Des mangas sous le sapin !
C’est la panique ! Vous étiez trop absorbé par vos revisionnages de Kill la Kill, par vos parties de Pokemon Y ou par le comptage de vos doigts et, paf, le 25 décembre, vous n’avez toujours pas acheté vos cadeaux de Noël ! Vous êtes un être humain lamentable. Mais ne vous inquiétez pas. Le Journal du Japon est là pour vous donner quelques idées de dernière minute qui vous permettront – peut-être – de sauver la face.
Bonnes fêtes à toutes et tous ! ©Kadokawa Shoten / Noizi Ito
Pour Camille, la grande sœur étudiante en médecine
Camille, c’est la sérieuse de la famille : déléguée de classe de la sixième à la terminale, joueuse d’alto accomplie et titulaire du galop 7, elle est aujourd’hui en troisième année de médecine. Alors, certes, entre un cours magistral sur les maladies de peau et un TD de sémiologie, elle a peu souvent l’occasion de sortir la tête des bouquins d’anatomie. Aussi, oubliez les Main Droite de Lucifer (chez Ki-oon) ou Blackjack (Kaze Manga), trop irréalistes, qui l’éloigneraient trop de ses études. Préférez-leur Dr Kôto (Kana) ou Say Hello to Black Jack (Glénat), dont les messages scientifiques et sociaux sont plus proches de la réalité.
Pour Arthur, cet agaçant cousin qui ne lit pas de manga, parce que, eh, le manga, c’est pas de la BD, hein !
Il est sympa, Arthur, mais il fait toujours tout pour nous contredire : il ne comprend pas pourquoi tout le monde aime The Wire, il préfère Molière à Shakespeare et récemment, il a même acheté le vinyle de Fauve parce qu’il trouve que c’est pas si mal. Et surtout, il ne lit pas de mangas parce que les bastons qui durent cinq volumes et les petites culottes, ça va un moment. Alors on va lui tendre un petit piège en ne lui offrant certes pas de manga, mais des choses qui y ressemblent fortement. On va donc lui offrir Scott Pilgrim (Milady) et Lastman (KSTR). Alors oui, il s’agit de BD occidentale (du canadien Brian Lee O’Malley pour le premier titre et des français Balak, Mickaël Sanlaville et Bastien Vivès pour le second). Mais le format poche, l’édition en noir et blanc et les thématiques proches du shônen de bonne facture (action, romance, aventure, introspection et apprentissage) pourraient faire évoluer son avis tranché sur le manga. Pourquoi ne pas tenter de lui offrir un Taniguchi l’année prochaine…
Pour tonton Michel, le bon vivant
On l’aime bien, tonton Michel, toujours là pour mettre un peu d’animation autour de la table familiale lors des grandes réunions de fin d’année. Cependant, plus d’une fois on l’a vu picoler un peu trop et raconter un peu n’importe quoi sur, eh bien, tout et n’importe quoi, jusqu’au dérapage. Alors plutôt que de lui offrir un gros hentaï qui tâche (type Live Cum chez Taifu Comics), on va essayer d’éveiller de meilleurs instincts. Et parce qu’il nous a surpris plus d’une fois en nous écrasant au Trivial Poursuit, on va pencher pour l’érudition, avec Les Gouttes de Dieu (Glénat). En mêlant un de ses sujets préférés (le vin) et de belles connaissances sur l’œnologie rapportée à plein de trucs intéressants, c’est peut-être un moyen de le sensibiliser à la BD nippone.
Pour maman, qui a un abonnement au Monde Diplomatique
Bon, maman, ça a jamais été évident de lui faire des cadeaux. Pour ça, généralement, on se reposait sur les choix de Camille, à qui l’on donnait un peu d’argent pour transformer le tout en cadeau collectif. Mais cette année, on va essayer de faire un effort (d’autant plus qu’on a zappé d’acheter les cadeaux pour le jour J). Donc outre le fait qu’elle est notre génitrice, maman est très impliquée dans… dans tous ces trucs sérieux de gens concernés par le monde et tout. On n’y comprend pas grand-chose, mais ça a l’air important et grave. Alors on va lui offrir quelque chose comme les Ikigami (Kaze Manga) ou 20th Century Boys (Panini Comics). Parce que ce sont des mangas où ils se passent des trucs graves, sérieux, intéressants, mais où on ne comprend pas grand-chose.
