fier d’être ici après tant d’années au Japon, essayant quelque chose de nouveau. C’est génial.
Quel est ta chanson préférée de coldrain ?
Ouh … ma chanson préférée … [réfléchit assez longtemps] The War is On. Maintenant, en tout cas. Parce que je n’aurais jamais imaginé qu’elle puisse devenir aussi connue qu’elle l’est maintenant. On savait que les gens en dehors du Japon comprendraient cette chanson et chanteraient avec nous, mais pendant notre dernière tournée au Japon, tous ces gamins chantant cette chanson, c’était dingue. Les gens chantaient les couplets, le refrain, les parties criées … vraiment cool.
Dernière question : qu’écoutes-tu en ce moment ?
Dernièrement je reviens un peu à mes racines, j’écoute Incubus et Papa Roach!
Sinon je les écoute depuis un moment, mais mon groupe préféré dernièrement est Beartooth. Leur nouvel album est juste incroyablement bon!
Egalement, je n’ai jamais été un gros fan d’EDM [ElectroDanceMovement, ndlr], mais en ce moment j’en écoute beaucoup, c’est plutôt cool!
Ah oui comme qui ?
Martin Garrix, c’est l’un de mes favoris!
Tu écoutais pas mal Crystal Lake dernièrement non ?
Oui, je les adore! Ils devraient être là d’ailleurs ce soir!
C’est clair! Je suis sûre que ça doit être dingue en concert!
Totalement! Mais tu n’auras pas à attendre longtemps, ils viendront bientôt, je pense!
J’espère! En tout cas merci Masato de nous avoir accordé du temps, et bon concert ce soir!
Super, merci à toi!
Nous remercions chaleureusement Masato pour le temps qu’il nous a accordé, ainsi que Ryan et plus largement Raw Power Management.
2 réponses
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