Tokyo Crazy Kawaii : quand la musique est bonne…
De vendredi à dimanche dernier s’est tenu l’un des j-event les plus attendus de l’année : le fameux Tokyo Crazy Kawaii Paris, un salon regroupant à la fois la mode tokyoïte et des artistes musicaux nippons de premier plan. Ce mix festival-salon était annoncé par les organisateurs comme le premier VRAI événement 100 % nippon dans l’hexagone. Un objectif ambitieux qui a engendré, en toute logique, pas mal d’attentes.
Voici notre compte-rendu en deux parties de ce weekend nippon au Parc Floral de Paris. Entre pop, rock, et arc-en-ciel fluo de fashion attitude…
Tokyo Crazy Kawaii : le meilleur est à l’extérieur !
À n’en pas douter, depuis le lancement de l’événement, les organisateurs ont vu les choses en grand. Ce festival, financé directement par le Japon et le Ministère de la Culture a pour but de nous présenter l’effervescente ville de Tokyo et la pop-culture nippone qui l’accompagne. Aux premiers rangs de cette présentation, deux catégories étaient à l’honneur : la musique et la mode.
Ce duo était mis en avant dans le cadre très agréable du Parc Floral de Paris, verdoyant et assez paisible, à deux pas du Château de Vincennes. Un contraste assez radical avec toutes les autres manifestations parisiennes sur la culture japonaise.
Mais au-delà de l’ensemble, le festival a surtout misé sur les artistes musicaux, aussi bien pour se faire connaître que pour assurer la venue du public. But atteint, car une majorité des visiteurs sont venus au TCK pour voir Anna Tsuchiya, Spyair et/ou moumoon, considérant les stands et le salon comme une bonne façon de s’occuper entre deux concerts. D’autres groupes comme Shonen Knife, Kumi Solo ou des artistes Vocaloïd accompagnaient ces têtes d’affiches et permettaient eux aussi le déplacement d’amateurs plus avisés ou plus underground. Il y en avait donc pour tous les goûts.
Alors que Japan Expo tente de donner à son Live House une image de tremplin pour artistes souvent méconnus, le TCK a « envoyé du lourd », grâce à un carnet de contact nippon bien remplis et, certainement, un joli chéquier plaqué gold. Ne pas négliger non plus – comme toujours – l’opportunité pour un artiste japonais de pouvoir cocher sur son CV la case « j’ai cartonné en France, ma carrière est internationale ». Une aubaine pour le management qui n’est pas incompatible avec une joie sincère et palpable des artistes… ni avec des concerts réussis.
moumoon : on commence avec le sourire…
Première tête d’affiche le samedi : moumoon, le duo pop-électro-folk, nous avait laissé une image très « peace and love » lors de « notre interview »:http://www.journaldujapon.com/2013/09/moumoon-une-rencontre-peace-and-love.html. Sur scène, ils sont restés fidèles à leur philosophie : une musique toujours positive et une chanteuse qui communiquait ouvertement sa joie en bondissant pendant/entre les morceaux. Au passage, elle s’offrit le petit plaisir de demander au public de scander son nom, et ce, à plusieurs reprises. Ce dernier ne demandait pas mieux que de partager ces instants, aussi loufoques que chaleureux!
Si l’auditoire était donc enclin à s’amuser avec le groupe dès ce premier rendez-vous, c’est aussi grâce à une setlist bien construite qui mettait autant en valeur les rares morceaux connus du groupe (Sunshine Girl) que les autres compositions, toutes exécutées sans fausse note. On alternait alors chansons douces et poétiques et titres plus rythmées comme le fameux Love Is Everywhere au titre évocateur. Avec un soleil rayonnant, ce show en plein air avait tous les arguments pour bien fonctionner.
Preuve de cet essai transformé : plusieurs centaines de billets pour le dimanche ont été vendus sur place samedi soir, après le concert de moumoon. Une partie du public qui avait décidé de ne venir qu’une journée a finalement succombé à la récidive.
Spyair : la rock attitude japonaise
Montant en puissance pour ce dernier jour, le TCK a donc connu une fréquentation nettement en hausse ce dernier jour. Point positif : les allées sont restées passablement dégagées, plus que sur un Japan Expo ou un Paris Manga. Si vous cherchiez une foule compacte et impatiente, il suffisait d’attendre le milieu d’après-midi et le concert de Spyair. Après quelques conférences et interviews distillées dans les allées du parc sous le regard émerveillé de quelques fans, il était temps de monter sur scène pour offrir à la foule une prestation rock et énergique. Très énergique.
