Kaoru Mori : rencontres avec une mangaka passionnée
À l’occasion du Salon du Livre de Paris, le public français a eu la chance de rencontrer l’une des mangakas les plus populaires de ces dernières années avec ses titres Bride Stories ou Emma : Kaoru Mori. Présente pour une conférence publique, elle a également réalisé plusieurs interviews et Journal du Japon faisait partie des heureux élus, pour une table ronde des plus intéressantes.
Voici aujourd’hui le compte-rendu de ces deux rencontres souriantes qui nous ont laissées sous le charme, avec une mine d’informations sur sa façon de travailler, du scénario au dessin en passant par ses personnages. Des échanges témoignant d’un amour pour son métier et les thématiques qu’elle aborde.
Rencontre avec une femme passionnante et passionnée.
Les débuts de Kaoru Mori : vers une vie de mangaka
« Dès que j’ai pu attraper un crayon, j’ai commencé à dessiner ». Ainsi a débuté la passion de Kaoru Mori pour le dessin. L’intérêt pour le manga est venu plus tardivement, ce qui ne l’empêche pas de citer de multiples références : « quand j’étais petite, j’aimais beaucoup les travaux de Kenji Tsuruta, Takemoto Izumi, Yusuke Takahashi, mais quelqu’un que j’admire follement depuis mon plus jeune âge et que j’aime encore énormément aujourd’hui, c’est Jiro Taniguchi. J’adore toutes ses œuvres. J’apprécie également Kaoru Shintani, qui a fait Area 88. »
Née le 18 septembre 1978, Kaoru Mori rêve tout d’abord d’être artiste peintre, puis elle change petit à petit de voie pour s’orienter vers des études d’architecture. Mais le manga finit tout de même par prendre une place dans sa vie et, arrivée au lycée, elle se met à réaliser des dôjinshis sous le pseudonyme de Fumio Agata. C’est une époque où toute une partie de son univers se met en place. Son avatar notamment (photo ci-dessous) : « quand j’étais lycéenne je me suis entraînée devant le miroir à dessiner et ça a donné ça ! (Rires) J’avais les cheveux comme ça à l’époque. »
La lycéenne dessine déjà des maids, les femmes de chambre de l’Angleterre victorienne, qui seront à l’honneur quelques années plus tard dans Emma. Bride Stories trouve également ses origines dans cette période de sa jeunesse, comme nous le révèle la mangaka : « Pour Bride Stories, il faut remonter à l’époque où j’étais au lycée. Je lisais beaucoup de récits de voyages, des recueils de photos sur la vie de la région, les vêtements et l’artisanat. Je ne savais pas encore que je voulais devenir mangaka mais même en tant qu’amatrice j’avais déjà envie de dessiner quelque chose qui se passait à l’époque. »
Elle n’imagine pas du tout devenir mangaka donc, mais un éditeur de la société Enterbrain va en décider autrement : « Au lycée je faisais beaucoup de dôjinshis parce que je ne pensais pas que je pourrais devenir professionnelle. Pour moi c’était totalement inaccessible et je faisais ça par pur plaisir. C’est uniquement quand un éditeur est venu me parler que j’ai commencé à comprendre que ça pouvait devenir réel. Et ensuite c’est devenu ma vie. »
Nous sommes en 2001 et Kaoru Mori fait ses débuts de mangaka dans le magazine Comic Beam avec Emma. L’occasion de découvrir quelques différences avec le monde amateur : « la plus grande difficulté au départ est venue des planches » évoque-t-elle, avant de s’expliquer : « en fait les planches professionnelles sont plus grandes que celle des dôjinshis et il faut donc augmenter le niveau de détail sinon les planches paraissent plus vides. Ça a été une des grandes difficultés avec l’encrage car ma technique au stylo n’était pas du tout au même niveau que maintenant. Quand j’y repense, je me dis que je n’étais vraiment pas douée à l’époque. (Rires) »
Les scénarios : de la passion au storyboard
Maintenant mangaka depuis plus de dix ans, Kaoru Mori est une professionnelle qui suit un rythme bien rodé : « J’ai une deadline de 1 mois et en général j’essaye de la découper en deux : deux semaines de recherches de documentation et de construction du scénario puis deux semaines sur le dessin. »
