[Interview & Live Report] : Kamijo, un règne sans ac-crocs
Japan Expo a été l’occasion pour Journal du Japon de rencontrer Kamijo, la veille de son premier concert solo à Paris. Cela semblait faire une éternité que nous n’avions pas eu de nouvelles du chanteur de Versailles, mais cette date parisienne fut l’occasion d’une interview qui ne manquait pas de cachet : ro-yal.
La vie en rose
Bonjour à vous. Tout d’abord, comment vous sentez-vous à l’aube de votre premier concert solo ? N’êtes vous pas plus stressé du fait de devoir assumer le live seul ?
Kamijo : Je n’ai absolument pas de trac. Cependant, je suis très excité à l’idée de faire ce concert. A vrai dire, je sens le sang qui bouillonne dans mon corps lorsque j’y pense.
Pourquoi ce choix de la France pour un premier concert ?
Mes œuvres ont toujours eu un lien avec la France. Auparavant, j’ai déjà fait des concerts ici, et j’aime tout particulièrement cet endroit.
Je voulais également remercier le staff qui avait organisé mes derniers concerts en France. Finalement, toute mon œuvre se concentre autour de ce pays.
Les mélodies japonaises sont très belles, mais j’aime beaucoup aussi toutes les musiques françaises. Notamment, Paul Mauriat. J’aime beaucoup cet artiste, son œuvre est remarquable. Je pense qu’il y a un point commun entre la musique japonaise et celle de Paul Mauriat. Il me semble qu’il s’y trouve un point de fusion. Bien entendu, j’apprécie la reprise de musique japonaise. De façon générale, je crois que les japonais aiment la musique française et les français aiment la musique japonaise, de façon réciproque.
Dans le monde du visual kei, beaucoup d’artistes sont mobilisés à côté de la musique (maquillage, coiffure, etc.). Êtes-vous celui qui dessine vos costumes ? Ont-ils chacun une signification particulière ?
En réalité, je pense tout d’abord au design que je veux. Ensuite, le designer Horie Fujita le crée en fonction de ma demande. Ils ont, de fait, tous une signification. Par exemple, le costume que je porte aujourd’hui est fait selon deux mesures : le court et le long. C’est en même temps l’humain et le vampire qui sont représentés. La vie de l’humain est très courte, quand celle du vampire est inscrite dans l’éternité.
Versailles a été dépassé par sa popularité, vous disiez que le groupe ne s’appartenait plus. Aujourd’hui, que pensez-vous faire pour que cela ne se reproduise pas ?
Je serai toujours le Kamijo de Versailles. Le groupe Versailles est un groupe vraiment très très bon, mais j’espère être encore meilleur en solo, que l’avenir sera encore plus grand et ma carrière plus immense.
Symphony of the Vampire
Vous avez dit au sujet des mouvements Presto, Allegro, Sonata, Adagio, etc. de votre mini-album Symphony of The Vampire : « Si vous aimez le métal rapide, vous aimez le premier mouvement, et le septième. Si vous aimez la musique lente, vous aimez le troisième. Si vous préférez la musique agressive, vous aimez le quatrième. » Sont-ce différentes facettes de votre identité (musicale), ou bien est-ce en quelque sorte pour satisfaire les fans ?
Cela rejoint d’ailleurs votre déclaration « lorsque vous mettez un masque, il n’est plus possible de le retirer ». Pensez-vous porter un masque, ou êtes vous vous-même dans votre musique ?
Non, pas du tout. En réalité, j’ai suivi toute l’histoire, c’est une histoire très longue à raconter. C’est un peu comme un film, en fait. Le style de musique est différent, mais dans le fond, c’est lié. La différence a réellement un sens, il faut le prendre comme un tout. Il se peut que ma vraie personnalité soit cachée dans mon œuvre cependant, parce que tout en parlant de Louis XVII, il y a une partie de ma propre vie. Donc peut-être qu’il y a quelque chose du vrai moi dans cette œuvre.
A ce propos, vous aviez parlé de votre souhait de faire un film. Et votre chanson Grazioso a des airs de soundtrack. Est-ce que cet album a un lien avec l’histoire que vous souhaiteriez faire ? Les mouvement sont-ils faits dans cette optique de film ? Est-ce d’ailleurs un projet réel ou seulement une envie ?
