La Saint Valentin, l’Amour et le Japon
En ce 14 février, si les couples se prennent la tête pour savoir quel cadeau ferait plaisir à leur moitié et que les célibataires grincent des dents parce que « la Saint Valentin n’est qu’une fête commerciale faite pour nous plumer », notre question est la suivante : au Japon, comment ça se passe ? Relativisez, et ressentez l’amour.
La Saint Valentin nippone
Il est vrai d’affirmer qu’entre nos deux pays, la différence culturelle est grande, mais nous avons tout de même pas mal de points communs avec nos amis nippons. La Saint Valentin en fait partie et il est de tradition au pays du Soleil-Levant qu’à l’aube de ce jour spécial, les jeunes filles offrent des chocolats à l’élu de leur cœur (mais aussi à leurs familles ou amis masculins).
Seules les demoiselles ont cette prérogative et, au fil des années, offrir des chocolats est même devenu une sorte d’obligation sociale : ainsi, il est bien vu d’offrir des chocolats à ses collègues ou supérieurs masculins, mais pas n’importe quels chocolats. Ce sont donc les giri choko qui sont réservés aux collègues, alors que l’on offre plutôt des honmei choko pour son amoureux, plus souvent faits maison, ou des tomo choko à ses amis. C’est toute une organisation.
Ces messieurs ont aussi des responsabilités. En effet, il est de bon ton que les jeunes hommes répondent à ce présent lors du White Day un mois plus tard, le 14 mars, en offrant à leur tour un petit quelque chose de couleur blanche et ayant traditionnellement trois fois la valeur des chocolats reçus (oui tout est calculé ! On appelle alors ce cadeau le sanbai gaeshi qui littéralement signifie « triple retour »). A ce titre, il est mieux vu de refuser des chocolats de Saint Valentin plutôt que de ne rien offrir en retour au White Day. Et oui.
Ces événements sont fêtés beaucoup plus assidûment là-bas que chez nous, même si le White Day reste commercial : il a été créé par une société de marshmallow dans les années 70-80 (d’où le surnom de « jour blanc »), dans une stratégie subtile visant à augmenter les ventes. La Saint Valentin est plus ancienne, mais n’a pas le même contexte que chez nous : elle a été introduite vers les années 50, notamment par la promotion qu’en a fait une marque de vêtements.
A noter qu’au Japon, Noël est LE jour pour les couples qui peuvent le fêter ensemble, quand nous ,européens, le passons plutôt avec notre famille.
Et dans les mangas alors ?
(A noter qu’au Japon, un manga est rangé dans un genre particulier qui dépend de son magazine de prépublication d’origine. Ici, on parlera plutôt des distinctions de genre françaises, les histoires étant plutôt catégorisées en fonction de leur thème).
Ainsi, les shôjo font de la romance leur ligne directrice dans une grande partie des cas. Que ce soit de C’était nous (Yuki Obata) qui la gère de façon assez dramatique, à Switch Girl (Natsumi Aida) qui vire franchement et sans regret dans la comédie ubuesque. On peut donner un nombre incalculable d’exemples, de Fruit Basket (Natsuki Takaya) à Parmi eux (Hisaya Nakajo) en passant par Sawako (Karuho Shiina), le lecteur se retrouve malgré lui captivé par les relations des protagonistes principaux.
Les josei traitent les histoires d’amour d’une manière plus adulte, plus réaliste et réfléchie, comme Kimi wa pet (Yayoi Ogawa) ou Les fleurs du passé (Haruka Kawachi), qui se veulent plus matures dans le sentimentalisme et les relations entre les personnages. Certains mangakas prennent aussi le contre-pied des situations amoureuses pour présenter une réalité beaucoup plus sombre, comme dans Life (Keiko Suenobu) ou Enfer Bleu (Shiina Chika) dont nous parlions dans nos colonnes il y a peu.
Mais il ne faut pas s’y tromper. Si la romance est une des caractéristiques du shôjo, ou plus généralement des mangas ciblant un public essentiellement féminin, il est très courant d’en retrouver ailleurs. Il nous vient en tête Berserk (Kentaro Miura), le seinen par excellence dont l’histoire d’amour entre Guts et Casca (ci-contre) va aller jusqu’à influencer le cours de l’histoire… Idem pour les shônen, qui ne sont pas épargnés (doit-on vraiment citer le triangle Naruto-Sakura-Hinata ?). Il en va de même pour les yaoi et les yuri, toujours avec des degrés d’implication de romance différant d’un manga à l’autre (avec les sous-genres qui en découlent tels les shônen-aï et les shôjo-aï). Il n’y a pas de partie pris, chaque histoire à sa manière de traiter ce thème.
Qu’il soit réaliste ou fantastique, l’amour est un concept régulièrement ancré dans tout type d’histoires. Traité plus ou moins légèrement, il n’est pas pour autant absent de certains genres, allant du simple background utile à un élément nécessaire à la narration, exceptions mises à part.
Sur ces belles paroles, Journal du Japon vous souhaite une bonne Saint Valentin à toutes et à tous !
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