Sautant de droite à gauche, tapant du pied, montant sur les amplis, le chanteur et le guitariste se sont emparés de la scène pour faire vibrer les spectateurs. Insufflant sa propre énergie au groupe, le public répondait lui aussi présent. Il faut dire qu’une partie de l’assemblée était déjà conquise à la cause, preuve en sont les cris dignes d’une publicité Zalando quelques minutes avant le show, lorsque l’écran géant affichait le nom de leur groupe fétiche. Fans et néophytes se sont donc tous faits plaisir. Comme pour moumoon, musiciens efficaces et setlist bien calibrée ont su capter l’attention de tous.
Quand aux premiers rangs, ils garderont un souvenir impérissable de Ike, le chanteur, qui n’a pas hésité à se jeter dans la foule pour un petit slam, à la surprise de tous ! Une aparté vraiment rock et très éloignée des habitudes nippones, qui faisait plaisir à voir.
Anna Tsuchiya : on s’était dit rendez-vous dans sept ans…
Le contrat fut donc rempli haut la main pour Spyair et il ne restait plus qu’à LA star du salon, Anna Tsuchiya, de clore le festival en beauté. Sept ans après sa première venue, l’artiste était attendue au tournant. Plus vraiment la chanteuse punk que l’on avait connu avec Nana, alignant des choix musicaux erratiques et incompris, elle laissait planer le doute sur un comeback réussi. Même notre « interview récente de l’artiste »:http://www.journaldujapon.com/2013/09/rencontre-anna-tsuchiya-une-artiste-destroy.html, aux réponses évasives voire expéditives, ne nous a pas permis de nous faire une opinion.
Bilan ? Le concert le plus court du festival a rempli les termes du contrat, ni plus ni moins.
Anna Tsuchiya a fait le show, et bien. Professionnelle jusqu’au bout de ses faux-ongles, le sourire émerveillée de la star a irradié la foule, qui n’avait d’yeux que pour elle. Interprétant avec brio les morceaux les plus attendus comme Rose, Kuroi Namida ou Lucy, la chanteuse, affublée d’une robe punk-chic, occupait tout l’espace disponible, à grand renfort de « come on! » et de « jump! » … à tel point que l’on oubliera presque la présence de musiciens sur scène, avec pourtant un invité de marque : le bassiste d’Oblivion Dust, Rikiji.
Malgré un charisme indéniable et une énergie enviable, Anna Tsuchiya n’arrivera pas à porter ses chansons les moins populaires, notamment ses derniers singles. Seul son titre estival « Brave Vibration »:http://www.youtube.com/watch?v=MjU5_-QKBUc réussira à sortir son épingle du jeu, apportant une touche ensoleillée à ce dimanche brumeux.
Le concert était donc dans une ambiance en dent-de-scie, son son saturé (dû à des balances bâclées ?) ainsi que sa conclusion expéditive n’aidant pas à faire passer la pilule : quant bien même enjolivé de sourires plus que chaleureux, le show le plus court du TCK aura un goût d’inachevé.
Mais dans tous les cas, n’oublions pas que pour 18 euros, ce combo Spyair – Anna Tsuchiya en un après-midi était déjà une offre des plus compétitives.
Le bilan, coté musique
Enfin, on citera également le concert du trio punk et bien rodé de Shonen Knife, unanimement qualifié de « moment sympathique » par ses spectateurs. On se souviendra aussi des délirants Bijo♂Men Z, ces hommes travestis en magical girls dont le but est de répandre la paix dans le monde. Un pur produit japonais donc.
Les deux après-midi de ce Tokyo Crazy Kawaii se sont montrés à la hauteur et le public en sortait globalement le sourire aux lèvres. On applaudit d’ailleurs la gestion de cette scène extérieure par l’équipe du festival Rock-en-Seine qui a su régenter les imprévus et délivrer les concerts dans un timing tout à fait correct.
Si une édition 2014 est bien confirmée, on attend avec impatience le line-up et on reviendra avec plaisir !
Retrouvez notre « compte-rendu de la partie mode du festival ici ! »:http://www.journaldujapon.com/2013/09/tokyo-crazy-kawai-un-festival-100-japonais.html
Live report par Paul Ozouf & Laure Ghilarducci – Photos Paul Ozouf ©journaldujapon – Tous droits réservés