Le scénario en premier, donc, et qui naît avant tout d’une passion. Par exemple, « avant Emma, il y avait ma passion pour les maids, et je voulais vraiment les dessiner ! (Rires)» Pour Bride Stories c’est l’artisanat des peuples d’Asie qui lui a donné envie de se lancer : « Je suis vraiment passionnée par tout ce qui est artisanat, fabrication et j’avais vraiment envie de rendre hommage à toutes ces cultures dans mon manga : la découpe du bois, la couture, les tissus. Je voulais mettre en avant tout l’art de l’Asie centrale car c’est quelque chose que j’adore et que je trouve vraiment magnifique. »
Lorsque l’on évoque son choix parmi tous les éléments culturels possibles, elle se remémore une scène du premier tome : « La scène avec l’artisan qui travaille le bois n’aurait pas dû venir dès le premier volume, mais plutôt une fois que les personnages principaux eurent été mieux développés … mais j’avais tellement envie de le faire que je n’ai pas pu me retenir ! (Rires) »
Néanmoins, en professionnelle, elle nous explique qu’il y a une vraie réflexion derrière ses propres aspirations : « il s’agit d’abord d’envies et ensuite je réfléchis à ce que les lecteurs aimeraient voir et découvrir. Enfin, des idées peuvent aussi venir de discussions avec mon éditeur, qui a des demandes ou des suggestions… En général, j’ai déjà la trame du scénario en tête donc je réfléchis plutôt à comment je vais amener ces différents éléments. »
Si ces passions deviennent des œuvres et qu’elle nous dévoile ce qui la fait vibrer en ce moment, peut-être saurons-nous deviner le thème de sa prochaine œuvre ? Bien tenté, mais non : « Oui j’aime écrire des mangas sur mes passions, mais le problème c’est que j’aime énormément de choses ! (Rires) »
Comme pour le choix des éléments culturels, la passion ne fait pas tout non plus : « quand je dois passer à une nouvelle série, il me faut toujours beaucoup de temps pour réfléchir à la faisabilité du dessin parce qu’il y a des choses que j’aimerais faire mais qui sont très techniques, très difficiles… je dois faire des essais. Je ne peux donc pas vous dire ce que je pourrais faire après Bride Stories pour le moment. »
Au cours de la conversation, une information sur l’après Bride Stories est néanmoins dévoilée : « Je ne pense pas que j’attaquerai de nouveaux projets avant les 5-6 prochaines années. Donc ce choix ne dépend pas que de moi, ça dépend aussi de ce que les lecteurs vont attendre, ce qu’ils ont envie de lire, le climat de l’époque… Il y a pleins de paramètres à prendre en compte. »
En conférence, elle avoue également qu’elle ne serait pas contre situer une histoire dans notre hexagone : « c’est une possibilité (rires). Il y a vraiment beaucoup de choses que j’aimerais faire et je ne sais pas si je pourrais réaliser tous mes projets mais je suis très intéressée par la France et j’aimerais bien créer une histoire sur des dessinateurs de BD qui se situerait en France. »
Durant tout ce processus de réflexion, échanger avec son éditeur revêt d’une réelle importance. Kaoru Mori l’évoque d’ailleurs comme l’une des toutes premières étapes de création : « au début de la première semaine je rencontre mon éditeur et nous discutons tranquillement de ce que nous allons faire : mes propositions et ses propositions sur l’orientation du prochain chapitre. »
Même si son éditeur intervient dans la fabrication du manga, Kaoru Mori semble relativement libre dans le choix de ses thématiques et de son scénario. Elle évoque ce point elle-même lorsqu’on lui demande pourquoi, a contrario de beaucoup de mangakas, elle parle de pays lointains : « ce sont des pays et des régions du monde qui m’ont toujours passionnés. Mais je pense que je dois remercier mon éditeur car il était très ouvert d’esprit. Souvent les éditeurs préfèrent justement éviter les récits qui se retrouvent un peu trop éloignés des lecteurs et privilégient les histoires centrées sur le Japon. J’ai donc de la chance car mon magazine de prépublication m’a donné le feu vert pour écrire les œuvres qui m’intéressaient. Beaucoup d’auteurs voudraient sans doute publier des mangas qui se situent hors du Japon mais ils sont bloqués par les magazines pour lesquels ils travaillent. »
