Rencontre avec KIM Byung Jin, créateur de warriors coréens !

KIM Byung Jin - Photo Danielle Gueugnot

Les auteurs coréens restent assez rares sur le marché français des bandes-dessinées asiatiques mais certains se sont tout de même fait connaître, avec le temps.
C’était donc avec plaisir que nous avons pu rencontrer l’un d’entre eux, KIM Byung Jin, l’auteur du marquant Chonchu, qui a fait le déplacement à Japan Expo pour nous présenter sa nouvelle série, Warlord, aux éditions Ki-oon.

Connu depuis plus de dix ans dans l’Hexagone, le manhwaga est revenu avec nous sur sa carrière nippo-coréenne, sur son enfance baignée de bande dessinée asiatique, de ses influences et de son style, le tout évoluant au gré de ses 3 séries phares : Chonchu, Jackals et Warlord
Voici donc le compte-rendu de l’entrevue, détendu et sous le signe de la bonne humeur !

 

De l’enfance au succès de Chonchu

Journal du Japon : Bonjour KIM Byung Jin…Vous avez commencé à travailler tôt, à 16 ans, en tant qu’auteur. Quel fut votre premier contact avec la bande dessinée ?
KIM Byung Jin : En fait j’ai l’impression d’avoir toujours été entouré de manhwas d’avoir toujours vécu avec donc il m’est impossible de vous dire quand tout ça a commencé ou de vous citer le premier titre que j’ai pu lire ! (Rires)

Est-ce qu’il y a tout de même des titres qui ont marqué votre enfance ?
Il y en a trop ! (Rires)

Mais si je ne devais en citer qu’un seul, il s’agirait d’une œuvre d’animation qui s’appelle Le chien des Flandres (une série diffusée en France en 1995, voir extrait ci-dessous ndlr). Ca a été un choc et une émotion inoubliable !

Pourquoi avez-vous choisi de devenir un professionnel du manhwa et du manga ?
Je pense que c’était fatal. J’ai toujours grandi avec la bande dessinée et il se trouve que, comme j’étais plus doué dans ce domaine que mes camarades, c’est devenu un jeu. C’est seulement après l’adolescence que j’ai pris conscience que c’était le plus beau métier du monde et que, à partir de là, c’était la seule chose possible que je pouvais faire de ma vie.

KIM Byung jin - Photo Danielle Gueugnot 

Vous vous êtes fait connaître avec le titre Chonchu, qui a eu beaucoup de succès. Cela fait maintenant plus de 10 ans que la série a été publiée mais, quand on parle de vous, on évoque encore ce titre… Pourquoi, selon vous ?
Lorsque Chonchu est arrivé sur le marché, il y avait pas mal de titres qui traitaient déjà de fantasy. C’est un point de vue personnel mais je pense que Chonchu s’est démarqué des autres car il proposait, en plus de cet univers, d’autres éléments : la place prépondérante de la magie, des interactions psychologiques entre les personnages et des destins plutôt fouillés. Pour ce qui est de la France, peut-être y avait-il aussi un dessin un peu inédit par rapport à ce que le public avait vu jusque là.

Maruhan, le héros de Warlord

Le public français a effectivement été marqué par votre graphisme, et notamment votre chara-design. Lorsque vous dessinez un personnage, sur quoi portez-vous le plus votre attention ?
Je dirais que je fais surtout attention aux yeux du personnage car c’est là que passent toutes les émotions.

Et puisque que l’on parle de dessin, est-ce que vous travaillez en digital ?
Je réalise les esquisses à la main et au crayon puis j’utilise ensuite l’outil informatique pour peaufiner les détails.

 

Entre Japon et Corée : de Jackals à Warlord

Jackals

Pour revenir à votre carrière… Après Chonchu, il y a eu Jackals qui correspond à votre arrivée chez Square Enix, et donc vos débuts chez un éditeur japonais. Est-ce que ce passage au Japon s’est fait facilement et quels souvenirs gardez-vous de cette série ?
Ce sont les Japonais qui sont venus me chercher car ils pensaient que mon dessin conviendrait bien à leur scénario. J’en garde évidemment un bon souvenir mais c’était tout de même difficile d’apprendre à travailler au sein du système éditorial japonais, assez différent de celui de la Corée.