Pour Etienne, le beau-frère par alliance qui vient d’être papa
Il est sympa Etienne, même si on ne le connaît pas tant que ça. Mais surtout, depuis plusieurs mois, il a l’air constamment fatigué. C’est certainement lié au fait qu’il est devenu papa il n’y a pas si longtemps. Et s’il ne tarit pas d’éloges à propos de Laura, la petite chose de trois mois qui illumine sa vie (et le tire du lit chaque nuit par ses pleurs), on dirait que, parfois, il en a un peu marre. Qu’à cela ne tienne ! On va lui offrir Yotsuba& ! (Kurokawa). Espérons que la lecture (et relecture) de ce très sympathique manga qui se mange sans faim le fera patienter pendant cinq ans afin de constater si, oui ou non, Laura sera devenue aussi géniale que le personnage créé par Kiyohiko Azuma.
Pour tante Corinne, l’intello-branchée
Corinne, c’est la sœur de maman un peu sophistiquée. Bien introduite dans les cercles artistiques et culturels locaux, elle est de toutes les expositions, performances avant-gardistes et vernissages. A chaque réunion de famille, ses accoutrements peu conventionnels font généralement pouffer les plus jeunes. Mais on l’aime également beaucoup, parce qu’elle est très ouverte d’esprit. Alors on va essayer de lui trouver un truc qui lui correspondrait un peu. Quelque chose de bizarre et d’artistique comme DDT (Le Lézard Noir), L’école emportée (Glénat) ou Litchi Hikari Club (IMHO).
Pour papa, qui a un bon coup de fourchette
Contrairement à maman, offrir un cadeau à papa n’a jamais été très compliqué : une boîte de bons chocolats. Sauf que depuis son dernier check-up médical, on lui a fait clairement comprendre qu’il fallait ralentir sur le sucre et les graisses. Faute de sucreries, on va donc lui offrir de la nourriture spirituelle. Avec Le Gourmet Solitaire récemment réédité (chez Casterman), Hell’s Kitchen (Kana) ou Toriko (Kaze Manga), il aura largement de quoi compenser en attendant la reprise de ses émissions culinaires préférés.
Pour Stéphanie, la petite cousine chipie
Fille de Corinne, elle a hérité de sa mère son exubérance. Mais celle-ci, plutôt que d’être retranscrite par des choix esthétiques particuliers, se traduit par une énergie qui semble sans limite et une grande curiosité. En même temps, on n’est pas sérieux quand on a sept ans. Un manga comme Lucika Lucika (Ki-oon) sera tout à fait approprié.
Dernière mais pas des moindres : mamie Suzanne
La doyenne de la table n’est autre que mamie Suzanne. On n’a donc eu beaucoup de doutes quant à son cadeau : avec sa vue qui baisse et surtout un format peu conventionnel pour une personne habituée à des décennies de lecture de gauche à droite, était-il judicieux de lui offrir des mangas ? On a quand même tenté le coup, avec deux titres : Une sacrée mamie (Delcourt), où elle retrouvera une époque qu’elle a pu connaître (les années 1950), même si ça se passe au Japon ; Chi, une vie de chat (Glénat), qui avec ses couleurs et son format livre pour enfants sera l’ouvrage parfait à lire à Laura.
Voilà. Il ne reste plus qu’à espérer que vos parents et êtres chers vous pardonnent votre retard dans les cadeaux. Bonnes fêtes de fin d’année à tous !
P.S. : L’année prochaine, pensez-y plus tôt, quand même ! Ce n’est pas sérieux de s’y prendre au dernier moment comme ça…