C’est donc durant ces discussions éditoriales que les grands axes de l’histoire sont exposés… Pour Emma par exemple, la passion des maids s’est progressivement transformée en une histoire d’amour. Kaoru Mori revient sur cette romance avec une révélation assez surprenante : « Il faut savoir que les histoires de romance, ce n’est absolument pas mon truc. (Rires) En fait, je voulais surtout dessiner des maids au début mais ç’aurait été difficile de ne vendre « que » des maids ! (Rires)
Il fallait donc quelque chose, un scénario pour intéresser les lecteurs. Parmi tous les genres possibles (action, suspens, mystère etc.), le plus simple a été de choisir la romance. J’ai donc beaucoup, BEAUCOUP étudié à ce moment-là pour créer une intrigue qu’on avait envie de suivre. »
Notre interviewée tient tout de même à nous rassurer pour finir : « mais depuis Emma, j’aime bien en créer et en dessiner maintenant ! (Rires) »
En plus des thématiques, ce sont aussi les personnages qui sont construits. Pourquoi des héroïnes d’ailleurs, surtout dans des contextes historiques et géographiques si difficiles pour la gente féminine ? La mangaka, astucieuse, nous répond que c’est une bonne façon pour elle de dessiner ce qui l’intéresse : « En fait si on dessine des personnages masculins, cela génère des attentes vers plus de batailles, plus de politique, des intrigues qui sont plus globales, alors que je voulais dessiner du quotidien, présenter la culture de tous les jours et comment vivent les populations. Les personnages féminins permettent, en quelque sorte, d’éviter les attentes qui vont avec les personnages masculins… Je peux présenter la vie ordinaire des gens, ce qu’ils mangent etc., sans bousculer les codes ou habitudes de lecture. »
En ce qui concerne les caractères forts de ses héroïnes, elle relativise : « dans Bride Stories, il y a le contraste entre Amir qui vient d’une région plus rurale avec des habitudes plus… (réfléchit) on ne va pas dire sauvage mais plus proche de la nature, alors que Karluk et sa famille sont des gens de la ville avec un rythme de vie plus paisible. Donc c’est en jouant sur ce contraste qu’Amir apparaît beaucoup plus forte. Mais je pense que les gens de l’époque et de cette région chassaient tous à l’arc et pas spécifiquement Amir. Je pense qu’ils étaient tous très forts et j’essaye donc de retranscrire cette réalité d’Asie Centrale. »
Cela dit, le public masculin n’est pas en reste dans le 6e et dernier volume paru de Bride Stories où se déroule un combat de cavaliers. Kaoru Mori évoque l’arrivée de cette scène dans la trame de la série : « Les cavaliers c’est quelque chose que j’adore et je me suis retenue jusqu’ici de ne pas mettre de scènes de combats à cheval. L’histoire était plutôt calme et reposée, centrée sur les personnages féminins, mais pour le 6e tome j’ai pu insérer des scènes de combats entre cavaliers, ce qui était mon rêve depuis très longtemps, depuis les débuts de l’histoire. Ce genre de scène devait faire logiquement plaisir au public masculin mais j’ai pu voir que le public féminin lui aussi a apprécié ce volume, donc je suis très contente. »
Kaoru Mori cherche donc à retranscrire la réalité d’une époque tout en proposant un bon divertissement. Sur la relation hors-norme entre Amir et Karluk par exemple, elle explique que « la vie, la notion de couple était ainsi à l’époque, très différente de notre vision actuelle. Cette situation était réelle et, en plus, elle piquait la curiosité du lecteur pour voir quel genre d’aventure allait vivre le personnage. »
Et parfois, c’est une lointaine envie qui va de paire avec l’amélioration du scénario, comme ce fut le cas pour les jumelles : « au début il n’y avait qu’une seule petite fille mais il n’y avait pas assez d’impact, ce n’était pas très amusant. Quand j’étais plus jeune je lisais Kate Brighton, de la littérature anglaise, qui a fait toute une série sur des jumelles et je pense que l’inspiration et l’envie viennent aussi de là. Comme j’aime beaucoup les jumeaux et que j’avais toujours eu envie d’en dessiner, elles sont nées. »
Les dessins : du document à la plume