On dit que les éditeurs japonais vont souvent chercher des dessinateurs coréens, que ce soit pour une simple couverture ou pour dessiner tout une série. Qu’est-ce qu’ils ont en plus, selon vous, pour susciter cet intérêt ?
Je pense qu’au Japon, même s’il y a un grand vivier de talents, il n’y a plus cette génération d’auteur spécialisé dans le dessin stylisé de l’action. Je pense par exemple aux dessins de Tetsuo Hara, dans Hokuto no Ken. Ce qui plaît actuellement au Japon ce sont des dessins type Naruto ou Fullmetal Alchemist, qui sont très différents. Du coup les éditeurs japonais identifient ce genre de dessinateur en Corée, où ils vont ensuite les chercher.

Sang du loup de LEE Hyun Se

Mais en ce qui vous concerne, vos références sont-elles plus japonaises ou coréennes ?
Sincèrement je suis très bon public donc je ne limite pas au manga ou au manhwa. Il y a également beaucoup d’acteurs que j’adore, des films également. Si je devais citer un auteur en Corée je dirais LEE Hyun Se (Sang du loup, Nambul), qui est un monument du manhwa et, au Japon, tous ceux que j’évoquais à l’instant, qui continuent de perpétuer un dessin stylisé de l’action.

On en arrive donc à Warlord. Pourquoi ce retour en Corée ? Pour retrouver votre compère de Chonchu ?
En fait j’avais un gout d’inachevé avec Chonchu et je voulais retrouver Kim Song-Jae et retravailler avec lui, retrouver ce plaisir que j’avais pris à l’époque. Et effectivement je m’amuse davantage. De plus, pour être sincère, la communication est aussi meilleure avec une équipe coréenne, il n’y a plus la barrière de la langue.

Dans Warlord, les personnages sont immenses et les armes tout autant. Pourquoi cette envie de démesure ?
En fait c’est venu naturellement. Lorsque l’on créé un personnage central, il faut qu’il sorte du lot, qu’il marque les esprits des lecteurs, surtout dans les premiers tomes. C’est donc pour cette raison que je vais particulièrement soigner les armes de mes personnages, que ce soit dans leur design ou dans leur taille : l’Alligator dans Jackals est gigantesque, et Maruhan dans Warlord possède une épée qui est très longue… C’est pour les démarquer du lot, pour qu’ils marquent les esprits.

Maruhan - Warlord

 

Quand on regarde vos armes, on pense à des jeux vidéo comme Soul Calibur… C’est un domaine qui vous inspire ?

En fait je n’avais pas pensé à Soul Calibur… Mais maintenant que vous en parlez je m’aperçois que, effectivement, il y a des passerelles entre les deux ! (Rires)

En tout cas c’est vrai que, dès le départ, Warlord a été construit comme un jeu mais plutôt un jeu en réseaux, avec du teamplay.

 

Kilik - Soul Calibur
Vous nous avez dit que Chonchu vous a laissé un gout d’inachevé… Donc, pour finir cet entretien, est-ce que vous pourriez nous dire ce que c’est qu’une bonne fin ?
Comme Chonchu est inachevé et que Jackals ne compte pas car c’était une œuvre « de commande », je préfère attendre le dernier tome de Warlord pour vous en parler à ce moment là ! (Rires)

Merci KIM Byung Jin et à bientôt alors !

dédicace KIM Byung ji - Photo Danielle Gueugnot

Pour information, sachez que notre partenaire Paoru.fr peut vous faire gagner le tome de Warlord de votre choix jusqu’au 26 septembre prochain en vous rendant sur « la page concours »:http://www.paoru.fr/2013/09/12/concours-warlord-remporte-tome-ton-choix-grand-guerrier/.

Edit : nos confrères de TVHLAND ont filmé l’interview, en voici un résumé vidéo avec la dédicace de KIM Byung Jin !

Remerciements à KIM Byung Jin pour son temps et sa bonne humeur. Remerciements également à notre interprète Kette AMORUSO, ainsi qu’à Victoire et l’équipe de Ki-oon pour la mise en place de cette interview.

 Photo Danielle Gueugnot ©journaldujapon.com – Tous droits réservés

Paul OZOUF

Rédacteur en chef de Journal du Japon depuis fin 2012 et fondateur de Paoru.fr, je m'intéresse au Japon depuis toujours et en plus de deux décennies je suis très loin d'en avoir fait le tour, bien au contraire. Avec la passion pour ce pays, sa culture mais aussi pour l'exercice journalistique en bandoulière, je continue mon chemin... Qui est aussi une aventure humaine avec la plus chouette des équipes !

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