Samouraï, de David Kirk : à la rencontre du vrai Musashi
Samouraïs, ronin, ninjas… la culture populaire japonaise abonde de ces héros historiques, tels que Yagyū Jūbei, Hattori Hanzō, les 47 ronin, Okita Sōji, qui ont inspiré tant de films, de romans, de mangas et d’animes. Le plus célèbre d’entre eux est sans doute Miyamoto Musashi, sabreur invincible, mais aussi poète, philosophe et artiste, que l’on connaît surtout à travers le formidable manga Vagabond, de Takehiko Inoue.
Pourtant, aussi réussi soit-il, ce manga n’est qu’une très libre adaptation d’un roman best-seller des années 1930, La pierre et le sabre, d’Eiji Yoshikawa, qui a brodé d’imaginaires péripéties sur la vie de Musashi. À la manière d’un Alexandre Dumas, Yoshikawa a privilégié les rebondissements les plus invraisemblables à la réalité historique.
Justement, ce mois de mars 2014 voit paraître chez Albin Michel un tout nouveau roman biographique sur la vie de Musashi Miyamoto, le Samouraï, de David Kirk. Premier roman de ce jeune auteur anglais amoureux du Japon et vivant à Sendaï, le Samouraï (Child of Vengeance) est basé sur une solide documentation historique, et ça se sent dès les premières pages. Tout en conservant un vrai souffle romanesque, et assumant quelques partis pris sur des faits restés obscurs de sa biographie, le Samouraï nous propose de découvrir la jeunesse du vrai Musashi, et brosse un portrait saisissant d’un adolescent choisi par le destin.
David Kirk retrace la trajectoire d’un enfant, de son vrai nom Shinmen Bennosuke, qui découvre le secret de sa naissance, et qui doit, de ce fait, porter sur ses épaules le poids terrible d’une vengeance à accomplir. Devenu orphelin, ronin (samouraï sans maître) à seulement 13 ans, le jeune Bennosuke est poursuivi par cette obsession, laissant derrière lui une traînée de sang… Mais Bennosuke n’a pas été élevé que dans le culte de la mort. Il a aussi reçu l’enseignement de son oncle Dorinbo, prêtre shintō dévoué à la déesse solaire Amaterasu, qui lui montre une autre voie : celle de l’amour de la vie.
Après de douloureuses épreuves, devenu à 16 ans un jeune soldat au service du grand seigneur Ukita, Bennosuke change son nom pour Musashi Miyamoto (pseudonyme composé du nom d’un héros légendaire et de celui du village où il est né), et devra choisir son destin sur le champ de bataille de Sekigahara, où s’affrontent en un combat décisif pour le sort du Japon les armées de l’Est (du clan Ishida) et celles de l’Ouest (sous la bannière d’Ieyasu Tokugawa). Quoi qu’il arrive, il entrera dans la légende…
Il est intéressant de noter que le le Samouraï de David Kirk s’achève là où débute Vagabond et la Pierre et le Sabre. Si le roman abonde de scènes de combats et de morts violentes, il conserve une trame historique crédible. De nombreux personnages historiques réels apparaissent dans le récit, qui regorge de détails réalistes. Ainsi, le romancier anglais offre enfin à Musashi la biographie que méritait ce héros. Ça promet pour la suite, qui sortira en Angleterre à l’été 2014 sous le titre Hours of the Dog. On espère sa traduction avec impatience !
Acoutré en vagabond et tout sale, il aurais été reçu par les Honda ? aidé par plusieurs nobles ? placé ses fils dans des maisons prestigieuses ? il aurais eu des titres comme Kami a ne rien foutre ? participé a la conception d’une ville en étant manant ? non bien sur, je ne crois pas. Notre compréhention des choses est limité par nous -même.