Une fois le scénario en place, les premiers dessins arrivent, comme l’explique la mangaka : « Ensuite je m’attelle à la construction du nemu, une sorte de storyboard où l’on retrouve en crayonné l’histoire et le chapitre au complet. Je l’apporte ensuite à mon éditeur et on échange à nouveau : les endroits qu’il faut garder, ceux qu’il faut couper, ceux qu’il faudrait déplacer. Une fois que j’ai son accord, je peux commencer mon travail sur les planches, sur ce qui va devenir le dessin final. »
Cependant, le dessin est déjà dans la tête de mademoiselle Mori depuis le départ car, dans son esprit, texte et image vont ensemble : « C’est un peu comme pour un film. C’est très rare que je n’écrive qu’une phrase ou un texte. Quand je prépare le manga, l’image et l’histoire sont indissociables, je visualise les deux ensembles. »
Cela dit, lorsqu’on lui demande si une étape du processus a sa préférence, c’est le dessin qui semble l’emporter : « J’adore toutes les étapes (Rires). Je pense que je me sens plus légère quand le nemu est approuvé par l’éditeur, je pousse un soupir de soulagement. Après, il n’y a plus qu’à se mettre au dessin, aussi ça va beaucoup mieux car dessiner est toujours un plaisir ! (rire) Une fois que tout est décidé sur le nemu, c’est beaucoup plus facile. »
Commence alors le dessin qui va conduire la planche vers son aspect définitif. C’est là qu’entre en jeu une des grandes qualités de Kaoru Mori : son souci du détail. D’où lui vient-il d’ailleurs ? « Je pense que je suis quelqu’un de naturellement bornée, aussi être précise est dans ma nature et j’aime l’être dans mon travail et mes planches (Rires) » nous répond l’artiste, avant de revenir sur les tapisseries de Bride Stories, à titre d’exemple : « Les influences sont nombreuses mais disons que j’aime beaucoup dessiner des décors et des tapisseries avec des motifs très, très denses. J’ai tendance à rajouter beaucoup de choses, à insister sur les contrastes dans les dessins car c’est une façon de dessiner qui me plaît. »
Pour rentrer autant dans le détail, elle s’inspire du réel : « Tout vient de la documentation, des photos notamment » nous dit-elle, avant de nous donner quelques sources : « Je rassemble beaucoup de choses mais il y a peu de publications au Japon pour ça, en dehors de quelques livres. Donc je me concentre principalement sur les travaux universitaires comme les thèses ou ce genre de choses. Et pour ce qui est de la documentation photographique, ce sont souvent des publications occidentales donc je commande le tout par internet avec mon ami Book Finder ! (Rires) »
Ensuite, il faut réussir à reproduire ces images et les incorporer dans son manga : « Pour réussir à le retranscrire je fais beaucoup d’essais : avec différentes épaisseurs d’encre, différents types de stylos, etc. Au fur et à mesure j’apprends différentes techniques et différentes façons de faire mais tout vient de la documentation.»
Parfois, l’artiste nous explique qu’elle se laisse aller à quelques mélanges : « Pour Amir, j’ai utilisé plusieurs motifs et costumes traditionnels de différentes régions que j’ai arrangés, mélangés. Par contre pour les personnages suivants, que ce soit les jumelles ou Taras, ce sont vraiment les costumes de l’époque issus de documentations sur les régions dont ils sont originaires. »
Enfin il peut arriver que ce soit une expérience personnelle qui vienne enrichir son dessin, comme son voyage à Londres dans le cadre de la série Emma : « J’ai eu quelques réponses à mes questions comme les murs et leur épaisseur mais il s’agit vraiment de détails ! (Rires) Sur le scénario lui-même ça n’a pas vraiment eu d’influence. C’est vraiment sur la technique du dessin, ça m’a vraiment aidé pour retranscrire l’ambiance de la ville notamment. En plus ça m’a donné encore plus de motivation pour compléter l’histoire. »
Pour en revenir à son processus de création, elle débute par un crayonné et quatre jours sont nécessaires pour réaliser les vingt-quatre pages de son chapitre sous cette forme. Une fois que les crayonnés sont terminés, elle passe à l’encrage, c’est-à-dire repasser toutes les lignes à l’encre noire. C’est ce qui prend le plus de temps en général et il faut au moins une semaine pour tout encrer.
