Soul Eater, à quelques pages de la fin
Juillet dernier, Japan Expo, Kurokawa aligne son line-up pour mettre à jour l’univers Soul Eater. Tome 24, Soul Eater Not ! 2, sortie de l’artbook, cette année aura été celle de Shibusen et de ses aventures fantastiques. C’était la dernière fois avant la fin imminente de la série. Petit catch-up et résumé critique, un tome avant la fin.
Le tome 23 de Soul Eater est sorti en juillet dernier. Le 24 sort en librairie dans un mois. Le 25 sera le dernier et sortira autour de Noël au japon, probablement pas bien longtemps après en France. En raréfiant son rythme de parution depuis trois ans, Kurokawa aura réussi à tenir le rythme malgré un Atsushi Ohkubo qui aura beaucoup ralenti sa vitesse de production. Une petite aventure qui s’est menée en France « depuis le Salon du Livre, en 2009 »:http://www.journaldujapon.com/2009/03/rencontre-avec-atsushi-ohkubo-auteur-de-soul-eater.html.
Soul Eater, qu’est-ce que c’est devenu ? Depuis ce premier tome, beaucoup moins bien dessiné mais plus rigoureux sur son univers, beaucoup d’éléments ont évolué dans la série. Timing oblige, l’histoire a divergé de l’adaptation en anime, qui proposait une histoire alternative solide mais à la toute fin expédiée – pour ne pas dire ratée.
Comme pour marquer une rupture, le casting a grandi, s’est payé une nouvelle tenue et s’est lancé dans de nouvelles aventures au rythme discutable. Là est la grande faiblesse, au final, de Soul Eater : la plupart de ses tomes se lisent en vingt minutes chrono. L’histoire se lance sur des arcs narratifs qui peuvent prendre une dizaine de chapitres, soit quelques tomes, mais ces chapitres sont désespérément courts et manquent de contenu « diégétique », de scénario qui avance. En gros, il prend son temps, paradoxalement de manière trop speed.
Les bastons sont bien orchestrées mais lentes, sans ancrages, dans la pure tradition du genre shônen. Ce parti-pris fait perdre de la plus-value en backstory, en personnages, dans l’univers et ses références à la culture populaire qui faisaient du début de la série un petit produit irrésistible. Certains personnages cruciaux ont passé la moitié de la série à être absents, il n’y a plus de focale. Beaucoup déplorent, ainsi, une perte globale de qualité depuis l’arc Arachné. Pour un postulat qui promettait beaucoup plus, c’est dommage. Au moins, l’univers n’aura pas été étiré à outrance, bien qu’on aurait aimé en savoir plus sur beaucoup de choses.
Cependant, la série connaît des petits sursauts sporadiques via quelques twists et moments de bravoure. Ce qu’on retiendra de Soul Eater, c’est la dinguerie qui émane de quelques double-pages, des choix esthétiques, une tendance au glauque efficace et bienvenue. Dans une série où « la folie » est l’enjeu de base, c’est essentiel. On espère alors une fin qui retombe sur ses pattes, même s’il semble difficile de répondre à tout en un dernier tome. On peut facilement prédire un dernier chapitre qui, seul, fera office de conclusion. Heureusement, la qualité d’écriture de ses personnages, leur charisme, l’univers barré et « Burtonien » sont toujours là.
Soul Eater Not ? Et bien si, volontiers !
Paru depuis un an en France à un tout petit rythme – Atsushi Ohkubo est connu pour difficilement jongler entre les deux séries, d’où la succession de chapitres très courts dans le canon principal – Soul Eater Not ! a vu son deuxième tome publié en juillet. Que penser des aventures de Tsugumi, de Meme et d’Anya ? C’est une question d’attentes et de public. Ces deux séries partent du même carcan mais diffèrent en genre : si Soul Eater est une série fantastique qui adopte les mécaniques sérielles d’un shônen lambda, Not ! part du même postulat mais affiche l’opposition d’un manga en tranche de vie pour proposer des intrigues bien plus légères. La comparaison avec K-On tombe d’elle même : personnage volontairement un peu bêtes et petites intrigues du quotidien sans importance… mais rester sur ces préjugés serait une erreur.
En effet, ce spin-off propose tout ce que les fans des premiers tomes ne pouvaient plus avoir depuis les développements des premières intrigues : des scènes de vie scolaire. Soul Eater Not ! se permet d’approfondir la vie de Shibusen, d’expliquer à quoi ressemble le quotidien de cet univers… Bref, d’aller plus loin, de proposer de nouveaux personnages, un point de vue différent. Contre toute attente, ça marche !
Ce deuxième tome se permet même une fin plus grave que la plupart des cliffhangers qui parsèment Soul Eater, résultante de l’apparition d’une nouvelle sœur Gorgon, Shaula. On sent une intrigue rattachée quelque peu artificiellement – aucun indice dans Soul Eater ne laissait présager de ces intrigues – mais cette nouvelle histoire permet un point de vue neuf, agréable et léger. L’intelligence et la sagacité des personnages n’est clairement pas une priorité mais la série se vaut pour ceux qui ont été déçus de « l’abandon » de l’univers par Ohkubo. En gros, pas nécessairement besoin d’être fan de Soul Eater pour aimer Not !
Et l’artbook, dans tout ça ?
Les fans jusque boutistes ont été réjouis de l’annonce de la sortie en France du fameux artbook Soul Eater pour juillet dernier. Une offre pleine de promesses pour un bel objet sorti il y a bien des lunes au Japon, appuyé par une terrible communication à coups de « série limitée » et de « jamais réédité ». Comme ses comparses, il était disponible à la Japan Expo pour une trentaine d’euros. Vaut-il le coup ? Peut être pas. Est-ce un bel objet ? Très certainement !
Le fait est que le fan inconditionnel de la série aura déjà vu tout son contenu au préalable et aura fait peu de découvertes. Les imageboards du web ont déjà la mainmise sur le contenu de cet artwork, qui regroupe les diverses illustrations qui ponctuent les chapitres, mais aussi les quatrièmes de couvertures, très stylisés, qui font tout le sel graphique de cet univers. Cet ensemble est parsemé de quelques illustrations « inédites » de qualité et de nombreux concepts art sur certains personnages, accompagnés de très rares textes.
En gros, c’est un bel ouvrage mais réservé à ceux qui aiment particulièrement la série ou qui souhaitent avoir une « collection complète ». Dans l’absolu, le contenu inédit est relativement peu substantiel par rapport à un « beau livre » d’exposition ou thématique du même genre. Il peut encore se trouver là et là mais peut rarement se consulter. Si vous aviez besoin d’un avis pour un éventuel achat, nous pouvons le résumer ainsi : si vous êtes arrivés au bout de cette critique, il est probablement pour vous.