La valise littéraire : quelques livres pour votre été ?
Juste avant les grands départs en vacances, voici quelques idées de lecture pour la plage, la campagne, les vacances en famille, studieuses ou pour ceux qui ont envie d’exotisme. Tout ce qu’il vous faut, donc, pour faire votre valise. Et nous avons, bien entendu, pensé à ceux qui restent chez eux cet été. Qu’ils aient envie du quotidien ou besoin d’une bonne dose de dépaysement, Journal du Japon s’occupe de vous !
Pour la plage…
L’âme de Kôtaro contemplait la mer de Medoruma Shun (éditions Zulma) comblera vos envies de dépaysement, de soleil, de couleurs et de surnaturel. Vous embarquerez pour Okinawa, dont vous connaissez sûrement le nom : l’île aux centenaires, son douloureux passé pendant la guerre, l’occupation américaine. Les nouvelles (ou plutôt les contes) de ce livre vous feront découvrir des aspects inconnus de cette endroit débordant d’une faune et d’une flore colorée.
Vous y croiserez beaucoup d’enfants, parfois malmenés, parfois dotés de pouvoirs surnaturels. Vous y verrez des fantômes, des animaux magiques, des anciens qui vous raconteront des histoires d’avant, des souvenirs de la guerre, de l’exil. Vous partagerez des repas, des parties de pêche, des combats de coqs. Et vous fermerez ce livre les yeux remplis de l’envol d’une nuée de papillons colorés.
A noter la traduction très réussie qui permet de transmettre aux lecteurs français toute la poésie de la langue de Medoruma Shun.
Pour quelques jours de repos à la campagne…
Quoi de mieux que de prendre le temps et de lire des haïkus à l’ombre d’un arbre en sirotant un thé glacé. Votre compagnon pour ces heures oisives sera assurément le recueil de haïkus d’été Quelle chaleur ! publié aux très belles éditions Moundarren. Ce livre à la reliure originale rassemble les plus beaux haïkus relatifs à la saison estivale des grands auteurs : Issa, Bashô, Shiki, Buson et bien d’autres. 150 haïkus dans lesquels vous retrouverez les kigo, ces mots spécifiques à chaque saison : la chaleur, le coucou, la pluie qui marque le début de l’été au Japon, les insectes (dont les fameuses lucioles), l’eau (rivière d’été, mer), les animaux aquatiques (crabes, palourdes) etc. Une lecture apaisante, et peut-être l’envie d’écrire à votre tour quelques haïkus …
À noter que dans cette très belle édition, vous avez le texte en japonais écrit verticalement, suivi en dessous du texte en français. Un très bel objet.
Bashô :
Même les montagnes et le jardin
viennent s’installer
sur le tatami du salon d’été
Kyorai :
Même les pierres et les arbres
éblouissent les yeux
quelle chaleur !
Pour les grandes tablées en famille ou entre amis…
Le restaurant de l’amour retrouvé d’Ito Ogawa (éditions Picquier) est LE livre qui vous offrira de grandes bouffées de bonheur et une furieuse envie de cuisiner pour ceux que vous aimez. C’est l’histoire d’une jeune femme qui, après avoir été quittée par son petit ami, retourne dans son village natal et décide d’y ouvrir un restaurant, « comme une grotte secrète où les gens, rassérénés, renoueraient avec leur vrai moi ». Cuisiner pour donner de l’amour, un repas pour apaiser, soigner, réconcilier : un sujet original et un roman très réussi qui fait un bien fou !
Cette lecture vous permettra d’attendre le prochain roman d’Ito Ogawa qui doit sortir en septembre (toujours aux éditions Picquier).
Pour les inconditionnels des cahiers de vacances…
Dans le cahier Démarrez le japonais spécial vacances chez Larousse vous découvrirez les bases de l’écriture (les hiragana, quelques katakana et kanji), des informations sur la culture japonaise (les repas, les arts martiaux, le thé etc.), des mots de vocabulaire et des exercices pour vous entraîner (à reconnaître des syllabes, à écrire vos premiers mots). Ludique, il permet de faire ses premiers pas sans peur dans l’univers complexe de la langue japonaise.
Pour ceux qui n’auront pas la chance de partir…
L’aventure peut se trouver au fond du jardin ou au pied de l’immeuble, avec un chat ! Deux ravissants petits romans rendent hommage à nos amis les félins.
20 ans avec mon chat de Mayumi INABA (éditions Picquier), c’est d’abord une rencontre entre Mî, un chaton que la narratrice découvre suspendu à un grillage, luttant pour survivre. Coup de foudre et vie commune qui débute : découverte de la maison, de la baignoire (le chat adore profiter de la chaleur du bain, installé sur le couvercle de celui-ci), du jardin, du quartier. Puis il faut déménager, s’habituer à la ville, ses lumières, ses bruits, cet appartement. La vie s’écoule lentement, et le chat va vieillir, sa maîtresse aux petits soins pour lui rendre la fin de sa vie aussi douce que possible. Énormément d’amour, de tendresse, de partage.
Dans le même esprit, Le chat qui venait du ciel de Tajashi HIRAIDE (éditions Picquier poche) nous présente Chibi, petit chat espiègle qui appartient au petit garçon de 5 ans qui habite la maison voisine. Petit à petit, Chibi s’aventure dans le jardin du narrateur et sa femme. Il y prend ses habitudes : sa petite caisse, sa place dans le placard pour dormir. Il ne miaule pas chez eux, il explore, observe. Avec un regard de poète, le narrateur nous livre tous ces petits moments hors du temps : une libellule qui se pose sur son doigt, le chat qui joue avec une balle à la lumière de la lune. Un jour le chat disparaît, il faut apprendre à vivre sans lui, sans cette présence familière, rassurante. Ce livre est comme un haïku sans fin, une succession de petits riens que l’on contemple. Un style merveilleux et très bien transmis par la traduction. De la poésie du quotidien comme les écrivains japonais savent si bien le faire !
Pour ceux qui recherchent le dépaysement…
Keiichirô HIRANO livre son univers magique et envoûtant dans son Conte de la première lune (éditions Picquier). Vous arpenterez les forêts montagneuses du sud de Kyoto avec un jeune poète. Mordu par un serpent, il sera soigné par un moine et découvrira un jardin enchanteur en même temps qu’une jeune femme à la beauté surréelle sous la lumière de la lune. Un univers entre réel et imaginaire, d’une extrême poésie, où la nature vous entoure, vous pénètre.
Et pour poursuivre la promenade, Keiichirô Hirano vous livre son Japon, ses souvenirs d’enfance, ses envies de mer, de fête, jusqu’à son éloge de l’ombre, brillant hommage à Tanizaki, dans le très bel ouvrage illustré des photographies sensibles de Lucille Reyboz : Impressions du Japon aux éditions de La Martinière. Textes et photographies se répondent et donnent un très beau tableau impressionniste du Japon qu’il aime.
Ainsi se referme notre sélection nippone, nous vous souhaitons donc un bon été… Et de bonnes lectures pour l’accompagner !