L’étape suivante consiste à gommer les crayonnés et faire les aplats sur les zones qui doivent être complètement noircies. Elle confie ces étapes de finalisation à ses deux assistants puis passe à la dernière étape, qui prend environ deux à trois jours : les trames, en utilisant des calques spécifiques qu’elle découpe et applique pour faire différents motifs.
Et c’est tout ? Presque. Car dans les mangas de Kaoru Mori, il y a aussi une post-face et celle-ci n’est pas négligée non plus : « Je la réalise de la même manière que le manga : le story-board, le crayonné, etc. Tous les deux sont faits avec amour ! (Rires) Une fois que j’ai l’histoire et que j’ai trouvé quelque chose d’intéressant à mettre ça peut me prendre plusieurs jours rien que pour ça. Je suis sans doute un peu bizarre (Rires) car ça peut me prendre plus de temps que pour le manga lui-même. »
En conclusion : la vie de mangaka
Les mangakas ont un rythme de travail effréné et des nuits parfois bien courtes … Ceci n’est pas sans rappeler une anecdote à l’auteure, alors en pleine période de bouclage : « Il m’est arrivée un soir de m’endormir à ma table de dessin : je rêvais alors que j’avais fini ma planche. Mais quand je me suis réveillée, j’ai constaté avec horreur que la page était blanche ! Du coup, j’étais tellement dépitée que je suis partie me coucher ! « C’est bon, pour aujourd’hui j’abandonne ! (Rires)» »
Mais le jeu en vaut la chandelle et il arrive parfois de bonnes surprises, comme le prix Inter-générations à Angoulême, en 2012 : « J’étais très contente de recevoir le prix. J’aime beaucoup la bande dessinée française donc si moi j’aime cette BD je me doutais bien que des gens aimeraient mon travail, mais là où j’ai été vraiment surprise c’est de recevoir un prix. Je ne pensais pas qu’il y avait assez de gens qui me lisaient pour recevoir un prix en France. »
Les témoignages peuvent aussi venir de très loin, d’Asie Centrale par exemple, dans la région où se déroule Bride Stories : « Depuis le début je redoutais ce moment où quelqu’un de cette région allait me donner ses impressions. (Rires) Ce qu’on m’a dit en général c’est que c’était un peu éloigné de la vérité historique mais que c’était une histoire passionnante et intéressante. Finalement, j’ai atteint mon objectif car ce que je voulais c’est que des gens de cette région puissent la lire et trouver ça intéressant et amusant. J’étais donc soulagée. »
Kaoru Mori semble être une mangaka aussi heureuse dans son métier qu’appréciée par son public, quelle est donc sa recette et qu’est-ce qui fait un bon mangaka selon elle ?
« Disons qu’il faut déjà de la volonté pour aller démarcher les éditeurs, mais sur le plan technique je pense qu’il y a trois choses nécessaires : la technique de dessin elle-même qu’il faut affiner, le découpage et le placement des cases et enfin, bien évidemment, la passion. »
Nous lui demandons finalement si, avec le recul, elle se serait vue faire autre chose de sa vie et elle nous répond, du tac au tac : « impensable » avant de rire devant sa propre spontanéité. Elle ajoute ensuite : « ça aurait été une bien triste vie … Si je n’étais pas devenue mangaka, vu que je faisais des études d’architecture, j’aurais trouvé un cabinet d’architecte et j’aurais travaillé de façon maussade… mais j’aurais sûrement dessiné pleins de mangas sur le côté des plans ! (Rires) »
Nous avons donc beaucoup de chance : Kaoru Mori est bien devenue une mangaka … Et elle ne semble pas du tout prête de s’arrêter !
Retrouvez Kaoru Mori en vidéo en interview et en dédicace dans notre vidéo globale du Salon du Livre de Paris 2014, ci-dessous :
Propos de la conférence recueillis par Nicolas Penedo et questions de la table ronde signées par les médias Planète BD, 9e art, Manga Kids et Journal du Japon.
Remerciements à Kaoru Mori pour son temps, son sourire et sa passion pour son métier. Merci également à notre talentueux interprète Odilon Grevet et à Victoire de Montalivet pour la mise en place de cette interview.