Oui, en effet, j’ai créé cette chanson avec l’image d’une comédie musicale en tête. Créer la musique du film était un grand pas pour moi. Ce n’est pas forcément dans l’optique d’un film concret, mais c’était un premier pas, et pas des moindres vers mon rêve de faire, un jour, un film.
En parlant de projets, quand est né le projet KAMIJO et qu’est-ce que votre expérience au sein de Versailles vous a apporté pour pouvoir le mener à bien ?
Ce projet est né avant même la création de Versailles. Mais être chanteur dans ce groupe m’a donné la force nécessaire pour le faire. Grâce à ça, j’ai gagné beaucoup de confiance en moi. Je suis très heureux que ma carrière solo ait pu naître après la pause de Versailles.
Comment se déroule la création et composition, maintenant ?
[ mimant et chantonnant pour expliquer ] Au départ, l’air me vient en tête, alors je chantonne, puis je m’installe devant le piano afin de composer la musique, et enfin j’écris les paroles, avant de tout mettre ensemble.
N’avez-vous aucun regret quant au fait d’être membre actif d’un groupe ?
Être seul est très bien, car cela permet d’être au sommet, d’être devant. Donc c’est une excellente chose pour moi, je trouve.
Mana-sama a participé à mon clip « La vie en rose », il fait une courte apparition. Et j’espère vraiment pouvoir collaborer avec lui davantage si l’occasion se présente, ce serait une chance.
Quant aux artistes qui ont eu le plus grand impact pour moi, je n’en citerai qu’un seul : Paul Mauriat. Indéniablement.
Pour mes membres de session, je m’entoure uniquement de gens que je voulais voir jouer, et avec lesquels je voulais moi-même jouer. Je n’ai donc pas laissé passer cette opportunité.
Vous avez exprimé à de nombreuses reprises votre admiration pour le visual kei et son originalité. Que pensez-vous de la nouvelle scène musicale Japonaise actuellement ?
Je ne trouve pas ça très amusant, à vrai dire. Il n’y a pas grand chose de bien intéressant, et c’est dommage.
Enfin, quels sont vos projets dorénavant ? Des rêves à réaliser ?
Le premier de tous se déroule demain. Mon premier concert solo, à Paris. Il faut que ce soit une grande réussite. Ensuite, au Japon, j’espère que mes concerts rencontreront un grand succès.
Également, il y a la sortie de mon nouveau single, donc j’ai beaucoup de projets et de rêves actuellement, oui.
Merci beaucoup, et bon concert.
Royal Tercet
Avec sa carrière solo, Kamijo est entré dans une autre dimension. Laissant de côté ses amis partis sur Jupiter, le monarque délaisse les canapés de Versailles pour occuper le divan du monde.
Ainsi, c’est devant une salle peuplée de mordus du chanteur que s’est produit Kamijo, le 4 juillet dernier.
Bien que jouant devant ses fidèles, le risque était celui d’une déception. Lorsque l’on est habitué à recevoir la Cour, n’en voir que le monarque peut sembler insuffisant.
Cependant, ce n’est pas ce soir-là que le peuple demandera qu’on lui couple la tête. Bien au contraire. Sans elle, il ne pourrait plus chanter.
Par ses chansons, il ressuscite Louis XVII, et fait naître sa propre succession musicale. Tel un roi en exil de Versailles, il peut enfin être celui qu’il souhaite, s’appartenir de nouveau sans pour autant oublier ce qu’il a vécu ces dernières années. La pluie de pétales de roses survenue pendant Louis – la vie en Rose semblait retranscrire ce sentiment avec exactitude. Kamijo est resté celui qu’il était auparavant, seulement, il a appris à voler de ses propres ailes … de chauve souris, s’apparentant à une cape.
Ce qui est sûr, c’est qu’en entendant le public crier « Vive le roi », nous pouvons affirmer qu’il a définitivement conquis la France, comme la France l’a conquis. Son trône est ici.
Constatant cela, tout ce que nous pouvons lui souhaiter, c’est l’éternité … dans sa carrière.
Pour plus d’informations sur Kamijo, vous pouvez consulter sa page officielle, le suivre sur Twitter ou Facebook.
Merci à Kamijo, à Charlotte NAUDIN de B7Klan, ainsi qu’à Lamia Cross et l’interprète pour cette entrevue et ce concert.