In bed with Phoenix Wright : rencontre avec Tatsuro Iwamoto
Chara-designer de la série Phoenix Wright sur consoles portable Nintendo, Tatsuro Iwamoto a bravé les foules de Japan Expo pour nous parler de sa position au sein de Capcom, de son processus créatif et de ses univers fétiches. Entretien.
Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Tatsuro Iwamoto est un illustrateur freelance connu pour officier chez Capcom. Après avoir travaillé pour les premiers opus de Phoenix Wright, visual novel nous faisant vivre les tribulations d’un avocat, il participe en 2006 au design d’Okami, un jeu vidéo très stylisé où vous maniez le grand loup blanc Amaterasu. Puis il enchaîne sur d’autres productions, davantage destinées au public féminin. Aujourd’hui, il déclare dessiner des figures historiques, « pour le plaisir !«
Iwamoto, sa vie, son oeuvre
Journal du Japon : Merci d’être venu en France et merci de nous accueillir, malgré vos impératifs. Phoenix Wright – et vos personnages en général – sont-ils de pures inventions ou tirés de modèles réels ?
Tatsuro Iwamoto : Ah ! Ça dépend vraiment des personnages. Pour untel ou untel, masculin ou féminin je peux me dire « Il a un style qui peut m’inspirer. » et en faire un personnage. Ce n’est pas toujours comme ça,
Quelles sont vos astuces pour qu’un personnage soit attachant ou, au contraire, antipathique, et parfois fausser les idées des joueurs ?
Aaaaah, bonne question ! Ce n’est pas vraiment un procédé technique, ou une méthode particulière. Ça vient tout seul avec le dessin. J’essaie de me mettre à la place du personnage et de transmettre ce qu’il doit dégager. Si le personnage est méchant, j’essaie de le mettre dans le mood. (Il fait la grimace et rit, NDLR)
Dans Dual Destinies, le chara-design avait quelques fois un impact majeur sur le scénario, et révélait, parfois très en avance, quelques indices. Que pensez-vous de cette philosophie ?
Wow, cette question ! En fait, je n’ai pas touché à Dual Destinies, j’aurais du mal à juger du travail de quelqu’un d’autre. Difficile de répondre, disons qu’il n’est peut être pas bon de donner trop d’indices juste avec l’apparence des personnages.
Avez vous d’autres jeux ou univers dont vous appréciez particulièrement le chara-design ?
J’ai un petit truc pour Akira (celui de Katsuhiro Otomo, NDLR). Peut-être pas spécifiquement le chara-design, mais la direction artistique, le monde dans lequel les personnages évoluent. Les motos, ce genre de choses, c’est vraiment chouette et bien fait.
Et c’est pareil pour le reste de la palette.
Vous avez doublé, entre autres, Benjamin Hunter. Était-ce une expérience enrichissante, avez-vous d’autres projets de doublage ?
Dessiner a été et reste mon métier principal. Je vais le dire de manière un peu méchante : le doublage c’était marrant, mais bon… à l’avenir, si l’opportunité se présente et si je dois vraiment le faire, pourquoi pas. Je préfère dessiner, c’est mon truc !
Phoenix & friends
Dans le premier Phoenix Wright, les personnages secondaires étaient designés comme des « messieurs tout le monde », et ils sont devenus de plus en plus fantasques au fil de la trilogie. Est-ce voulu ?
Alors, je me suis surtout occupé du deux et du trois (Justice For All et Trials and Tribulations, NDLR) Je ne suis pas vraiment parti de cette idée, en tout cas ce n’était pas voulu en tant que progression. Ça vient surement de moi ! C’est venu tout seul, naturellement.
Phoenix Wright a généré beaucoup de produits dérivés transmédias. Films, mangas… que pensez-vous de la fidélité de ces adaptations ?
Mmmmh ! Alors, pour vous expliquer, la série Phoenix Wright a commencé chez Capcom, en petit comité, façon « on va faire un nouveau jeu, histoire de » et je venais de rentrer dans la société, il se sont naturellement tournés vers moi pour faire le chara-design. Ça s’est lancé comme ça et aujourd’hui il y a plein de suites et d’adaptations. Je vois un peu ces dernières comme des cadeaux bonus, je me sens honoré de voir ça à chaque fois, je ne vais pas trop essayer de voir si c’est bien ou pas.
Maintenant, Phoenix est passé en trois dimensions. Appréciez-vous ces nouvelles animations basées sur votre travail ?
C’était peut être mieux en 2D, non ? (Rires)
Que pourriez-vous nous dire sur l’avenir de la franchise Phoenix Wright ?
Pas grand-chose, j’en ai peur ! J’ai quitté Capcom, on ne me dit plus rien. Je suis un peu triste ! (Rires)
Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Je vais continuer à inventer des personnages. J’espère qu’ils viendront jusqu’ici, en France !
Ok. Merci beaucoup !
Merci au staff de Japan Expo pour la mise en place de l’interview et à monsieur Iwamoto pour son accueil. Le dernier jeu de la franchise, « Layton contre Phoenix Wright » est toujours disponible à la vente.
Photo Alexandre Merlin